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Syrie: mais où donc est passée la "Pax Poutina"?

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  • Syrie: mais où donc est passée la "Pax Poutina"?

    Pour le géopolitologue Jean-Sylvestre Mongrenier : "après sept années de soutien inconditionnel au pouvoir d’Assad, dont deux ans et demi d’intervention militaire directe, rien n’est acquis et le risque d’une grande guerre régionale est toujours élevé

    A l'occasion du classique bilan-perspectives géopolitiques auquel la nouvelle année se prête, nombreuses auront été les variations sur le thème de " Poutine, maître du jeu " en Syrie. Le Kremlin était volontiers campé en grand ordonnateur d'une " Pax Poutina " qui éclipserait le leadership régional américain et évincerait les Occidentaux du Moyen-Orient. Rien de tel en vérité. Sur le terrain, les " héros " ne sont pas fatigués et la situation géopolitique, grosse de menaces, se complique plus encore. A l'évidence, le triomphalisme serait indécent.

    Un contrôle partiel du territoire
    De prime abord, rappelons que l'intervention russe en Syrie, en étroite alliance avec le régime chiite de Téhéran, avait pour objectif premier de sauver le " soldat Assad " et de conserver les bases de Tartous et Hmeymin (Lattaquié), entre autres actifs géostratégiques, afin de disposer de points d'appui en Méditerranée orientale et au Proche-Orient. L'essentiel de l'effort militaire, en appui au tyran de Damas, avec le concours du Hezbollah et autres milices panchiites, aura consisté à frapper non pas l'" Etat islamique ", mais les divers groupes de rebelles.

    Au moment où Vladimir Poutine criait victoire, en décembre dernier, les forces à sa main ne dominaient finalement qu'une grosse moitié du territoire et des populations. La complaisance de certains commentaires laissait de côté le fait que le nord-est de la Syrie notamment, avec ses importantes ressources de pétroles, était sous le contrôle des Forces Démocratiques Syriennes, une alliance arabo-kurde chapeautée par les Etats-Unis.

    Depuis, la politique américaine s'est clarifiée. Décidés à interdire toute résurgence de l'Etat islamique à Rakka ainsi qu'à tracer une ligne dans le sable, pour couper le " corridor chiite ", les Etats-Unis ont annoncé le maintien sur place de 2.000 soldats américains et la formation d'une armée arabo-kurde de 30.000 hommes. Dans la vallée de l'Euphrate, au nord-ouest et au sud, en avant du territoire jordanien, d'autres territoires échappent toujours à Damas et ses " parrains ".

    Du moins voulait-on croire que le changement du rapport des forces, au bénéfice du front russo-chiite, allait trouver sa traduction diplomatique à Genève. Après avoir longtemps répété qu'il n'y avait pas de solution militaire au conflit, Staffan de Mistura, envoyé spécial de l'ONU, expliquait à l'opposition syrienne qu'elle devait reconnaître sa défaite et, malgré la résolution 2254, renoncer à une transition politique.

    Grand diplomate en plus d'être un stratège génial, Poutine négociait avec Riyad le reformatage de cette opposition tout en exerçant des pressions sur Bachar Al-Assad afin d'obtenir quelques concessions. Rien de tel ne s'est produit. La délégation de Damas est arrivée en retard, s'est absentée une semaine et n'a rien cédé. L'année 2017 s'est achevée par un nouvel échec diplomatique, au risque de désespérer tous ceux en Europe qui aimeraient tant sous-traiter leur sécurité à une Russie revancharde.

    Du moins, objectera-t-on, il y a le processus d'Astana, cet improbable concert diplomatique russo-irano-turc initié en janvier 2017. Sur le papier, il s'agit de conjuguer les forces de cette triade afin de mettre en place des " zones de désescalade " et de consolider les cessez-le-feu. Théoriquement, l'entreprise vient en complément des négociations conduites dans le cadre de l'ONU.

    Les contradictions diplomatiques
    Dans les faits, l'objectif de Moscou et de Téhéran consiste à faire entériner leurs gains militaires et à dicter les termes de la paix. Plus modestement, celui d'Ankara, passée la farce du néo-ottomanisme, est de " sauver les meubles ", i.e. de contrer le projet politique du PYD, l'antenne syrienne du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan).

    Au vrai, les contradictions diplomatiques russes sont nombreuses et le processus d'Astana peine à dépasser les convergences tactiques. L'alliance entre Moscou et Téhéran est fondamentale, mais si le régime iranien et ses séides s'enracinent en Syrie, elle aura ses contreparties sur les relations russo-israéliennes et interdira un rapprochement véritable avec l'Arabie Saoudite et les régimes arabes sunnites de la région.

    Avec Recep T. Erdogan, son homologue turc, le président russe partage de profonds ressentiments à l'encontre de l'Occident et le rapprochement est effectif. Au regard de la longue durée et des divergences de fond, cette relation suscite pourtant le doute. Ennemi juré de l'Etat turc, le PKK dispose d'un bureau à Moscou et Poutine n'a pas renoncé à instrumentaliser la cause des Kurdes. Il entend convier leurs représentants au Congrès des peuples syriens prévu à Sotchi, mais plusieurs fois repoussé, les autorités turques refusant catégoriquement leur présence.

    Les nouveaux départs de feux en Syrie menacent plus encore l'équilibrisme de la diplomatie russe. Les tirs de mortiers sur Hmeymin et la destruction d'un certain nombre d'avions, la nuit du 31 décembre 2017, puis les attaques de drones sur les deux bases russes, six jours plus tard, illustrent la fragilité de ce type d'implantation géostratégique. Faute d'un véritable horizon politique rendant possible la paix, la guerre en Syrie et ses développements constitueront une menace perpétuelle pour les intérêts russes.

    Quant aux quatre " zones de désescalade " où la paix est censée régner, deux d'entre elles sont en proie à d'importants combats et bombardements. Dans la Ghouta orientale, aux portes de Damas, les forces du régime et l'aviation russe, depuis décembre dernier, sont à l'assaut des positions rebelles et djihadistes. L'accalmie aura duré deux mois.

    A Idlib, la zone du nord-ouest confiée aux Turcs, l'axe russo-irano-damascène conduit une offensive qui a déjà provoqué des dizaines de milliers de réfugiés. Aussi Erdogan a-t-il fait convoquer les ambassadeurs russe et iranien par son ministre des Affaires étrangères pour leur demander d'influer sur les décisions de Damas.

    Afrine, nouveau front guerrier
    Avec le lancement de l'opération turque " Rameau d'olivier " contre Afrine, une enclave sous domination du PYD, située au nord d'Idlib, un nouveau front guerrier est ouvert. Le pouvoir turc entend contrôler une zone de sécurité d'une profondeur de trente kilomètres, à l'ouest de l'Euphrate, afin d'empêcher la constitution d'un " corridor kurde " en Syrie septentrionale, de la Rojava à la Méditerranée.

    A raison, on souligne les contradictions entre la coalition américano-occidentale, qui s'appuie sur des forces kurdes au sol, et la Turquie, leur allié de l'OTAN, dont la priorité consiste à s'assurer une zone tampon, exigée dès 2012, et à combattre les revendications kurdes de peur d'une extension au Sud-Est anatolien.

    Notons toutefois la mesure de la réaction diplomatique américaine, la reconnaissance britannique des " intérêts de sécurité " turcs et la déclaration du Quai d'Orsay selon laquelle " la France est attentive à la sécurité de la Turquie, de son territoire et de ses frontières ". Bref, les Occidentaux demandent à Ankara une certaine retenue, mais ses intérêts à l'ouest de l'Euphrate sont identifiés de longue date.

    En revanche, la dimension russe de l'opération " Rameau d'Olivier " n'attire guère l'attention du public. Jusqu'à ces derniers jours, des S-400 verrouillaient l'espace aérien, interdisant toute initiative turque, tandis que militaires et policiers russes étaient implantés à Afrine. Ils étaient censés garder un œil sur les activités turques de l'autre côté de la frontière et protéger les alliés kurdes.

    Le jeudi 18 décembre, Erdogan a dépêché à Moscou son chef d'état-major et son chef du renseignement afin d'obtenir le retrait des forces russes, brandissant probablement la menace de se retirer du processus d'Astana. On peut penser aussi que, pour prix de sa participation au Congrès des peuples syriens (Sotchi), le président turc a exigé l'absence de toute délégation kurde.

    En agissant de cette manière, Erdogan montre qu'il n'est pas un simple pion, réduit à jouer les utilités dans une Syrie qui passerait sous la coupe des Russes et des Iraniens. En contrepartie, du point de vue russe, l'affaire se complique. Assad tonne contre l'opération turque, avec la possibilité d'user du levier iranien, et les Kurdes crient à la trahison. Nonobstant les déclarations de Poutine sur le redimensionnement de la présence militaire russe, le temps du " repli élastique ", avec retour en force si le régime de Damas flanchait, n'est pas venu.

    Rien n'est acquis
    Après sept années de soutien inconditionnel au pouvoir d'Assad, dont deux ans et demi d'intervention militaire directe, rien n'est acquis et le risque d'une grande guerre régionale est toujours élevé. La Syrie demeure une " terre de Caïn ", dévorée par les haines réciproques, l'entrelacement des conflits et " contradictions " menaçant de déclencher une guerre de tous contre tous.

    Aussi les embrassades et les déclarations d'amitié ne devraient-elles pas faire illusion, surtout pas sur les Russes. Loin de déboucher sur une " Pax Poutina " moyen-orientale, préalable au retour triomphal de Moscou sur la scène internationale, l'intervention en Syrie n'est que le commencement d'un commencement. D'ores et déjà, l'issue des rencontres diplomatiques de la fin janvier, à Vienne et à Sotchi, est compromise.

    Jean-Sylvestre Mongrenier Chercheur à l'Institut Français de Géopolitique et Chercheur associé à l'Institut Thomas More

    challenges

  • #2
    et voilà que les "Fabius Al Nosra" sont hyper contents, au moindre couac des alliés de Poutine.

    alors qu'ils ont, depuis début, appuyé et aider à alimenter ce chaos !
    Lorsque vous changez votre manière de voir les choses, les choses que vous voyez changent !

    Ne cédez donc plus à la tentation de victimisation, si vous voulez êtes l’acteur principal de votre vie.

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    • #3
      apparement la troisieme colonne est en passe d'etre coulée d'ou ces analyses aigris, le billard a trois bande continue et poutine laisse faire erdogan pour qu'il se rachete de ces soutiens passés et la france est genee que ses supporteurs (kurde separatistes) soit inquiétés

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      • #4
        Pour le géopolitologue Jean-Sylvestre Mongrenier : "après sept années de soutien inconditionnel au pouvoir d’Assad, dont deux ans et demi d’intervention militaire directe, rien n’est acquis
        Les russes, les Syriens, les Iraniens et Hizb allah ont libéré 75% du territoire Syrien.
        Aujourd'hui même le le 22 janvier 2018 , l'Armée Arabe Syrienne (ASA) a libéré les villages de Totah, Hjaila et Anij Bagra de Hayat Tahrir al-Sham (anciennement Jabhat al-Nusra, la branche locale d'Al-Qaïda) dans la campagne du nord de Hama.
        Le traité de Fès, nommé traité conclu entre la France et le Maroc le 30 mars 1912, pour l'organisation du protectorat français dans l'Empire chérifien,

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        • #5
          Poutine a en face de lui quelqu'un de plus dangereux que lui, à savoir Trump. Donc...
          Le gentil obama n'est plus à la maison blanche.

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          • #6
            Ichweiter
            Poutine a en face de lui quelqu'un de plus dangereux que lui, à savoir Trump. Donc...
            Le gentil obama n'est plus à la maison blanche.
            toujours du mauvais coté de l'histoire, malgrè les expériences passées.

            ha ha ha !
            Lorsque vous changez votre manière de voir les choses, les choses que vous voyez changent !

            Ne cédez donc plus à la tentation de victimisation, si vous voulez êtes l’acteur principal de votre vie.

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            • #7
              Pomaria

              C'est surtout les ingrats et les poules mouillées qui ratent souvent leur rendez vous avec l'histoire.
              Moi je ne fais que décrire des faits avérés.

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              • #8
                Poutine a en face de lui quelqu'un de plus dangereux que lui, à savoir Trump. Donc...
                Le gentil obama n'est plus à la maison blanche.
                Poutine n'est pas dangereux. Il a nettoyée le Daech avec les syriens, les Iraniens et le Hezb allah.
                A vous de m'expliquez pourquoi Trump est dangereux en Syrie?
                Le traité de Fès, nommé traité conclu entre la France et le Maroc le 30 mars 1912, pour l'organisation du protectorat français dans l'Empire chérifien,

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                • #9
                  Poutine n'est pas dangereux. Il a nettoyée le Daech avec les syriens, les Iraniens et le Hezb allah.
                  A vous de m'expliquez pourquoi Trump est dangereux en Syrie?
                  Par exemple bombarder un aéroport militaire et cette fois-ci sans avertir Poutine 2h avant, bombarder des casernes des mollahs ou des russes...

                  Comme j'ai dit plus haut, Trump n'est pas le gentil Obama avec lequel Poutine jouait à sa guise.

                  Pour le Poutine non dangereux et sa non-méchanceté, l'opposition et les réfugiés syriens sont d'un autre avis

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                  • #10
                    ya Ichweiter Je vous ai donné une explication raisonnable sur Poutine mais la vous me décevez en écrivant une bêtise ''Poutine 2h avant, bombarder des casernes des mollahs ou des russes...''
                    Le traité de Fès, nommé traité conclu entre la France et le Maroc le 30 mars 1912, pour l'organisation du protectorat français dans l'Empire chérifien,

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