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De l’affaire Ramadan à la furie médiatique

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  • De l’affaire Ramadan à la furie médiatique

    Les plaintes pour viol à l’encontre du prédicateur musulman ont enclenché un emballement d’une rare violence, englué dans la surenchère.

    D’une très grave affaire de mœurs, on est passé à une bataille virulente, implacable. Et en même temps, prévisible. Au départ : deux plaintes pour viol, déposées les 20 et 26 octobre, contre le théologien musulman Tariq Ramadan. Elles font l’effet d’un tremblement de terre. Parce que Ramadan est une figure écoutée dans les milieux musulmans francophones, qui pèse dans les débats sur l’islam. Mais c’est aussi une personnalité clivante. Depuis une quinzaine d’années, il est suspecté par ses détracteurs, au premier rang desquels l’essayiste Caroline Fourest et l’ex-Premier ministre Manuel Valls, de promouvoir un islam politique, hérité des Frères musulmans qu’a fondé son grand-père.

    Ban.
    Fin octobre, c’est la sidération qui l’emporte chez ceux qui dialoguent avec lui (comme Edgar Morin ou Edwy Plenel) et prennent sa défense face à une diabolisation qu’ils jugent démesurée et surtout contre-productive. Le 28 octobre, Mediapart publie un article sur les accusations visant l’islamologue star. Le 5 novembre, alors qu’il commence à être ciblé pour ses «liens» avec Tariq Ramadan, Edwy Plenel vient s’expliquer sur le plateau de BFMTV. «Je fais confiance à la justice pour faire son travail jusqu’au bout», affirme le cofondateur de Mediapart, comparant au passage le cas Ramadan à celui des prêtres pédophiles. Si les faits étaient avérés, Plenel estime ainsi que l’aura et l’autorité du théologien aggraveraient le crime par «l’abus de confiance». Fermer le ban ? Non, le journaliste accuse à son tour ceux qui savaient et qui n’ont rien publié, se «rendant complices du crime». Il ne donne pas de nom, mais beaucoup comprennent - Caroline Fourest est de ceux qui ont recueilli les premiers témoignages, dès 2009. Au même moment,Valls déplace l’affaire sur le terrain proprement politique, reprochant à des médias de lui avoir donné la parole, ciblant expressément Plenel.

    Trois jours plus tard, nouveau rebondissement et nouvelle escalade. Charlie publie en une la caricature de Plenel dépeint comme complice d’un Ramadan dont il aurait tu les agissements… De quoi embraser un terrain inflammable depuis des années. Du côté de Mediapart, le dessin est interprété comme «une calomnie», un «procès en sorcellerie» selon l’avocat du site, Jean-Pierre Mignard.

    Vitriol.
    Dénonciation excessive d’une caricature comme le journal en est coutumier ? «Charlie Hebdo est un journal satirique. Et de ce fait, avec une part de mauvaise foi», défend le journaliste de Libération Philippe Lançon, chroniqueur à Charlie et grièvement blessé lors de l’attentat du 7 janvier 2015. Anticlérical, se méfiant des «bigots» et des dérives religieuses, le journal n’a pas, selon Lançon, d’hostilité à l’égard des musulmans. Ici et là, il y a bien des conflits, des conceptions qui s’opposent et des déchirements, envenimés après le 7 janvier et le dialogue entre Plenel et Ramadan qui, s’il a condamné l’attentat, a déclaré «ne pas être Charlie».

    Commentant à chaud la une qui le met en cause, Plenel, après l’avoir comparée avec la vichyste «Affiche rouge», fustige la participation de Charlie à «une campagne générale» qu’il qualifie de «guerre aux musulmans», de «diabolisation de tout ce qui concerne l’islam». Un combat dont Valls a, selon lui, pris à la tête avec «ceux qui le suivent», une «gauche égarée».

    Mercredi, l’hebdo réplique, publiant un portrait au vitriol de Plenel. Dans un édito d’une rare violence, Riss l’accuse d’appel au meurtre, «d’indiquer aux jihadistes leurs futures victimes». «Halte au feu, les mots tuent, s’inquiète, Me Mignard, interrogé par Libé. Il faut arrêter d’employer ceux de "guerre" et de "meurtre". C’est une polémique terrifiante à partir d’un problème de délinquance sexuelle que tout le monde ignorait.»En fin de journée, Mediapart publie une large enquête intitulée : «Violences sexuelles : le système Tariq Ramadan».

    Libération fr
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