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De nouveaux morts lors des manifestations contre le gouvernement en Iran

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  • De nouveaux morts lors des manifestations contre le gouvernement en Iran

    Alors que les manifestations anti-régime prennent de l'ampleur en Iran, au moins dix nouvelles personnes ont été tuées dans la nuit du 31 décembre. L'avocate iranienne Shirin Ebadi, prix Nobel de la paix 2003, prédit "le début d'un grand mouvement".
    Après trois jours et trois nuits de manifestations en Iran contre le gouvernement de Hassan Rohani, deux personnes ont été tuées par balle dans la nuit du 30 au 31 décembre dans la ville de Doroud, à l'ouest du pays. Un bilan qui s'est encore alourdi le lendemain après une nuit de violentes manifestations dans une dizaine de villes iraniennes. Il s'élèverait à douze personnes tuées depuis le début des protestations.

    Selon la télévision d'Etat, six personnes ont été tuées dimanche soir par des "tirs suspects" dans les violences qui ont touché Toyserkan, dans l'ouest du pays, alors que plus tôt, les médias avaient fait état de quatre morts dans les villes d'Izeh (sud-ouest) et Doroud (ouest). Les autorités ne prennent aucune responsabilité dans leur mort.

    La veille, par exemple, le vice-gouverneur de la province de Lorestan, avait accusé les "groupes hostiles et les services de renseignements étrangers d'être derrière les troubles". Il avait assuré que les forces de sécurité n'avaient pas tiré sur les protestataires sans pour autant donner de réelles explications sur la mort des deux manifestants : "Notre objectif était de mettre fin pacifiquement aux protestations mais en raison de la présence de certains individus et groupes, deux personnes ont été tuées".

    Les manifestations ont commencé ce jeudi 28 décembre dans un contexte économique difficile. Il s'agit des plus importantes depuis le mouvement de contestation contre la réélection de l'ex-président ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad en 2009, qui avait été violemment réprimé.

    "Malaise social"
    Des slogans comme "Mort au dictateur" ont également été entendus. Selon le chercheur à l'IRIS Thierry Coville, spécialiste de l'Iran, le "malaise social" iranien est à l'origine de cette vague de révolte. Il explique ainsi sur France inter ce 31 décembre : "Les gens s’attendaient à ce que la situation s’améliore encore plus rapidement avec l’accord sur le nucléaire et avec la nouvelle élection de Rohani, il y avait l’espoir qu’il fasse quelque chose. Ce qu’on voit c’est un phénomène de déception, des tensions sociales, le chômage, les annonces de hausse des prix de l’essence et le sentiment qu’il y a beaucoup de corruption et que le gouvernement ne fait rien..."

    On sait qu’en Iran il y a un terreau pour un populisme, ajoute Thierry Coville. On a entendu des slogans contre la République islamique d’Iran, c’est significatif car ce sont les premières manifestations de ce type depuis 2009." Reste selon lui à savoir "quelles sont les forces derrière qui essayent de le récupérer ?"

    "Début d'un grand mouvement"
    Les manifestations en Iran ne sont que "le début d'un grand mouvement qui peut aller bien au-delà de la vague verte de 2009", estime pour sa part l'avocate iranienne Shirin Ebadi, prix Nobel de la paix, dans une interview dimanche au journal italien La Repubblica.

    Désormais, les racines de la colère sont avant tout économiques et sociales, avance Shirin Ebadi, dans la lignée de Thierry Coville : "En Iran, et ce n'est pas nouveau, il y a une très grave crise économique. La corruption dans tout le pays est à des niveaux épouvantables. La fin de certaines sanctions liée à l'accord sur le nucléaire avec l'Europe et les Etats-unis en 2015 n'a pas apporté de bénéfices réels à la population, contrairement à ce que beaucoup attendaient. A cela s'ajoute le fait que l'Iran a des dépenses militaires très élevées. Les gens ne tolèrent plus de voir tant d'argent dépensé pour cela."

    "Les jeunes sont les plus déçus", prévient l'avocate, et les femmes font partie du mouvement qui "n'est pas une question de genre". "La situation économique et l'écart effrayant entre les riches et les pauvres, entre ceux qui jouissent du bien-être et ceux qui ne le peuvent pas, sont à la base de la protestation. Les écarts sociaux n'ont fait que s'agrandir ces dernières années et c'est un des éléments clés pour comprendre ce qui se passe", insiste la prix Nobel de la paix 2003.

    "Payer le prix"
    Le régime a averti que les manifestants allaient "payer le prix". Des contre-manifestations en soutien au gouvernement ont également été organisées dans le pays. Le peuple iranien répondra aux "fauteurs de troubles et hors-la-loi", a déclaré le président Hassan Rohani, qualifiant les protestataires de "petite minorité qui lance des slogans allant à l'encontre (...) de la volonté de la nation et insulte les valeurs sacrées et révolutionnaires", selon le site de la présidence.

    Marianne
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