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Purge en Arabie Saoudite : le casse-tête des vendeurs d’armes français

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  • Purge en Arabie Saoudite : le casse-tête des vendeurs d’armes français

    Une purge et beaucoup de questions. La vague d'arrestations qui a submergé l'Arabie saoudite, dans la nuit du 4 au 5 novembre, rebat les cartes pour les industriels français de l'armement, dont le royaume wahhabite est l'un des principaux clients (7,16 milliards d'euros de commandes depuis 2012). Depuis le début de cette gigantesque "opération mains propres", il y a douze jours, plus de 200 princes, hommes d'affaires, ministres, ont été entendus par les autorités saoudiennes sous le contrôle du tout-puissant prince héritier Mohammed ben Salmane (MBS). Certaines de ces personnalités saoudiennes, dont la plupart sont en résidence surveillée au Ritz Carlton de Riyad, sont des relais importants pour les industriels tricolores. "Nous devons totalement revoir notre plan de bataille" s'inquiète un homme d'affaires français basé à Riyad.

    Un patron de la marine royale francophone

    La mise à l'écart la plus problématique pour les intérêts français concerne l'un des fils du roi Abdallah, Mitaeb Bin Abdallah, puissant patron de la Garde nationale. MBS l'a débarqué au profit de Khalid al-Muqrin, un prince à l'influence bien plus limitée. Fâcheux pour les contrats français : "L'étiage des commandes françaises en Arabie Saoudite est à un milliard d'euros de commandes par an, et ce milliard, c'était le plus souvent Mitaeb", souligne un négociateur. Paris vendait ses équipements à la Garde (missiles VL Mica de MBDA ou canons Caesar de Nexter) via le cabinet Caesar International, dirigé par les Niçois Georges et Guillaume Francioli, proches de Salah Fustok, l'oncle de Mitaeb Bin Abdallah, comme l'a révélé Intelligence Online. "C'est un coup dur pour Caesar, il va falloir trouver un nouveau canal pour vendre notre matériel", craint un industriel.

    Autre gros bonnet touché-coulé par la grande purge de MBS : le chef d'état-major de la marine royale, Abdullah bin Sultan al-Sultan. Fragilisé depuis deux ans, "Monsieur 15%" comme le surnomment certains industriels en référence au montant supposé de ses commissions, a été évincé de son poste et mis en résidence surveillée. Son successeur, Fahad Al-Ghofalli, est l'ancien responsable de la flotte de l'Est, la chasse gardée des Américains. Un mauvais signe pour la France ? "Pas sûr, répond le même industriel. Al-Ghofalli a travaillé avec la France sur les contrats Sawari I et II et parle parfaitement français". A bien y regarder, c'est l'Espagnol Navantia qui pourrait même être le grand perdant de l'histoire : l'ex-patron de la marine al-Sultan voulait boucler un contrat de cinq corvettes avec le constructeur ibérique, au détriment du français Naval Group, avant sa retraite prévue en 2018. "Il était très favorable aux Espagnols", confirme-t-on de source diplomatique française. Le nouveau patron de la Marine pourrait remettre à plat la compétition, et offrir une deuxième chance à Naval Group.

    Les patrouilleurs de Safa en stand-by

    Al-Ghofalli devra également trancher le contrat des 35 patrouilleurs maritimes du français CMN pour 600 millions d'euros, annoncé depuis plusieurs années et jamais bouclé. De bonne source, ce dossier est en stand-by du fait des difficultés du chantier naval cherbourgeois, détenu par Iskandar Safa, à boucler son financement auprès de la branche assurance-crédit export de Bpifrance (ex-Coface). Ce dernier serait réticent suite à la mise en cause des montages financiers de Prixinvest, maison-mère de CMN, sur un contrat d'armement signé avec le Mozambique en 2013. "Il va falloir se battre pour préserver la position française dans la marine saoudienne, résume un familier du royaume. L'américain Lockheed Martin a déjà préempté un gros contrat de corvettes avec ses LCS, dont l'acquisition a été annoncée lors de la visite de Donald Trump. Je ne crois guère à la vente de frégates FREMM de Naval Group, trop grosses et sophistiquées. Par contre, le contrat de rénovation des frégates Sawari II semble jouable".

    Mitaeb et al-Sultan au tapis, sur quel cheval vont désormais devoir miser les négociateurs français ? Un profil semble se détacher : Ahmed al-Khateeb, patron de la puissante Saudi Arabian Military Industries (SAMI), qui chapeaute la plupart des grands contrats militaires du pays. "C'est l'homme qu'il faut convaincre pour espérer quelque chose en Arabie saoudite", confie un industriel. Quadragénaire, pragmatique, profil de financier, ce très proche de MBS avait déclaré à ce dernier tout son patrimoine au moment de sa nomination. Sa mission est claire : s'assurer, d'ici à 2030, que 50% des commandes d'armement du Royaume seront effectuées auprès des industriels saoudiens.

    Les Américains aussi frappés par la purge

    Les négociateurs français vont devoir apprendre à négocier avec l'impétrant, qui semble déjà avoir les idées claires. Al-Khateeb aurait clairement fait savoir à la ministre des Armées Florence Parly cet été que Riyad n'achèterait pas les missiles Crotale NG de Thales, indique-t-on de très bonne source, malgré une offre du groupe intégrant un énorme contenu local. Après une guéguerre de dix ans entre Thales et le missilier européen MBDA, ce contrat de quatre milliards d'euros portant sur un système de défense anti-aérienne de courte portée semble donc au point mort. Idem pour la vente de canons 105 mm de Nexter pour un montant de 300 millions d'euros à l'armée de terre saoudienne, qui regardait avec envie ceux de la Garde nationale. "Nous sommes dans le money time, mais les Saoudiens nous font payer la position de Macron sur l'Iran" juge un autre industriel. Les négociations seraient aussi ralenties par le refus de la France, dans le cadre des CIEMMG (commissions interministérielles des exportations de matériels de guerre), de livrer certains missiles et munitions demandés par Riyad dans le cadre de son offensive au Yémen.

    Les Français ne sont toutefois pas les seuls à devoir adapter leur stratégie suite au grand ménage. Les Américains ont, eux aussi, perdu des soutiens de poids dans la rafle menée par MBS. L’un d’eux, qui serait actuellement à Londres, est Adil Almisehal, agent de General Dynamics dans le royaume et proche de Mohammed Ben Nayef, l’ancien prince héritier et ministre de l’intérieur, brutalement écarté en juin au profit de Mohammed ben Salmane. Le milliardaire éthiopien Mohammed al Hussein Al Amoudi, l’homme de Boeing en Arabie, est également l’une des victimes de cette purge. Les autorités saoudiennes lui réclameraient 4,5 milliards de dollars qu’il aurait détourné au détriment du géant pétrolier, Aramco. "Les Américains restent ultra-dominants dans le pays, mais eux aussi sont touchés par cette purge qui a pour but de montrer que personne n’est au-dessus des lois. Tout le monde est frappé par cette nuit des longs couteaux", estime un connaisseur du pays.

    Antoine Izambard et Vincent Lamigeon
    Challenges
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin

  • #2
    Remarquez que personne ne parle des personnes concernées par cette purge. Elle concerne des personnes pas favorables à des relations avec israel. MBS applique à la lettre une feuille de route israélienne.
    La guerre c'est le massacre entre gens qui ne se connaissent pas au profit de gens qui se connaissent mais qui ne se massacrent pas.

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