Annonce

Réduire
Aucune annonce.

L’or ne brille plus !

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • L’or ne brille plus !

    Frisant la métastase, le spectre de l’informel, il n’est secret pour personne, a pratiquement gangrené plusieurs secteurs de l’activité économique à tel point que la la norme admise par tous est celle que cette économie parallèle a réussi à imposer.

    Et le commerce de l’or, que l’on croyait immunisé contre de telles atteintes, par la force des choses, n’y fait pas exception. Le précieux métal, de tout temps considéré comme le plus sûr des placements ne le sera plus, estime plus d’un commerçant-bijoutier, si le phénomène n’est pas jugulé à la source. Beaucoup de ménagères risquent de ne découvrir un peu plus tard que du sable dans les bas de laine que l’on sort souvent aux moments difficiles.

    M’Dina Jdida, 10 heures du matin. C’est un mardi. La ruelle «Trig Essiagha», qui d’habitude grouille de monde jusqu’à ne plus pouvoir se mouvoir, est étrangement désertée et les magasins fermés. L’on croit à une grève ou à une journée fériée. Quelques badauds, acheteurs et vendeurs en même temps, apostrophent discrètement les passants en leur proposant de leur acheter ou de leur vendre. C’est vrai aussi que tous ceux qui ont quelque chose à écouler parmi les simples citoyens viennent dans cette ruelle pour le faire.

    L’on apprend que, depuis quelques mois, la Brigade économique et financière (BEF) mène une campagne sans relâche contre la contrefaçon et les revendeurs ambulants se font des plus cachotiers en tenant sous leurs djellabas des trésors d’orfèvrerie. Pour preuve, la semaine dernière, un atelier clandestin de fabrication de bijoux a été débusqué par les services de sécurité dans un quartier populaire.

    Ce matin là, nous avons rendez-vous avec des artisans bijoutiers affiliés à l’association des bijoutiers algériens (ABA) et ceux d’Oran (ABWO). Ils ont gros sur le coeur et l’acclament haut et fort. A l’unanimité, ton alarmiste et verbe incisif, ils désignent du doigt le faux poinçon, «à l’origine de leur malheur et celui du métier». «Le faux poinçon, ce minuscule sceau portant une grappe de raisin, qui ne doit être détenu que par les services de la garantie (impôts), «court» à l’air libre auprès de certains trafiquants qui poinçonnent illégalement à 5 Dinars le gramme au lieu des 80 dinars en cours auprès des services habilités (impôts)», expliquent-ils d’emblée la problématique. «En plus de cela, précisent-ils, on poinçonne n’importe quel bijou, du toc au moins pur». La règle admise en Algérie est celle de l’or à 18 carats qui tend de plus en plus à disparaître des étals de certains vendeurs ambulants ou le 14 carats importé légalement d’ailleurs. Pour l’un deux, »il est grand temps que l’on ramène l’inimitable poinçon, conçu par la banque de France, annoncé voilà 2 années, par le 1er responsable des impôts de cette époque». A ce propos, les histoires se ressemblent toutes pour dire la mésaventure de telle dame qui pour enterrer son mari est allée déposer ses bijoux, mais une fois arrivée à la banque de dépôt (mont de piété) on lui annonce que ses bijoux sont faux.

    Pour voir plus clair, un lingot d’or de 1 kilo à 24 carats mélangé à 333 grammes d’alliage perdra de sa pureté pour devenir du 18. Mais la fausse griffe, en osant plus, garantit même l’or de 14 carats, voire 12 carats, et le citoyen non averti est floué dès le départ. «L’état, l’artisan-bijoutier et le citoyen sont les grands perdants dans cette affaire qui peut toucher même la souveraineté d’un Etat à la même proportion que le trafic de monnaie, tant la valeur de l’or est fondamentale dans un pays ou son épargne s’est totalement ancrée dans les moeurs», ajoute le plus outré parmi nos interlocuteurs qui rappelle la valeur des pièces d’or (Louis) dans les transactions en tous genres d’il n’y a pas si longtemps.

    Les artisans bijoutiers, exerçant dans la légalité, en plus du déboursement des 80 dinars le gramme sont aussi assujettis à l’IFU, taxe forfaitaire introduite par la loi de finances de l’exercice 2007 qui fixe à 6%, selon que le chiffre d’affaires soit situé en dessous des 300 millions de centimes. La concurrence est donc déloyale entre ceux qui travaillent dans la légalité et ceux qui le font dans l’illégalité, l’évidence s’impose d’elle même.

    Pour revenir à l’histoire du métier de la joaillerie, il faut retenir 1986, date à partir de laquelle AGENOR qui pour le compte de l’Etat cessera d’approvisionner le marché en lingots d’or importés. Pour continuer à activer, on se rabat sur le «cassé», actuellement côté à 1050.00 dinars le gramme. Cela a permis la survie de ce petit commerce qui, tant bien que mal, continuait à survivre légalement en se régénérant continuellement. Ensuite, il y a eu l’apparition des machines semi-industrielles, principalement importées d’Italie, la capitale mondiale de la bijouterie. Ces gros bijoutiers travaillant dans la légalité ont quand même réussi à supplanter avec leurs bijoux à esthétique raffinée les petits artisans avec leurs soufflets à pédale et chalumeau à gaz. Ne pouvant concurrencer cette intrusion, de bonne guerre du coup, ils commencent à fermer boutique les uns après les autres à tel point que l’on avance une saignée de 90% enregistrée dans le rang des artisan-bijoutiers qui activaient à Oran. Décennie chaotique des années 1990, le règne de l’importation de Dubai, d’Italie, de Syrie ou d’ailleurs à travers des filières clandestines donnera le coup de grâce au petit métier local et même au gros. Le faux poinçon et les ateliers clandestins achevant la besogne, sont venus quant à leur tour dévoyer un métier qui «faute de sursaut salutaire, mourra d’ici peu de sa belle mort et place au toc, l’or dans sa pureté légendaire ne sera qu’un lointain souvenir», concluent nos interlocuteurs.



    - Le Quotidien d'Oran

  • #2
    à qui faire confiance de nos jours ?

    le jour du jugement dernier , il y aura beaucoup de travail malheureusement .
    Mr NOUBAT

    Commentaire

    Chargement...
    X