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La moisson sera belle : DOC (propagande) Algérie coloniale :

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  • La moisson sera belle : DOC (propagande) Algérie coloniale :

    Organisme public chargé de diffuser les copies de films et d’aider les écoles ou les mairies à acheter des projecteurs 16mm, l’OACE se prévaut lui aussi d’une activité considérable, touchant au cours des années des centaines de milliers d’enfants.
    On s’intéresse donc de près non pas aux élites algériennes ou aux « pieds-noirs », comme on les nommera pendant la guerre, mais à des publics nouveaux n’ayant aucune culture de l’image et donc, dans l’esprit des responsables, aisément manipulables par l’« arme psychologique » qu’est devenu le cinéma.
    Il s’agit de faire face à la rébellion montante depuis les massacres de Sétif en 1945 et le trucage des élections municipales de 1948, trop favorables aux courants indépendantistes. Pour ce faire, le cinéma est valorisé par les autorités locales.

    Il y a lieu de croire que cette propagande, civile puis encadrée par des militaires durant la guerre, devait être ressentie fort diversement par les Algériens et les Européens des campagnes.
    Si ces derniers, non directement visés par ces opérations, se voyaient confortés dans leur histoire et leur supériorité, les Algériens pouvaient au contraire observer la différence entre leur niveau de vie et celui proposé comme une norme (logements neufs et destruction des bidonvilles, travail et éducation pour tous...) dans des films aux titres évocateurs (L’Algérie au travail, 1946 ; Les grands ports d’Algérie, 1947 ; La moisson sera belle, 1949, etc.) À la grandeur filmique de l’action française s’opposait sèchement la réalité d’une population abandonnée.
    Les enfants, quant à eux, représentaient davantage encore un public captif, le but supposé des projections scolaires étant de leur inculquer des « bases » d’histoire-géographie concernant l’Algérie ne rendant que peu compte des disparités à l’œuvre dans la société algérienne. Sur ce type de public, il est difficile d’imaginer les résultats de la propagande ; toutefois on peut envisager que l’origine sociale des parents devait permettre de nuancer les propos des films dans le cas des « musulmans » et au contraire de les exacerber du côté des « européens ».
    Des réactions des premiers à cette propagande, on n’a trouvé que celle de Younès Dadci qui, dans son ouvrage Dialogue Algérie-Cinéma, témoigne de ce que pour lui ce cinéma « n’a eu aucune influence directe et profonde sur le comportement des spectateurs ». Il tient toutefois à préciser un point intéressant quant au rejet des films de propagande par la population algérienne :

    On ne peut méconnaître cependant le rôle joué par les ciné-bus qui ont permis à un grand nombre de villageois ou de paysans de voir ce qu’était le cinéma, muet d’abord puis parlant.
    J’ai moi-même vu mon premier film vers les années 1950-1952 dans les halles au grain du marché de mon village. Ce fut d’ailleurs la première et la dernière projection que je vis. Mon père m’interdisait d’assister à la projection des « mauvais films ». Je protestais un peu, c’était en effet amusant pour les enfants de mon âge d’assister à ce nouvel amusement.
    Mais je ne pus convaincre mes parents. Ils pensaient, et ils n’étaient pas les seuls, que ces ciné-bus ne projetaient que des films mauvais... Il y avait pourtant de très belles images, mais on me répétait que j’étais trop jeune pour comprendre le cinéma (Dadci, 1970).
    dz(0000/1111)dz
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