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Daniel Yergin V : « Une guerre commerciale pourrait pénaliser les pétroliers américains »

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  • Daniel Yergin V : « Une guerre commerciale pourrait pénaliser les pétroliers américains »

    Auteur de plusieurs ouvrages sur le pétrole, Daniel Yergin estime qu'un conflit sur l'acier augmentera les coûts de production des pétroliers américains.

    Après avoir chuté sous les 50 dollars, le prix du baril est récemment remonté, avant de chuter de nouveau. Comment expliquer ces variations ?
    Les prix devraient se stabiliser entre 55 et 65 dollars. On l'a vu récemment : la flexibilité de la production américaine, en particulier dans le pétrole de schiste peut influer de manière durable sur les cours . Lorsque les prix remontent, les producteurs américains sont capables de produire davantage pour enrayer cette hausse, et inversement. Cela limite l'impact d'accords comme celui passé entre l'OPEC et la Russie. Il s'agit de cycles très courts. Et, même si les investisseurs commencent à demander aux producteurs de schiste des retours, le niveau des investissements se maintient. Le moment de grâce du schiste devrait donc durer.


    Les mesures protectionnistes, dans l'acier notamment, peuvent-elles enrayer cette mécanique ?
    Oui, l'économie mondiale dans son ensemble et le protectionnisme en particulier, sont en mesure de changer la donne. Les producteurs de pétrole américains consomment beaucoup d'acier. Cela peut donc impacter leur productivité et relancer les coûts de production. A plus long terme, les Etats-Unis auront besoin de l'accès aux marchés internationaux pour écouler leur production de brut.


    A quel horizon les Etats-Unis peuvent-ils devenir auto-suffisants en matière énergétique ?
    A très court terme. Si l'on considère toutes les sources d'énergie, le pays est aujourd'hui auto-suffisant à 90 %. Pour le pétrole, nous en sommes à 80 %. Le maintien de la production et les réserves de schiste devraient faire du pays, à l'avenir, l'un des plus gros exportateurs.


    Quelles sont les conséquences diplomatiques de cette nouvelle situation ?
    Le fait d'avoir différentes options, au niveau des pays producteurs, entre le monde arabe, la Russie ou les Etats-Unis, devrait faire baisser les tensions internationales. Dans le cas des relations sino-américaines, par exemple, il est bénéfique d'avoir une situation où l'un est fournisseur, l'autre importateur, plutôt que de voir les deux pays lutter pour l'accès à l'énergie. Et cela peut être une manière rapide d'améliorer le déficit budgétaire américain, qui a été source de tensions récemment.


    Quel est l'intérêt du plan offshore lancé il y a quelques semaines par l'administration Trump ?
    C'est davantage une vision de long terme. Le plan n'est pas encore très avancé. Aujourd'hui, l'industrie reste plutôt concentrée sur l'exploitation terrestre. En particulier la région du bassin permien (à l'ouest du Texas et au sud-est du Nouveau Mexique, NDLR), qui possède des capacités de production proches de celles de l'Arabie saoudite. Toutes les grandes compagnies pétrolières américaines, comme Exxon ou Chevron, y concentrent leurs investissements.


    Est-ce que cela signifie que les énergies renouvelables ne sont plus une priorité, aux Etats-Unis du moins ? Et qu'en est-il de l'impact environnemental du schiste ?
    Les renouvelables vont continuer de progresser. Les Etats ont réussi à maintenir les aides héritées de l'administration Obama, ce qui demeure la condition majeure au développement de l'industrie. Quant au débat sur l'impact environnemental, il a été tranché ici. Et ce n'était pas le fait de l'administration Trump, mais de l'administration Obama, qui a réalisé une étude sur la question. Elle concluait que, si la production était contrôlée de manière adéquate, il n'y avait pas de risque majeur.


    Quelle est la prochaine frontière en matière d'innovation pour le secteur ?
    Beaucoup investissent dans l'optimisation de la production avec l'aide des données. Le secteur du gaz et du pétrole est l'un de ceux qui produit le plus de données. Mais il y a encore des progrès à réaliser dans la manière dont on les exploite. C'est passionnant de voir que les compagnies pétrolières nouent des partenariats avec la Silicon Valley pour investir ce champ. A la CERAWeek, par exemple, les patrons du cloud de Google et Amazon sont présents cette année. Cela marque un vrai changement.



    lesechos
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