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L'OPEP et la Russie vont-t-elles relancer le pétrole de schiste américain?

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  • L'OPEP et la Russie vont-t-elles relancer le pétrole de schiste américain?

    Les pays pétroliers qui se réunissent jeudi à Vienne devraient selon la plupart des experts prolonger l'accord de plafonnement de la production qui a fait rebondir le prix du baril. Problème pour Riyad et Moscou qui sont à la manœuvre: cette décision pourrait faire revenir pleinement dans le jeu les pétroliers américains de schiste.

    Faut-il gonfler ses revenus pétroliers ou rendre la vie impossible aux producteurs américains de schiste (shale)? La deuxième option que Riyad et Moscou ont longtemps privilégié semble avoir vécu. Selon la plupart des observateurs, les pays pétroliers qui se réunissent jeudi 30 novembre à Vienne devraient prolonger l'accord historique de plafonnement de la production, adopté il y a un an et qui a fait rebondir fortement le prix du baril (57 dollars pour le WTI et 63 pour le Brent). A écouter les déclarations des uns et des autres, tous les feux sont au vert pour que cette hypothèse se réalise. "Nous comprenons qu'il nous faut prendre de nouvelles mesures pour rééquilibrer le marché", a ainsi déclaré mercredi le ministre russe du Pétrole, Alexandre Novak, après un entretien avec son homologue saoudien Khalid al Faleh. Dans la foulée, le comité ministériel réunissant l'Opep et d'autres producteurs, dont la Russie, a recommandé de prolonger de neuf mois l'accord qui s'achève en mars 2018.

    Seulement une telle prolongation, qui pourrait être renforcée par une limitation de la production en Libye et au Nigéria, deux pays qui ne faisaient pas partie du précédent accord, aurait pour effet de faire revenir pleinement dans le jeu les pétroliers américains de schiste. Pour préserver ses parts de marché face à la montée en puissance du shale, l'Arabie saoudite, premier producteur mondial de brut, avait décidé quasi-unilatéralement fin 2014 d'inonder le marché. Résultat : en quelques mois le baril de brut était tombé de 120 à 27 dollars. Une démonstration de force rendue possible par le potentiel pétrolier hors-norme du royaume wahhabite. Alors que les producteurs de shale ne rentrent dans leur frais que lorsque le baril dépasse les 60 dollars, le baril est rentable à partir de 10 dollars en Arabie saoudite. Cette stratégie a toutefois eu un coût important pour Riyad qui a vu ses finances plonger dans le rouge et l'homme fort du royaume, Mohammed ben Salmane, n'entend plus se risquer à voir le baril plonger.

    La Russie a bien résisté à la baisse des cours
    "La priorité de l'Arabie saoudite est que les prix ne rebaissent pas et pour cela les Saoudiens veulent à tout prix que l'accord soit prolongé, indique Benjamin Louvet, gérant matières premières chez OFI AM. Les Russes ont une position légèrement différente et ne veulent pas que les prix remontent trop vite car cela relancerait le shale aux États-Unis et limiterait à terme leur capacité de production". La Russie avancerait notamment l'idée d'intégrer des clauses de sortie au sein de l'éventuel accord de prolongation pour pouvoir réagir à une reprise rapide de la production américaine de schiste. "L'économie russe a plutôt bien digéré la période prolongée de baisse des cours et Vladimir Poutine n'est pas prêt faire de cadeau aux Américains" appuie Olivier Rech, responsable de la recherche "Énergie" chez Beyond Ratings et ancien expert des "perspectives pétrolières" à l'Agence internationale de l'énergie (AIE).

    Côté américain, on scrute donc avec attention cette partie de billard à plusieurs bandes qui se déroule en Autriche. Si le redémarrage en début d'année des projets d'hydrocarbures de schiste aux Etats-Unis avait suscité un certain espoir, il semble n'avoir été qu'un trompe-l'œil. "La productivité des producteurs de shale a augmenté en janvier et en février mais elle n'a plus beaucoup progressé depuis, observe Benjamin Louvet. Dans les faits, il y a eu beaucoup de forages mais peu de puits ont été remis en activité". Selon Bloomberg, sur les quarante derniers trimestres, une seule compagnie américaine de shale n'a pas perdu d'argent. Dans son dernier rapport, l'agence américaine de l'énergie a d'ailleurs pointé le déficit de productivité des puits de pétrole de schiste. Une prolongation de l'accord de Vienne, et la hausse des prix qu'elle pourrait entraîner, serait toutefois de nature à changer la donne. "Cela pourrait clairement les avantager et avoir comme conséquence une hausse de leur productivité" soutient Olivier Rech. Reste à voir si Riyad et Moscou acceptent jeudi de donner un coup de pouce à une industrie chère à Donald Trump.

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