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Oran, Mostaganem… : on déteste ce pays ! par Kamel DAOUD

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  • Oran, Mostaganem… : on déteste ce pays ! par Kamel DAOUD

    A Mostaganem, à l’ouest du pays, un bidonville tout neuf. Il s’est installé, là, entre nuit et lune, sur un terrain agricole à l’entrée sud de la ville. C’est l’effet d’appel de la rente et des logements sociaux. C’est la nouvelle méthode de chantage au social. Le régime « tient » la population par la promesse de logement, il en obtient votes et soumission; les demandeurs « tiennent » le régime par la demande de logement gratuit, le bidonville et les constructions illicites ou le blocage des routes. Juste à côté, une immense mosquée, hideuse, en deux ou trois étages. C’est la troisième donne de l’équation algérienne : le religieux comme occupation de l’espace, de l’esprit, du bras, avant-bras, tête et vision du monde.

    La ville de Mostaganem, ses villages, sont devenus d’une saleté repoussante. Il n’y a qu’à s’y promener pour en avoir le cœur en semelle. On compare alors, sans cesse, la mémoire de l’enfance et le champ traversé de sachets en plastique, de déchets de chantiers. Et revient cette interrogation métaphysique : pourquoi ce peuple construit des mosquées partout, à bras-le-corps, sans esthétique ni architecture, et ne s’occupe ni de la saleté ni du travail, de la justice ou de la légalité, de l’école et de donner des noms aux étoiles ? Il y a une mosquée inachevée chaque cent mètres presque et surtout près des plages, dernier lieu de refuge du corps et de son droit au bronzage. Bien sûr, on va crier à l’impiété du chroniqueur parce qu’il parle de hideur des mosquées, de leur surnombre comparé aux entreprises, usines et fabriques, de l’insouciance face à l’écologie mais de l’obsession face au rite. C’est chose habituelle et facile de se réfugier derrière le dogme pour ne pas avoir à assumer le réel et de lyncher le premier qui parle de nos défaites. Et pourtant, il faut le dire : il y a trop de mosquées monstrueuses, construites n’importe comment, partout, sans arts ni utilité, destinées au vide et à apaiser les consciences. Et il n’y pas d’entreprises, de campagne pour un pays vert et propre, pour la santé de nos enfants, les loisirs, la joie et la vie. Triste tableau des villages traversés où s’adosser au mur et regarder la route est le seul pendant à la prière aveugle et hâtive. Eucalyptus coupés, stationnement en mode chamelle et pagaille et visages soupçonneux. Le pays est sans bonheur. Au village natal du chroniqueur, une grande salle au centre : « la salle des fêtes ». On s’en sert uniquement pour les obsèques et enterrements. Cela résume tout.

    En ville, à Mostaganem, de même qu’à Oran, la nouvelle mode : des affichettes sous les « feux rouges » qui vous appellent à consacrer le temps de l’attente à la prière et au repentir. On rêve alors d’un pays où on appelle à ne pas jeter ses poubelles par les vitres de sa voiture, où on appelle à ne pas salir et cracher, insulter et honnir, qualifier de traître toute personne différente et ne pas accuser les femmes en jupes de provoquer les séismes. On rêve de respect de la vie, des vies. Mais ce n’est plus le but de la nation. La nation veut mourir pour mieux vivre dans l’au-delà, plutôt que construire un pays, une souveraineté, une puissance. On rêve de prier et de mourir. On rêve de mosquées à chaque dix pas pour ne pas avoir à faire dix pas debout sur ses propres jambes. On rêve que Dieu fasse la pluie, les courses du marché, la guerre, la paix, la santé, les hôpitaux, la Palestine, les victoires, les récoltes et les labours, pendant qu’on regarde descendre du ciel des tables garnies. On ne rêve pas, on attend, pendant que les Chinois travaillent. Les Turcs l’ont bien compris au demeurant : ils ont offert à Oran une grosse mosquée (encore une autre tout près de celle de Ben Badis) et se sont fait offrir une gigantesque entreprise de rond à béton. Les Turcs ont offert une mosquée, pas un hôpital, pas une école de formation pour le transfert du savoir-faire, pas une université. Non, juste une mosquée. Nous, on va prier et eux vont construire leur puissance.

    Ces mosquées sont construites dans une sorte de zèle, parfois par des hommes d’affaires soucieux de se blanchir les os et le capital. Elles sont laides comme celle construite en haut de Santa Cruz, à Oran, servant juste à sanctifier un promoteur oranais, indécente de disgrâce et de pauvreté. Elles sont partout et le travail et le muscle ne sont nulle part. Et pourtant, on laisse faire l’affiche et l’architecte idiot. On ne demande pas d’autorisation, on n’a pas la foi sourcilleuse et la légalité en alerte. Aucun administrateur n’aura le courage de s’y opposer. On en aura pour fermer des locaux d’associations féministes à Oran. Là, le DRAG a du zèle en guise de courage et de la puissance. On a de la vaillance pour fermer deux églises car c’est plus facile, c’est du djihad et de la bravoure. On prétextera des agréments qu’on refuse de donner et de la fermeté qu’on n’a pas devant les affichages illégaux. Une question de muraille et de courte muraille selon nos proverbes.

    Le mauvais goût national

    On rêve. Je rêve de ce moment où on aura une entreprise algérienne chaque dix mètres, un appel à respecter la propreté de ce pays sous chaque feu rouge, une loi qui aura la même force face à une association de défense des droits de femmes que face à une zaouïa servile ou une mosquée clandestine ou une association islamiste. On rêve d’un pays, pas d’une salle d’attente qui attend l’au-delà pour jouir du gazon au lieu de le nourrir ici, sous nos pays, pour nous et nos enfants. On rêve et on retient, tellement difficilement, ce cri du cœur : pourquoi avoir tant combattu pour ce pays pour, à la fin, le maltraiter si durement ? Pourquoi avoir poussé nos héros à mourir pour transformer la terre sacrée en une poubelle ouverte ? Pourquoi avoir rêvé de liberté pour en arriver à couper les arbres et inonder le pays de sachets en plastique ?

    Retour. Encore des villages, des moitiés de villes aux constructions inachevées, des hideurs architecturales, entre pagodes, bunkers, fenêtres étroites alors que le ciel est vaste, ciments nus, immeubles érigés sur des terres agricoles au nom du « social », urbanisme de la dévastation. La crise algérienne, sa douleur se voit sur ses murs, son urbanisme catastrophique, son irrespect de la nature. Les années 90 ont été un massacre par la pierre et le ciment. Le « social » des années 2000 a consommé le désastre. Au fond, nous voulons tous mourir. Camper puis plier bagage. C’est tout.

    Arrivée près d’une plage à Mers El Hadjadj. Plage d’une saleté repoussante, inconcevable. On comprend, on a l’intuition d’une volonté malsaine de détruire les bords de mer, le lieu du corps et de la nature et de le masquer par des minarets et des prières. Car il y a désormais une mosquée à chaque plage. Insidieuse culpabilisation. Egouts en plein air. Odeurs nauséabondes. On conclut à une volonté nette de détruire ce pays et de le remplacer par une sorte de nomadisme nonchalant. Non, c’est une évidence : on n’aime pas ce pays, on s’y venge de je ne sais quel mal intime. Tout le prouve : la pollution, le manque de sens écologique, l’urbanisme monstrueux, la saleté, les écoles où on enterre nos enfants et leurs âmes neuves pour en faire des zombies obsédés par l’au-delà. Oui, c’est une volonté, on veut tuer cette terre. Et pendant ce meurtre, on ne trouve rien de mieux à faire que de s’attaquer à deux associations féministes à Oran. Bousculades, mots dans la tête, le cœur qui a mal, la main qui tremble sur le clavier. Tellement mal après juste une balade le long d’une route côtière. A revisiter les villages de son enfance devenus des cités-dortoirs et de mosquées défouloirs, des décharges publiques aux arbres coupés. Mais où est notre rêve de puissance et de liberté ? Pourquoi on veut tous mourir pour aller au paradis en fabricant un enfer pour nos descendants ? Pourquoi on veut tous construire des mosquées et pas un pays ? D’où vient cette maladie qui nous a conduits à nous tuer, tuer nos différences, tuer nos enfants qui ne sont pas encore nés et tuer le temps ?

    Oran. La ville s’étend vers l’Est et mange ses terres et ses récoltes. Immeubles en cohortes. Procession vers le vide. Cannibalisme de la terre. Il y a de l’irréparable dans l’air. Près d’une cité-dortoir, sous un feu rouge, la même affiche « occupe ton attente par la prière ! » Le pays est une grande mosquée construite par des Chinois, meublée par l’Occident, ravagée par les racines et destinée à surveiller le corps et la lune. On y prie pendant que les Turcs travaillent, le monde creuse et conquiert, les nations se disputent les airs et les cieux.
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

  • #2
    pourquoi faut il qu'il foute la religion dans tous ce qu'il écrit ??? il en deviens parano a la longue
    tu tombe je tombe car mane e mane
    après avoir rien fait ...on a souvent le sentiment d'avoir faillie faire ....un sentiment consolateur

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    • #3
      on déteste ce pays ! par Kamel DAOUD
      tout le monde le sait tu deteste l'algerie et tu aime ton roi
      المجد والخلود للرفيق والمناضل المغربي ابراهام سرفاتي

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      • #4
        Hello,

        KD : "insulter et honnir, qualifier de traître toute personne différente et ne pas accuser les femmes en jupes de provoquer les séismes."

        Nous ne pouvons reprocher à KD son impartialité dans l'analyse des faits et les conclusions qu'il en tire et partage avec nous quand on sait son opposition farouche à l'acharnement médiatique et politique à coup d'arrêtés municipaux et de unes de la presse relatant le séisme provoqué par le burqini (combinaison intégrale pour se baigner) portée sur une plage française l'été dernier! il fait bien de nous rappeler à nous les plus cons de la terre que le monde civilisé ne discrimine pas pour un morceau de tissu en plus ou en moins que la femme a choisi librement de mettre ou de retirer!

        KD, tu as le don de savoir écrire et, et c'est tout en fait!

        KD : "On rêve. Je rêve de ce moment où on aura une entreprise algérienne chaque dix mètres, un appel à respecter la propreté de ce pays sous chaque feu rouge"

        Curieux quand même d'opposer deux choses qui peuvent bien cohabiter parfaitement, à Paris je compte autant d'églises et de sénagogues que de feux de circulation cela n'empêche pas d'avoir et la propreté et les entrerprises. Dimanche pas loin de chez moi, une paroisse plus fréquentée que n'importe quel autre endroit à me demander parfois si les gens trouvaient le temps d'aller faire leurs courses, du sport et bien d'autres choses que nous impose le mode de notre époque! et lundi matin, les bouchons me font croire qu'il ne reste plus personne chez soi.

        A Rome, on y trouve plus de choses qui appartiennent au passé rappelant le fierté de Rome de son histoire, et d'églises que d'entreprises.

        Cependant KD croit nous dire quelque chose d'intelligent, il croit nous ouvrir les yeux sur un nouveau monde! c'est là que je le plains plus que je ne le condamne.
        Votre ennemi c'est celui que vous n'avez pas encore invité à déjeuner Edgar Faure

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        • #5
          pourquoi faut il qu'il foute la religion dans tous ce qu'il écrit ??? il en deviens parano a la longue
          il n’écrit plus pour les algériens, c'est pour un autre prix goncourt et pourquoi pas plus !

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          • #6
            chacun est libre de donner la lecture qu'il veut mais le texte contient des vérités qu'on ne pourrait nier !

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            • #7
              peggy
              il dit peut être des vérité , le problème c'est qu'il l'aménage a ça sauce et ça en deviens plus une vérité :
              exemple
              les demandeurs « tiennent » le régime par la demande de logement gratuit, le bidonville et les constructions illicites ou le blocage des routes. Juste à côté, une immense mosquée, hideuse, en deux ou trois étages. C’est la troisième donne de l’équation algérienne
              wech djab la mosquée dans le fait que des gens invente des squatte pour bénéficier de logement ?? cette mentalité de "profitage" et de tous vouloir gratuits , en sais tous d'ou ça viens et la, MR KD et a coté de la plaque on nous parlant de la mosquée .... il commence a ne plus etre pertinent quand il parle de l’Algérie , et bientôt ces dire ne serviront a rien .......
              tu tombe je tombe car mane e mane
              après avoir rien fait ...on a souvent le sentiment d'avoir faillie faire ....un sentiment consolateur

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              • #8
                il n'aime pas trop les mosquées c'est clair mais tu ne trouveras pas de journalistes objectifs, c'est aux lecteurs de filtrer et analyser !

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                • #9
                  Le constat est très juste...et Amer
                  Vous n'avez qu'à regarder les bâtiments et l'urbanisme de nos villes.


                  Le message de KD est clair, toute cette énergie déployé pour construire une mosquée "Pas belle" et dans des endroits "mal choisis" ... Alors qu'il y a d'autres priorités plus réelles pour laquelle on doit dépenser son énergie.

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                  • #10
                    Phileas,

                    "toute cette énergie déployé pour construire une mosquée "Pas belle" et dans des endroits "mal choisis" ... Alors qu'il y a d'autres priorités plus réelles pour laquelle on doit dépenser son énergie."


                    Je ne pensais pas que le budget des mosquées "privé" -dons des gens ordinaires à des associations, mêmes pas ils ne bénéficient des reductions d'impôts- était comparable au budget du gouvernementn, qui est censé être l'argent des citoyens/ du people sur lequel il faut render des comptes. Nagh match'akka?!
                    Votre ennemi c'est celui que vous n'avez pas encore invité à déjeuner Edgar Faure

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                    • #11
                      Des vérités bien assénées quoiqu'on en dise.

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                      • #12
                        Bachi,

                        J'aime les véritiés, aide-moi à les saisir? sincerely!

                        J'ai du mal à opposer deux choses qui n'ont rien à voir l'une avec l'autre, même si l'une se développe à la perfection cela n'aidera ni n'empêchera l'autre en rien!
                        Votre ennemi c'est celui que vous n'avez pas encore invité à déjeuner Edgar Faure

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                        • #13
                          La saleté des grandes villes, en voilà au moins une.

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                          • #14
                            OK, constat partagé et sans appel et que font les mosquées là-dedans, tu sais te l'expliquer?
                            Votre ennemi c'est celui que vous n'avez pas encore invité à déjeuner Edgar Faure

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                            • #15
                              pour les mosquées aussi, je suis d'accord avec KD...
                              c'est construit n'importe oû , n'importe comment. Une mosquée doit être belle dans son architecture. Cela doit être un temple digne de ce nom.

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