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Twittus politicus : décryptage d’un média explosif

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  • Twittus politicus : décryptage d’un média explosif

    C’est une révolution qu’a introduit twitter dans le monde politique et sa communication.

    On l’a vu lors de l’affaire DSK, lors du printemps arabe, à l’occasion de la présidentielle ou lors de la lutte Fillon-Copé pour la tête de l’UMP : le tweet grille désormais la politesse aux médias traditionnels, réduits à relayer les informations dispensées sur les réseaux sociaux. Au cour de l’année écoulée, indubitablement, Twitter est devenu un outil de la vie politique.

    Pour Antoine Dubuquoy, consultant en communication et expert en médias numériques et Nico Prat, journaliste pour le Mouv et Technikart, la politique est entrée dans l’ère de l’instantané, un discours « polaroid », saisi sur le vif, pour le meilleur et pour le pire.

    Cette nouvelle agora décomplexe et libère, parfois trop. Un nouvel espace politique qui fait la part belle à l’humour. Une scène inespérée pour les politiciens confirmés et leurs aspirants en quête de lumière, illustration parfaite de la célèbre réplique de l’humoriste américain Jay Leno « Politics is showbusiness for ugly people ». La politique serait donc le « show-business des moches », la revanche du premier rang de la classe.

    LES POLITIQUES ET TWITTER, OU LES JOIES DE LA COMMUNICATION DIRECTE
    De la simple tribune à l’outil de com savamment maîtrisé, il ne faut pas s’y tromper : les politiques ont rapidement saisi l’intérêt de ce nouvel outil de propagande low-cost. Alors ministre de l’Industrie, de l’Énergie et de l’Économie numérique, Eric Besson, invité le 17 juin 2011 de l’émission Capital fait parler de lui sur le réseau.

    Il aurait quitté le plateau en plein tournage. Un incident qui aurait dû passer inaperçu, puisque le programme n’est pas en direct. C’était sans compter sur les indiscrétions du petit oiseau bleu. La toile s’agite, le ministre appelle au calme, avant de confesser dans les jours suivant qu’il s’agissait d’une mise en scène, afin de booster des audiences paresseuses : #buzzpromo.

    L’ART DU TWEET : UN OUTIL À DOUBLE SENS
    Le double sens, c’est la nature même de twitter : il est ici question de créer de l’interaction, de la conversation avec des followers, d’interpeller l’autre, qu’il soit connu ou non. Une conversation beaucoup plus passionnée qu’un communiqué de presse ou une déclaration officielle. Les auteurs rappellent :

    La question de fond posée par l’utilisation de twitter porte sur la communication directe. En faisant le choix de s’exprimer sur twitter, l’utilisateur, quel qu’il soit, est nu. Le politique va devoir prendre la parole, à base de formules courtes, pour exprimer ses idées, son programme, son soutien. (…) Il sera donc star absolue ou tête de Turc.

    Même s’il y a peu de chance pour que l’art du tweet figure parmi les enseignements de la prochaine rentrée de l’ENA, sa maîtrise semble indispensable, à qui voudra survivre à ce nouveau choc des cultures. Et quel challenge que celui de maintenir un degré d’exigence intellectuel et de pédagogie, dans un océan de lol cats, mdr ou autre face palm : #déroutant.

    COMMENT TWITTER A-T-IL CRÉÉ L’HOMME POLITIQUE 2.0
    Douche froide : l’homme politique 2.0, c’est en fait l’homme politique traditionnel, celui que nous connaissons tous. Le terme générique et tarte à la crème « deux points zéro », étiquette branchée accolée sur tout ce qui semble nouveau, n’y fera rien.

    Élevé au *** des vaches ou non, conquérant de la bravitude ou pas, kärcheriseur de banlieue ou pas, y pensant chaque matin ou non, l’homo politicus s’est numérisé. Il a acheté un ordinateur, un smartphone, une tablette, et a continué à parcourir les marchés, serrant les louches par centaines.

    Un intéressant cocktail de bravitude et de tradition : #mixologie.

    TWITTER EST-IL DE DROITE OU DE GAUCHE ?
    Face à la montée en force d’une certaine « droite décomplexée » sur twitter, un collectif, affirmant ne pas être rattaché à un parti, voit le jour. Ce collectif, qui officie sur les réseaux sociaux se présente avec la phrase d’accroche suivante :

    En France, soit t’as peur des Arabes, soit t’as peur de Marine Le Pen. Si t’as peur des deux, tu as une carte UMP.

    Le ton est donné : petites phrases grinçantes et caricatures grossies au programme. Pour les partis de droite, les vrais, nul doute qu’il s’agit d’une nouvelle manœuvre de la « gauchosphère ».

    N’ayant pas d’accréditation politique en tant que tel, le groupe pèse sur le débat dans le cadre des réseaux sociaux, avec un second degré qui échappe parfois aux professionnels de la politique, creusant encore le faussé entre l’objet internet et le politique 2.0 : #comique.

    DE L’AVENIR DES MÉDIAS SOCIAUX DANS LA COMMUNICATION POLITIQUE : TWITTER A-T-IL TOUT CHANGÉ ?
    Les campagnes politiques, en France ou aux États-Unis, ont été bouleversées ces dix dernières années : certaines innovations ont été intégrées, parmi lesquelles le « CRM », customer relationship management. Selon les auteurs :

    On essaie de comprendre ses aspirations, ses motivations. Le but ultime étant celui d’être capable de proposer la bonne offre au bon moment, d’accompagner le consommateur pendant toutes les étapes de son parcours, de le fidéliser, voire de le reconquérir.

    Et du fait de la croissance exponentielle de l’écosystème numérique dans les campagnes présidentielles, il faudra à l’avenir y consacrer en moyenne entre 3 et 5 millions d’euros. Pour certains spécialistes de la communication politique, les partis sont déconnectés des réalités, du terrain.

    Internet et les réseaux sociaux permettent de les rapprocher, de renouer ce lien, de prendre le pouls du réel, de la vraie vie, toute déformée qu’elle puisse apparaître, à travers le prisme du virtuel : #reallife.

    C’est bel et bien une révolution qu’a introduit twitter dans le monde politique et sa communication.

    Sans objectifs précis, sans stratégie définie, twitter peut se révéler contreproductif voire dangereux. Mais la chance pour les politiques de demain est que la génération de ceux qui s’y sont frottés depuis 2007 a acquis de l’expérience. (…) La twittosphère est un monde impitoyable où les clans se déchirent parfois, ou le bashing est un sport apprécié, où l’enthousiasme est aussi fort que la détestation.

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