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Maroc : un solide plan d’affaires en Afrique

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  • Maroc : un solide plan d’affaires en Afrique

    Par Fahd Iraqi

    Depuis plus de dix ans, les opérateurs marocains étendent leurs activités à travers le continent.
    Jusqu’alors surtout centrée sur les services, leur présence se diversifie, notamment dans l’industrie.


    En 2018, les entreprises marocaines devraient une nouvelle fois se faire remarquer en Afrique subsaharienne.
    Plusieurs grands projets menés par des opérateurs du royaume vont en effet voir le jour.

    Outre les cimenteries que le groupe d’Anas Sefrioui, Cimaf, continue d’essaimer à travers le continent, deux unités pharmaceutiques devraient démarrer leur production, en Côte d’Ivoire et au Rwanda.
    Au pays de Paul Kagame, le géant phosphatier OCP lancera quant à lui une usine de production de fertilisants, la première des huit unités de taille moyenne que le groupe a prévu d’ouvrir en Afrique subsaharienne et qui viendront s’ajouter aux deux complexes industriels attendus en Éthiopie et au Nigeria.
    En Côte d’Ivoire, encore, la société publique marocaine Marchica est censée entamer les travaux d’aménagement de la baie de Cocody, après avoir parachevé la phase de dépollution du site.

    La liste des projets menés par les opérateurs publics et privés du royaume est loin de s’arrêter là. « Sur les quelques années à venir, il y a déjà environ 4 milliards de dirhams [près de 357 millions d’euros] d’engagements d’investissements des entreprises marocaines à destination des pays africains », confie Abdou Diop, managing partner au cabinet Mazars et président de la Commission Afrique de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM).

    Les entreprises marocaines investissent sur le continent

    Des investissements marocains qui pleuvent sur les pays africains, la tendance n’est pas nouvelle.
    Le royaume est devenu le deuxième investisseur africain sur le continent, avec pas moins de 17,5 milliards de dirhams d’investissements directs étrangers (IDE) sur la période 2008-2015.
    Ce stock d’IDE était, durant les premières années, concentré sur les banques et les assurances, avec 9,1 milliards de dirhams investis au cours de cette même période, ainsi que sur les télécoms (5,9 milliards).
    Un développement porté par le Groupe Maroc Telecom, désormais présent dans 9 autres pays du continent (Bénin, Burkina Faso, Centrafrique, Côte d’Ivoire, Gabon, Mali, Mauritanie, Niger et Togo). « Il est vrai qu’il y a d’abord eu une vague d’investissements dans les services, confirme Abdou Diop.
    Mais aujourd’hui d’autres secteurs, comme l’industrie et l’immobilier, ont pris le relais et devraient connaître une accélération très forte durant les années à venir. »


    Montant des flux financiers

    De plus, le stock de 1 milliard de dirhams d’IDE industriels (apparaissant dans les statistiques de l’Office des changes) reste largement sous-évalué. « Il ne tient pas compte des montages financiers réalisés à l’étranger, explique un ancien cadre de l’Office des changes.
    Il ne prend en considération que les flux financiers enregistrés à partir du Maroc. »

    Les vagues d’internationalisation sont généralement l’œuvre de grands groupes
    Or, dans un certain nombre de cas, le financement de projets marocains est levé dans les pays concernés.
    D’autant que l’implantation des banques marocaines sur le continent a eu pour effet de faciliter la vie aux investisseurs.
    À la fin de décembre 2016, les banques marocaines (groupes Attijariwafa Bank, BCP et BMCE BOA) disposaient de 41 filiales en Afrique, à la tête d’un réseau de près de 1 400 agences, réparties dans 25 pays.

    Les grands groupes dominent le marché

    Les investissements marocains réalisés en Afrique subsaharienne restent néanmoins l’apanage des grands groupes. « Il faut admettre qu’il n’y a pas suffisamment de PME marocaines qui ont pu se faire une place sur le continent, admet Abdou Diop.
    Cela est lié aux spécificités de notre tissu de PME, à prédominance familiale.
    Elles ont donc souvent du mal à mobiliser les ressources humaines nécessaires à leur implantation à l’étranger. »
    Une réalité dont les pouvoirs publics sont conscients.

    « C’est un processus tout à fait normal, explique Mohamed Boussaid, le ministre des Finances .
    Les vagues d’internationalisation sont généralement l’œuvre de grands groupes qui disposent des ressources humaines et financières nécessaires pour mieux faire face aux pressions concurrentielles.
    Par la suite, ces groupes jouent le rôle de relais pour les PME, notamment à travers l’externalisation d’une partie de l’activité ou tout simplement par effet d’émulation. »

    Échanges commerciaux entre le Maroc et l’Afrique subsaharienne

    Parallèlement à ce dynamisme des investissements, les échanges commerciaux – importations et exportations –du Maroc avec l’Afrique subsaharienne se sont considérablement développés ces dernières années.
    Selon une récente étude de l’Office des changes, ils ont enregistré une croissance annuelle moyenne de 9,1 % entre 2008 et 2016.
    Près de 60 % de ces échanges sont concentrés sur l’Afrique de l’Ouest, où les exportations marocaines ont triplé lors des dix dernières années pour dépasser les 10 milliards de dirhams.

    Mais d’autres régions prennent du poids dans la balance commerciale, en particulier l’Afrique de l’Est, avec une évolution annuelle des échanges, en moyenne, de 28 % de 2008 à 2016.
    Balance commerciale qui reste d’ailleurs largement en faveur du Maroc, avec un excédent de près de 12 milliards de dirhams dégagé en 2016.

    Le Maroc à la Cedeao

    Et la marge de progression est encore énorme, puisque le montant global des échanges avec l’Afrique subsaharienne reste assez modeste : 19,2 milliards de dirhams en 2016, soit à peine 3 % du total des échanges commerciaux du royaume.



    C’est d’ailleurs pour maintenir cette dynamique que le Maroc a officiellement introduit sa demande officielle d’adhésion à la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, qui devrait être entérinée dès le prochain sommet de l’organisation, prévu le 16 décembre à Lomé.
    Une nouvelle que certains opérateurs économiques marocains attendent en se frottant les mains.

    Le royaume est conscient que son propre développement reste tributaire de celui du continent dans son ensemble
    « Pouvoir commercer librement avec les pays d’Afrique de l’Ouest, sans barrières tarifaires ni barrières non tarifaires, permettra sans doute de développer les échanges avec ces partenaires qui absorbent déjà entre 50 % et 60 % de nos exportations », souligne le « Monsieur Afrique » de la CGEM.

    Contribuer au développement de l’Afrique

    Le royaume est conscient que son propre développement reste tributaire de celui du continent dans son ensemble. Aussi inscrit-il son action, au-delà du renforcement des relations bilatérales, dans des projets structurants pour toute l’Afrique.
    L’exemple le plus éloquent est sans doute celui du projet de gazoduc reliant le Nigeria au Maroc en traversant douze pays. « Ce projet, dont les études sont assez avancées, pourrait contribuer à dépasser les difficultés énergétiques de toute cette zone de l’Afrique de l’Ouest », affirment les spécialistes.

    Initiative en faveur de l’agriculture africaine

    Autre projet phare à l’échelle continentale : l’initiative Adaptation de l’agriculture africaine (AAA), lancée à l’occasion de la COP22, qui s’est tenue à Marrakech en novembre 2016.
    Ce programme s’articule autour de la gestion des sols et des risques climatiques, la maîtrise des eaux agricoles, ainsi que le renforcement des capacités et des solutions de financement dans vingt-cinq pays du continent.
    Deux exemples de formes de coopération multilatérale lancées par le Maroc, qui ne compte pas s’arrêter en si bon chemin maintenant qu’il a retrouvé son siège au sein de l’Union africaine et qu’il y recouvre progressivement son influence.
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