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Maroc: La centrale thermique de Safi va démarrer avec d'énormes problèmes d'approvisionnement en charbon

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  • Maroc: La centrale thermique de Safi va démarrer avec d'énormes problèmes d'approvisionnement en charbon

    La centrale thermique de Safi va démarrer avec d'énormes problèmes d'approvisionnement en charbon

    La nouvelle et énorme centrale thermique de Safi est en phase de démarrage. Mais ce démarrage est affecté par un problème inédit: le quai à charbon du nouveau port n'est pas opérationnel et personne ne sait à quelle date il le sera. Les travaux sur le quai ont été arrêtés à cause de la découverte de fissures dans cet ouvrage. Comment faire fonctionner une centrale électrique nécessitant 10.000 T. de charbon par jour sans quai de déchargement?

    La nouvelle et énorme centrale de Safi, dont la production représentera 20% des besoins d’électricité du Royaume, ne peut utiliser son système d'approvisionnement. Elle est obligée de se faire alimenter par un ballet incessant de camions, qui peinent à couvrir ses énormes besoins: 5.000 tonnes de charbon par jour pour la première unité! Et 10.000 T. au démarrage de la deuxième.

    La première unité doit démarrer le 10 février. Les essais pour la seconde unité démarrent "incessamment" selon une source autorisée, pour une mise en service en mars. Chacune de ces unités représente une capacité de production de 693 MW. L'ensemble fait donc 1.384 MW, une capacité énorme à l'échelle du Maroc. L'investissement lui-même est signficatif: 23 milliards de DH.

    Le chantier de construction du nouveau port de Safi a été lancé en avril 2013 par le Roi Mohammed VI. La première partie devait être livrée en 2017.

    En juillet 2017, le conseil de gouvernement a approuvé la prolongation de la durée de vie de la direction provisoire créée au sein du ministère de l'Equipement et chargée de superviser les travaux du port de Safi. Une prolongation jusqu'en juillet 2019. Ce fut le premier signal du retard de travaux, passé plutôt inaperçu.

    En aout 2017, M. Amara visite le chantier. Un communiqué viendra annoncer un état d'avancement global de 75% pour le port et de 65% pour le quai charbonnier. Là encore, la petite phrase passe inaperçue: "M. Amara, a fait remarquer que dans ce genre de projets structurants, des difficultés surviennent et c’est tout à fait normal, mais grâce à nos rencontres et réunions avec les experts et les parties impliquées, on trouvera à ces difficultés les solutions appropriées". Bref, Amara est rassurant. La suite ne lui donnera pas raison. De plus, le ministère s'enferme dans le mutisme total. Une pratique répandue dans les départements dirigés par ce ministre.

    Depuis cette date, des rumeurs de plus en plus persistantes, parlent d’une suspension partielle des travaux, à cause de fissures parues dans les fondations sous-marines du quai.

    Des sources internes, chez l’adjudicateur du projet, la société SGTM, contactées par Médias24, ont reconnu l'existence des fissures, tout en relativisant le problème: «Le quai charbonnier n’est qu’un module de l’immense chantier. Il ne représente que 4% de l’envergure totale du projet, estimée à plus 4 MMDH.»

    Ce montant correspond toutefois aux trois phases du projet. Rapporté à la première phase dont il fait partie, la part de ce premier quai charbonnier (un second est prévu dans la deuxième phase) est autrement plus importante. Surtout, la livraison de ce quai est indispensable au démarrage normal de la centrale Safiec.

    D’après le magazine Telquel (N°796, du 26 janvier 2018) qui a révélé l'affaire, ce sont des contrôles de routine, qui ont permis la découverte des fissures. Des sources internes au sein de Safiec rapportent à Medias24, que c’est un bureau de contrôle mandaté par leur société, qui a découvert l’incapacité du quai à supporter les portiques nécessaires au déchargement des navires de charbon.

    Safiec est le nom de la centrale thermique adossée au port. Le démarrage effectif de sa première unité de production est prévu pour ce 10 février et celui de sa seconde unité le sera en mars 2018. Sa mise en marche avait rencontré en 2017 certains soucis (fuites du réservoir de fuel et accidents de travail sur le chantier), mais ses équipes ont mis les bouchées doubles et ont fini par récupérer leur retard initial.

    Un consortium à parts égales, entre Nareva filiale de la SNI, Mitsui du Japon et Engie de France, est derrière cet important investissement (23 MMDH). En échange, SAFIEC bénéficie d’une concession de trente ans, durant laquelle l’ONEE achètera la totalité de la production électrique de la centrale.
    Quand cette centrale tournera à plein régime, elle pourra couvrir 20% des besoins du Maroc en électricité. C’est donc un euphémisme que de dire, qu’elle constitue une pièce maîtresse dans la politique d’approvisionnement de l’ONEE.

    En effet, l’ONEE, déjà lourdement déficitaire, supporte des surcoûts, générés par des différentiels de prix, car il doit importer de plus en plus, une partie de ses besoins, d’Espagne ou d’Algérie. En 2015, ses importations représentaient déjà plus 13% de l’électricité appelée.

    L’apport de Safiec ne vise donc pas à couvrir les besoins futurs du Maroc en électricité, mais à combler le déficit chronique de ces dernières années et à se substituer aux onéreuses importations. Chaque semaine de retard dans la mise en marche de la nouvelle centrale sont des semaines de trop pour l’office national. La même impatience doit régner dans les quartiers généraux des trois investisseurs, au regard de l’effort financier consenti.

    Dès que les fissures ont été constatées et que le retard est devenu inéluctable, un stock de 450.000 T. de charbon a été constitué à proximité de la centrale. 450.000 T., c'est beaucoup dans l'absolu. Mais dans la pratique, ce ne sont que 45 jours de consommation de la centrale.

    L'objectif aujourd'hui, selon une source sûre, est "de sécuriser l'approvisionnement de la centrale en charbon jusqu'à la fin de l'année". Entre les lignes, cela signifie qu'il n'y aura pas de quai fonctionnel (réparé ou reconstruit), avant la fin de l'année 2018 au plus tôt.

    Depuis mai 2017, c’est un ballet incessant de camions qui alimente le stock de la centrale, à partir de Jorf Lasfar. C’est la première solution trouvée pour faire face à l’impossibilité actuelle d’installer le système d’alimentation, par convoyage, à partir du quai charbonnier défaillant, jusqu’aux entrepôts de la centrale.
    Cette solution peine à couvrir les besoins quotidiens de la première unité en production. De plus, 70 DH/tonne est le coût imprévu et supplémentaire (+10%) qui doit être supporté pour acheminer le charbon vers la centrale.

    La seconde solution qui va être mise en place est d'utiliser le quai de service, afin d’accueillir des mini-vraquiers, selon une source sûre. Mais la capacité maximale de ces derniers est de 2.500 tonnes. Il faudrait donc opérer 24 chargements au port du Jorf pour pouvoir décharger les super navires réservés au transport du charbon (capacité de 60.000 tonnes minimum). A Safi, il faudra traiter 2 mini-vraquiers par jour, pour coller à la cadence de consommation de la première unité, qui entrera incessamment en production. Tout cela génère beaucoup de «ruptures de charges» et des surcoûts y afférant.

    Les problèmes sérieux commenceront quand la deuxième unité sera mise en marche (au mois de mars prochain): les besoins quotidiens de la centrale doubleront pour atteindre 10.000 tonnes par jour. Les stocks déjà constitués se consumeraient en 30 jours à peine!

    Plusiuers questions restent à ce stade sans réponse: les contrats prévoient-ils des pénalités à payer à l'Etat? à Safiec? qui est réellement responsable de ces fissures? à quelle date le nouveau quai charbonnier sera-t-il opérationnel?

    Médias24 suivra ce dossier au plus près et vous informera.
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