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Petite typologie des musulmans de France

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  • Petite typologie des musulmans de France

    L'islam est devenu une religion française. Parce que c'est la première religion pratiquée de France. Parce que les musulmans de France sont français pour les trois quarts d'entre eux. Parce que la France peut être une terre fertile pour le renouveau théologique et intellectuel dont l'islam a tant besoin. La religion musulmane enfin est un problème français parce que c'est au nom d'Allah que le terrorisme frappe la France ou que certains tentent d'imposer une vision du monde alternative au projet républicain. Le livre d'Hakim El Karoui explore les pratiques, les croyances et les comportements des musulmans de France, grâce à l'exploitation minutieuse de la grande enquête réalisée en 2016 par l'Institut Montaigne. Extrait de "L’islam, une religion française" de Hakim El Karoui, publié chez Gallimard

    Le premier groupe (18 % des effectifs) englobe les individus les plus éloignés de la religion. Ils sont favorables à la laïcité, ne formulent aucune revendication d’expression religieuse dans la vie quotidienne, qu’il s’agisse du monde du travail ou de l’école, ne souhaitent pas de nourriture halal à la cantine et sont très largement d’accord avec l’idée que la laïcité permet de pratiquer librement sa religion. Le second groupe (28 % des effectifs) partage les mêmes valeurs. Ses membres sont d’accord avec l’interdiction de la polygamie et avec l’idée que la loi de la République passe avant la loi religieuse.

    Ils se distinguent cependant par un attachement plus fort à la consommation de nourriture halal. Une partie d’entre eux est favorable à l’expression religieuse au travail. La troisième catégorie (13 % des effectifs) est plus ambivalente. Elle s’oppose au niqab et à la polygamie, mais elle conteste aussi l’idée selon laquelle la laïcité permet de pratiquer librement sa religion. Sans être radicale, elle critique le modèle républicain, a minima dans ses modalités d’application. Une forte minorité de ses membres souhaite d’ailleurs exprimer sa religion sur son lieu de travail. La quatrième catégorie (12 % des effectifs) se distingue de la troisième par une plus grande acceptation de la laïcité. En revanche, elle critique massivement l’interdiction de la polygamie en France tout en condamnant absolument le niqab, rejeté par 95 % des membres de ce groupe. Cette catégorie réunit beaucoup de musulmans étrangers résidant en France.

    La cinquième catégorie (13 % des effectifs) représente les individus qui présentent des traits autoritaires : 40 % de ses membres sont favorables au port du niqab, à la polygamie, contestent la laïcité et considèrent que la loi religieuse passe avant la loi de la République. Dans leur immense majorité, les membres de ce groupe ne considèrent pas que la foi appartienne à la sphère privée, ils sont d’ailleurs majoritairement favorables à l’expression de la religion au travail. La sixième catégorie (15 % des effectifs) se distingue de la cinquième en prônant une vision plus « dure » des pratiques religieuses. En revanche, elle valorise la foi comme un élé- ment privé et non comme un élément public. Presque tous ses membres valorisent le port du niqab et près de 50 % contestent la laïcité tout en étant favorables à l’expression de la religion sur le lieu de travail. Le groupe A formé par les catégories 1 et 2 (représentant 46 % des musulmans de France) est soit totalement sécularisé soit en train d’achever son intégration dans le système de valeurs de la France contemporaine. Il ne renie pas pour autant sa religion, souvent identifiée au halal, et a une pratique religieuse très supérieure à la moyenne nationale. Le groupe B formé par les catégories 3 et 4 est plus composite et s’inscrit clairement dans une position intermédiaire. Les individus qui le composent sont fiers d’être musulmans et revendiquent l’inscription de leur religion dans l’espace public. Très pieux (la charia a une grande importance pour eux, sans passer devant la loi de la République), ils sont souvent favorables à l’expression de la religion au travail, ayant très largement adopté la norme halal comme définition de l’« être musulman ». Ils rejettent très clairement le niqab et la polygamie et acceptent la laïcité. Ils représentent 25 % de l’échantillon.

    Le groupe C qui rassemble les catégories 5 et 6 est le plus problématique : il réunit des musulmans qui ont adopté un système de valeurs clairement opposé aux valeurs de la République. Si certains considèrent que la laïcité leur permet de vivre librement leur religion ou considèrent que la foi est une affaire privée, on peut davantage y lire une attitude de retrait et de séparation vis‑à-vis du reste de la société que la compréhension de ce que signifie la laïcité. 28 % des musulmans de France peuvent être regroupés dans ces deux catégories qui mélangent à la fois des attitudes autoritaires et d’autres que l’on pourrait qualifier de « sécessionnistes ».

    L’islam est un moyen pour eux de s’affirmer en marge de la société française.

    Extrait de "L’islam, une religion française" de Hakim El Karoui, publié chez Gallimard.

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