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Régime de change : l'Angola et le Maroc font-ils le bon choix ?

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  • Régime de change : l'Angola et le Maroc font-ils le bon choix ?

    Janvier 2018 a vu deux big bang monétaires transpercer le ciel africain. Les étalons de l'Angola et du Maroc, jusqu'alors en régime de change fixe, ont basculé en taux de change flottant. Véritables électrochocs monétaires, ces deux événements pourraient bien être les précurseurs d'une vague de réformes ondoyantes un peu partout sur le Continent.
    Le cas angolais est le plus éclairant des défis de ces réformes.
    Le kwanza, étalon national de l'Angola pétrolier, fonctionnait jusqu'alors en régime de change fixe.
    Depuis 2016 et l'arrimage au dollar, il fallait 166 kwanza pour 1 dollar, quand sur le marché noir, très loin du taux de change officiel, il en fallait 400 pour la même correspondance en billet vert.

    Rétablissement des comptes publics vs amplification des atouts

    Les avantages des taux de change fixes sont bien connus, entre le pouvoir qu'ils accordent aux autorités monétaires pour ajuster la monnaie à la situation économique et la visibilité offerte sur le long terme.
    Tout va se dégrader pour l'Angola à partir de la fin 2014 et la chute des cours du pétrole.
    L'or noir étant le phare de l'économie, les revenus fondent et les réserves s'amenuisent.
    Ces dernières passent de 20 milliards de dollars début 2017 à 15,4 milliards en octobre, puis 14,2 milliards en novembre.
    Les autorités monétaires obligées de réagir vont donc déboulonner le kwanza de son ancrage fixe pour le laisser bouger dans un espace de fluctuation dont les contours sont tenus secrets.
    Cette mesure est assortie d'un strict contrôle des changes pour limiter la fuite des capitaux.

    Le Maroc est dans une situation très différente, mais a fait la même manœuvre.
    Le 15 janvier, le Royaume a mis fin à son régime de change fixe datant des années 1970 en flexibilisant le dirham dans un tunnel de fluctuation de +2,5% vis-à-vis de sa valeur pivot.
    Non essentiellement dépendant des exportations de matières premières et donc non «surdépendant» de la santé économique mondiale, le Maroc prend même ce virage en étant en plutôt bonne forme.
    La croissance fut de 4,1% en 2017 selon la banque mondiale, les réserves de change sont à hauteur de 5 mois et le déficit du compte courant (échanges de biens, de services, de revenus et de transferts courants) est inférieur à 2,5%.
    L'on voit clairement que les deux pays, dans deux conjonctures économiques différentes, ne poursuivent pas les mêmes objectifs tout en ayant adopté sensiblement la même stratégie.
    L'un le fait essentiellement pour rétablir ses comptes publics, l'autre pour amplifier ses atouts dans un contexte de reprise mondiale.

    L'Angola, dos au mur et victime du tout pétrole qui pèse 87% de son PIB est contraint de réagir face au repli des cours du baril qui tarit ses réserves de change.
    Le nœud du problème angolais est précisément là, car étant essentiellement exportateur d'hydrocarbures, l'Angola importe par ricochet énormément de biens qu'il doit évidemment régler en devises, lesquelles fondent désespérément.
    Au-delà des réserves, l'Angola tente également d'améliorer le rendement de son eurobond, lequel améliorerait la situation de sa dette publique qui culminait à 64,5% du PIB en 2017.
    Le Royaume du Maroc est dans une tout autre configuration.
    Il cherche clairement à pousser son avantage.
    En permettant à sa monnaie des variations contrôlées selon la loi du marché, le royaume cherche à se doter de la possibilité de mieux gérer les chocs externes en accordant une adaptabilité à sa monnaie.

    Paratonnerres et effet pervers

    Les deux pays choisissent-ils la bonne stratégie ? Dans l'immédiat et sur le court terme, la pilule sera amère, car la fluctuation monétaire induit une correction dépréciative de valeur agissant sur les niveaux de prix.
    L'un des phénomènes des monnaies arrimées à d'autres dans une relation fixe est l'illusion de la valeur entretenue.
    La fixation souveraine de valeur d'une monnaie dans une fixité des parités ôte celle-ci de la loi du marché qui détermine la vraie valeur d'un étalon selon l'offre et la demande, étant donné que toute monnaie est un actif financier.
    De ce point de vue, les autorités monétaires angolaises et marocaines prennent la bonne décision en soumettant au marché, même de façon contrôlée, leurs monnaies dont les valeurs refléteront désormais l'état réel de leurs économies respectives.
    Et cela ne va pas sans difficulté, l'atterrissage dans la réalité s'avérant douloureux.

    Ayant fonctionné très longtemps en parité fixe, les deux monnaies étaient artificiellement surévaluées et leur flexibilisation a entraîné des dépréciations en accord avec leurs fondamentaux économiques.
    Le kwanza a ainsi perdu au total 22% de sa valeur, renchérissant le prix des produits importés et donc le coût de la vie.
    Le dirham quant à lui s'est apprécié de 0,51% vis-à-vis du dollar, mais s'est déprécié de 0,43% par rapport à l'euro.
    Les rectifications de valeur sont moins violentes dans le cas marocain que dans celui angolais, car la monnaie marocaine en parité fixe avait une valeur correspondant peu ou prou à sa santé économique.
    Pendant que la monnaie angolaise était clairement surévaluée en raison de la forte chute des cours du baril et de la politique restrictive de l'OPEP.

    Il existe cependant deux paratonnerres à cet effet pervers, à savoir la bande de fluctuation qui encadre les variations de valeur et la possibilité laissée aux banques centrales d'intervenir en cas d'extra-appréciation ou dépréciation pour ramener les monnaies dans les canevas fixés.
    C'est ainsi que les autorités angolaises ont sursis aux sessions de vente de devises puis ont fini par fixer à +2% la bande de fluctuation.
    Les autorités marocaines ont quant à elles effectué cinq opérations de vente de devises pour un total de 57 millions de dollars et ont prévu, en plus de cela, une batterie de subventions sur les biens de première nécessité afin d'amortir le choc d'éventuelles hausses de prix.
    Des mesures sont donc prévues pour garder son contrôle sur les effets négatifs des réformes.

    Des stratégies payantes

    Cependant sur le long terme, et malgré ces turbulences de démarrage, les mesures prises par les deux pays vont dans la bonne direction.
    Les taux de change fixes clouent dans le marbre la latitude monétaire, tandis que leur flexibilisation permet à la monnaie de s'adapter à la conjoncture internationale.
    L'Angola grand exportateur de pétrole peut désormais mieux gérer les chocs exogènes sur le marché des hydrocarbures en laissant flotter sa monnaie.
    Pour les comptes publics, cette réforme est également excellente, car elle pourra arrêter la chute ininterrompue des devises grâce à la nouvelle flexibilité monétaire, améliorer le rendement de l'eurobond angolais et permettre à l'Etat de négocier une nouvelle assistante financière du FMI.
    Côté marocain, le bénéfice attendu de la flexibilisation encadrée est dans la compétitivité prix de l'industrie marocaine.

    La dépréciation du dirham agit à la baisse sur les coûts de production et favorise de facto les exportations marocaines, stratégiques en cette période où le Royaume se positionne comme un acteur clé de l'automobile et de l'aéronautique sur l'échiquier mondial.
    L'essentiel est donc dans la bonne santé des agrégats macroéconomiques. Les nouvelles autorités angolaises l'ont bien compris en prônant désormais la sortie du tout pétrole qui limiterait l'exposition du pays au prix du baril.
    Et les autorités marocaines, fortes de bons résultats économiques récents, veulent pousser la bonne séquence en donnant de la souplesse à leur économique désormais tournée vers les exportations de biens produits sur place.
    A terme, la libéralisation des régimes de change paiera, car désormais débarrassée du parapluie des monnaies de références dans les parités fixes, les autorités n'ont plus d'autre choix que de tenir les comptes publics dont la santé se répercute directement sur les valeurs monétaires. Petit à petit, les agitations des débuts seront maîtrisées, puis viendront les autres étapes de flexibilisations jusqu'à un régime de change totalement flottant au final.
    La tribune

  • #2
    +/-2,5% n'est pas vraiment un électrochoc !!!
    .
    .
    ''La pauvreté ne sera plus séditieuse, lorsque l'opulence ne sera plus oppressive''
    Napoléon III

    Commentaire


    • #3
      C'est pour commencer ensuite progressivement les limites seront étendues. Il faut que le pays instaure une libre circulation des capitaux !

      Commentaire

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