Le 5 mars 1978 disparait Kaïd Ahmed
Dans la nuit du 5 au 6 mars 1978, nous avons appris avec stupeur le décès à Rabat, de notre frère Si Slimane, Kaïd Ahmed, à un moment où il jouissait de toutes ses capacités intellectuelles et physiques. La mort l’a ravi à 56 ans, âge précoce pour le dirigeant qu’il était, à l’âge où l’on atteint la plénitude de ses moyens... Cette mort survenue brutalement a mis un point final au parcours d’un militant au long cours.
40 ans après, que pouvons-nous dire de cet homme d’État, disparu à un âge où il pouvait encore servir ce pays qu’il aimait tant, si la malveillance des uns et le dépit envieux des autres n’avaient pas connu leur aboutissement pour qu’il quitte la scène politique officielle, parce que contraint et forcé?
Oui, que pouvons-nous dire aux jeunes d’hier, devenus adultes, qui portent sur leurs épaules une vie de quarante années et plus, à ceux-là mêmes qui n’ont pas eu cette chance de le connaître dans la plénitude de sa force morale et intellectuelle ? Eh bien, on leur dévoilera ce grand dirigeant dans cette modeste présentation qui met en exergue quelques aspects politiques et humains qui le qualifiaient si bien dans ce monde qui, aujourd’hui, a tellement besoin de valeurs essentielles qui fondent les États et leurs systèmes. En effet, on leur dira, en nous excusant de notre tempérance, que Si Slimane, Kaïd Ahmed, ne peut être raconté en quelques pages, comme d’aucuns que l’Histoire ne saura consacrer pour leur indigence en matière d’érudition, de prééminence, de caractère et, on ne le dira jamais assez, de détermination dans leurs actions. Parce que Si Slimane était un tout. Il était cet Homme clairvoyant et, on ne peut plus lucide, qui s’était investi totalement, des décennies durant, dans la marche du pays, parce qu’il vivait tout simplement, depuis sa jeunesse, par et pour son pays. Là, ce ne sont pas des expressions dithyrambiques, que j’emploie pour la circonstance, sans conviction, ou simplement pour embellir un portrait peint pour l’occasion. Franchement, si cela avait été le cas, j’aurais manqué de loyauté et de bonne foi, pire que cela, j’aurais fait un affront à ma culture, celle justement qu’il prenait, lui-même, soin d’inculquer patiemment en pédagogue, aux jeunes militants pleins de fougue et d’espoir que nous étions. Ce dirigeant ne vivait que pour de généreux principes, se montrant plein d’attention pour les jeunes et les militants respectueux et honnêtes, qui n’avaient pour ambition que le désir d’être toujours utiles à leur pays.
En effet, Si Slimane ne vivait que pour des principes généreux, en responsable soucieux de la bonne marche du pays, sans attirance aucune pour les honneurs et les biens en ce bas monde. C’est ce qui nous revient à l’esprit, présentement, en ce jour anniversaire d’un départ brutal, sans un «au revoir», d’une disparition qui nous a fait mal, de par sa soudaineté et sa fulgurance, la rendant plus pénible à nos yeux. Oui, une pénible vérité !
Autant d’interrogations qui nous reviennent en ce 40ème anniversaire pour nous rappeler que la mort de Si Slimane – une amère réalité et une conséquence logique du destin, pour laquelle nous n’avons aucune médication – a laissé en nous, en ces moments douloureux, cette sensibilité et cette affection que nous ne pouvons cacher, de même que le sentiment du grand vide qu’il a laissé chez tous les militants qu’il avait su mobiliser, sensibiliser, former, éduquer et aussi aimer.
Ainsi, que pouvons-nous dire aux jeunes, en ce 40ème anniversaire de sa mort ? On ne saurait assez se remémorer ce que Kaïd Ahmed a entrepris dans l'intérêt de cette jeunesse avec laquelle il traçait l’avenir de notre pays. Rappelons-nous que Kaid Ahmed, affectionnait particulièrement le travail avec la jeunesse, en éducateur et en pédagogue qu’il était, convaincu dès les premières années, en tant que militant et jeune dirigeant politique, que le meilleur investissement devait être celui dirigé vers cette force vive et enthousiaste garante de la pérennité et du développement du pays. N’est-il pas ce dirigeant politique qui dans son discours d’ouverture du 1er Congrès de la Jeunesse de l’Union démocratique du Manifeste algérien (JUDMA), organisé du 26 au 30 aout 1953 à Tagdempt, capitale de l’Émir Abdelkader et haut lieu de la résistance à l’invasion française, avait fustigé avec force le colonialisme français en Algérie et sa longue liste de crimes et méfaits, appelant la jeunesse algérienne à s’organiser et à se préparer à affronter son destin. Il ponctuera son adresse ce jour-là, en déclarant : «…C’est dire qu’il est temps de songer à d’autres principes efficaces pour hâter le terme d’un enfer épuisant. Soyez d’excellents pasteurs et mettez en garde vos frères contre la ruse des mauvais bergers. Dans vos périmètres, parcourez les rues et les campagnes. Soyez le journal et la radio des infortunés. Soyez partout à tout moment et en toute circonstance au service de la bonne et juste cause : la libération du pays. La patrie, le peuple, les générations montantes sont en danger de mort. Vous serez demain, des héros ou alors les victimes d’un triste oubli. De toute manière, dites-vous bien que le tourbillon ne manquera pas de vous emporter dans sa rage. Pour la grandeur et le salut du pays, jeunesse algérienne, sel et produit de cette terre réveille-toi. Vive l’Algérie démocratique, libre et humaine ». N’est-ce pas là un discours prémonitoire, annonciateur de la Révolution du 1er Novembre 1954 ? De même qu’aujourd’hui, les situations de déliquescence prononcée que nous subissons en raison de l'indifférence d’esprits façonnés dans le moule de la truanderie, ne sont pas sans rappeler également, à quelques décennies d'intervalle, depuis ce funeste 5 mars 1978, les positions claires et audacieuses de Si Slimane...
Et la question reste encore posée : que pouvons-nous raconter aux jeunes, sur ce géant de l’Histoire contemporaine de l’Algérie ? D’emblée, et pour faire l’économie de tout le parcours de ce haut dirigeant qui a marqué de son sceau et le pays et les hommes et son temps, au sein des institutions de l’État et du parti du FLN, voyons ce qui demain, ad vitam æternam, le positionnerait au «sommet de la hiérarchie». D’abord et avant tout, ses pensées, incontestablement... ! Car le mieux qu’il possédait dans le florilège de ses textes, c’était ses belles pensées qu’on peut toujours cueillir et proposer comme une offrande, en hommage à une vie pleine de valeurs – au pluriel - puisqu’il en avait tellement. Et, c’est dans cet esprit, que nous allons publier, prochainement, l’ouvrage post-mortem intitulé : «Réflexions d’un visionnaire», recueil où il nous gratifie de précieuses informations et analyses sur divers sujets d’ordre politique, économique, social et culturel, qu’il a eus à traiter, de son vivant. Là, évidemment, nous aurons à loisir de découvrir l’homme de réflexion d’abord, et le visionnaire ensuite, dans son meilleur rôle, qu’il a toujours affectionné... celui du parler vrai, à cœur ouvert, sans fard ni complaisance, dans une compilation intelligente de ses nombreuses publications.
Racontons encore Si Slimane aux jeunes ... Et la meilleure façon qui nous vient à l’esprit est ce dialogue inédit et fort instructif que l’auteur avait imaginé tenir avec son propre fils, lors de la présentation de son ouvrage : Kaïd Ahmed, homme d’État.
«Hier, nous étions au bord du précipice, aujourd’hui, nous avons fait un grand pas en avant»
Cette assertion archi connu de Kaid Ahmed, évoquée en ce jour particulier, n’est-elle pas une sentence remarquablement juste, une sorte de prémonition, d’avertissement accueilli en son temps, par la dérision et la moquerie dont nous mesurons aujourd’hui toute la pertinence ? Le visionnaire qu’il était voulait expliquer, dans un style qui lui était propre, «qu’hier nous étions en difficulté et qu’aujourd’hui nous nous sommes empêtrés davantage en pataugeant dans la gadoue ?». Il est vrai que l’Homme évoluait à contre-courant, dans un environnement de certitudes absolues «des lendemains qui chantent», alors que le système en place donnait déjà des signes d’essoufflement qui n’échappaient pas au dirigeant averti, blanchi sous le harnais. Kaïd Ahmed malgré ses prises de position énergiques et claires pour rectifier la trajectoire, ne pouvait qu’être inaudible, la puissante machine de propagande bien huilée et les officines spécialisées se chargeant d’effacer toute trace de discours discordant.
Dans la nuit du 5 au 6 mars 1978, nous avons appris avec stupeur le décès à Rabat, de notre frère Si Slimane, Kaïd Ahmed, à un moment où il jouissait de toutes ses capacités intellectuelles et physiques. La mort l’a ravi à 56 ans, âge précoce pour le dirigeant qu’il était, à l’âge où l’on atteint la plénitude de ses moyens... Cette mort survenue brutalement a mis un point final au parcours d’un militant au long cours.
40 ans après, que pouvons-nous dire de cet homme d’État, disparu à un âge où il pouvait encore servir ce pays qu’il aimait tant, si la malveillance des uns et le dépit envieux des autres n’avaient pas connu leur aboutissement pour qu’il quitte la scène politique officielle, parce que contraint et forcé?
Oui, que pouvons-nous dire aux jeunes d’hier, devenus adultes, qui portent sur leurs épaules une vie de quarante années et plus, à ceux-là mêmes qui n’ont pas eu cette chance de le connaître dans la plénitude de sa force morale et intellectuelle ? Eh bien, on leur dévoilera ce grand dirigeant dans cette modeste présentation qui met en exergue quelques aspects politiques et humains qui le qualifiaient si bien dans ce monde qui, aujourd’hui, a tellement besoin de valeurs essentielles qui fondent les États et leurs systèmes. En effet, on leur dira, en nous excusant de notre tempérance, que Si Slimane, Kaïd Ahmed, ne peut être raconté en quelques pages, comme d’aucuns que l’Histoire ne saura consacrer pour leur indigence en matière d’érudition, de prééminence, de caractère et, on ne le dira jamais assez, de détermination dans leurs actions. Parce que Si Slimane était un tout. Il était cet Homme clairvoyant et, on ne peut plus lucide, qui s’était investi totalement, des décennies durant, dans la marche du pays, parce qu’il vivait tout simplement, depuis sa jeunesse, par et pour son pays. Là, ce ne sont pas des expressions dithyrambiques, que j’emploie pour la circonstance, sans conviction, ou simplement pour embellir un portrait peint pour l’occasion. Franchement, si cela avait été le cas, j’aurais manqué de loyauté et de bonne foi, pire que cela, j’aurais fait un affront à ma culture, celle justement qu’il prenait, lui-même, soin d’inculquer patiemment en pédagogue, aux jeunes militants pleins de fougue et d’espoir que nous étions. Ce dirigeant ne vivait que pour de généreux principes, se montrant plein d’attention pour les jeunes et les militants respectueux et honnêtes, qui n’avaient pour ambition que le désir d’être toujours utiles à leur pays.
En effet, Si Slimane ne vivait que pour des principes généreux, en responsable soucieux de la bonne marche du pays, sans attirance aucune pour les honneurs et les biens en ce bas monde. C’est ce qui nous revient à l’esprit, présentement, en ce jour anniversaire d’un départ brutal, sans un «au revoir», d’une disparition qui nous a fait mal, de par sa soudaineté et sa fulgurance, la rendant plus pénible à nos yeux. Oui, une pénible vérité !
Autant d’interrogations qui nous reviennent en ce 40ème anniversaire pour nous rappeler que la mort de Si Slimane – une amère réalité et une conséquence logique du destin, pour laquelle nous n’avons aucune médication – a laissé en nous, en ces moments douloureux, cette sensibilité et cette affection que nous ne pouvons cacher, de même que le sentiment du grand vide qu’il a laissé chez tous les militants qu’il avait su mobiliser, sensibiliser, former, éduquer et aussi aimer.
Ainsi, que pouvons-nous dire aux jeunes, en ce 40ème anniversaire de sa mort ? On ne saurait assez se remémorer ce que Kaïd Ahmed a entrepris dans l'intérêt de cette jeunesse avec laquelle il traçait l’avenir de notre pays. Rappelons-nous que Kaid Ahmed, affectionnait particulièrement le travail avec la jeunesse, en éducateur et en pédagogue qu’il était, convaincu dès les premières années, en tant que militant et jeune dirigeant politique, que le meilleur investissement devait être celui dirigé vers cette force vive et enthousiaste garante de la pérennité et du développement du pays. N’est-il pas ce dirigeant politique qui dans son discours d’ouverture du 1er Congrès de la Jeunesse de l’Union démocratique du Manifeste algérien (JUDMA), organisé du 26 au 30 aout 1953 à Tagdempt, capitale de l’Émir Abdelkader et haut lieu de la résistance à l’invasion française, avait fustigé avec force le colonialisme français en Algérie et sa longue liste de crimes et méfaits, appelant la jeunesse algérienne à s’organiser et à se préparer à affronter son destin. Il ponctuera son adresse ce jour-là, en déclarant : «…C’est dire qu’il est temps de songer à d’autres principes efficaces pour hâter le terme d’un enfer épuisant. Soyez d’excellents pasteurs et mettez en garde vos frères contre la ruse des mauvais bergers. Dans vos périmètres, parcourez les rues et les campagnes. Soyez le journal et la radio des infortunés. Soyez partout à tout moment et en toute circonstance au service de la bonne et juste cause : la libération du pays. La patrie, le peuple, les générations montantes sont en danger de mort. Vous serez demain, des héros ou alors les victimes d’un triste oubli. De toute manière, dites-vous bien que le tourbillon ne manquera pas de vous emporter dans sa rage. Pour la grandeur et le salut du pays, jeunesse algérienne, sel et produit de cette terre réveille-toi. Vive l’Algérie démocratique, libre et humaine ». N’est-ce pas là un discours prémonitoire, annonciateur de la Révolution du 1er Novembre 1954 ? De même qu’aujourd’hui, les situations de déliquescence prononcée que nous subissons en raison de l'indifférence d’esprits façonnés dans le moule de la truanderie, ne sont pas sans rappeler également, à quelques décennies d'intervalle, depuis ce funeste 5 mars 1978, les positions claires et audacieuses de Si Slimane...
Et la question reste encore posée : que pouvons-nous raconter aux jeunes, sur ce géant de l’Histoire contemporaine de l’Algérie ? D’emblée, et pour faire l’économie de tout le parcours de ce haut dirigeant qui a marqué de son sceau et le pays et les hommes et son temps, au sein des institutions de l’État et du parti du FLN, voyons ce qui demain, ad vitam æternam, le positionnerait au «sommet de la hiérarchie». D’abord et avant tout, ses pensées, incontestablement... ! Car le mieux qu’il possédait dans le florilège de ses textes, c’était ses belles pensées qu’on peut toujours cueillir et proposer comme une offrande, en hommage à une vie pleine de valeurs – au pluriel - puisqu’il en avait tellement. Et, c’est dans cet esprit, que nous allons publier, prochainement, l’ouvrage post-mortem intitulé : «Réflexions d’un visionnaire», recueil où il nous gratifie de précieuses informations et analyses sur divers sujets d’ordre politique, économique, social et culturel, qu’il a eus à traiter, de son vivant. Là, évidemment, nous aurons à loisir de découvrir l’homme de réflexion d’abord, et le visionnaire ensuite, dans son meilleur rôle, qu’il a toujours affectionné... celui du parler vrai, à cœur ouvert, sans fard ni complaisance, dans une compilation intelligente de ses nombreuses publications.
Racontons encore Si Slimane aux jeunes ... Et la meilleure façon qui nous vient à l’esprit est ce dialogue inédit et fort instructif que l’auteur avait imaginé tenir avec son propre fils, lors de la présentation de son ouvrage : Kaïd Ahmed, homme d’État.
«Hier, nous étions au bord du précipice, aujourd’hui, nous avons fait un grand pas en avant»
Cette assertion archi connu de Kaid Ahmed, évoquée en ce jour particulier, n’est-elle pas une sentence remarquablement juste, une sorte de prémonition, d’avertissement accueilli en son temps, par la dérision et la moquerie dont nous mesurons aujourd’hui toute la pertinence ? Le visionnaire qu’il était voulait expliquer, dans un style qui lui était propre, «qu’hier nous étions en difficulté et qu’aujourd’hui nous nous sommes empêtrés davantage en pataugeant dans la gadoue ?». Il est vrai que l’Homme évoluait à contre-courant, dans un environnement de certitudes absolues «des lendemains qui chantent», alors que le système en place donnait déjà des signes d’essoufflement qui n’échappaient pas au dirigeant averti, blanchi sous le harnais. Kaïd Ahmed malgré ses prises de position énergiques et claires pour rectifier la trajectoire, ne pouvait qu’être inaudible, la puissante machine de propagande bien huilée et les officines spécialisées se chargeant d’effacer toute trace de discours discordant.
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