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Rohingyas : «C’est un massacre de masse», dénonce un enquêteur de MSF

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  • Rohingyas : «C’est un massacre de masse», dénonce un enquêteur de MSF

    Le docteur Emmanuel Grellety est l’un des épidémiologistes qui a mené l’enquête de Médecins sans frontières qui a établi le premier bilan des victimes rohingyas en Birmanie à 6700 morts en un mois, « au minimum ».
    C’est le premier véritable bilan sur lequel la communauté internationale peut s’appuyer pour évaluer la situation des musulmans rohingyas en Birmanie, considérée comme un « nettoyage ethnique » par l’ONU. Selon l’enquête de Médecins sans frontières publiée ce jeudi, au moins 6700 personnes ont été tuées en moins d’un mois, tandis que des milliers de familles continuent de fuir vers le Bangladesh voisin.

    Plus de 730 enfants morts en un mois
    Si l’armée birmane nie tout génocide envers ce peuple apatride, à qui on a retiré papiers d’identité et droit à la propriété depuis 1982, l’enquête de MSF permet sans conteste de contredire les autorités. Ces dernières ont en effet péniblement admis la mort de 400 personnes depuis le début de l’accélération de la répression en août mais qualifient les morts de « terroristes », qui auraient mené des attaques rebelles contre la police. Face à l’oppression constante, certains ont en effet tenté des actions contre les autorités mais sont depuis confrontés à une « réponse » bien disproportionnée. Selon MSF, plus de 730 enfants de moins de 5 ans sont morts entre fin août et fin septembre, dont 73 % par violence - brûlés, tués par balles ou tabassés. Même tendance pour les victimes adultes, auxquelles s’ajoutent les violences sexuelles avant la mort.

    « L’étude ne peut que sous-estimer les morts »
    Le docteur Emmanuel Grellety est l’un des épidémiologistes qui a mené l’enquête de Médecins sans frontières dans le sud de l’immense camp de réfugiés rohingyas au Bangladesh. Il explique que bien que très sérieuse et usant de méthodes « classiques et reconnues par nos pairs », l’étude « ne peut que sous-estimer le nombre de morts ». Cette dernière est en effet basée sur l’étude des familles de rescapés arrivés jusqu’au Bangladesh.

    « On a demandé à un échantillon conséquent de comptabiliser, au sein de leur foyer, le nombre de naissances et de morts depuis une date bien symbolique, le début du ramadan du 27 mai pour aider leur mémoire, jusqu’au 30 octobre. Du coup, on connaît les pertes familiales des survivants mais l’étude n’inclut pas les ménages totalement exterminés », prévient l’expert. Et selon les témoignages recueillis par d’autres équipes de MSF ou d’autres ONG, des familles entières auraient été enfermées dans leur maison avant que l’armée birmane n’y mette le feu.

    Quelques maladies mais « 72 % ont bien été assassinés »
    « Puis on ne sait absolument pas pour ceux qui sont restés au Myanmar (nom officiel de la Birmanie, ndlr) », poursuit le docteur Grellety. « Ce qui est sûr, c’est que les six enquêtes menées par MSF, par les équipes françaises dans le sud du camp et par les Hollandais dans le Nord, se recoupent. Tout est très clair, eux comme nous constatons un pic de la mortalité en septembre et avec une typologie de mort identique », assure l’épidémiologiste. Autrement dit, quelles que soient les divisions du camp où ont été interrogés les survivants, la majorité de leurs parents morts l’ont été par des violences, et non à cause de maladies.

    « Parmi les morts en Birmanie, il y a quelques cas dû à la malnutrition, la rougeole ou la diphtérie - qui continuent de tuer actuellement dans le camp où des épidémies se sont développées - mais 72 % ont bel et bien été assassinés », répète-t-il avant de s’extraire un peu de la pure analyse des chiffres. « Je m’attendais à un taux de mortalité élevé mais cette violence… sur des enfants de moins de 5 ans, beaucoup par balles, c’est clairement un massacre de masse », assure-t-il avec sa longue expérience des études du genre, un peu partout dans le monde. « Il y a plein d’autres endroits où c’est très dur, il ne faut pas comparer. Mais ici, la surprise vient du nombre élevé de morts sur une très courte période. C’est très clair, l’ensemble de ces personnes ont été tuées délibérément ! » conclut-il.

    Ces violences ont déjà poussé près de 700 000 Rohingyas à fuir au Bangladesh, soit un peu plus de la moitié de cette communauté opprimée.

    Le Parisien
    Toutes les fleurs de l'avenir sont dans les semences d'aujourd'hui.
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