Violences à Jerada : La fin du «nouveau management des mouvements sociaux» ?
Les premiers heurts entre manifestants et forces de l’ordre et les arrestations qui ont immédiatement suivies, hier, mettent fin à trois mois d’un accord tacite passé par le ministère de l’Intérieur et le Hirak de Jerada : pacifisme et allégeance royale contre libre manifestation.
Après presque trois mois de manifestations quasi-quotidiennes à Jerada, les premières violences ont éclatées entre la police et les manifestants, mercredi. Selon la MAP, «des cas de blessures dont certaines graves ont été enregistrées parmi les forces de l’ordre, obligées d’intervenir mercredi pour disperser un sit-in non autorisé dans la ville de Jerada, a indiqué la préfecture de la province de Jerada».
Les blessés, graves également pour certains, se comptent tout autant du côté des manifestants. Ils ont préféré se faire soigner dans les maisons avec les moyens du bord, par peur de se faire arrêter en se rendant aux centres de santé.
Les réactions des autorités ne se sont donc pas fait attendre. Neuf manifestants ont été interpelés le jour même. Le ministère de l’Intérieur est-il en train de renoncer au nouveau «management des mouvements sociaux» que les responsables locaux du ministère de l’Intérieur se vantaient encore en janvier de mettre en œuvre ?
Une attitude contrastée
Loin de l’escalade de violence observée hier, un haut responsable régional de l’Intérieur tenait un autre discours, en janvier dernier. Il avait ainsi expliqué à ******** :
«Nous avons choisi d’adopter une démarche pédagogique, avec beaucoup de dialogue et de sagesse dans la gestion du conflit, qui pourrait constituer une source d’inspiration ailleurs dans d’autres situation. Les protestataires ont toujours revendiqué l’aspect pacifique de leur revendication. Ils chantent l’hymne national et portent le drapeau et le portrait du roi. Ils ne s’attaquent pas au gouvernement et ont beaucoup de respect pour le wali. Du côté des autorités, nous avons réagi en proportion, en fonction de cette attitude pacifique : il n’y a eu aucune arrestation, aucune incarcération, même si toutes les manifestations ne répondent pas toujours à l’obligation de déclaration faite par la loi des libertés publiques de 1958.»
Alors qu’à Al Hoceïma, la «participation à une manifestation non autorisée» a servi de motif principal à une grande partie des arrestations opérées depuis l’été 2017, elle n’a pas été considérées jusqu’à hier comme suffisante pour faire intervenir les forces de l’ordre à Jerada. Cet hiver, les autorités locales sont mêmes restées discrètes lors des marches contestataires.
L’encadrement des manifestations, extrêmement sévère, a surtout été effectué par l’organisation du mouvement elle-même. A ce moment-là, Mohamed Kerzazi, membre de l’Association marocaine des droits humains (AMDH), l’avait souligné à ******** :
«Il n’y a aucune alternative au travail dans les mines à Jerada. Pourtant, les manifestations restent pacifiques. Des gens viennent de toute la province pour les manifestations à Jerada sans craintes. Il y a même des familles, car les gens se sentent en sécurité. L’Etat doit être fier de ce genre de manifestations.»
Un revirement inquiétant
Les hommes d’une part, les femmes, de l’autre, les journalistes redirigés méthodiquement voire agressivement vers des interlocuteurs désignés et, surtout, des slogans bien définis : «Ne scandez que les slogans du Hirak, si vous voulez proposer un slogan, faites le auprès de la commission des slogans ; n’allez pas parler des oiseaux de paradis», avait ainsi lancé au micro un jeune leader.
Derrière lui, comme en tête de chaque cortège, le portrait du roi et un drapeau du Maroc. Même sur l’affiche figurant une tête de mort surmontée de la lampe frontale des mineurs, une couronne royale renouvelait l’allégeance du mouvement au Roi.
«Les jeunes membres du mouvements affirment que leurs revendications ne sont que d’ordre économique et social par craintes de ce qui s’est passé à Al Hoceima. Ils veulent montrer au Makhzen qu’ils ne veulent que le pain ! Mais ce n’est pas logique et le Makhzen n’est pas naïf. Les jeunes en sont conscients mais ne veulent pas politiser le mouvement et surtout ne veulent pas donner au Makhzen de prétexte à une répression politique», nous avait expliqué en janvier Mohamed Elouali, syndicaliste à la FNE, pour expliquer l’équilibre trouvé jusque-là entre manifestants et Intérieur. Hier, cet équilibre s’est rompu.
Yabi....
Les premiers heurts entre manifestants et forces de l’ordre et les arrestations qui ont immédiatement suivies, hier, mettent fin à trois mois d’un accord tacite passé par le ministère de l’Intérieur et le Hirak de Jerada : pacifisme et allégeance royale contre libre manifestation.
Après presque trois mois de manifestations quasi-quotidiennes à Jerada, les premières violences ont éclatées entre la police et les manifestants, mercredi. Selon la MAP, «des cas de blessures dont certaines graves ont été enregistrées parmi les forces de l’ordre, obligées d’intervenir mercredi pour disperser un sit-in non autorisé dans la ville de Jerada, a indiqué la préfecture de la province de Jerada».
Les blessés, graves également pour certains, se comptent tout autant du côté des manifestants. Ils ont préféré se faire soigner dans les maisons avec les moyens du bord, par peur de se faire arrêter en se rendant aux centres de santé.
Les réactions des autorités ne se sont donc pas fait attendre. Neuf manifestants ont été interpelés le jour même. Le ministère de l’Intérieur est-il en train de renoncer au nouveau «management des mouvements sociaux» que les responsables locaux du ministère de l’Intérieur se vantaient encore en janvier de mettre en œuvre ?
Une attitude contrastée
Loin de l’escalade de violence observée hier, un haut responsable régional de l’Intérieur tenait un autre discours, en janvier dernier. Il avait ainsi expliqué à ******** :
«Nous avons choisi d’adopter une démarche pédagogique, avec beaucoup de dialogue et de sagesse dans la gestion du conflit, qui pourrait constituer une source d’inspiration ailleurs dans d’autres situation. Les protestataires ont toujours revendiqué l’aspect pacifique de leur revendication. Ils chantent l’hymne national et portent le drapeau et le portrait du roi. Ils ne s’attaquent pas au gouvernement et ont beaucoup de respect pour le wali. Du côté des autorités, nous avons réagi en proportion, en fonction de cette attitude pacifique : il n’y a eu aucune arrestation, aucune incarcération, même si toutes les manifestations ne répondent pas toujours à l’obligation de déclaration faite par la loi des libertés publiques de 1958.»
Alors qu’à Al Hoceïma, la «participation à une manifestation non autorisée» a servi de motif principal à une grande partie des arrestations opérées depuis l’été 2017, elle n’a pas été considérées jusqu’à hier comme suffisante pour faire intervenir les forces de l’ordre à Jerada. Cet hiver, les autorités locales sont mêmes restées discrètes lors des marches contestataires.
L’encadrement des manifestations, extrêmement sévère, a surtout été effectué par l’organisation du mouvement elle-même. A ce moment-là, Mohamed Kerzazi, membre de l’Association marocaine des droits humains (AMDH), l’avait souligné à ******** :
«Il n’y a aucune alternative au travail dans les mines à Jerada. Pourtant, les manifestations restent pacifiques. Des gens viennent de toute la province pour les manifestations à Jerada sans craintes. Il y a même des familles, car les gens se sentent en sécurité. L’Etat doit être fier de ce genre de manifestations.»
Un revirement inquiétant
Les hommes d’une part, les femmes, de l’autre, les journalistes redirigés méthodiquement voire agressivement vers des interlocuteurs désignés et, surtout, des slogans bien définis : «Ne scandez que les slogans du Hirak, si vous voulez proposer un slogan, faites le auprès de la commission des slogans ; n’allez pas parler des oiseaux de paradis», avait ainsi lancé au micro un jeune leader.
Derrière lui, comme en tête de chaque cortège, le portrait du roi et un drapeau du Maroc. Même sur l’affiche figurant une tête de mort surmontée de la lampe frontale des mineurs, une couronne royale renouvelait l’allégeance du mouvement au Roi.
«Les jeunes membres du mouvements affirment que leurs revendications ne sont que d’ordre économique et social par craintes de ce qui s’est passé à Al Hoceima. Ils veulent montrer au Makhzen qu’ils ne veulent que le pain ! Mais ce n’est pas logique et le Makhzen n’est pas naïf. Les jeunes en sont conscients mais ne veulent pas politiser le mouvement et surtout ne veulent pas donner au Makhzen de prétexte à une répression politique», nous avait expliqué en janvier Mohamed Elouali, syndicaliste à la FNE, pour expliquer l’équilibre trouvé jusque-là entre manifestants et Intérieur. Hier, cet équilibre s’est rompu.
Yabi....
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