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El Djazaïr: L’archipel des mystères

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  • El Djazaïr: L’archipel des mystères

    A Alger, chaque périmètre est productif, on peut extraire à la fois un poème, une mélodie, une toile, un produit cinématographique ou une photographie qui servira de carte postale pour les touristes.

    Toute personne ayant un minimum de sens esthétique ne peut résister au charme de cet étrange archipel nommé El Djazaïr, notre belle et rebelle capitale qui résume tout le marasme de la cité.

    Si les occupations quotidiennes qui font partie des soucis dérisoires sur cette terre nous privent de savourer la splendeur de notre ville, il suffit de se réveiller un jour par une belle matinée, nous invitant presque a escalader le mont de cet archipel et voir Alger du haut de son allégorie avec un regard autre que celui du quotidien, un regard de bohême.

    Dans cette montée vers les hauteurs de cette métropole, que les Ottomans aient nommé "El Mahroussa", en guise de la protection que ces portes portuaires lui procuraient, on passe par la Casbah, Triolet, Bab El djedid, Oued Koriche, Beaufraisier et tant d’autres quartiers en altitude donnant sur la Baie d’Alger. On se voit vite emporté par les vagues du trajet et on rentre dans les réflexions méditatives.

    Une cité mosaïque dont l’histoire est composée de pièces de puzzle aux couleurs et formes variées. Un labyrinthe géographique, du nord au sud, de l’est à l’ouest. Des ruelles et des couloirs qui nous mènent d’un style architectural à un autre. On y trouve le mauresque, le Colonial, “l’arabesque” et tant d’autres styles qui composent son tissu urbain. On y trouve aussi des ponts et des passerelles qui nous mènent d’une rive de culture à une autre.

    Grâce à l’exode rural, Alger dispose d’un cocktail de langues: l’arabe, le français, l’amazigh ; de dialectes : tergui, kabyle, mozabite, chawi… et de traditions et coutumes. Le tout compose la richesse de son patrimoine culturel et civilisationnel.

    Une ville légendaire et mystérieuse aux secrets sacro-saints qui a donné naissance à des maîtres vénérables, dits "Awliyaa Salihine", dont le support de l’enseignement fut la "zawya" ; école coranique fondée sur le mysticisme et la confrérie qui octroie culte et savoir. A noter que la "Tarika Errahmania" était la plus répandue à Alger. Ces maîtres (Chouyoukhs) procurent la bénédiction (Baraka) à leurs fidèles et les protègent. Sidi Abederrahmane, Sidi M’Hamed, Sidi Boughedour, et d’autres belles âmes qui régnent sur ces monuments de sagesse et de spiritualité.

    Une ville énigmatique dont les codes ne peuvent être décryptés que par les beaux esprits qui accourent à ses sources pour s’y abreuver. Des sources de connaissance intarissables et magiques. Historiens, architectes, anthropologues, musiciens, peintres, poètes, hommes de théâtre ou de cinéma, et tant d’autres chercheurs, artistes et touristes aussi de tout bords, puisent d’Alger et s’en inspirent.

    A Alger, chaque périmètre est productif, on peut extraire à la fois un poème, une mélodie, une toile, un produit cinématographique ou une photographie qui servira de carte postale pour les touristes.

    A propos de musique, on note que toutes les écoles du chant algérois ont été fondées sur les "Makamat" de l’Andalou et ses subtiles "Mouwachahat" (Poème lyrique chanté, inspiré du patrimoine), depuis les civilisations anciennes persane, turque et abbasside.

    Alger, la cité qui est sorti des entrailles d’une Algérie riche et laborieuse. Une histoire épique et une mémoire emblématique gravées dans l’âme et dans le sang et ancrées dans la terre, le ciel et la mer.

    Une ville sensuelle et aguicheuse, dont le port aurait accueilli expéditeurs, protecteurs et colonisateurs de toutes les origines : Phéniciens, Byzantins, Vandales, Romains, Arabes musulmans, Espagnols, Ottomans et Français.

    Elle ressemble à une Houri qui demeure vierge en dépit de tous les viols. Elle se régénère tel un papillon charmeur et ne cesse de fleurir comme une rose de printemps. C’est une ville qui incite à la contemplation en menant les esprits dans un voyage fantasmagorique à travers les temps. Une ville de chagrin et de drames, éternellement en deuil. Colonialisme, catastrophes naturelles, terrorisme, crises économiques et sociales, et divers aléas se sont acharnés sur cet archipel révolutionnaire qui se renforçait davantage.

    Ainsi est conçu le regard de l’amoureux de cette ville, un regard qui lors de chaque cillement attrape d’autres visions et perspectives. Un regard qui se renouvelle, qui semble guérir par miracle d’une cécité désespérément incurable ; ou encore un regard qui semble naître du néant.

    C’est un regard pensif et métaphysique qui déshabille toute chose exquise, telle qu’Alger, en l’imaginant une vierge "fantôme" que l’on approche sans pour autant atteindre la chair. Une brise d’automne qui nous chatouille les narines. Un effluve de senteur et de mystère, un mirage qui s’évapore dans la soif du désert.

    Parlant d’Alger la spirituelle, les vents de l’hiver nous ont rapporté les nouvelles de la saison. Un hiver polaire qui frappa Alger en une saison différente des précédentes. Hormis les pluies généreuses, la neige nous fit grâce et marqua l’événement de la saison et de l’année, en comparaison à notre climat hivernal d’habitude sec et cupide.

    Sous ces pluies purifiantes et cette neige cristalline, on voit Alger, dans toute sa grandeur, inclinée devant le ciel, faire ces ablutions pour la prière du salut. En dépit de toutes ses impuretés, Alger, épuisée par l’égarement et la mélancolie, retourne à un Dieu si tolérant qu’il l’accueille, les bras grands ouverts, dans son royaume de vérité, et puis Alger renaît de ses cendres et demeure éternelle.

    Par la Dépêche de Kabylie
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