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Le Dôme du rocher: Mosquée El Aqsa ou Mosquée d'Omar ?

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  • Le Dôme du rocher: Mosquée El Aqsa ou Mosquée d'Omar ?

    Construit à Jérusalem entre 688 et 692 par le calife omeyyade Abd Al Malik, 60 ans après le décès du saint prophète Muhammad (qssl), vénéré encore aujourd'hui par des centaines de millions de musulmans dans le monde, le dôme du rocher est un édifice unique dans l'architecture islamique. Unique, l'emplacement du bâtiment sur le Mont Moriah, unique, le rocher qui émerge au centre de l'espace intérieur, unique, la forme octogonale de cet édifice religieux, unique, la coupole dorée sur un haut tambour dont la vue seule vous impose l'exclamation : Oh que c'est beau !

    Toute l'humanité monothéiste est attachée à la ville de Jérusalem, centre de leur monde. C'est cela aussi que représente le dôme du rocher avec son plan octogonal et le rocher d'Abraham qui surgit au milieu de l'espace intérieur.

    Ce sanctuaire a été conçu suite à la visite à Jérusalem du compagnon du Saint prophète (qssl), Omar, invité par le Patriarche grec, en 638. Omar a été horrifié de voir l'esplanade abandonnée, jonchée de ruines architecturales et de détritus. Il reconnut l'endroit décrit par le Prophète (qssl), le rocher du Mont Moriah qui a vu Abraham sur le point d'immoler son fils Isaac et reçu le Saint prophète Mohamad (qssl) dans cette nuit du voyage nocturne. Et dont une sourate dans le Saint Coran lui est consacrée. Tout était laissé à l'abandon, rendu à la nature, sans aucune protection ni mise en valeur. Omar commença lui-même à mettre de l'ordre dans le chaos de l'esplanade avec ses propres mains, nous dit la tradition.

    Mais c'est au calife omeyyade Abd el Malik que nous devons un des plus grands joyaux de l'architecture islamique qui, bien que plusieurs fois rénové, n'a pas bougé dans son plan ni dans son ensemble et est resté en l'état sauf ses façades qui furent recouvertes de faïences turques au temps de l'Empire ottoman. La coupole, rénovée en 1994, sous le règne du roi Hussein de Jordanie fut recouverte de nouvelles feuilles d'un alliage d'or.

    Ce n'est pas le cas de l'église du Saint Sépulcre qui à l'origine se présentait comme le dôme du rocher avec un plan octogonal entourant le tombeau de Jésus. Remaniée, agrandie à plusieurs reprises, l'église du Saint Sépulcre dans la vieille ville de Jérusalem est un imposant bâtiment qui, aujourd'hui, recouvre entièrement la construction d'origine.

    L'esplanade (Haram al-Sharif)

    Surnommée aujourd'hui l'esplanade des mosquées, cette immense surface trapézoïdale de 14.000m2 fut édifiée par le roi Hérode le Grand (47-4 av J.C) qui entreprit d'agrandir ou de reconstruire le 2e temple de Salomon. Le côté sud mesure 281m et le côté ouest 488m.

    Ceinturant le Mont Moriah et s'y appuyant, l'esplanade recouvre une partie de la vallée ce qui permettait à Hérode de surveiller toute la ville de Jérusalem et ses alentours. La spectaculaire construction du temple et l'agrandissement de l'esplanade du simple au double par le roi Hérode est mentionnée dans le Talmud. Pour agrandir l'esplanade il avait dû creuser dans la roche et bâtir des murs de soutènement colossaux.

    Le temple d'Hérode construit en quarante ans durant son règne fut réellement terminé qu'en 64 après J.C. Les Romains le détruisirent entièrement en 70 après J.C, suite à la répression de la révolte de la Judée. Il n'en reste que l'esplanade et le mur occidental où les juifs viennent jusqu'à nos jours pleurer la disparition du temple et prier.

    Mais où est le temple de Salomon ?

    Car avant le temple extraordinaire construit par le roi Hérode, roi de Judée mais aussi roi fantoche acquis aux Romains, deux autres temples de moindre importance non moins symboliques avaient existés là : le temple de Salomon construit en 1000 avant J.C, soit le 1er temple, détruit par Nabuchodonosor, roi de Babylone et le 2e temple au 6e siècle avant J.C qui avait été reconstruit par les juifs libérés de leur captivité grâce à la prise de Babylone par l'empereur Perse Cyrus. Le temple de Salomon reconstruit par Hérode comme dit plus haut fut détruit entièrement par les Romains en 70 av J-C.

    Jésus (qssl)

    L'empire romain avait conquit le monde de l'Antiquité, c'est-à-dire tout le pourtour de la Méditerranée. Il régnait sur Jérusalem et sa région lorsqu'apparut Jésus qui se proclamait être le Messie que le peuple juif attendait. Mais le peuple juif n'a point reconnu ce Messie à cette époque et ne le reconnaîtra jamais. Jérusalem sera témoin de la Passion de Jésus et de sa mort sur le Mont Golgotha.

    Une sépulture digne pour Jésus sur ce même Mont Golgotha a été offerte par Joseph d'Arimathie, (1) convertit depuis peu aux paroles de Jésus. C'est le tombeau de Jésus situé à l'intérieur de l'Eglise du Saint Sépulcre, non loin du dôme du rocher.

    L'empire romain, polythéiste, deviendra petit à petit chrétien avec la conversion de l'empereur Constantin lui-même, en 312, et l'officialisation du Christianisme ou plutôt la mise de son culte sur même pied d'égalité avec les cultes païens en 313 par ce qui est convenu d'appeler l'Edit de Milan.

    Mohamed (psl)

    Les Chrétiens, plutôt l'empire Byzantin, dirige Jérusalem lorsque naît dans la péninsule arabique le prophète Muhammad (qssl) en 570 après J.C dans la tribu des Quraych de la Mecque. En 622, (2) il émigre avec sa famille et sa communauté à Médine où il décédera en 632 après J.C

    Le Coran qu'il reçut et transmit au monde contient 114 sourates dont plusieurs seront à la base de la construction du Dôme du rocher: la sourate du voyage nocturne ou Isra, la sourate Tâ Hâ et la sourate al Kursi.

    La sourate du voyage nocturne (Isra) relate le voyage que fit le prophète Mohammad (qssl) de la Mecque à Jérusalem en une nuit. Un hadith (3) mentionne le rocher sur lequel l'animal mythique posa son pied et duquel le prophète (qssl) s'éleva et se transporta dans les 7 cieux.

    Architecture du Dôme du Rocher et sa décoration

    Le dôme du rocher actuel est construit sur la plateforme trapézoïdale de 128 m côté sud et 167m côté ouest au-dessus de l'esplanade, vestige des constructions du roi Hérode. Le Dôme a été conçu pour être vu de loin. La coupole de 20m de diamètre surélevée volontairement sur un haut tambour devait être visible de toutes les parties de la ville de Jérusalem.

    La forme cylindrique du tambour surmonté de la coupole est posée sur un cercle de douze colonnes et quatre piliers qui entourent le rocher mythique sous lequel est située une grotte dont la hauteur permet à un être humain de se tenir debout. Un escalier descend dans cette crypte naturelle qui fait prendre conscience aux visiteurs, l'importance des grandes religions monothéistes initiées par les trois grands meneurs de l'humanité : Moïse, Jésus et Muhammad, (que le salut soit sur eux). C

    Le premier cercle est entouré d'une forme octogonale délimitée par huit piliers et seize colonnes qui enserrent fermement l'espace autour du rocher semblant inviter les croyants à faire des circonvolutions autour du rocher qui émerge d'environ 1.5m au centre. Un deuxième espace délimité par un mur octogonal ferme le tout et constitue l'enveloppe extérieure du Dôme du rocher. Les deux espaces déambulatoires ensemble ont une largeur de 14 m et une hauteur de 11m. Un toit à huit pans légèrement pentus, allant de la base du tambour aux huit côtés extérieurs, couvre les deux espaces de circonvolutions et sont invisibles de l'extérieur à hauteur d'homme, ceci est voulu par le rehaussement de chaque façade au dessus des limites du toit.

    dome du rocher
    dome du rocher

    Vu de l'extérieur, le Dôme du rocher accuse une forme octogonale recouverte entièrement de faïences de couleur surmontée d'une magnifique coupole dorée sur un haut tambour. Quatre entrées dans la direction des quatre points cardinaux d'égale grandeur entre elles évitent de donner l'impression qu'une de ces entrées serait l'entrée principale. La porte sud, cependant, en direction de la Mecque est légèrement différente afin de marquer la direction de la prière. Ce sanctuaire marque symboliquement le centre du monde.

    Toute l'architecture de l'édifice extérieurement comme intérieurement s'emploie à vous prouver l'infinitude, la magnitude et l'unicité d'Allah. Une architecture de grandeur, de beauté et de forte impression concoure à subjuguer l'observateur. Un plan octogonal sans commencement ni fin qui rayonne dans tous les sens inspiré très probablement de l'architecture de l'Antiquité tardive et du style byzantin qui servit merveilleusement bien à la nouvelle révélation reçue par le prophète Muhammad (qssl).

    La décoration des murs extérieurs recouverts de faïences turcs date de la période ottomane du règne de Soliman le magnifique (1520-1566). Elles furent rénovées à l'identique au 20e siècle. Les riches faïences de grandeurs différentes aux motifs géométriques sont dans l'ensemble dans les tonalités de bleu turquoise, de jaune ocre et de blanc. Vernissées elles reflètent la lumière, symbole du Dieu tout puissant.

    dome rocher
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

  • #2
    La coupole, dont la dernière restauration date de 1994, sous le règne du roi Hussein de Jordanie gardien de ces lieux saints, recouverte de plaquettes d'un alliage d'or, brille de tous ses feux sous le soleil et sur l'ocre typique des pierres des maisons de la vieille ville de Jérusalem. Elle est devenue le symbole de la ville et rare sont les prises de vue de Jérusalem sans la vue sur la coupole dorée. Il est plus que probable que la coupole est dans sa forme et grandeur d'origine.

    Les faïences du dessous de la coupole sont décorées avec des motifs floraux stylisés entourant une bande de faïences de calligraphie de versets du Coran tirés des sourates Tâ Hâ et Al Kursi qui relatent avec exaltation le monothéisme absolu et l'Unicité de Dieu non transcendé ni transcendant et affirment que Muhammad (psl) est son envoyé.

    dome du rocher

    Décoration intérieure du Dôme du Rocher

    Comme tout sanctuaire islamique, le décor intérieur de l'édifice ne comporte pas de représentation humaine ou vivante. Non pas que cela soit interdit par le Coran mais les artistes et artisans musulmans s'en détournent selon la tradition que seul Dieu donne la vie. L'intérieur est richement décoré de faïences, mosaïques, marbres, boiseries et tapis. Des rayons de lumière naturelle sont projetés sur le rocher sombre, provenant d'invisibles fenêtres.

    Les mosaïques renvoient à celles de style byzantin d'une basilique de Constantinople, de Rome ou du baptistère de Ravenne mais ici elles n'offrent que des décors végétaux stylisés et une panoplie de joyaux tels que tiares, bracelets, pendants d'oreille, colliers... dont on ne saisit que partiellement la signification. Ces joyaux de nacre et d'or nous apparaissent comme posés sur ce lit de végétation verdoyante qui symboliserait le jardin de Salomon ou le paradis, but final de tous les croyants.

    La calligraphie occupe une grande place parmi ces décors. Tout autour des déambulatoires octogonaux et à la base du tambour, des versets du Coran, des injonctions pieuses, des supplications et des annotations sur la construction du Dôme sont lisibles en caractères arabes dans le sens des aiguilles d'une montre ou dans l'autre c'est selon. Par exemple les 21 premiers versets de la sourate Tâ Hâ sont à la base du tambour.

    Les 40 colonnes, piliers et supports de tout l'édifice sont de marbres ou recouverts de marbres d'origine, de couleurs et de formes diverses. Le tout confère à l'ensemble une beauté, une plénitude transcendantale qui enveloppe le croyant comme le visiteur Ibn Battuta (4) qui, voyageant à Jérusalem vers 1355 après J.C décrit le dôme du rocher ainsi "l'une des plus extraordinaires architectures dont la perfection et sa particularité réside dans sa forme. On y parvient en montant les 4 rampes d'escalier de marbre et passant ses 4 portes. Décoré de faïences et de marbres de la plus fine facture. Aussi bien l'extérieur que l'intérieur défie toute description".

    Mais où est la mosquée el Aqsa ?

    Au sud du Dôme du rocher soit en direction de la Qibla de la Mecque et toujours sur l'esplanade du roi Hérode, le 2e calife a fait construire la mosquée, dite Al Aqsa ou Al Qibli, pourvu d'un minaret, en 705 après J.C. Ce que ne possède pas le Dôme du rocher et fait dire aux spécialistes que le Dôme du rocher n'a pas été conçu pour être une mosquée.

    En effet le Dôme du Rocher n'a pas révélé tous ses secrets. Et il y a peu d'écrits sur ce bâtiment patrimonial.

    L'esplanade des mosquées ou Haram Al Sharif de Jérusalem (5), El Kods (6) reste néanmoins le troisième lieu saint de l'Islam après la Mecque et Médine que tout adepte de cette religion devrait une fois dans sa vie au moins visiter. Bien que sous administration du Waqf, la fondation religieuse islamique contrôlée par la Jordanie, peu, malheureusement, sont les pèlerins musulmans qui ont la chance de se rendre à Jérusalem de nos jours!

    Il y a souvent confusion car le Dôme du Rocher est, pour les musulmans, la mosquée El Aqsa qui signifie la mosquée éloignée, pour beaucoup d'autres c'est la mosquée de Omar. On considère aussi la mosquée el Qibli comme étant la mosquée el Aqsa.

    Ce qui est sûr et certain c'est qu'il n'y a qu'un seul Dôme du Rocher qui recouvre ce rocher là où les traditions juives et musulmanes se réclament. Tandis que le Mont du Golgotha où Jésus a été crucifié selon les croyances chrétiennes se situe plus loin dans la vieille ville et son tombeau là où l'église du Saint Sépulcre a été construite ou encore à l'endroit où selon une autre tradition chrétienne un tombeau vide fut trouvé.

    Mais là est encore une autre histoire tout autant intéressante d'ailleurs. Jérusalem, ville sainte pour toutes les croyances monothéistes recèle une histoire, un symbole, ..... Derrière chaque pierre ! Ville sur laquelle Jésus pleura la veille de sa mort, ville sur laquelle toutes les religions monothéistes s'accrochent avec force et ferveur. Mon Dieu !

    esplanade

    NOTES:
    (1) Tradition chrétienne relatée dans la bible chrétienne.
    (2) 622 marque la date de la première année du calendrier musulman
    (3) Les hadiths sont les communications orales du prophète Muhammad (psl)
    (4) Ibn Battuta grand voyageur et explorateur né à Tanger, en 1304, et décédé à Marrakech, en 1377.
    (5) Jérusalem, l'appellation hébraïque, signifie la ville de la Paix.
    (6) El Kods, le nom de Jérusalem en arabe signifie La Sainte.

    Bibliographies:

    The Dome of the rock, Oleg Grabar et Saïd Nuseibeh
    Art of Islam, Titus Burckhardt et Roland Michaud
    Coran
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

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