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Migrants : Maroc, la voix de l'Afrique

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  • Migrants : Maroc, la voix de l'Afrique

    CHRONIQUE. Le royaume se veut l'acteur clé du dossier abrasif de la migration. Après la politique et l'économie, Rabat pose un pont humanitaire et fraternel avec l'Afrique subsaharienne.
    PAR NOTRE CORRESPONDANT À TUNIS, BENOÎT DELMAS

    Étape par étape, le roi du Maroc continue de dérouler sa stratégie africaine. Après avoir construit, depuis près de quinze ans, des infrastructures de toutes sortes (transports, banques, outils financiers…), afin que le royaume soit un incontournable hub nord-sud, il a réintégré cette année l'Union africaine. La coordination des affaires de l'immigration au sein de l'instance continentale lui a été attribuée. Un dossier qui n'a rien d'anodin en ces temps troublés où l'on fait mine de découvrir qu'on vend des subsahariens à la criée dans des enclaves libyennes. Crimes qui se perpétuent depuis longtemps. Kadhafi lui-même pratiquait l'esclavage sexuel (lire Les Proies d'Annick Cojean, éditions Grasset) sans vergogne.

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    « 85 % des gains des migrants restent dans les pays d'accueil »
    Dans son discours, prononcé devant plus de cinquante chefs d'État réunis à Abidjan, Mohamed VI a prôné un pacte « bi-continental ». Positionnant son pays entre son « continent d'appartenance », l'Afrique, et « le continent de voisinage et de partenariat », l'Europe, M6 veut « être la voix de l'Afrique afin d'imposer son agenda au lieu de subir les agendas des autres ». En un exercice de subtile diplomatie, il donne des gages de satisfaction à l'Union européenne en maîtrisant les flux en provenance des côtes marocaines. De l'autre, il explique qu'il faut arrêter d'avoir peur, que « la migration n'appauvrit pas les pays d'accueil : 85 % des gains des migrants restent dans les pays d'accueil ». Que la migration irrégulière « ne » concerne que 20 % des migrations internationales. Et que sur huit Africains en situation de migration, sept resteront en Afrique. Et d'expliquer que « le XXIe siècle sera celui des grands brassages ». Et qu'au lieu de vivre dans l'effroi perpétuel, il serait plus constructif d'agir positivement.

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    Tactique et stratégie politique
    Depuis 2013, le royaume régularise des sans-papiers. Quelque 25 000 clandestins ont été intégrés depuis 2013. Et une nouvelle régularisation massive est en cours. Sur le dossier libyen, le Maroc a proposé ses services pour rapatrier des migrants pris au piège des passeurs, milices et autres mafias. Services logistiques, services diplomatiques, services humanitaires… De quoi faire du Maroc un pays de plus en plus incontournable sur le continent. Au passage, le Maroc peut renvoyer l'Algérie à son attitude intransigeante sur le sujet. Alger se distingue par des propos de plus en plus durs sur les migrants, certains flirtant avec le racisme. Récemment, une directive du ministère des Transports demandait aux chauffeurs de bus et de taxis de la wilaya (région) de Mostaganem de ne pas transporter des « migrants illégaux ». Traduction : des Noirs. La directive ayant fuité sur les réseaux sociaux, le ministère a fait machine arrière. En juillet dernier, Ahmed Ouyahia, directeur de cabinet du président Abdelaziz Bouteflika, avait affirmé que « ces étrangers en situation irrégulière amènent le crime, la drogue et plusieurs autres fléaux ». L'homme est redevenu Premier ministre depuis le 15 août dernier. L'image du Maroc en Afrique ne peut que continuer à croître. Outre les investissements économiques, quelque quatre milliards de dollars à destination de l'Afrique en 2016, cet investissement politique lui permet de se poser en démineur, en facilitateur et en acteur responsable. Décidément, plus que jamais, pour le Maroc, la carte africaine est une carte majeure.

    Lepoint.fr
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