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La faiblesse du dollar, un scénario imprévu qui complique les calculs du gouvernement algérien

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  • La faiblesse du dollar, un scénario imprévu qui complique les calculs du gouvernement algérien

    Par Hassan Haddouche

    Tandis que l’euro monte sur les marchés internationaux des changes, le dollar fait le chemin inverse en mettant dans l’embarras les autorités monétaires algériennes.
    Chez nous comme ailleurs, la monnaie européenne continue d’aligner les records.
    Face au dinar algérien, d’abord, en fin de semaine dernière, l’euro dépassait 141 dinars dans les cotations officielles de la Banque d’Algérie.
    Au même moment, sur le marché parallèle, il s’échangeait à Alger à près de 205 dinars.
    Des cours record face au dinar qui ne doivent rien au hasard.
    Ils ne sont que la conséquence de la montée de l’euro sur les marchés des changes internationaux.

    Beaucoup de spécialistes s’attendent déjà à des cours qui pourraient atteindre 1, 30 dollars pour 1 euro dans les prochains mois.
    La réalité d’aujourd’hui sur les marchés des changes est donc celle d’un « dollar faible ». Malheureusement, le couple euro fort et dollar faible est un scénario qui n’arrange pas vraiment les affaires économiques de notre pays.
    Pour une raison très simple et bien connue : notre pétrole est vendu en dollars tandis que près de la moitié de nos achats à l’extérieur s’effectuent en euros.
    La baisse du dollar depuis une année a donc eu pour conséquence d’annuler en partie les gains réalisés par le prix du baril en 2017 (un peu plus de 20% de hausse en moyenne annuelle).
    >> LIRE AUSSI : Faire plonger le dollar, une arme de plus dans la guerre commerciale ?

    Le dinar réévalué par rapport au dollar depuis mai 2016

    Une situation face à laquelle les autorités monétaires algériennes ne peuvent pas grand-chose.
    À une nuance près cependant : les mécanismes de fixation (administrative) des cours des monnaies mis en place par la Banque d’Algérie favorisent actuellement la remontée du cours officiel du dinar qui se retrouvait à 113,32 dinars pour un dollar à la fin de la semaine dernière.
    L’impact des fluctuations des changes sur les marchés internationaux s’ajoute donc ainsi à la nouvelle doctrine affichée depuis mai 2016 par les autorités algériennes pour favoriser la stabilisation, voire même une réévaluation du dinar par rapport au dollar au cours des 20 derniers mois.

    Ce n’est sans doute qu’un début, la politique de stabilisation-réévaluation de la valeur officielle du dinar devrait se maintenir non seulement en 2018 mais également au cours des trois années à venir.
    C’est en tout cas ce qu’a annoncé, très officiellement, le ministre des Finances devant les parlementaires à l’occasion du débat autours de la LF 2018.
    Abderrahmanre Raouya a ainsi précisé que le cour du dinar resterait à un niveau d’« au moins de 115 dinars pour un dollar » jusqu’en 2020.

    « La plus grosse erreur de politique économique »

    Pour un économiste comme Nour Meddahi de la Toulouse School of economics, « il s’agit certainement de la plus grosse erreur de politique économique du gouvernement algérien ».
    En juillet dernier il signalait déjà qu’« en nominal, la valeur du dinar n’a pas bougé depuis un an, alors que l’inflation a atteint les 7 points. En termes réels, cela correspond donc à une réévaluation du dinar ».
    Pour l’universitaire algérien, « la Banque d’Algérie aurait dû continuer à dévaluer le dinar ».
    Il ajoutait encore que « même si la dévaluation du dinar aura certainement pour effet d’augmenter les prix, il s’agit d’une mesure nécessaire pour préserver l’économie du pays ».
    Aujourd’hui, il revient à la charge sur le même thème : « La Banque d’Algérie est en train d’augmenter la valeur du dinar par rapport au dollar.

    La Loi de finances 2018 prévoit même un dollar à 115 dinars en nominal pendant trois ans.
    Comme l’inflation algérienne est bien supérieure à celle de nos partenaires commerciaux, cela signifie que la valeur du dinar va continuer à augmenter. Autrement dit, les recettes en dinars de l’Algérie vont baisser alors que les dépenses publiques augmentent.
    La balance des paiements va également être affectée par cette politique », explique-t-il à TSA.

    Les économistes inquiets

    Nour Meddahi ne fait qu’exprimer ainsi la perplexité de la quasi-totalité des économistes algériens face à une politique économique qui apparaît comme profondément contradictoire.
    Le gouvernement algérien vient en effet d’adopter une nouvelle stratégie économique dont le principal objectif est l’élimination, en trois ans, des « déficits jumeaux » du budget de l’État et de la balance des paiements courants.
    C’est cette stratégie qui a été communiquée aux partenaires internationaux de l’Algérie.
    Elle vient encore d’être confirmée par le chef de l’État dans une interview publiée voici quelques jours. Problème : la réévaluation en cours du dinar va compliquer très fortement la réalisation de ces objectifs.

    Le dinar « fort » gonfle les déficits externes…

    En 2017 déjà, tout le monde avait relevé que les importations ne diminuaient plus malgré la mise en place des licences d’importation. La principale explication est donnée par Nour Meddahi dans une communication très touffue publiée par TSA voici quelques semaines. « La surévaluation du dinar joue un rôle majeur dans le déficit commercial et celui du compte courant de la balance de paiements qui sont à un niveau historique depuis 2015. ( ..) Pour faire bref, depuis juin 2014, les importations ont baissé en même temps que la valeur du dinar et sont relativement stables depuis que le dinar est stable ».
    L’année 2018 risque fort de ressembler dans ce domaine comme une sœur à 2017.

    Les espoirs placés dans les suspensions d’importation de près d’un millier de produits vont de nouveau être déçus par une probable croissance des importations qui sera stimulée par l’encouragement fourni par un dinar renforcé.
    Sans compter le phénomène de surfacturation qui va puiser une incitation supplémentaire dans la solidité, entretenue artificiellement, de la monnaie nationale.

    ….et dégonfle les recettes budgétaires

    Le « dopage » de la valeur du dinar face au dollar va également avoir un coût considérable pour le budget de l’État et retarder la réalisation des objectifs de rétablissement de l’équilibre des finances publiques.
    C’est encore Nour Meddahi qui fait les calculs. « Chaque différence de un dinar sur la valeur officielle du dollar rapporterait 20 milliards de DA au budget de l’État.
    Passer d’un dollar valant 115 DA à 120 DA rapporterait annuellement 100 milliards de DA (0,5% du PIB) et porter le dollar à 130 DA rapporterait annuellement 300 milliards de DA (1,5% du PIB).
    À titre de comparaison, l’impôt sur les salaires était de 600 mds DA en 2015 alors que les allocations familiales sont cette année de 42 mds DA ».

    Une gouvernance économique illisible

    Commentaire désabusé d’un haut fonctionnaire : « La gestion à contre-emploi de la valeur du dinar risque de s’ajouter au recours très peu orthodoxe au financement non conventionnel, pour confirmer la réputation d’« illisibilité » de la gouvernance économique de notre pays.
    Il ne suffit pas d’afficher des objectifs et de les communiquer à grand renfort de publicité aux partenaires de l’Algérie , il faut aussi s’y tenir et s’efforcer de les réaliser même si les conditions ne sont pas complètement favorables ».
    Ce devrait être l’un des enjeux principaux de la conduite de nos affaires économiques au cours des prochaines années.
    Juste une question de crédibilité.

  • #2
    Passer d’un dollar valant 115 DA à 120 DA rapporterait annuellement 100 milliards de DA (0,5% du PIB) et porter le dollar à 130 DA rapporterait annuellement 300 milliards de DA (1,5% du PIB).
    C'est facile de donner des leçons depuis l'autre rive!!!
    Galek Toulouse School machin truc!oeilfermé

    PS: Aujourd'hui, le dollar est pas loin de 113 da!
    Dernière modification par hben, 28 janvier 2018, 18h11.
    "La chose la plus importante qu'on doit emporter au combat, c'est la raison d'y aller."

    Commentaire


    • #3
      Le ministre algérien de l’économie est du même avis que cet économiste.

      C’est un pavé dans la mare qu’a jeté ce matin le ministre du commerce qui invite tout simplement la Banque d’Algérie à réfléchir à une dévaluation du dinar.

      Le décalage entre le taux de change officiel et le taux de change parallèle fait que l’État « subventionne indirectement les importations », a déclaré ce dimanche 28 janvier Mohamed Benmeradi, ministre du Commerce à la radio nationale


      « Le dinar est probablement surcoté sur la place officielle et son véritable niveau est probablement plus proche de celui du marché parallèle », a affirmé le ministre du Commerce, pour qui, « il faudrait que l’institution d’émission, qui gère la parité du dinar travaille davantage à ce que les deux taux se rapprochent ».

      En plus du dinar surcoté, qui, selon le ministre du Commerce augmente la facture des importations, l’État subit les pertes infligées par la surfacturation, qui « existe incontestablement », selon M. Benmeradi.

      Algérie Focus

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