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Sittelle kabyle : nouveaux éléments sur sa biologie et zones de présence

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  • Sittelle kabyle : nouveaux éléments sur sa biologie et zones de présence

    La biologie de cette espèce est encore mal connue, et de nouvelles données ont été obtenues grâce à une caméra endoscopique
    La Sittelle kabyle (Sitta ledanti) a été découverte le 5 octobre 1975 par Jean-Paul Ledant, un agronome et naturaliste belge, lors d'une expédition sur le mont (Djebel) Babor en Algérie. L'espèce a été décrite en juillet 1976 par l'ornithologue français Jacques Vielliard, qui lui a donné son nom scientifique en hommage au découvreur. Il s'agit de la seule espèce d'oiseau endémique algérienne. Elle est localisée dans quelques vieilles forêts de la Petite Kabylie (ou Kabylie des Babors). Seules quatre secteurs sont connus : le djebel Babor et les forêts de Guerrouch (parc national de Taza), de Tamentout et de Djimla.
    L'aire de répartition exacte et la biologie de cette espèce sont encore assez mal connues du fait du nombre limité d'observateurs algériens et étrangers visitant la Kabylie et d'une situation politique et sécuritaire défavorable, en particulier durant la guerre civile qui a frappé le pays entre 1990 et 2000.
    Des informations sur la Sittelle kabyle continuent toutefois d'être rassemblées par les chercheurs algériens : dans un article publié en 2017 dans la revue Alauda, Riadh Moulaï, Abdelouhab Bouchareb, Azzedine Gheribi et Abdelazize Franck Bougaham ont présenté de nouveaux éléments sur la biologie de cette espèce obtenus dans la forêt de Guerrouch grâce au suivi d'un nid avec une caméra endoscopique. Nous remercions Riadh Moulaï (site web : ********rnitho.org) pour ses informations et ses photos.


    La Sittelle kabyle (Sitta ledanti)
    Longueur : 11,5 - 12,5 cm.

    Description : la Sittelle kabyle a les parties supérieures gris bleuté. Les parties inférieures sont chamois-beige saumoné clair jusqu'aux sous-caudales, ces dernières étant tachetées de gris. Les joues et la poitrine sont blanches. La queue présente une petite bande blanche subterminale bordée de beige.
    Le mâle a le front, le trait sourcilier et les lores noirs. Un large sourcil blanc, plus court chez la femelle, borde la calotte.
    Chez la femelle, la calotte et le trait sourcilier sont du même gris que le dos. L'avant de la calotte est sombre, mais pas autant que chez le mâle.
    Le plumage du juvénile est semblable à celui de la femelle, en plus terne et avec un sourcil moins net.
    L'iris est brun-noir, les pattes sont gris plomb et le bec est gris bleuté.

    Voix : les cris typiques sont des "tsiit tsiit". Un cri chuinté est aussi émis en cas de présence d'un intrus, probablement pour la défense du territoire. La Sittelle kabyle lance également un trille rapide "di-du-di-du-di-du" et un "chèèh" rêche et répété comparable au cri d'un geai. Le chant est un sifflement nasillard composé d'une série d'éléments montants et d'une brève note terminale, répétés lentement et pouvant être transcrits par "vuuy-di vuuy-di vuuy-di".

    Les espèces proches de sittelles

    La Sittelle kabyle appartient à un groupe composé des Sittelles corse (S. whiteheadi), de Krüper (S. krueperi), de Chine (S. villosa), du Yunnan (S. yunnanensis) et à poitrine rousse (S. canadensis). Elle est un peu plus grande que ces espèces et elle est moins inféodée aux forêts de conifères. Des études génétiques ont montré que l'espèce la plus proche était la Sittelle de Krüper, qui a les parties inférieures gris pâle et une grande tache pectorale brun roussâtre (lire Pourquoi visiter l'île de Lesbos ?).
    Elle ressemble étroitement à la Sittelle corse (lire Où chercher la Sittelle corse ?), mais le noir de sa calotte est limité à l'avant de la tête (la calotte est entièrement noire chez la Sittelle corse) et le dessous est d'un chamois rosé plus chaud.
    La Sittelle torchepot (S. europaea) est présente dans quelques localités du Rif marocain : elle est plus grande que la Sittelle kabyle, elle n'a pas de noir sur la calotte et ses parties inférieures sont chamois-orange.

    Habitat
    La Sittelle kabyle vit dans les chênaies entre 350 et 1 120 mètres d'altitude et dans les forêts humides de chênes, érables, peupliers et conifères au-delà de 1 750 mètres d'altitude. Elle apprécie les grands arbres riches en cavités, en particulier le Sapin de Numidie (Abies numidica), le Cèdre de l'Atlas (Cedrus atlantica) et les Chênes zéen ou des Canaries (Quercus canariensis), afarès (Q. afares), liège (Q. suber) et faginé (Q. faginea).

    Biologie

    La Sittelle kabyle est sédentaire. Son régime alimentaire varie selon les saisons : au printemps et en été, elle se nourrit principalement d'insectes (essentiellement des chenilles et des coléoptères) et d'araignées qu'elle trouve en explorant le feuillage, les branches et la ramure des arbres.
    L'hiver, la Sittelle kabyle se nourrit surtout de graines de conifères et de glands.
    Elle se nourrit généralement seule, mais elle peut former avec les mésanges et les roitelets des troupes mixtes en dehors de la saison de reproduction (lire Les rondes d'oiseaux).
    Le territoire couvre en moyenne quatre hectares dans la chênaie-sapinière et dix hectares dans la cédraie à Chênes verts. Les mâles peuvent s'affronter pour le défendre.
    La saison de reproduction se déroule entre le mois d'avril et le début du mois de juillet, et peut débuter plus ou moins tôt selon les conditions météorologiques et l'abondance de la nourriture.
    Le nid est construit dans un trou d'arbre, parfois à partir d'une ébauche de loge de Pic épeiche de Numidie (Dendrocopos major numidus), de préférence dans la Sapin de Numidie, au bois plus tendre et plus putrescible que ceux du Cèdre de l'Atlas et du Chêne zéen. Il est généralement situé entre quatre et quinze mètres du sol (moyenne : 8,5 mètres). Le fond est garni de débris végétaux (copeaux de bois et feuilles mortes) et animaux (plumes et poils), comme chez les Sittelles corse et de Krüper. La cavité est large de 7 cm et profonde de 17 à 21 cm. L'orifice n'est pas maçonné. L'incubation est réalisée par la femelle seule, mais les deux parents nourrissent les jeunes, même si la recherche de nourriture incombe surtout au mâle. Cette espèce ne pratique pas la capture des insectes en vol, contrairement aux Sittelles corse et de Krüper.
    Les nichées comptent en moyenne trois ou quatre jeunes à l'envol, soit moins que les sittelles apparentées. Les envols surviennent entre la fin du mois de juin et le début du mois de juillet. Après la saison de reproduction, les adultes effectuent une mue post-nuptiale complète et les jeunes une mue post-juvénile partielle.

    De nouveaux éléments obtenus grâce à une caméra endoscopique

    Plusieurs aspects de la biologie de la Sittelle kabyle restent méconnus comme la description et la taille de la ponte, la durée d’incubation, la durée d’élevage des jeunes ou encore le succès de la reproduction. Dans un article publié en 2017 dans la revue Alauda, Riadh Moulaï, Abdelouhab Bouchareb, Azzedine Gheribi et Abdelazize Franck Bougaham ont présenté de nouveaux éléments collectés dans la forêt de Guerrouch (parc national de Taza) durant la période de reproduction, entre le mois d'avril et la fin du mois de juin 2016.
    Les mâles chanteurs ont été comptés et une recherche systématique des nids a été menée dans plusieurs secteurs à Chênes zéen et afarès : les résultats obtenus ont été comparés à ceux des inventaires du début des années 1990.
    Dans cette forêt, la nidification s’étale de la fin mars au début du moins de juin, et il ne semble pas qu’il y ait une deuxième ponte.
    Des données inédites sur la biologie de l'espèce ont été obtenues grâce à une caméra endoscopique insérée dans d’un nid placé dans un Chêne zéen. Les œufs ont ainsi été décrits pour la première fois : ils sont blancs et tachetés de brun-roux.
    La taille de la ponte était de six œufs. La durée d’incubation a été estimée à 17 jours et la durée de séjour dans le nid est probablement de trois semaines.

    Ouvrages recommandés

    A Birdwatchers' Guide to Morocco de Patrick Bergier (Auteur) et Fedora Bergier (Auteur)
    Carte national Algérie, Tunisie de Collectif Michelin
    A Birdwatchers' Guide to Morocco de Patrick Bergier (Auteur) et Fedora Bergier (Auteur)
    Finding birds to Morroco : coasts and mountainsde Dave Gosney
    Sources

    ********rnitho (2017). Algerian Nuthatch: status and breeding biology at the Guerrouch forest. Date : 23/11. www.magornitho.org/2017/11/algerian-nuthatch-guerrouch-forest/
    Riadh Moulaï, Abdelouhab Bouchareb, Azzedine Gheribi et Abdelazize Franck Bougaham (2017). Statut de la population et biologie de la reproduction de la Sittelle labyle Sitta ledanti dans la forêt de Guerrouch (Algérie). Alauda. Numéro : 85. Pages : 101-107. www.researchgate.net
    N. Boutebna (2016). Journée d’étude sur la Sittelle Kabyle de Babor. ***********. www.***********/article9951.html
    Katiaret (2015). La Sittelle kabyle un oiseau rare et unique en Algérie. www.algerie-dz.com
    David Monticelli et Vincent Legrand (2009). Algerian Nuthatch: a photographic trip. Dutch Birding. Numéro : 31. Pages : 247-251. www.researchgate.net
    M. Bellatreche et Z. Boubaker (1995). Premières données sur le comportement alimentaire de la Sittelle kabyle (Sitta ledanti) en période de reproduction. Annexes agronomiques I.N.A. Volume : 16. Numéros : 1 et 2. Pages : 35- 48. http://dspace.ensa.dz:8080/jspui/bitstream/123456789/1059/1/ia00p452.pdf
    J. P. Ledant et P. Jacobs (1977). La Sittelle kabyle (Sitta ledanti) : données nouvelles sur sa biologie. Aves. Numéro : 14. Pages : 233-242. www.aves.be
    dz(0000/1111)dz
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