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La martingale des LBO

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  • La martingale des LBO

    Les financiers sont des gens qui sont autorisés à voler légalement ?
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    Les financiers ont imaginé une martingale fort lucrative. D’abord, le fonds rachète une entreprise, en n’engageant qu’une part très faible de ses propres capitaux. Profitant de taux d’intérêt très bas, elle s’endette lourdement - c’est le levier - souvent à hauteur de plus des deux tiers. Puis le fonds rembourse la banque grâce aux dividendes fournis par la société.

    Illustration : JP morgan, fondateur de la banque du même nom et membre éminent des « Barons Voleurs », surnom donné aux industriels qui ont amassés d’énormes fortunes à la fin du 19eme au USA

    "Le capital-investissement se décompose en trois activités, énumère Gilles Mougenot, patron du fonds d’investissement Argos Soditic. Il y a le capital-risque, qui consiste à injecter de l’argent dans de jeunes sociétés jugées prometteuses ; le capital-développement, qui permet aux fonds d’entrer de manière minoritaire dans des sociétés afin de participer à leur croissance ; enfin le capital-transmission, qui consiste, par le biais d’un endettement important, à racheter des sociétés non cotées."

    C’est cette dernière activité qui, depuis que le krach de la nouvelle économie de 2000 a limité les investissements en capital-risque, a le vent en poupe. Car, avec le capital-transmission, plus généralement appelé LBO (leverage buy out), les financiers ont imaginé une martingale fort lucrative.

    D’abord, le fonds rachète une entreprise, en n’engageant qu’une part très faible de ses propres capitaux. Profitant de taux d’intérêt très bas, elle s’endette lourdement - c’est le levier - souvent à hauteur de plus des deux tiers. Puis le fonds rembourse la banque grâce aux dividendes fournis par la société. Condition : que celle-ci puisse rendre régulièrement assez d’argent pour rembourser les créanciers des fonds. D’où la tendance de ces derniers à administrer à ces sociétés parfois ronronnantes un traitement de choc visant à les transformer au plus vite en véritables cash machines. Enfin, dès qu’une occasion de plus-value intervient, le fonds cède la société au plus offrant.

    "En général, précise un gérant de fonds, nous attendons un retour sur investissement de l’ordre de 20 à 30%. Mais pour cela, et ce n’est pas le plus facile, il faut parvenir à bien vendre." En la matière, les résultats des fonds - ne serait-ce que dans l’Hexagone - sont souvent impressionnants.

    Des exemples ? Panzani, achetée à Danone en 1997 dans un package comprenant William Saurin et Amora-Maille, pour un total de 350 millions d’euros, et revendue, seule, en 2005, pour 640 millions d’euros.

    Terreal, le spécialiste de la tuile terre cuite, repris 470 millions par Carlyle à Saint-Gobain en 2003 et cédé 860 millions deux ans plus tard seulement - une plus-value si énorme que les salariés se sont mis en grève pour obtenir, eux aussi, une part du gâteau.

    Ou encore le fabricant d’équipements pour bateaux Navimo, acquis 13 millions d’euros en 1997 par deux fonds et revendu 120 millions d’euros, en 2004, après trois LBO successifs !

    Alors, comment font les fonds ? A cet égard, leur réputation est bien établie : pour gagner de l’argent, leur unique obsession serait de couper dans les coûts - en commençant, bien sûr, par tailler dans la masse salariale.

    "Lorsque nous arrivons dans une entreprise, il est vrai que nous passons l’ensemble des postes au peigne fin, témoigne un dirigeant de fonds, mais c’est avant tout dans un souci de bonne gestion." Pourtant, si l’arrivée de fonds au sein de sociétés fait courir un frisson le long de l’échine des patrons et des salariés concernés, ce n’est pas toujours sans motif.

    Bien souvent, en effet, la "rationalisation" de l’activité passe, dans un premier temps tout au moins, par la suppression d’un certain nombre d’emplois. Ainsi le distributeur de jouets Toys’ R’ Us, racheté en mars 2005 par les fonds KKR et Bain Capital, vient-il d’annoncer la suppression de plus de 75 magasins et de 3 000 emplois, soit 11% des effectifs.

    Autre accusation récurrente : les gérants de fonds, les yeux braqués sur la rentabilité à court terme, auraient une forte tendance à se débarrasser des activités non immédiatement rentables, sans guère se préoccuper de stratégie industrielle à moyen et à long terme.

    Exemple de ces méthodes : le rachat à Danone par CVC Capital Partners, en 1999, du spécialiste de l’emballage en verre BSN Glasspack. Le fonds ne perd pas son temps : rapidement, il fait remplacer les deux dirigeants.

    A peine le nouveau management installé, il ferme deux usines, vend les activités considérées comme non stratégiques, augmente la productivité et le prix de vente. Après ce redressement éclair, CVC revend en juin 2004 ses parts à un industriel, Owens Illinois, multipliant au passage par 2,5 sa mise de départ.

    "Une fois l’entreprise passée sous la coupe d’un fonds, analyse un manager débarqué après quelques mois par son nouvel actionnaire, elle se retrouve parfois exsangue, car privée de toute cohérence industrielle."

    D’autres fois encore, les fonds, obnubilés par les ratios financiers, finissent par en oublier la dynamique propre au secteur dans lequel ils investissent. Exemple : les enseignes de développement photographique Photo Station et Photo Service, reprises en 2001 par le fonds britannique Cinven pour 282 millions d’euros.

    En plein essor du numérique, le fonds ne parvient guère à endiguer la baisse des ventes. "Nous n’avons jamais bien compris pourquoi ils avaient investi dans ce secteur déclinant, témoigne Denis Lauxire, délégué CFDT chez Photo Station. Ils ont quand même un peu essayé de redresser la boîte, et puis ils ont rapidement laissé tomber." Résultat : il y a quelques semaines, Cinven a revendu, pour quelques millions d’euros, l’enseigne à ses fondateurs, laissant l’entreprise et ses salariés dans la plus grande incertitude.

    (...)
    Bernard Marris : « Un danger pour le tissu industriel »

    La montée en puissance des fonds d’investissement est-elle inquiétante ?

    Oui, car ils mettent en danger le tissu industriel des pays dans lesquels ils investissent. Ne restant qu’un temps très court dans une société, ils négligent toutes les dépenses non immédiatement rentables, telles que la recherche-développement ou la formation. A terme, c’est extrêmement destructeur. Et pas seulement pour les entreprises concernées.

    C’est-à-dire ?

    Le mode de gestion des fonds sert de référence à beaucoup de managers, même si les fonds en question ne sont pas présents dans le capital de l’entreprise qu’ils dirigent. Ainsi, l’exigence d’un taux de rentabilité élevé est devenue la règle. Du coup, tout le monde privilégie une gestion à court terme, avant tout financière, à la mise en œuvre d’un véritable projet industriel.

    http://contreinfo.info/article.php3?id_article=511
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin
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