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Pétrole et minerais :Une manne à rentabiliser pour l’Afrique

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  • Pétrole et minerais :Une manne à rentabiliser pour l’Afrique

    Selon les chiffres donnés à l’occasion d’une conférence des ministres des Hydrocarbures organisée, à la fin de 2006 au Caire, par l’Union africaine (UA), 9,5 % des réserves mondiales de pétrole brut et 8 % des réserves en gaz se trouvent en Afrique, mais la plupart des pays ont un faible accès à l’énergie.


    Les ministres africains préconisent la mise en place de fonds à déboursement rapide afin de fournir, aux pays défavorisés, une aide pour importer du pétrole comme stratégie de secours destinée à atténuer les effets négatifs des chocs des prix sur la balance des paiements.

    Ils proposent aussi la création d’un Fonds africain du pétrole en tant «qu’élément central de cette stratégie» et affichent, en outre, un ferme soutien à l’Initiative sur la transparence dans les industries extractives (EITI).

    Car, souligne une étude présentée par l’UA au Caire, pour plusieurs pays producteurs du continent, «le syndrome de la malédiction des ressources, l’instabilité des prix du brut, les conflits sociaux reliés au pétrole et la mauvaise gestion des revenus du pétrole ont largement sapé les gains significatifs de revenus d’exportation supérieurs mais instables».

    «La malédiction des ressources, précise un expert, c’est le fait que la plupart des pays producteurs des ressources naturelles sont, paradoxalement, les plus pauvres de la planète. En Afrique, souvent, les recettes provenant de la production pétrolière, gazière et minière riment avec la pauvreté, conflits et corruption.» Revenus des hydrocarbures : savoir qui paie quoi, à qui et où Présentée en septembre 2002 à Johannesburg, à l’initiative de la Grande-Bretagne, l’EITI a été endossée par le G8 en juin 2003 à Evian.

    Son élaboration s’inspire de la campagne «Publiez ce que vous payez» lancée en 2001 par plusieurs ONG. Visant au départ le secteur des hydrocarbures, notamment en Angola, engagé à l’époque dans une guerre civile où l’argent du pétrole finançait dans la plus grande opacité l’effort de guerre gouvernemental pendant que la contrebande des diamants irriguait la rébellion, l’EITI s’est étendue à l’ensemble des industries minières.

    L’objectif de l’initiative est d’assurer que l’extraction des ressources naturelles bénéficie à l’ensemble d’un pays et de ses citoyens. En d’autres termes, l’objectif est de rendre publique l’information déterminante qui paie quoi, à qui et où.

    En effet, selon les engagements pris par les pays adhérents, les entreprises impliquées – dont les comptes doivent être soumis à un audit indépendant, appliquant une norme internationale – doivent régulièrement publier l’ensemble de leurs transactions financières avec l’État, qui de son côté doit publier le montant global des recettes perçues.

    De plus, un plan de financement pour le développement doit être établi par les États, avec, en tant que de besoin, l’appui des institutions financières internationales, la société civile devant être associée au processus. Au 31 mai 2006, l’EITI regroupait 22 pays dont 14 d’Afrique subsaharienne.

    Au mois de janvier précédent, les ministres des Finances de la CEMAC ont décidé la création d’un secrétariat régional hébergé à la Banque des Etats d’Afrique centrale. Basé ces dernières années en Grande-Bretagne, le secrétariat général de l’EITI est passé sous responsabilité de la Norvège, qui a offert de l’accueillir.

    «La Norvège est prête à jouer un rôle majeur pour faire en sorte que la transparence dans les industries d’extraction devienne une norme mondiale. Il sera important d’avoir le soutien d’autres acteurs clés, tels que les membres du G8», soulignent les autorités norvégiennes.

    «Accroître la transparence est une étape clé du renforcement de la gouvernance et de la responsabilisation », a récemment souligné le directeur général du Fonds monétaire international (FMI) Rodrigo de Rato. A moyen terme, les cours des minerais pourraient retomber L’Afrique recèle aussi des métaux précieux comme l’or, le platine et les diamants ou rares comme le coltan, utilisé dans la haute technologie et qui a fait l’objet de trafics dans l’est de la RDC.

    Plusieurs pays du continent ont également profité depuis quelques années d’un boom sur les métaux comme le cuivre, l’aluminium, le fer ou le nickel dont les cours ont été poussés à la hausse par une forte demande des Asiatiques et des Etats-Unis, ainsi que par une spéculation financière sur les places boursières.

    Mais l’avenir demeure incertain. Des experts du FMI estiment en effet que les cours ne resteront pas aux niveaux récents dans le moyen terme, c’est-à-dire dans les années 2008 à 2010, sans toutefois retomber à ceux d’avant 2002.

    Ils incitent donc les pays dépendant de l’exportation de minerais à tenir compte de la probabilité d’une chute des prix dans l’avenir, les invitant à ne pas trop investir dans des projets faramineux et à diversifier leurs économies pour devenir moins vulnérables aux chocs des cours des matières premières.

    «L’exemple du coltan est probant, souligne un expert européen. Une partie des problèmes d’Afrique centrale tient au fait que cette zone sert de variable d’ajustement ; quand l’exportation australienne de ce produit diminue, la demande en Afrique augmente, et inversement.

    Pour parler crûment, quand on n’en a pas besoin, ils crèvent de faim, et quand on en a besoin, c’est la guerre.» Oléoduc Tchad-Cameroun : une expérience délicate mais utile Le souci de transparence s’est également reflété dans l’engagement de la Banque mondiale en 1999 pour le financement de l’oléoduc Tchad-Cameroun, permettant l’exportation du brut tchadien de Doba vers le terminal de Kribi, sur la côte atlantique, ce qui constituait une première pour l’institution multilatérale.

    La Banque a fourni cette aide à des conditions très strictes, assurant un rôle de surveillance des engagements pris par l’Etat tchadien. Le Programme de gestion des revenus du pétrole, qui a conditionné le soutien de la Banque mondiale, exigeait que 10 % des revenus directs du pétrole (redevances et dividendes) seraient mis de côté dans un fonds dit «pour les générations futures» destiné à faire face aux besoins quand les ressources pétrolières seront épuisées.

    La suppression de ce fonds par l’Etat tchadien, qui s’estimait lésé dans l’immédiat, a suscité une querelle entre les deux parties qui s’est soldé par un protocole d’accord de compromis en juillet 2006, stipulant que le gouvernement de N’Djamena s’engageait à consacrer 70 % de ses dépenses budgétaires à des programmes prioritaires de réduction de la pauvreté.

    Le nouveau Protocole a étendu les secteurs prioritaires à l’administration territoriale et la sécurité, et confirmé l’abolition du Fonds pour les générations futures. En outre, la part des revenus à affecter aux secteurs non-prioritaires, non soumise à surveillance, est passée de 13,5 à 30 %.

    «L’approche adoptée au Tchad est moins un modèle pour tous les pays producteurs de pétrole qu’une solution unique à un défi unique… Les principes de base sous-tendant l’approche adoptée – grande transparence et responsabilité dans l’utilisation des revenus pétroliers – restent toutefois primordiaux dans le dialogue avec plusieurs autres pays producteurs de pétrole», souligne la banque.

    Certains experts estiment toutefois que l’expérience devrait être renouvelée car elle a eu des effets positifs en termes de lutte contre la pauvreté, de transparence et de protection de l’environnement. « Il faut aussi améliorer le fonctionnement des marchés pour éviter les distorsions spéculatives sur tout ce qui est hydrocarbures, minerais ou bois », souligne un expert français.

    Il estime qu’on peut mieux dialoguer dans un cadre multilatéral comme cela a été le cas pour la moralisation du commerce des diamants à travers le processus de Kimberley ou bien, en ce qui concerne le pétrole, avec l’OPEP, à laquelle l’Angola, deuxième producteur de l’Afrique subsaharienne après le Nigeria, a décidé d’adhérer.

    Même si plusieurs ONG, et notamment la britannique Global Witness en tête de la lutte contre les «diamants sales», estiment qu’il y a encore beaucoup à faire en termes de transparence. MFI.

    - Le Jeune Independant
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