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La France face à l’affaire libyenne: chronique d’une lâcheté politique

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  • La France face à l’affaire libyenne: chronique d’une lâcheté politique

    21 MARS 2018 PAR ANTTON ROUGET
    Depuis plus de six ans, le pouvoir politique a constamment détourné le regard du dossier, écartant même l’hypothèse d’une commission d’enquête parlementaire sur l'évolution des relations entre Paris et Tripoli et le déclenchement de la guerre de 2011.


    La politique de l'autruche. Depuis 2012, malgré le chaos en Libye, malgré les soupçons de financement occultes et les arrangements de la France avec une dictature, le pouvoir politique a constamment détourné le regard de l’affaire Sarkozy-Kadhafi, qui présente les plus graves symptômes d'un scandale d’État.

    À l'étranger pourtant, les autres puissances occidentales embarquées dans la guerre en Libye ont affronté leur passé. Le constat est saisissant. En Grande-Bretagne, une commission parlementaire des affaires étrangères, composée en majorité de députés conservateurs, a enquêté sans relâche en refusant la version officielle servie par l'ancien premier ministre David Cameron. En septembre 2016, cinq ans après l'intervention militaire en Libye, la commission livrait des conclusions fracassantes, allant jusqu'à dénoncer le fait que l’opération, destinée à protéger les civils, s'était transformée en une « politique opportuniste de changement de régime ».

    Nicolas Sarkozy et David Cameron, à Benghazi, en septembre 2011, avec le chef du Conseil national de transition (CNT) Moustapha Abdeljalil. © Reuters
    Nicolas Sarkozy et David Cameron, à Benghazi, en septembre 2011, avec le chef du Conseil national de transition (CNT) Moustapha Abdeljalil. © Reuters
    Aux États-Unis, Barack Obama a aussi admis, en mars 2016, dans les colonnes du magazine The Atlantic, que la Libye était « plongée dans le chaos » depuis l’opération militaire. Avant d'assumer, un mois plus tard, sa part de responsabilité : « Ma pire erreur aura probablement été de n'avoir pas mis en place un plan pour “l'après” au lendemain de ce qui fut, je pense, une intervention justifiée en Libye », a-t-il reconnu dans un entretien accordé à Fox News avant son départ de la Maison Blanche.

    Et en France… rien. Ni enquête parlementaire, ni initiative politique visant à interroger, au-delà des éléments couverts par l’enquête judiciaire sur le financement de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007, les possibles compromissions politiques, diplomatiques, commerciales ou militaires au plus haut sommet de l’État.

    Au terme de cinq années de présidence, François Hollande lui-même ne semblait pourtant pas douter de la valeur des informations révélées par Mediapart, dont la justice s’est saisie depuis avril 2013. Dans un passage resté relativement inaperçu du livre-entretien « Un président ne devrait pas dire ça… » (éd. Stock), publié par les deux journalistes du Monde Gérard Davet et Fabrice Lhomme en octobre 2016, le locataire de l’Élysée faisait cette surprenante déclaration, sans pincettes : « Moi, président de la République, je n’ai jamais été mis en examen… Je n’ai jamais espionné un juge, je n’ai jamais rien demandé à un juge, je n’ai jamais été financé par la Libye… »

    Preuve qu'il avait déjà pris la mesure de la gravité du sujet en juillet 2012, le président livrait cette confidence, à la suite de l’extradition de la Tunisie vers la Libye, le 24 juin 2012, de l’ancien premier ministre de Kadhafi, Baghdadi al-Mahmoudi : « Nous avons parlé de ce sujet [avec Moncef Marzouki, président tunisien alors en visite à Paris – ndlr]. Nous souhaitons que les dictateurs et ceux qui ont participé à des régimes corrompus et sanguinaires puissent être traduits devant le tribunal pénal international. Cela vaut partout et cela vaut pour tous. D'autant que pour la personne concernée, il y avait sûrement des informations à obtenir qui seraient utiles pour connaître un certain nombre de flux. »

    Dès lors, pourquoi avoir constamment tourné le dos aux propositions de création d’une commission d’enquête parlementaire ?


    Les socialistes n’ont pas toujours été si timorés : lorsqu'elle était dans l'opposition, la gauche a multiplié les appels à enquêter sur les relations franco-libyennes de l'ère Sarkozy.

    En mars 2012, en pleine présidentielle, Mediapart publie le contenu du document dans lequel le marchand d’armes Ziad Takieddine décrit les « modalités de financement » qui auraient servi à la campagne présidentielle de 2007. La députée Delphine Batho, alors porte-parole de la campagne de François Hollande, demande immédiatement à Nicolas Sarkozy de « s'expliquer sur la nature de ses relations passées avec le colonel Kadhafi ». « Je pense qu’il devrait s’expliquer, notamment sur ce lien qui est fait sur sa visite officielle en Libye en octobre 2005 et les rendez-vous qui auraient été d’une autre nature. Bien entendu, je parle au conditionnel. Je ne veux pas préjuger de quoi que ce soit, mais je pense qu’il devrait s’expliquer lorsqu’il y a des informations aussi troublantes », justifiait alors la parlementaire.

    À l'époque porte-parole du PS, Benoît Hamon insistait aussi sur la nécessité de faire la lumière sur ce dossier : « Si ces révélations sont vraies, elles sont très graves, affirmait-il à la même période. Elles remettent en question la probité de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007 et prouvent que des financements occultes ont été monnayés, que les amis de l’UMP ont joué un rôle néfaste pour la démocratie française. Que le président arrête de nous servir la théorie du complot et qu’il cesse de faire obstacle à la manifestation de la vérité. »

    Toutes les demandes d’enquête parlementaire sont restées sans réponse
    L'ancien député de la Nièvre Christian Paul, déjà à l'initiative d'une demande de commission d’enquête parlementaire sur l’application des accords de sécurité entre la France et la Libye, abondait, en justifiant le besoin de se pencher sur les relations franco-libyennes dans leur ensemble : « Le financement de la campagne de Sarkozy serait sans doute l’un des griefs les plus graves dans ces relations, mais il y a d’autres choses. Les ventes de matériel de surveillance, les accords de défense et de sécurité qui ont été signés avec la Libye... Et je ne parle même pas de la venue de Kadhafi à Paris pour le fameux 14-Juillet… », expliquait-il. Avant d'affirmer que, pour que « la page » soit « tournée », il était nécessaire de faire la lumière sur « la façon dont la France, pendant toute cette période, a organisé le copinage sous diverses facettes avec les dictatures dans le monde méditerranéen ou dans le monde arabe », qu’il jugeait « absolument scandaleuse ».

    Seulement voilà, malgré l’alternance de 2012, le pouvoir politique français n'a rien fait pour essayer de reconstituer le puzzle des relations franco-libyennes. Après avoir accédé à l’Élysée, fait basculer la majorité au Sénat puis à l'Assemblée, les rares initiatives de parlementaires socialistes sont toutes restées lettre morte.

    Dès l'automne 2012 pourtant, la proposition d’ouvrir une commission d’enquête sur les secrets libyens de la présidence Sarkozy a été soutenue par plusieurs députés de la majorité (Razzy Hammadi, Arnaud Leroy, Sébastien Denaja, François-Michel Lambert, Sergio Coronado, Daniel Goldberg…). Alors élu des Français de l’étranger (dans une circonscription couvrant la Libye) et secrétaire de la commission des affaires étrangères, Pouria Amirshahi a été l’un des fers de lance sur le sujet. « On est passé du baiser honteux, qui ressemblait à de la prostitution, à la poudre, à la guerre. La question d’une éventuelle corruption est évidemment très présente », déclarait-il en 2012 au sujet des relations entre Sarkozy et Kadhafi, considérant que « cette affaire est à mettre au rang des scandales d’État potentiels. Il faut absolument savoir si, et comment, Nicolas Sarkozy a utilisé ses relations avec Kadhafi, puis la guerre contre lui à des fins personnelles ».

    Son collègue socialiste Nicolas Bays, ancien vice-président de la commission de la défense de l’Assemblée, justifiait lui l'ouverture d'une enquête par « les questions qui se posent et qui engagent l’image de la France. La France a fait plus qu’outrepasser le mandat de l’ONU pendant la guerre ». Mais comme les tentatives précédentes, sa nouvelle proposition formulée en novembre 2014 n'a pas été suivie par sa propre majorité.

    Le pouvoir socialiste n'a pas été bousculé par son opposition. Sans surprise, pendant tout le quinquennat Hollande, la droite a sacrifié l'exigence de vérité – même sur la seule question de la guerre en Libye – au profit de l'unité de sa famille politique autour de son ancien président. Le retour de Nicolas Sarkozy aux affaires fin 2014 n'a pas dû aider les parlementaires à s'émanciper de la doxa du parti.

    Neuf mois après son élection de mai 2017, Emmanuel Macron s’est livré, en février dernier, à l’une des plus vives critiques de l’intervention de l’OTAN en Libye, en 2011. S’exprimant devant l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), le président français a déclaré à cette occasion que « l’Europe, les États-Unis et quelques autres ont une responsabilité dans la situation actuelle en Libye (...). Je n’oublie pas que plusieurs ont décidé qu’il fallait en finir avec le dirigeant libyen sans qu’il y ait pour autant de projet pour la suite ». Mais Macron n'a jusqu'ici jamais proposé de faire toute la lumière sur les conditions de déclenchement de la guerre.

    Finalement, ironie du sort, la seule enquête parlementaire sur les relations franco-libyennes aura été menée sous l'impulsion de… Nicolas Sarkozy en personne. En octobre 2007, après l'épique libération des infirmières bulgares, le chef de l'opposition de l'époque, un certain François Hollande, alors patron du PS, avait publiquement réclamé la création d'une commission d'enquête afin d'étudier les conditions de négociation entre Paris et Tripoli.

    Nicolas Sarkozy répondra favorablement à cette requête, son premier ministre François Fillon estimant alors que l'enquête permettrait « d'éclairer en toute objectivité la représentation nationale sur les développements récents des relations entre la France et la Libye, y compris en matière d'armement ».

    Trois mois plus tard, entre auditions secrètes et mensonge avéré du bras droit de Nicolas Sarkozy, Claude Guéant, cette commission se clôturera sur un goût d'inachevé. Même son rapporteur, le député UMP Axel Poniatowski, reconnaîtra en janvier 2008 que la commission n'a pas « pu tout éclaircir ». Force est de constater que, dix ans plus tard, le Parlement n'a pas été capable d'aller bien plus loin.
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

  • #2
    La France a volé exploité toute l'Afrique depuis Napoléon . Cet homme devrait être jugé pour crime de guerre et passé au karsher , pour camoufler toutes les preuves avec l'aide de ses amis il a détruit et massacré tout un pays .
    VOLEUR ASSASSIN !

    Voilà pourquoi nous sommes plus bas , par ce que c'est la malhonnêteté, l'hypocrisie qui règne dans ce monde .

    À l'étranger c'est la honte d'être français aujourd'hui .

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