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MAROCInvestissement - Moulay M'hamed Elalamy : « Notre objectif est de réconcilier en Afrique le capital avec l'avenir »

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  • MAROCInvestissement - Moulay M'hamed Elalamy : « Notre objectif est de réconcilier en Afrique le capital avec l'avenir »

    Au lendemain de la transformation du groupe Saham en fonds d'investissement panafricain, son administrateur directeur délégué s'est confié au Point Afrique sur le sens et la portée de cette initiative sans précédent sur le continent.

    C'est ce qu'on appelle un virage à 180 degrés. Alors qu'il était présent dans 26 pays à travers 35 compagnies d'assurance, le groupe vient donc de permettre à Sanlam, premier groupe d'assurance en Afrique avec une capitalisation boursière de 16 milliards de dollars, au terme d'un accord conclu le 8 mars dernier, d'augmenter sa participation dans le capital de ses filiales assurance et d'en prendre le total contrôle. Pour le groupe marocain, il s'agit d'une manœuvre mûrement réfléchie et qui se fond dans la dynamique chérifienne de mieux s'impliquer, de mieux s'imbriquer dans le tissu économique et entrepreneurial des pays d'Afrique subsaharienne. Et la personnalité de ceux qui sont à la manœuvre démontre combien les entreprises marocaines croient en l'avenir de l'Afrique. Voilà qui explique pourquoi le groupe Saham a choisi de se transformer en fonds d'investissement panafricain, « avec l'ambition de renforcer davantage sa position d'acteur stratégique continentale », précise-t-on au siège du groupe. C'est que le groupe Saham veut capitaliser sur sa riche expérience accumulée sur le continent et surtout être un acteur de premier plan quant aux projets d'envergure concernant le continent africain. Avec sa force de frappe de plus de 14 000 collaborateurs, le groupe fondé en 1995 par Moulay Hafid Elalamy, brillant homme d'affaires marocain, actuellement ministre de l'Industrie, de l'Investissement, du Commerce et de l'Économie numérique mais aussi président du comité de candidature du Maroc pour la Coupe du monde de 2026, veut donc faire la différence. Moulay M'hamed Elalamy, son administrateur directeur délégué, a bien voulu répondre aux questions du Point Afrique.
    Le Point Afrique : Pourquoi avoir choisi le basculement de Saham vers un fonds d'investissement panafricain ?

    Moulay M'hamed Elalamy : Nous avions le sentiment, de manière collective au sein du groupe Saham, qu'un tournant stratégique se dessinait devant nous. Après plus de vingt ans d'existence, nous cherchions le moyen de ne pas nous laisser « institutionnaliser », du fait de la taille très importante atteinte par le groupe. Nous sommes entrepreneurs dans l'âme et nous avons réussi, au fil des années, à attirer des investisseurs de premier plan, qui ont toujours gagné de l'argent avec nous : Banque mondiale, Abraaj, Kingdom, Wendel, ou encore notre partenaire Bertelsman.

    Ces derniers ont d'abord été attirés par notre capacité à gérer et développer des activités sur le continent, en implémentant les meilleurs standards internationaux de gouvernance. C'est donc dans le continuum de cette démarche et pour retrouver pleinement notre âme d'entrepreneur que nous devenons un fonds d'investissement panafricain. En bref, nous voulons croiser nos savoir-faire acquis au fil des années avec notre capacité à attirer des investisseurs importants : notre objectif est de réconcilier en Afrique le capital avec l'avenir. Le futur se dessine maintenant pour nous.

    Pourquoi maintenant ?

    Saham Finances est arrivé à une certaine maturité et bien qu'il lui restât encore une marge de progression substantielle, nous souhaitions pouvoir nous redéployer sur des métiers d'avenir. Selon nous, il était temps qu'un repreneur industriel pilote Saham Finances, afin de lui donner un nouveau souffle, et en lui faisant bénéficier de tout un savoir-faire technique. Pour ces raisons, Sanlam est à notre sens le meilleur repreneur possible, d'autant plus que nous les avons côtoyés pendant trois ans. De plus, nous avons identifié des opportunités qu'il nous paraissait stratégique de saisir en 2018…

    Comment faut-il interpréter, dans une structure comme Saham qui passe de l'assurance à l'investissement panafricain, l'importance d'un centre de recherche comme la Digital Factory ?

    La digital Factory, qui reste au sein de Saham Finances, est un exemple de la capacité de Saham à réinventer des métiers, et à créer de la valeur par la transformation d'entreprise. La digital Factory a permis, par exemple, de changer la culture corporate de Saham Assurance Maroc, pour la rendre « customer centric ». À ce titre, ce n'est pas seulement un centre de solutions et de création d'outils, mais un changement radical dans la façon de travailler de nos collaborateurs, qui travaillent désormais avec la méthode agile. D'une certaine manière, la digital factory a été un laboratoire de la manière de faire de Saham, et nous comptons dupliquer ce modèle sur d'autres secteurs.

    Comment comptez-vous vous en servir pour faire la différence avec les autres fonds d'investissement qui existent et s'intéressent au continent ?

    La différence entre Saham et les autres fonds qui s'intéressent au continent est notre capacité à être actif dans la gestion des investissements. Nous sommes, et c'est notre tempérament, un investisseur qui a vocation à gérer les business et nous ne souhaitons pas être un partenaire passif au sein des cibles que nous poursuivons.
    Il est donc nécessaire pour nous d'utiliser des outils, et notamment le digital, pour travailler en profondeur la refonte des process des entreprises dans lesquelles nous investirons. La révolution digitale de même que la 4e révolution industrielle s'imposent à tous. Nous ne souhaitons pas les subir, mais anticiper sur leurs effets.

    D'aucuns disent que le digital pourrait sauver la fiscalité africaine en permettant de limiter la déperdition que les États subissent aujourd'hui du fait du secteur informel. Envisagez-vous quelque chose dans ce sens ? Si oui, comment ?

    Je pense qu'il faut être prudent lorsque l'on affirme que le digital pourra résorber tout ou une partie des recettes fiscales non collectées en Afrique du fait de la prévalence de l'informel. Si l'on parle de bancarisation et de réduction de la part des paiements en espèces, les bénéfices paraissent évidents pour le continent. En revanche, l'idée selon laquelle l'on pourra à court terme récolter une part contributive même modeste permettant un élargissement substantiel de l'assiette fiscale dépend de beaucoup d'autres paramètres comme la stimulation de l'entrepreneuriat, la mise en place d'outils juridiques adaptés, et la réforme d'un certain nombre d'autres sujets tels que les barrières tarifaires et non tarifaires, ainsi que la justice commerciale.

    Saham a toujours été un contribuable important, dans toutes les juridictions où nous opérons, que ce soit dans le secteur des services ou dans d'autres secteurs plus capitalistiques. Notre conviction, c'est qu'il faut qu'il y ait émergence de grandes entreprises africaines, des « champions du Sud », car ces grandes entreprises structurent l'activité dans les pays et tirent vers le haut leurs sous-traitants, créant des effets d'entraînement vertueux. Donc sur le volet fiscalité, le digital est certes important, mais le paramètre fondamental pour accélérer le mouvement est, selon moi, la création de grands groupes panafricains…comme celui que nous ambitionnons de développer.

    Parmi les défis que l'Afrique doit relever, il y a celui des infrastructures. Comptez-vous vous impliquer dans ce chantier ? Si oui, pourquoi et comment ?

    Notre savoir-faire est plutôt dans les services que dans les infrastructures. Nous pourrions nous intéresser aux infrastructures mais à travers le volet transition climatique, durabilité et résilience. Mais, à ce stade, nous n'avons pas de projets allant dans cette direction.

    La Banque africaine de développement a fait de l'agriculture l'une de ses priorités. Comptez-vous vous inscrire dans ce sillage et soutenir les initiatives issues du monde agricole et de ses dépendances ?

    Nous regardons avec beaucoup d'attention le programme développé par le Dr Adesina, et partageons sa conviction que l'Afrique peut-être le « grenier du monde » si un certain nombre de conditions sont réunies. Nous avons d'ailleurs commencé au Maroc avec un investissement important dans le palmier dattier, et nous regardons déjà des investissements potentiels dans d'autres pays.

    L'une des thématiques récurrentes en Afrique est la priorité de la création de valeur ajoutée sur place. Comment Saham compte-t-elle jouer sa partition dans ce challenge d'importance qui va impacter les emplois sur le continent ?

    Pour la partie création d'emploi – car l'on continue d'investir dans les services externalisés, notamment dans l'Offshoring – l'enjeu n'est plus d'être low-cost mais best-cost. Ce n'est plus la main-d'œuvre bon marché qui est à la base de nos métiers, car ils nous imposent de la formation et du transfert de compétence (KPO, Knowledge Process Outsourcing et EPO, Engineering Process Outsourcing). Notre objectif est de contribuer à l'employabilité des jeunes en leur offrant des plateformes d'emploi qui leur permettront d'apprendre un métier et de poursuivre une carrière. Selon nous, c'est cette question d'employabilité qui est au cœur de la création de valeur locale, car elle génère de nombreuses externalités positives, augmente le pouvoir d'achat, et fait que les marchés locaux deviennent viables en atteignant la taille critique.

    Comment voyez-vous Saham dans les trois ans à venir ?

    Depuis sa création Saham se projette sur les dix ans à venir au minimum. Ce que je peux vous dire sur le court terme, c'est que mécaniquement, avec notre transformation en fonds d'investissement, nous aurons une force de frappe et une taille démultipliée, ce qui nous permet d'embrasser des projets d'envergure. Je vous donne rendez-vous dans quelques mois afin de nous juger sur pièce…

    le Point fr

  • #2
    La digital Factory, qui reste au sein de Saham Finances, est un exemple de la capacité de Saham à réinventer des métiers, et à créer de la valeur par la transformation d'entreprise. La digital Factory a permis, par exemple, de changer la culture corporate de Saham Assurance Maroc, pour la rendre « customer centric ». À ce titre, ce n'est pas seulement un centre de solutions et de création d'outils, mais un changement radical dans la façon de travailler de nos collaborateurs, qui travaillent désormais avec la méthode agile. D'une certaine manière, la digital factory a été un laboratoire de la manière de faire de Saham, et nous comptons dupliquer ce modèle sur d'autres secteurs.
    Voilà la difference entre nos businessmen et les pseudo businessman en algerie qui ne courent que soit vers le titre de roi-importateur ou le monopole sectoriel avec subventions etatiques. Sans parler de l'etat et ses structures archaiques dignes de l'ex URSS.. l'entreprise nationale algerienne de fabrication des camions, la société populaire algerienne des medicaments ...etc

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