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"Le Livre que je ne voulais pas écrire", témoignage d'un rescapé du Bataclan

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  • "Le Livre que je ne voulais pas écrire", témoignage d'un rescapé du Bataclan

    Présent au Bataclan le 13 novembre 2015 - où il a été touché par une balle -, l'écrivain Erwan Larher revient sur ce drame dans un étonnant récit.
    Erwan Larher était là en ce soir d'horreur. Jusqu'ici, il refusait d'évoquer le sujet. Mais finalement, le romancier raconte son histoire dans ce "livre qu'il ne voulait pas écrire", en revendiquant une démarche littéraire. L'Express l'a rencontré.

    Vous avez déclaré ne pas souhaiter vous exprimer sur les événements du Bataclan, avant de changer d'avis. Alors pourquoi finalement ce Livre que je ne voulais pas écrire ?

    Il était hors de question pour moi de faire de ma présence au Bataclan le sujet d'un livre. D'une part, parce que le lecteur que je suis n'aurait aucune envie de le lire, d'autre part, parce que je suis romancier, donc j'invente des histoires ; je n'imagine pas que ma vie puisse intéresser quelqu'un. En fait, cela me paraissait incongru, voire indécent. Le déclencheur a été une conversation dans un TGV, au début du printemps 2016, avec mes amis auteurs Alice Zeniter et Manuel Candré, qui m'ont convaincu que c'était mon devoir de romancier d'écrire sur ce thème. A la même période, j'ai aussi compris que je me trouvais exactement au carrefour d'une aventure personnelle et d'un drame collectif. Or, depuis mon premier roman, Qu'avez-vous fait de moi?, en 2010, je m'efforce d'interroger le monde en confrontant parcours individuels et destinée collective. Et puis, une nuit, j'ai été réveillé par les phrases qui se bousculaient dans ma tête et j'ai commencé à écrire, en me posant 1000 questions de forme et de structure...

    Justement, le Livre surprend par sa narration, puisque vous avez notamment inséré au coeur du récit des textes signés d'autres personnes.


    Je voulais absolument éviter un texte nombriliste. Inclure des sentiments extérieurs m'a semblé pertinent. J'ai alors proposé à une vingtaine de proches d'écrire sur la manière dont ils avaient vécu cette nuit. Dès le lendemain, j'avais un (magnifique) texte... Et, au bout de trois jours, je savais que j'intégrerai ces voix extérieures.

    Quelle a été votre limite "morale" dans votre manière d'évoquer ce que vous avez vu et vécu ?

    Je ne me suis rien interdit, sauf ce qui concerne Jeanne, ma compagne de l'époque, dont je suis séparé depuis. Ma seule limite est ma morale personnelle, mais elle a cours aussi bien dans ma vie quotidienne que dans mon travail d'auteur. Le premier commandement me pousse à éviter de faire à autrui ce que je ne voudrais pas qu'il me fasse.

    Faut-il lire ce Livre comme un ouvrage de reconstruction - au sens physique et psychologique ?

    Absolument pas. Il faut le lire comme le questionnement d'un auteur qui se demande si on peut "faire de la littérature" à partir d'un tel événement. Soit essayer d'inventer une forme, une langue, qui diraient le monde, interrogeraient l'humain, interagiraient avec mes semblables.

    Le Livre étonne aussi par son ton : le refus de la solennité et de l'émotion facile. Votre réponse aux événements est-elle de garder un esprit rock malgré tout ?

    Peut-être, oui, je ne l'avais pas vu ainsi. En fait, je vous avoue que je n'ai pas, en tant que romancier, de réponse face à cet événement. Surtout, je ne suis pas sûr de savoir ce qu'est un "esprit rock".

    "Le Livre que je ne voulais pas écrire", par Erwan Larher, Quidam, 268 pages,

    l'éxpress
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