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La dramaturgie arabe entre crise et mauvaise prise en charge

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  • La dramaturgie arabe entre crise et mauvaise prise en charge

    La dramaturgie arabe traverse, à notre époque, des moments difficiles. L’industrie et le commercial, deux facteurs prédominants dans la pérennisation et la bonification de la création dramatique, étant inexistants ou déficients, les œuvres de qualité se font de plus en plus rares pour céder la place à des productions superficielles, voire médiocres.

    Un constat que des artistes, dramaturges, acteurs, réalisateurs, critiques et scénaristes orientaux, maghrébins et algériens ont partagé lors du séminaire sur la dramaturgie arabe, «réalités et perspectives» organisé mardi dernier à l’hôtel Sheraton dans le cadre de la 4ème édition des Fennecs d’or.

    La ministre de la Culture, Khalida Toumi, a ouvert ce séminaire en déplorant le manque d’échange entre les pays arabes en matière de productions cinématographiques et audiovisuelles. Elle reprochera notamment aux artistes arabes de ne pas s’enquérir des nouvelles productions cinématographiques et audiovisuelles maghrébines tout en déplorant la non-distribution des films arabes, égyptiens et syriens, entre autres, en Algérie. «L’Algérie a réalisé ces dernières années des films de qualité que la plupart des artistes arabes n’ont pas vus. Le célèbre film, l’Immeuble Yacoubian, je l’ai vu à Paris et non en Algérie. Comment peut-on parler de dramaturgie arabe dans ces cas-là ?», s’interroge-t-elle.

    Le scénariste égyptien Mahfoud Abderrahman sera le premier à intervenir au cours de ce séminaire pour aborder les différentes écoles et mouvements dans la dramaturgie arabe. Cependant, il ne fera qu’effleurer le sujet, préférant se concentrer sur l’état actuel de la dramaturgie arabe qui est, selon lui, en danger. «Dans les années 1960, les intellectuels arabes n’avaient pas de méthode ou de schéma pour aborder la dramaturgie. Mais avec le temps, avec l’expérience, ils ont pu instaurer une base de dramaturgie qui a ses propres caractéristiques. Mais les circonstances ont fait d’elle ce qu’elle est devenue aujourd’hui, prédominée par le côté commercial», dira-t-il.

    Les autres intervenants, à savoir Kace Salah Darwich et le critique marocain Mustapha El Messnaoui, ne feront pas mieux. Le premier se focalise également sur l’état de la dramaturgie arabe classique en soulignant qu’elle est, au même titre que la dramaturgie mondiale, en difficulté.«Ceci n’empêche pas l’apparition de nouvelles formes de dramaturgie», affirme-t-il en reconnaissant que la dramaturgie arabe connaît un grand problème en matière de scénario. Dans son intervention, il abordera également la problématique des dialectes, un autre des obstacles dont souffre la dramaturgie arabe. «Les Maghrébins suivent tous les films et productions audiovisuels arabes et maîtrisent les différents dialectes. Ce qui n’est pas le cas des téléspectateurs et cinéphiles des autres pays arabes qui n’ont pas connaissance des productions maghrébines.»

    Le critique marocain ne sera cependant pas d’accord avec cette analyse et affirmera que cette coupure entre les Maghrébins et les Orientaux n’est pas due à un problème dialectal. Pour sa part, il expliquera cette coupure par le simple rejet. «Le public maghrébin est prédisposé à recevoir les productions arabes alors que les Orientaux ne le sont pas», dira-t-il.

    Ces communications ne seront cependant pas au goût de certains participants qui ont jugé qu’elles étaient hors de propos. «Dans vos communications, vous n’avez pas dit grand-chose sur les écoles et les mouvements dans la dramaturgie arabe. M. Mahfoud, vous avez parlé de circonstances qui ont conduit la dramaturgie à ce qu’elle est aujourd’hui. Et les intellectuels dans tout cela ? Sont-ils des poissons morts qui se laissent emporter par le courant ? Ne sont-ils pas supposés être des poissons vivants qui lutteraient contre le courant pour créer un autre courant ?» s’est offusqué l’acteur jordanien Djamil Aouad.

    En réponse aux interventions sur le problème du dialecte dans la dramaturgie arabe, il dira que les spécialistes peuvent résoudre ce problème en réalisant des productions cinématographiques et audiovisuelles dans la langue arabe. «Après tout, le public oriental et maghrébin s’est bien adapté aux feuilletons mexicains et brésiliens traduits en langue arabe !» La dramaturgie arabe et la problématique de la programmation télévisuelle constituent l’autre axe traité lors de cette journée. L’ancien directeur de la programmation à la télévision algérienne, Ilyas Bel Aribi, a affirmé à ce propos que la télévision consacre de plus en plus d’espace à la dramaturgie.

    «Cependant, mis à part le mois de ramadhan où la production est foisonnante, la dramaturgie ciblée, pour enfants par exemple, est pratiquement inexistante dans la programmation des chaînes satellitaires», poursuit-il.
    La réalisatrice égyptienne Inaam Mohamed Ali confie pour sa part que la dramaturgie s’est transformée ces dernières années en marchandise soumise aux exigences de l’offre et de la demande, les gains et les pertes. «Les feuilletons sont plus des productions commerciales qu’artistiques, puisant dans la facilité que ce soit au niveau de l’écriture ou de la réalisation», conclut la cinéaste.

    Le critique égyptien Tarak el Chenawi, quant à lui, minimise la problématique de la prédominance du facteur commercial dans la production dramatique en affirmant que «les mauvais films ont toujours existé. Depuis le début du cinéma, on assiste à des films de qualité comme à des films de mauvaise qualité. Sauf que les bons films restent dans les mémoires alors que les autres meurent. On a l’impression que ces derniers sont de plus en plus nombreux parce que les chaînes satellitaires les programment pour remplir les espaces. Mais un film de qualité se protége par lui-même», soutient-il. Le dernier axe de ce séminaire se focalisera sur la distribution de la dramaturgie et l’état de cette dernière face à la mondialisation. Dans ce contexte, l’acteur jordanien Djamil Aouad a appelé les institutions officielles à intervenir dans le secteur de la distribution pour empêcher les particuliers d’imposer, dans le domaine de la création artistique, des lois purement commerciales. «L’Etat a le devoir de superviser, juger et non censurer les productions cinématographiques et audiovisuelles», insiste-t-il.

    L’acteur et producteur syrien Ayman Zaydan prendra la parole pour conclure avec une communication courte mais fort percutante. Dès l’abord, il remettra en cause le débat lui-même construit sur la dramaturgie arabe. Au lieu de s’attarder sur le pourquoi et le comment de la commercialisation de la dramaturgie arabe qui a d’ailleurs, rappelle-t-il, toujours existé, il a appelé les spécialistes à s’adapter à cette situation et tirer le meilleur du pire. «Au lieu de regretter une époque révolue, affrontons plutôt la réalité.

    La dramaturgie est construite sur trois principes : industrie, réalisation et médiatisation. Son côté commercial est indéniable. C’est une vérité qu’il faut accepter et à laquelle il faut s’adapter», soutient-il. Il évoquera également le dialectal qui n’est, pour lui, qu’un prétexte pour "camoufler» les productions de mauvaise qualité. Un travail bien fait surpasse tous les obstacles." Un bon film est un bon film et peu importe la langue ou le dialecte dans lequel il est conçu. Il faut dépasser ces faux problèmes. Nous avons un problème bien plus grave qui est la mondialisation, l’envahissement de l’industrie cinématographique et audiovisuelle étrangère. Il faut passer à autre chose, créer un bloc arabe pour soutenir, développer la dramaturgie arabe, faire d’elle une force concurrente contre l’industrie américaine notamment. Nous sommes tous responsables de l’état actuel de la dramaturgie arabe. Pour la sortir de sa crise, nous devons assumer et travailler, tous ensemble», tranche M. Zaydan.

    Par La Tribune

  • #2
    La dramaturgie n'a rien à voir avec le cinéma.
    Pour info, Sid ahmed Agoumi a joué dans le premier film réalisé et produit par un Saoudien....Les Ombres du Silence, avec un panel d'acteurs tunisiens, syrien, irakiens...
    Pour la diffusion des films arabes, il faudrait des moyens, et surtout des salles ( et hors Alger).

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