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MAROC: Emploi industriel : Moulay Hafid Elalamy joue encore avec les chiffres

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  • MAROC: Emploi industriel : Moulay Hafid Elalamy joue encore avec les chiffres

    Moulay Hafid Elalamy (MHE) a présenté hier à la presse ce qu’il considère comme les véritables chiffres de l’emploi dans l’industrie. Pour lui, le Plan d’Accélération industrielle tiendra ses promesses de 500 000 emplois supplémentaires d’ici 2020. Rien n’est moins sûr.

    Le ministère de l’Industrie s’est livré à un exercice original hier, jeudi 22 mars, lors d’une conférence de presse organisée au siège du ministère : livrer les résultats de l’enquête sur l’emploi dans l’Industrie qu’il a lui-même réalisé. L’objectif est sans détour, Moulay Hafid Elalamy ne veut pas se contenter des chiffres du HCP qui annonce que le secteur détruit des emplois au lieu d’en créer massivement comme l’annonce son Plan d’Accélération Industrielle 2014-2017. Le ministre a donc choisi de développer les siens.

    Même si la manœuvre est grossière, c’est la première fois que le ministère tente de justifier ses statistiques. Jusqu’ici, il s’était toujours contenté de les présenter comme des évidences. «Il ne peut y avoir qu'un seul vrai chiffre, et ceux que je vous présente aujourd’hui sont certifiés avec comme sources la CNSS, la DGI ou encore l’Office des changes. Je défie quiconque veut les contester», a lancé le ministre à son publique selon Médias24. Zouhair Aït Benhamou, économiste et doctorant à l’Université Paris Nanterre, a relevé le défi par une série de tweets et Ya-biladi lui emboite le pas.

    Créations nettes ou brutes ?

    «Systématiquement, Othman El Ferdaous, Moulay Hafid El Alamy et Ahmed Réda Chami communiquent les créations d’emplois en valeur brute c’est-à-dire en comptabilisant uniquement les emplois créés, sans prendre en compte les emplois détruits», souligne-t-il d’abord. « Si on fait une projection en prenant comme hypothèse une progression linéaire, c’est-à-dire que nous réaliserons les prochaines années la même performance qu’en 2017, nous dépasserons les 500 000 emplois promis par le PAI», a en effet déclaré, le ministre de l’Industrie, Moulay Hafid Elalamy.


    Quanc c'est flou, c'est qu'il y a un loup

    Deux de choses l’une, soit le ministère est en train de reconnaître lui-même qu’il n’atteindra pas, en réalité, les objectifs démesurés du PAI en 2020. Si l’on s’en tient à ses chiffres, en faisant même abstraction, comme le ministère, de 2014, et en conservant l’hypothèse totalement arbitraire qui veut que l’industrie crée dans les trois années à venir autant d’emplois qu’en 2017, le secteur industriel aura créé en 2020, 220 000 emplois. Moins de la moitié de son objectif.

    Soit, le ministre de l’Industrie est en train de reconnaître que les objectifs du PAI ont été prédéfinis en faisant sciemment abstraction des licenciements. Preuve d’une certaine légereté intellectuelle. Oserait-on affirmer que l’industrie est dynamique, qu’elle crée des emplois si 10 de ses entreprises recrutent dix personnes pendant que 20 autres licencient 100 personnes ? C’est bien ce que le ministère s’ingénie à faire pour sauver son bilan, si l’on en croit les chiffres du HCP qui avancent, eux, que l’Industrie a perdu 7000 emplois entre 2014 et 2017.

    Le ministère de l’Industrie leur a préféré les données plus avantageuses de la CNSS présentée comme une caution indépendante de la validité des chiffres qu’il avance. A y regarder de plus près, les données nettes présentées par le ministère de l’Industrie et celles de la CNSS n’ont pourtant rien en commun.

    En 2015, par exemple, les entreprises de l’industrie ont déclarées 20 000 employés de plus qu’en 2014 à la CNSS, alors que le ministère évalue le nombre de création nettes d’emplois la même année à 3 738. En 2017, le nombre de nouvelles déclarations à la CNSS devrait atteindre 34 000, mais il est évalué à 46 036 par le ministère. Visiblement, l’enquête «exhaustive» que le ministère annonce avoir réalisé auprès des entreprises elles-mêmes en complément a été très poussée. Elle annule du même coup l’intérêt de la référence à la CNSS puisqu’elle rend les chiffres finaux invérifiables.


    ya.biladi
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