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RACISME;Le cycle infernal continue aux Etats-Unis

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  • RACISME;Le cycle infernal continue aux Etats-Unis

    Roy Moore, candidat républicain à l'élection sénatoriale partielle dans l'Alabama, ce mardi, mise sur ses liens avec Donald Trump pour surmonter les accusations portées contre lui d'agressions sexuelles envers des adolescentes.

    L'histoire, racontée il y a quelques jours dans les colonnes du NEW YORK TIMES et repérée par le magazine Slate, commence comme une intrigue à la Faulkner. A ceci près que nous sommes dans l'Amérique des années 1970. Ce jour-là, Amy a huit ans. Elle joue au football dans le jardin familial, avec ses deux frères. L'un d'eux lui jette le ballon si fort qu'elle se retrouve projetée au sol et, tandis qu'elle est en pleurs, il lui lance : «Notre autre sœur, elle, était une vraie fille». Sauf qu'Amy n'a pas d'autre sœur. Dès-lors, elle insiste auprès de sa mère, qui finit par lui raconter l'histoire. Son histoire. Elle et son mari, Mr Sandberg, après avoir eu deux garçons, voulaient adopter une petite fille. Ils ont donc fait les démarches nécessaires. L'enfant est arrivée. Elle était noire. Ils l'ont renvoyé, pour en reprendre une blanche. Il faut dire que deux ans plus tôt, dans leur quartier résidentiel à Deerfield, un promoteur immobilier avait acheté des lots et comptait en revendre à une douzaine de familles noires. Mme Sandberg, elle, avait soutenu le projet. Mais l'affaire avait tourné court après que des résidents lui avaient envoyé des lettres de menaces. Et le couple de ce souvenir : «Nous avons pensé, comment allons-nous élever une enfant noire dans ce voisinage ?» Après les cris, après les larmes, la décision sera donc prise. Quelques mois plus tard, les Sandberg accueilleront une nouvelle petite fille, Amy, au teint plus acceptable dans l'Amérique raciste des pavillons blancs. Aujourd'hui, Amy a 55 ans et elle a décidé de retrouver cet autre enfant, dont elle avait pris la place, sans le savoir. Angelle, c'est son nom, a été recueillie, 50 ans plus tôt, par deux parents noirs, issus de la classe moyenne de Chicago. Elle a vécu une enfance heureuse, choyée. Et THE NEW YORK TIMES de s'interroger : aurait-elle vécue la même enfance dans un voisinage exclusivement blanc, où elle aurait été confrontée à la discrimination ? Quand elle a revu M. Sandberg, Angelle lui a murmuré à l'oreille : «merci beaucoup», avant d'ajouter : «je ne sais pas si cela vous a travaillé toutes ces années, mais vous avez fait le bon choix». Un véritable happy ending. Reste qu'à n'envisager que les enfances respectives des deux femmes et leurs retrouvailles apaisées, on risque de verser dans un optimisme naïf et surtout d'en oublier l'ancrage initial de cette narration : celle d'une enfant noire que l'Amérique blanche ne pouvait supporter.

    Il y a trois jours, Donald Trump, lui, s'est rendu dans le Mississippi, l'Etat le plus pauvre du pays et où la communauté afro-américaine est aussi la plus importante, précise THE WASHINGTON POST. Le président est venu inaugurer le nouveau musée des Droits civiques. Et c'est ainsi qu'on a pu y entendre Donald Trump plaider contre le racisme, lors d'une brève allocution boycottée par la plupart des personnalités noires de la ville, dont le maire, lequel a déclaré que la présence de Trump était une «distraction». Toujours dans les colonnes du journal, d'autres parlent d'«insulte» ou d'«affront», de la part de cet homme, le président des Etats-Unis, qui soutient ouvertement les suprémacistes blancs.

    Et c'est encore le cas, aujourd'hui, avec l'élection d'un nouveau sénateur en Alabama. Afin de remplacer Jeff Sessions, nommé ministre de la Justice en début d'année, deux candidats sont en lice : le démocrate, Doug Jones, connu pour avoir fait condamner des membres du Ku Klux Klan qui avaient tué quatre fillettes noires en 1963 ; et le républicain, Roy Moore, dont le fondamentalisme chrétien est au centre de son idéologie, précise le magazine NEWSWEEK, un évangélique créationiste connu pour ses positions à la fois racistes, islamophobes et homophobes, soutenu notamment par Stephen Bannon (l’ex-conseiller à la Maison-Blanche, chantre de la suprématie blanche), mais aussi par le président Donald Trump, lui-même. Or Roy Moore n'est pas seulement la figure de proue aujourd’hui de l'ultra-droite religieuse américaine, rappelle la correspondante du TEMPS, il est également accusé de harcèlement par neuf femmes, dont l'une était mineure au moment des faits. Pour être tout à fait exact, Donald Trump n’est pas un fan de la première heure de Roy Moore. Il avait, d'ailleurs, porté son dévolu sur son concurrent lors des primaires. Seulement voilà, faisant fi de toutes considérations d’ordre moral, le président des Etats-Unis a depuis clairement affiché son soutien au candidat républicain. Pour lui, il serait inimaginable que son parti perde le siège en jeu. Et pour cause, le cas échant, les républicains ne seraient plus majoritaires que d'une seule voix au Sénat. Et c'est ainsi, écrit toujours la correspondante du journal, que ce qui peut ressembler à un cauchemar, dit-elle, a de fortes chances de se concrétiser. Depuis, l'enjeu est devenu tel aux Etats-Unis qu'hier Barack Obama, lui-même, est entré dans l'arène, en appelant les électeurs à se mobiliser pour le candidat démocrate. Enfin, l'événement n'est pas anodin : à la veille de cette élection controversée, trois femmes qui avaient accusé Donald Trump de comportements sexuels déplacés ont à nouveau témoigné, hier, sur la chaîne NBC contre le président, en réclamant l’ouverture d’une enquête au Congrès. A présent, les deux candidats sont au coude à coude, écrit THE NEW YORK TIMES. Mais dans tous les cas, pour l'état-major républicain, l'élection semble perdante. Si Roy Moore l'emporte, le parti craint d'être sali par association. Et s’il perd, non seulement la marge de manœuvre des républicains au Sénat deviendra extrêmement étroite, mais ils essuieraient là leur première défaite dans l'Etat de l'Alabama depuis un quart de siècle.

    Enfin l'autre gros titre à la Une de la presse américaine c'est, évidemment, la tentative d'attentat terroriste, hier, à New York. L'attaque, la deuxième en six semaines, est survenue dans un tunnel du métro de Times Square. Elle n'a fait que trois blessés légers, la bombe n'ayant que partiellement explosé. Le suspect âgé de 27 ans serait originaire du Bangladesh et selon l'ancien chef de la police de New York, interrogé sur la chaîne MSNBC, il aurait agi au nom du groupe Etat islamique. Il a déclaré aux enquêteurs qu'il avait été radicalisé en ligne, précise de son côté THE NEW YORK TIMES. Donald Trump a, lui, aussitôt réclamé de nouvelles restrictions migratoires. Enfin toujours dans les colonnes du quotidien américain, un homme d'affaires, propriétaire de la maison voisine du suspect raconte, ce matin : «Aujourd'hui, plus rien ne me surprend. Tu ne sais pas qui sont tes voisins. Je ne peux plus faire confiance à personne».

    Par Thomas CLUZEL

    Franceculture
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