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Bouzidi Ayache- Une figure marquante de Batna nous a quittés

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  • Bouzidi Ayache- Une figure marquante de Batna nous a quittés

    Par Pr Maaoui, chirurgien
    Ce mercredi 24 janvier 2018 Ayache Bouzidi nous a quittés, emporté par une maladie chronique qu’il avait combattue sa vie durant. Issu d’une grande tribu de patriotes qui ont beaucoup donné à l’Algérie, il n’avait pas eu la chance ni le temps de connaître la chaleur d’une famille plus restreinte. Quand l’organisation du FLN avait eu l’information en 1955 que la main rouge avait programmé la liquidation de son père Brahim et sans doute de la sienne, ils avaient pris les devants et après avoir transité chez nous, à la cité rurale pour son père et chez nos voisins les Deffous pour lui, la nuit de l’exécution programmée, les Bouzidi avaient rejoint le maquis. Ayache avait quinze ans. Versé au MALG, sa famille fut désormais composée par les compagnons de régiments et sa vie durant il avait su être de manière éclectique d’une grande fidélité en amitié. Il était caractérisé par son regard torve, oblique et menaçant qui m’avait poussé à le surnommer Ayache «mauvais temps» il y a fort longtemps.
    En fait, la personne étant étymologiquement un masque, dans le théâtre de la vie, Ayache campait son rôle pour camoufler des qualités humaines insoupçonnables à première vue. Une très grande sensibilité exprimée par une franchise cinglante. Cet être, franc du collier, était incapable de compromission. Il avait des amitiés désintéressées et très solides à Batna et à travers le pays, au plus haut niveau de la hiérarchie.
    A Batna, tout naturellement, tous les combattants de la liberté le connaissaient parfaitement et lui ont régulièrement manifesté leur sympathie. Parmi ceux-ci, le sculpteur Mohamed Demagh chez lequel il était quand il reçut la visite de Barbara, «l’Aigle noir» accompagnée du poète Djamel Amrani venus se recueillir sur la tombe de l’artiste-peintre Abdou.
    Ayache connaissait déjà Djamel que je lui avais présenté quelques années auparavant quand nous attendions… Abdou au «Marhaba», rue Hammani à Alger. Deux personnalités différentes. Après une entrée en matière désopilante, ces deux anciens moudjahidine avaient fini par s’apprécier. Si je lui faisais rencontrer mes amis du monde universitaire et intellectuel, il en faisait de même en ce qui concernait nos héros de la guerre de Libération. C’est lui qui m’avait présenté à Alger avec beaucoup de fierté dans le regard Slimane «l’Assaut», l’infatigable passeur de la ligne Morice, Ammar «El Willems» qui avait été parmi les assaillants d’août 1955 à Skikda, et encore Tony, notre légendaire agent secret dans l’affaire de la nationalisation du pétrole algérien.
    Ayache savait être solidaire et son amitié avec Nacer Douadi, autre solitaire et solide pilier d’Alger Républicain, a été sans faille jusqu’à la disparition de celui-ci au service de chirurgie de Kouba. Ayache habitait seul un appartement au niveau de la pépinière près de la gare de Batna quand nous lui avions rendu visite avec Oussama Abdedaïm, artiste-peintre à l’occasion d’une journée organisée à El-Kantara sur l’orientalisme avec le concours notamment du professeur Asselah et de Houara. Son appartement était étonnamment meublé avec de véritables pièces de musée, bien entretenues, héritage d’un père qui tenait un magasin de brocante au niveau de la rue de l’Aurès, à deux pas de l’ancienne medersa et de la synagogue. Nous étions assis devant des friandises qu’il avait préparées avec beaucoup de délicatesse pour nous recevoir quand il aperçut le regard d’Oussama qui toisait une magnifique lampe à pétrole en cuivre qui trônait sur le Psyché. Il voulut sur le champ la lui offrir en insistant avec beaucoup de conviction.
    Une autre fois, il s’était retrouvé avec moi au stade de Tizi-Ouzou pour le derby JSK-JSMB. J’avais été invité par le maire de l’époque, le docteur Ahmed Taleb, qui nous avait reçus avec les mêmes égards réservés aux nombreux officiels qui étaient présents. Kadri, le demi de la grande époque de la «Jumbo Jet», nous avait demandé des nouvelles de Saci, le joueur du CA Batna.
    Ayache en avait été ému et, tel un enfant, il m’avait murmuré son étonnement. Je lui avais rappelé que nous n’étions pas sur la planète Mars et qu’il était naturel que deux footballeurs qui avaient évolué à la même période puissent tisser des liens d’amitié, même s’ils avaient été adversaires.
    Ayache, touché par la chaleur et la qualité de l’accueil, prit son téléphone portable et, à partir de la tribune officielle du stade Amirouche, cria très fort en direction de son correspondant laissé à Batna Leboukh, son complice, pour taquiner le CAB au sein du cercle du club même: «Aaa Leboukha Aaa, je suis au pays des Kabyles !!!». J’avais réagi à ce cri du cœur par un commentaire lancé à la cantonade : «Un petit pas pour l’homme, un grand pas pour l’humanité !» Ma vie durant, j’ai entretenu ce type de relation avec un personnage fort attachant dont je viens de donner quelques flashs de vie.
    Ces derniers temps, il était très fatigué et avait exprimé le vœu de venir consulter à Alger. Avais-je bien fait de lui annoncer, tour à tour, la disparition, fin décembre 2017, de nos amis le docteur Kamel Tchenderli puis celle de Saïd Aïssi, cadre supérieur de l’Opep, mort à Vienne ? Cela l’avait beaucoup marqué et renforcé son hésitation à quitter le cocon batnéen où de nombreux amis veillaient sur lui. Ce qui est sûr, c’est qu’il nous manque déjà beaucoup.
    Pr M.
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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