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Carlos défie à nouveau la justice : «La révolution, c'est mon métier»

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  • Carlos défie à nouveau la justice : «La révolution, c'est mon métier»

    Par Journaliste Figaro Yohan Blavignat M
    Déjà condamné trois fois à perpétuité pour plusieurs attentats commis en France, cette figure du terrorisme international des années 1970 et 1980 est jugé en appel jusqu'au 16 mars pour l'attentat du Drugstor Publicis en 1974. Deux personnes avaient été tuées et 34 blessées.

    Portrait de Carlos au début des années 1970.

    Quarante-quatre ans après les faits, «le Chacal» est de retour dans le box des accusés. Surnommé «Carlos», le terroriste Ilich Ramirez Sanchez est jugé en appel depuis ce lundi pour l'attentat contre le Drugstore Publicis qui avait fait deux morts et 34 blessés à Paris le 15 septembre 1974. Déjà condamné deux fois à perpétuité, le natif de Michelena, au Venezuela, a de nouveau écopé, en mars 2017, de la peine maximale en France par une cour d'assises spéciale.


    Souriant, col roulé et costume noir, il a levé le poing droit en entrant dans le box des accusés lundi, avant d'envoyer un baiser en direction des parties civiles et de la presse. «Je suis un révolutionnaire professionnel, la révolution, c'est mon métier», a-t-il dit, précisant être de «nationalités vénézuélienne et palestinienne», résidant «partout». À 68 ans, il comparaît pour deux semaines devant une cour d'assises spéciale, uniquement composée de magistrats professionnels, en charge des crimes terroristes. Ce sera son dernier procès. Une dernière tribune pour la «résistance palestinienne» dont il se réclame toujours. Il a commencé par désigner ses avocats, demandant qu'Isabelle Coutant-Peyre - épousée religieusement en prison - soit désignée d'office: «On est vraiment dans la misère», justifie-t-il.

    Puis la défense a attaqué: Me Coutant-Peyre a dénoncé «l'illégalité de la cour d'assises spéciale» et surtout, demandé «le renvoi du procès» jusqu'à ce que son client ait accès à son dossier et à son ordinateur, dont il a été privé depuis son transfert pour la durée de l'audience de la centrale de Poissy à la maison d'arrêt de Fresnes. «Je ne peux subir un procès si je ne peux pas me défendre. Avoir accès à mon dossier, c'est la moindre des choses», a dit Carlos. Après deux brèves suspensions, la cour rejette ces demandes. Toutefois, l'avocat général fait savoir qu'il a demandé à ce que le dossier soit remis à Carlos, qui «remercie». L'après-midi était consacrée au rappel des faits. La défense va de nouveau plaider l'acquittement et veut mettre en lumière les «fragilités spectaculaires dans ce dossier», notamment les témoignages contradictoires ou approximatifs d'un ancien compagnon d'armes de Carlos, d'une ex-compagne ou d'un avocat.

    Prise d'otages, grenades volées et entretien coupable
    Carlos a son procès en 2000.
    Ce procès ravive le spectre des «années de plomb», quand l'Europe était la cible d'attentats anti-impérialistes menés au nom de la cause palestinienne. En France, cette fin d'été 1974 en est la triste illustration. Ce jour-là, à 17h10, un homme a jeté une grenade depuis le restaurant en mezzanine du Drugstore vers la galerie marchande en contrebas, à l'angle du boulevard Saint-Germain et de la rue de Rennes. Bilan: deux morts et des dizaines de blessés, dont quatre enfants. L'enceinte visée n'a pas été choisie au hasard. Elle est la propriété de Marcel Bleustein-Blanchet, d'origine juive. Mais ce n'est pas la seule explication car cette attaque s'inscrit dans un contexte d'«Internationale terroriste» motivée par une idéologie marxiste et propalestinienne.

    Deux mois plus tôt, en juillet 1974, un émissaire nippon de l'«Armée rouge japonaise», une section formée par le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) - dont Carlos se présente volontiers comme l'ancien «responsable militaire» -, est arrêté à l'aéroport d'Orly par la police française. Afin d'obtenir sa libération, le FPLP décide d'organiser une prise d'otages à l'ambassade de France à La Haye, aux Pays-Bas. Trois commandos de l'«Armée rouge japonaise» se portent volontaires». Le 13 septembre, les trois révolutionnaires nippons pénètrent dans les locaux de la représentation diplomatique. La prise d'otages durera quatre jours. C'est au beau milieu de cette opération que l'attentat du Drugstore Publicis a lieu dans le but de faire pression sur l'État français. Finalement, le surlendemain, la prise d'otages prend fin aux Pays-Bas. Les personnes retenues ont été libérées, et les ravisseurs ont obtenu le droit de s'enfuir à bord d'un Boeing 707 long-courrier en possession de 300.000 dollars.

    L'attentat du Drugstore Publicis en 1974.

    Toutefois, aucun témoin n'a jamais pu identifier l'homme qui a jeté la grenade à Paris. L'accusation repose donc essentiellement sur l'engin explosif - qui faisait partie d'un lot volé sur une base américaine en Allemagne par la bande à Baader en 1972 et dont d'autres ont été retrouvés dans l'appartement de sa maîtresse -, sur les connexions entre la prise d'otages de La Haye et l'attaque du Drugstore et les dires de Carlos lui-même et de ses anciens compagnons. L'un des plus anciens complices du terroriste, l'Allemand Hans Joachim Klein, l'a directement accusé. «Le Chacal» se serait vanté de son acte auprès de lui. Par ailleurs, Ramirez Sanchez aurait également revendiqué le crime dans un entretien accordé au journal pro-irakien Al-Watan al-Arabi, traduit et repris par Le Figaro Magazine en décembre 1979: «À 5 heures, j'envoyai deux grenades dans le drugstore Saint-Germain. Deux personnes furent tuées et trente autres blessées.» Carlos a toujours nié avoir répondu aux questions d'un quelconque journaliste. Mais, coïncidence, l'un des autres attentats pour lesquels il a été condamné visait, en 1982, les locaux parisiens d'Al-Watan, rue Marbeuf.

    Du mythe «Carlos» à son arrestation

    Lors du procès en première instance en mars 2017, les avocats de Carlos avaient dénoncé la «paléontologie judiciaire» que représentait cette affaire. La procédure a été d'une longueur inhabituelle. En 1983, la première décision dans cette enquête a pris la forme d'un non-lieu. À l'époque, la justice française doute de l'existence de ce fameux «Carlos». Mais, en 1994, le terroriste est arrêté dans des conditions rocambolesques à Khartoum, au Soudan, par la Direction de la surveillance du territoire (DST). Lâché par la Syrie où il résidait depuis 1985 dans un quartier résidentiel de Damas avec son épouse et leur enfant, le terroriste a trouvé refuge au Soudan où il exerce dans les services secrets sous le nom de «Cheikh Hissene».

    » LIRE AUSSI - Pourquoi Carlos est-il jugé plus de 40 ans après les faits?

    La DST en est informée, et parvient à le faire enlever sur ordre direct du ministre de l'Intérieur de l'époque, Charles Pasqua, sans mandat d'extradition et avec le soutien du gouvernement soudanais. Sa capture a eu lieu pendant qu'il était endormi pour une chirurgie plastique qui visait à cacher son identité. Carlos est alors ramené en France dans un avion militaire et incarcéré à la prison de la Santé.

    Le spectre des «années de plomb» devant la justice

    Son premier procès débutera en 1997. Il comparaît alors pour l'assassinat de deux inspecteurs de la DST et de leur informateur libanais à Paris, le 27 juin 1975. Il est reconnu coupable et condamné à la prison à perpétuité. Mais un nouveau non-lieu est prononcé lors de son procès pour l'attentat du Drugstore en 1999, à défaut de charges suffisantes. À la suite de pourvois du parquet et d'associations, un supplément d'information est demandé. En 2014, une juge d'instruction renvoie Carlos devant une cour d'assises spécialement composée pour cet attentat. Il faut attendre 2017 pour le procès et le verdict.

    «Je suis un héros de la résistance palestinienne et je suis le seul survivant des cadres professionnels en Europe parce que moi, je tirais avant»

    Carlos

    Entre-temps, en 2011, Carlos est à nouveau jugé pour quatre attentats à la bombe commis entre 1982 et 1983: dans le train Paris-Toulouse (5 morts, 77 blessés), devant le siège parisien du journal Al-Watan al-Arabi (un mort, 63 blessés), dans le TGV près de Tain-l'Hermitage et à la gare Saint-Charles de Marseille (5 morts, 50 blessés). Toutes ces attaques, revendiquées par le «groupe Carlos» qu'il a fondé quelques années auparavant, étaient destinées à obtenir la libération de son bras droit, Bruno Bréguet, et de sa compagne, arrêtés en février 1982 à Paris avec plusieurs kilos d'explosifs. Ces derniers préparaient un attentat devant l'ambassade d'un émirat arabe que Carlos voulait faire chanter. Là encore, Ilich Ramirez Sanchez est condamné à la perpétuité.

    Carlos a toujours nié son implication dans l'attentat du Drugstore Publicis, jugeant les témoignages «bidons». En 2013, il avait toutefois reconnu la «responsabilité politique et opérationnelle» des attentats du FPLP en Europe dans les années 1970-1980. «Je revendique tous les blessés, tous les morts. Je suis un héros de la résistance palestinienne et je suis le seul survivant des cadres professionnels en Europe parce que moi, je tirais avant». Pour les victimes, «le premier procès avait un sens, cela leur a permis d'être reconnu, de témoigner», a expliqué le président de l'Association française des victimes du terrorisme (AfVT), Guillaume Denoix de Saint-Marc. Quarante-quatre ans après les faits, ils n'attendent désormais qu'une chose, «la confirmation de la condamnation».



    Yohan Blavignat
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

  • #2
    Maintenant son métier est d'être taulard !

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