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Femmes sous la colonisation

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  • Femmes sous la colonisation

    Disons-le d’emblée, ce livre ne s’adresse pas au grand public. Partant du constat que les historiens de l’espace francophone ont négligé l’étude des conditions féminines et de leur évolution en fonction des situations de l’époque, les organisatrices d’un colloque, organisé en septembre 2002 par la revue francophone Clio, Histoire, femmes et sociétés, ont fait appel à différents chercheurs susceptibles d’apporter un regard nouveau sur une période qui transforma la vie des peuples colonisés.

    On peut regretter que ce recueil se présente comme une addition de textes sans liens très apparents les uns avec les autres, mais il est précisé que cette publication est surtout destinée à attirer l’attention sur le fait que les femmes - moitié de la population mondiale - n’ont pas été affectées de la même manière que les hommes par la colonisation, et qu’elle vise à promouvoir un autre regard.

    Parmi les études réunies, on signalera cette étude de Sophie Dulucq et Odile Goerg sur l’historiographie francophone et ses lacunes.

    Entre 1950 et 1960, année des indépendances, l’histoire a été «construite sans les femmes» et ce n’est qu’ultérieurement que leur position particulière dans la société a été prise en compte, remarquent les auteurs qui en font la démonstration.

    Elles en déduisent que s’imposent, concernant le fait colonial, de nouvelles grilles de lecture. Répondant à ce souhait, deux contributions intéressantes sont apportées dans l’ouvrage. L’une éclaire un aspect peu connu de la colonisation, le rôle joué par l’Union des Femmes Coloniales belges.

    Entre 1923 et 1940, cette association de femmes européennes s’est investie au Congo, avec la conscience de participer à la mission civilisatrice de la Belgique. Les auteurs, Catherine Jacques et Valérie Piette, précisent cependant que les dirigeantes de l’Union des femmes coloniales, malgré leur bonne volonté, «sont imprégnées des valeurs morales occidentales et chrétiennes et ne parviennent que très rarement à se dégager des préjugés raciaux de leur époque.»

    On lira également une enquête sur les Sages-femmes africaines diplômées en AOF des années 1920 aux années 1960. L’auteur a cherché à «redéfinir des rapports sociaux de sexe en contexte colonial». De ses nombreux entretiens avec d’anciennes sages-femmes issues de l’Afrique de l’ouest francophone, elle a tiré des enseignements. Partant du fait que l’élite féminine, formée à l’école française, tout en étant renforcée dans sa catégorisation, a commencé à accéder à un professionnalisme jusqu’alors réservé aux hommes, elle recherche quelles en furent les conséquences, notamment concernant les relations traditionnelles entre les hommes et les femmes.
    La contribution, intégrée dans le recueil, n’est qu’un aperçu d’une thèse qui approfondit le sujet et vient d’être brillamment soutenue par Pascale Barthélémy en novembre 2004.

    Une vision très critique des femmes


    Parmi les autres thèmes, on trouve une redéfinition de la maternité en Gold Coast des années 1920 aux années 1950 qui met en lumière l’idéologie de la maternité sous la colonisation, une réflexion sur les femmes vietnamiennes et leur participation aux luttes politiques, et un article signé de Farinirina V. Rajoanah se penche sur les manuels scolaires de lecture à Madagascar entre 1970 et 2000, rédigés par trois enseignantes qui remettent en cause les stéréotypes. De son côté Emanuelle Sibeud, dans un article intitulé «Science de l’homme» coloniale ou science de «l’homme colonial» ?, a voulu savoir quelle vision l’administrateur/ethnographe Maurice Delafosse, dont l’ouvrage en trois volumes Haut Sénégal-Niger, publié en 1912, a considérablement enrichi la connaissance française de l’AOF, avait de la société féminine africaine. Il en résulte un étonnant constat.

    Maurice Delafosse, si fin observateur et si bon défenseur des civilisation africaines, donne des femmes une vision très critique. «Les apparitions féminines sont systématiquement investie d’une charge négative». Préjugés de l’époque, misogynie personnelle ou machisme ? On notera cependant que l’administrateur, marié en France, épousa aussi en Afrique «à la mode du pays» une jeune Baoulé dont il eut deux fils à l’origine d’une lignée africaine des Delafosse. L’article qui clôt l’ouvrage s’intitule Comment repenser les féminismes dans un monde transnational ? Danielle Hase-Dubosc y raconte une expérience vécue entre 1992 et 2002, lorsque les féministes indiennes et françaises se réunirent pour confronter leurs travaux, et elle souligne l’importance de cet échange de connaissances.

    A la lecture de ces différentes communications, on en conclura que la recherche est ouverte et que les travaux de remise en perspective de l’Histoire, vue du côté féminin, sont devenus une préoccupation des historiennes d’aujourd’hui. On ne peut que s’en réjouir. On sourira cependant en remarquant que tous les contributeurs à cet ouvrage sont des femmes et que leurs textes utilisent une orthographe «genrée» (néologisme formé sur le vocable de «genre»), puisque nous lisons sous leurs plumes les mots d’auteures, de professeures, et de maîtresses de conférence. Une prise de position qui est bien dans la lignée du livre.

    Sous la direction de ANNE HUGON, Histoire des femmes en situation coloniale, Afrique et Asie, XXe siècle, Ed. Karthala 2004


    Par La Nouvellle République

  • #2
    Il y a un excellent ouvrage qui date maintenant mais très intéressant de Sakina Massaadi ( une ministre en ce moment, si je me trompe pas ):

    Les romancières coloniales et la femme colonisée, contribution à une étude de la littérature coloniale en Algérie...

    Un livre qui montre le point de vue des femmes de colons sur les colonisées...

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