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la transition énergétique : « Une chance historique pour l’Algérie »

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  • la transition énergétique : « Une chance historique pour l’Algérie »

    M. Mourad Preure, expert pétrolier international, à propos de la transition énergétique : « Une chance historique pour l’Algérie »


    Le pétrole commence l'année en trombe. Le Brent a franchi la barre des 70 dollars. Jusqu’à quand ? Dans cet entretien, l’expert pétrolier international et président du cabinet Emergy, Mourad Preure, passe au peigne fin les incertitudes du marché international, l’importance de l’Accord de Vienne, qui a été préparé par la rencontre d’Alger, ainsi que les conditions de réussite de la nécessaire transition énergétique pour l’Algérie.


    El Moudjahid : Les prévisions voient intervenir, «plus tard que prévu», l’équilibre du marché pétrolier. Quelles sont les raisons de ce retard annoncé ?

    Mourad Preure : Le consensus des experts, l’OPEC et l’AIE avaient prévu le retour à l’équilibre du marché dès 2016. Celui-ci a sans cesse été retardé par l’importance des stocks qui avaient atteint un pic historique avec 3 Gbls (milliards barils), par le retour plus accentué que prévu de l’Iran sur le marché, ainsi que la montée en production de l’Irak, mais surtout par la surproduction de l’OPEC en général et le jeu déstabilisant des pétroles de schistes américains. La réunion d’Alger, puis les Accords de Vienne ont envoyé un signal fort au marché, en même temps qu’ils ont engagé une dynamique de résorption de la surproduction qui ont immédiatement porté leurs fruits. En 2017, la demande a augmenté de 1.4 million baril/jour, pour se porter au niveau de 98 Mbj, en 2018, elle devrait progresser, selon l’AIE, au même rythme et atteindre le niveau de 99.4 Mbj. Cela dans un contexte de reprise de l’économie mondiale, dont la croissance, estimée par le FMI, a été de 3.6% en 2017 et sera de 3.7% en 2018. Nous sommes loin encore des niveaux de 5% de croissance les cinq années précédant le choc baissier de juin 2014, mais nous pouvons parler de reprise de l’économie mondiale, avec encore, cependant, beaucoup de risques systémiques et nombreuses incertitudes, notamment géopolitiques. Il reste que nous sommes dans une trajectoire d’équilibre du marché. L’appel au brut OPEC sera de 32.4 Mbj en 2018, alors que la production OPEC oscillera entre 32.7 et 32.9 Mbj, rendant impérative encore une discipline des pays membres. Celle-ci est impérative pour continuer à fédérer autour de l’OPEC et de la Russie (où le président Poutine, convaincu d’une nécessaire baisse de la production pour défendre les prix, a fort à faire pour mettre au pas les compagnies nationales) et des dix autres pays impliqués dans l’accord. Donc, oui, le marché tend vers l’équilibre, du fait surtout d’une dynamique de demande retrouvée et d’une baisse des stocks, mais cet équilibre est menacé, d’une part, par les risques d’indiscipline des pays producteurs, d’autre part, par le jeu déstabilisant des huiles de schiste américains. Le risque d’une correction baissière au second semestre n’est pas à écarter. Mais, globalement, on peut raisonnablement estimer que les prix fluctueront cette année autour d’un pivot de 65 dollars le baril, avec une moyenne de 60 dollars le baril sur l’année. La tendance générale devrait aller vers l’équilibre. L’orientation haussière du marché s’affirmera davantage les années à venir.

    Reconduit en novembre, l'accord d'Alger, conclu en septembre 2016, a poussé les pays de l’OPEP et Non- OPEP, à retirer près de 2 million de barils par jour. Permettra-t-il à court terme d’avancer l’échéance de cet équilibre recherché ?

    L’Accord de Vienne, qui a été préparé par la rencontre d’Alger, a, en effet, engagé une dynamique vertueuse, qui, rappelons-le, reste fragile. Cependant, on peut dire que la reconduction de l’accord est actée et intégrée par le marché. La courbe des prix sur les marchés à terme était en contango (haussière), elle présente aujourd’hui un profil plat, ce qui encourage les détenteurs de stocks à ne pas vendre, et donc à restreindre l’offre, cela alors que la demande reprend, comme on l’a dit. Mais le fait notable est que les grands pays producteurs ont subi durement la baisse des prix et connaissent des crises financières souvent graves (Russie, Iran et surtout Venezuela qui exporte pas moins de 2 Mbj). En Arabie saoudite, les déficits publics ont atteint 200 milliards de dollars, les trois dernières années. La politique redistributive de la rente, nécessaire à l’équilibre politique et social, surtout dans une période de succession dynastique, n’est plus tenable et induit une crise politique. D’autre part, l’ouverture du capital de la compagnie nationale, l’Aramco, risque d’être un désastre dans un contexte de prix bas. Tout cela crée une convergence objective qui fait émerger un paradigme nouveau dans le marché pétrolier où l’OPEC et la Russie tendent à jouer le rôle d’un oligopole coordonné qui ambitionne de cartelliser durablement le marché. Mais la situation reste complexe et porteuse de fortes incertitudes, car, dès lors que l’OPEC réduit la production et soutient les prix, elle redonne la main aux pétroles de schiste américains. La production américaine est flexible, augmente avec les prix et baisse avec eux, confisquant ainsi à l’OPEC son rôle de swing producer (producteur d’appoint, ndlr), qui régule les prix en régulant la production. Nous allons devoir subir cette situation encore quelques années, car les schistes américains ne représentent rien d’autre que 5% de la production mondiale contre les 41% que représente l’OPEC. De plus, les réserves américaines ne représentent que 2.8% des réserves mondiales et ne sont pas en mesure d’agir structurellement sur le marché. Elles sont néanmoins génératrices de volatilité et de forte incertitude à court terme.

    Vous prévoyez un choc pétrolier «haussier» entre 2020-2025. Comment l’Algérie peut-elle se mettre à l’abri ?

    Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Le consensus des experts estime qu’il sera très difficile pour la terre de donner plus de 100 Mbj par an (la demande est déjà de 99.4 Mbj en 2018), les investissements en exploration-production ont baissé de 1.000 milliards de dollars depuis 2014. Wood McKenzie note un record de baisse des découvertes depuis 1947, soit 2.7 Gbls. Ce chiffre est tombé à 2.4 Gbl en 2016, contre une moyenne de 15 Gbls, les quinze dernières années. Alors que la demande augmente en moyenne de 1.4 Mbj, il faudra découvrir deux nouvelles Arabie saoudite d’ici 2030-2035. Et cette croissance de la demande est tirée à 80% par les émergents qui partent de très bas. Elle est donc incompressible. Je pense que dès le début de la prochaine décennie, la probabilité de survenance d’une correction brutale est très forte. Un choc haussier est très probable entre 2020 et 2025, car le marché intégrera très vite l’occurrence d’un déséquilibre structurel offre/demande. Pour ce qui est de notre pays, je dis toujours qu’il faut garder notre sang-froid. Nous avons les moyens de passer cette crise et nous devons nous préparer aux recompositions structurelles de l’industrie énergétique en tirant avantage de nos réserves, et surtout du fait que notre pays possède une puissante compagnie pétrolière, dotée d’une expertise réelle dans l’amont pétro-gazier et dans la liquéfaction. Il s’agit de renforcer Sonatrach et de créer les conditions de son expansion. Elle doit être soutenue pour pénétrer les marchés gaziers européens, et surtout pour détenir des réserves en international. Elle doit être renforcée sur les plans managérial et technologique, créer un lien organique avec les universités, la recherche et l’industrie nationale qu’elle entrainerait dans son sillage et fonderont sa puissance. Ainsi, elle-même fondera la puissance de l’État et de l’économie algérienne. Car la puissance des pays producteurs réside aujourd’hui, non pas dans le niveau de leurs réserves, mais dans la compétitivité de leurs compagnies nationales, dans leur puissance.

    Vous défendez la thèse selon laquelle «l'Algérie doit impérativement changer de paradigme énergétique». Qu’est-ce qui motive votre argument ?

    Changer de paradigme énergétique, c’est d’abord ne plus se considérer comme une source, un exportateur de ressources, mais comme un acteur énergétique. Les hydrocarbures sont une chance historique de développement, d’abord, car ils nous ont donné l’opportunité d’accéder à une industrie de haute technologie incarnée par Sonatrach. Les femmes et les hommes de Sonatrach sont au front pour donner à l’Algérie l’avenir énergétique impératif pour accéder à l’émergence. C’est aussi s’engager activement et de manière volontariste dans la transition énergétique qui doit être portée par nos acteurs énergétiques, Sonatrach en premier lieu, mais aussi et surtout par notre industrie, nos PME, nos territoires, et plus que tout par nos universités et notre recherche. Pourquoi Sonatrach ? Les compagnies pétrolières opèrent leur mutation et deviennent des compagnies énergétiques. Le gaz, qui est tiré par la génération électrique, tend à représenter 50% de leurs réserves. D’autre part, elles sont menacées, car les véhicules, leur marché final, se tournent vers l’hybride et l’électrique.

    Quels sont les facteurs qui peuvent mener à la réussite de la transition énergétique en Algérie ?

    L’Algérie est une pile électrique à ciel ouvert, et nous sommes les derniers à le savoir. L’ensoleillement naturel de l’Algérie est exceptionnel. 3.500 heures par an au Sud, soit 86% du territoire, et 2.650 heures au Nord. Le monde opère sa transition énergétique depuis un modèle de consommation fondé sur les énergies fossiles, vers un modèle non carboné, non fossile. 286 milliards de dollars sont investis annuellement dans les renouvelables, dont 156 milliards par les émergents. Plus de la moitié des nouvelles capacités électriques installées dans le monde le sont avec les renouvelables. Pendant ce temps, les renouvelables, qui représentent 14% du mix énergétique mondial et tendent vers les 20%, ne représentent que 0.2% de notre consommation énergétique. La satisfaction de nos besoins énergétiques à long terme ne peut être assurée par les hydrocarbures, considérant surtout que ceux-ci augmentent exponentiellement et augmenteront encore du fait de la croissance économique, et ce quels que soient les gains (à privilégier) en matière d’efficacité énergétique. Et là encore, il faut, d’une part, qu’un leadership dans la transition énergétique soit clarifié, et que des objectifs à court, moyen et long terme soient définis. Sonatrach me semble qualifiée pour mener une stratégie volontariste et ambitieuse en la matière. Mais il faut aussi et surtout que la transition énergétique soit une préoccupation citoyenne. Notre efficacité énergétique est deux fois moindre que celle des pays de l’OCDE.
    Il y a véritablement une boulimie énergétique dans notre pays où la consommation de gaz augmente annuellement de 5% par an et celle d’essence de 9%. Il faut impérativement mettre sous contrainte notre demande énergétique. Il faut aussi s’inscrire dans une perspective ambitieuse de transition énergétique en ne se limitant pas à l’importation de cellules photovoltaïques, mais construire, en recourant au partenariat international (et en profitant de la crise de l’industrie du solaire européenne due à la concurrence asiatique), des chaînes de valeurs nationales depuis la fabrication du silicium (nous avons des ressources importantes en silice), jusqu’à la construction de centrales solaires, qui peuvent être hybrides, solaire-gaz (et nous avons du gaz). Il faut rentrer dans la filière des batteries lithium-ion (et nous avons des ressources en lithium). De fait, portée par les énergéticiens nationaux, les entreprises et l’université nationale, la transition énergétique est encore une chance historique pour notre pays, en mesure de garantir son émergence et fonder la puissance de l’État algérien.
    Réalisé par : Fouad Irnatene

    el moudjahid
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

  • #2
    J'aurais tendance à plutôt dire la dernière chance, la transition énergétique avance à grand V, tout ce jouera dans la décennie à venir, soit on est dedans soit on est out

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    • #3
      Arrivé selon les experts vue notre situation géographique a être le premier producteur au monde d’électricité solaire

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      • #4
        Le challenge se pose pour sonelgaz qui de part son experience peut etre à meme d'impulser cette revolution si on lui donne les moyens (liberte de prix ) pour rentabiliser ses investissement au lieu de la pousser au tout gaz c'est dans le reseaux electrique que se joue la partie comme pour le numerique la qualite des reseaux est essentiels avant de declencher la filiere du renouvelable (investissement lourd parlant).

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        • #5
          Tant qu'on a du gaz, il faut investir lourdement dans le renouvelable solaire. Quitte à faire de l'hybride pour ca soit le plus efficace possible, le moins cher, et le plus rentable.

          Donc, libérons les initiatives, aidons les jeunes entrepreneurs et chercheurs d'universités à créer de startup dans le domaine du renouvelable pour
          - créer, tester, adapter et à créer des sites pilotes dans differents domaines (agriculture, sondages, télécom, stations de désalement des eaux souteraines ou des eaux de mers, électrification de vilages et de sites isolés, éclairage publique/signalisation autoroutière ...etc)
          - à les aider à promouvoir leurs solutions innovantes sur le marché national et international
          - A les accompagner et associer avec les grands investisseurs nationaux et internationaux pour industrialiser les solutions les plus efficaces et les plus rentables

          Cette façon de faire permettra de créer petit à petit une vraie industrie du renouvelable dont on a la pleine maitrise (et non en important des usines à tout va !) et correspond exactement à la réalité de nos propres besoins, de notre propre environnement, de notre propre climat et de nos propres capacité.
          Et ce, en lieu et place, de lancer de grandes industries bien trop cher et complexe, difficilement maitrisable au premier abord, et dont on risque "d'essuyer les platres", et sans prendre la peine de valider son adéquation au terrain.

          De plus, favorisons (en subventionnant) l'installation du solaire par les ménages algériens pour réduire leurs facture d'electricités, et pourquoi pas, vendre leur surplus de production à Sonelgaz........ ...etc ...etc ...etc
          Dernière modification par Pomaria, 18 janvier 2018, 17h35.
          Lorsque vous changez votre manière de voir les choses, les choses que vous voyez changent !

          Ne cédez donc plus à la tentation de victimisation, si vous voulez êtes l’acteur principal de votre vie.

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