Tweet
Source: RT 02-04-2018
Julian Assange a encore été réduit au silence, et le moment est très suspect. Avec l'histoire de Cambridge Analytica qui domine les nouvelles, il semble que des gens puissants aient des raisons de garder le brave patron de WikiLeaks tranquille maintenant.
L'Equateur est un petit pays, et l'on ne peut qu'imaginer la brutale pression exercée en coulisses par les puissances occidentales pour accroître l'isolement de Julian Assange de l'espace public. Maintenant, son accès à Internet a été coupé et beaucoup de ses visiteurs se voient refuser l'accès, ce qui rend une mort sociale lente à une personne qui a passé près de six ans dans un appartement de l'ambassade d'Équateur à Londres.
C'est arrivé avant, pendant une courte période autour des élections américaines, mais à l'époque c'était une réaction à la publication de documents de WikiLeaks qui aurait pu affecter les résultats de la course Trump / Clinton, alors qu'il n'y a pas d'excuse. Parce que, actuellement, "l'ingérence" d'Assange dans les relations internationales consiste seulement à publier sur le web ses opinions sur la crise de Catalogne et le scandale de l'empoisonnement Skripal. Alors pourquoi une telle action brutale maintenant, et pourquoi a-t-elle causé si peu de tumulte dans l'opinion publique?
En ce qui concerne la deuxième question, il ne suffit pas de prétendre que les gens se sont simplement lassés d'Assange. Au contraire, un rôle clé a été joué par la longue et bien orchestrée lente campagne d'assassinat qui a atteint le niveau le plus bas imaginable il y a deux mois avec les rumeurs non vérifiées selon lesquelles les Equatoriens veulent se débarrasser de lui à cause de sa mauvaise odeur de ses vêtements.
Dans la première phase des attaques sur Assange, ses ex-amis et collaborateurs ont déclaré publiquement que WikiLeaks avait bien commencé mais il s'est embourbé dans le parti pris politique d'Assange (son obsession anti-Hillary, ses liens suspects avec la Russie, etc.). Cela a été suivi par une diffamation personnelle plus directe: par exemple, il est paranoïaque et arrogant, obsédé par le pouvoir et le contrôle. Mais maintenant nous avons atteint le niveau corporel direct des odeurs et des taches.
Manipuler des motifs
Ils disent que Assange est paranoïaque?Comment ne pas être quelqu'un qui vit en permanence dans un appartement qui est criblé d'en haut et de bas, victime d'une surveillance constante organisée par les services secrets? Quant à être un mégalomane? Quand l'ex-chef de la CIA dit que votre arrestation est sa priorité, cela n'implique-t-il pas que vous êtes une «grande» menace pour certains, au moins? Et le trope où Assange se comporte comme la tête d'une organisation d'espionnage? Mais WikiLeaks est une organisation d'espionnage, même si elle est au service des gens, les informant de ce qui se passe dans les coulisses.
Pourtant, ils disent que Assange est un réfugié de la justice, se cachant dans l'ambassade équatorienne pour échapper à un jugement. Mais quel genre de justice est-ce qui menace de le faire arrêter lorsque l'affaire a déjà été abandonnée?
Passons donc à la grande question: pourquoi maintenant? Je pense qu'un nom explique tout: Cambridge Analytica - un nom qui représente tout Assange, pour ce qu'il combat; la divulgation du lien entre les grandes sociétés privées et les organismes gouvernementaux.
Souvenez-vous du sujet et de l'obsession de l'intervention russe aux élections américaines - nous savons maintenant que ce ne sont pas les pirates russes (avec Assange) qui ont poussé les gens vers Trump, mais plutôt les propres agences informatiques occidentales qui ont uni leurs forces politiques . Cela ne signifie pas que la Russie et ses alliés sont innocents: ils ont probablement essayé d'influencer le résultat de la même manière que les Etats-Unis dans d'autres pays (seulement dans ce cas, il est appelé «promotion de la démocratie»). Mais cela signifie que le grand méchant loup qui déforme notre démocratie n'est pas au Kremlin, mais se promène autour de l'Occident lui-même - et c'est ce qu'Assange réclamait depuis le début.
Règle secrète
Mais où, exactement, est ce grand méchant loup? Pour comprendre toute la portée de ce contrôle et de cette manipulation, il faut dépasser le lien entre les entreprises privées et les partis politiques (comme Cambridge Analytica), l'interpénétration des entreprises de traitement de données comme Google ou Facebook et les agences de sécurité étatiques.
Nous ne devrions pas être choqués par la Chine, mais par nous-mêmes qui acceptons la même réglementation tout en croyant que nous conservons notre entière liberté et que les médias nous aident à réaliser nos objectifs (alors qu'en Chine, les gens sont pleinement réglementés). L'image globale qui en découle, combinée à ce que nous savons également du lien entre les derniers développements en biogénétique (câblage du cerveau humain, etc.), fournit une image adéquate et terrifiante des nouvelles formes de contrôle social qui font le bon vieux 20ème siècle "totalitarisme" semblent une machine de domination plutôt primitive et maladroite.
La plus grande réussite du nouveau complexe cognitivo-militaire est que l'oppression directe et évidente n'est plus nécessaire: les individus sont mieux contrôlés et poussés dans la direction désirée lorsqu'ils continuent à se sentir eux-mêmes des agents libres et autonomes de leur propre vie. Et ceci est une autre leçon clé de WikiLeaks: notre manque de liberté est plus dangereux quand il est vécu comme la manifestation même de notre liberté. Car qu'est-ce qui peut être plus libre que le flux incessant des communications qui permet à chaque individu de vulgariser ses opinions et de former des communautés virtuelles à sa propre initiative? C'est pourquoi il est absolument impératif de garder le réseau numérique hors du contrôle du capital privé et du pouvoir de l'État, c'est-à-dire de le rendre totalement accessible au débat public. Assange avait raison dans son livre clé étrangement ignoré sur Google (When Google Met WikiLeaks, 2014) dans sa compréhension de la façon dont nos vies sont réglementées aujourd'hui, et comment cette régulation est vécue comme notre liberté. Ce qui signifie, nous devons nous concentrer sur la relation mystérieuse entre les sociétés privées qui contrôlent nos communs et les agences d'État secrètes.
Julian Assange a encore été réduit au silence, et le moment est très suspect. Avec l'histoire de Cambridge Analytica qui domine les nouvelles, il semble que des gens puissants aient des raisons de garder le brave patron de WikiLeaks tranquille maintenant.
L'Equateur est un petit pays, et l'on ne peut qu'imaginer la brutale pression exercée en coulisses par les puissances occidentales pour accroître l'isolement de Julian Assange de l'espace public. Maintenant, son accès à Internet a été coupé et beaucoup de ses visiteurs se voient refuser l'accès, ce qui rend une mort sociale lente à une personne qui a passé près de six ans dans un appartement de l'ambassade d'Équateur à Londres.
C'est arrivé avant, pendant une courte période autour des élections américaines, mais à l'époque c'était une réaction à la publication de documents de WikiLeaks qui aurait pu affecter les résultats de la course Trump / Clinton, alors qu'il n'y a pas d'excuse. Parce que, actuellement, "l'ingérence" d'Assange dans les relations internationales consiste seulement à publier sur le web ses opinions sur la crise de Catalogne et le scandale de l'empoisonnement Skripal. Alors pourquoi une telle action brutale maintenant, et pourquoi a-t-elle causé si peu de tumulte dans l'opinion publique?
En ce qui concerne la deuxième question, il ne suffit pas de prétendre que les gens se sont simplement lassés d'Assange. Au contraire, un rôle clé a été joué par la longue et bien orchestrée lente campagne d'assassinat qui a atteint le niveau le plus bas imaginable il y a deux mois avec les rumeurs non vérifiées selon lesquelles les Equatoriens veulent se débarrasser de lui à cause de sa mauvaise odeur de ses vêtements.
Dans la première phase des attaques sur Assange, ses ex-amis et collaborateurs ont déclaré publiquement que WikiLeaks avait bien commencé mais il s'est embourbé dans le parti pris politique d'Assange (son obsession anti-Hillary, ses liens suspects avec la Russie, etc.). Cela a été suivi par une diffamation personnelle plus directe: par exemple, il est paranoïaque et arrogant, obsédé par le pouvoir et le contrôle. Mais maintenant nous avons atteint le niveau corporel direct des odeurs et des taches.
Manipuler des motifs
Ils disent que Assange est paranoïaque?Comment ne pas être quelqu'un qui vit en permanence dans un appartement qui est criblé d'en haut et de bas, victime d'une surveillance constante organisée par les services secrets? Quant à être un mégalomane? Quand l'ex-chef de la CIA dit que votre arrestation est sa priorité, cela n'implique-t-il pas que vous êtes une «grande» menace pour certains, au moins? Et le trope où Assange se comporte comme la tête d'une organisation d'espionnage? Mais WikiLeaks est une organisation d'espionnage, même si elle est au service des gens, les informant de ce qui se passe dans les coulisses.
Pourtant, ils disent que Assange est un réfugié de la justice, se cachant dans l'ambassade équatorienne pour échapper à un jugement. Mais quel genre de justice est-ce qui menace de le faire arrêter lorsque l'affaire a déjà été abandonnée?
Passons donc à la grande question: pourquoi maintenant? Je pense qu'un nom explique tout: Cambridge Analytica - un nom qui représente tout Assange, pour ce qu'il combat; la divulgation du lien entre les grandes sociétés privées et les organismes gouvernementaux.
Souvenez-vous du sujet et de l'obsession de l'intervention russe aux élections américaines - nous savons maintenant que ce ne sont pas les pirates russes (avec Assange) qui ont poussé les gens vers Trump, mais plutôt les propres agences informatiques occidentales qui ont uni leurs forces politiques . Cela ne signifie pas que la Russie et ses alliés sont innocents: ils ont probablement essayé d'influencer le résultat de la même manière que les Etats-Unis dans d'autres pays (seulement dans ce cas, il est appelé «promotion de la démocratie»). Mais cela signifie que le grand méchant loup qui déforme notre démocratie n'est pas au Kremlin, mais se promène autour de l'Occident lui-même - et c'est ce qu'Assange réclamait depuis le début.
Règle secrète
Mais où, exactement, est ce grand méchant loup? Pour comprendre toute la portée de ce contrôle et de cette manipulation, il faut dépasser le lien entre les entreprises privées et les partis politiques (comme Cambridge Analytica), l'interpénétration des entreprises de traitement de données comme Google ou Facebook et les agences de sécurité étatiques.
Nous ne devrions pas être choqués par la Chine, mais par nous-mêmes qui acceptons la même réglementation tout en croyant que nous conservons notre entière liberté et que les médias nous aident à réaliser nos objectifs (alors qu'en Chine, les gens sont pleinement réglementés). L'image globale qui en découle, combinée à ce que nous savons également du lien entre les derniers développements en biogénétique (câblage du cerveau humain, etc.), fournit une image adéquate et terrifiante des nouvelles formes de contrôle social qui font le bon vieux 20ème siècle "totalitarisme" semblent une machine de domination plutôt primitive et maladroite.
La plus grande réussite du nouveau complexe cognitivo-militaire est que l'oppression directe et évidente n'est plus nécessaire: les individus sont mieux contrôlés et poussés dans la direction désirée lorsqu'ils continuent à se sentir eux-mêmes des agents libres et autonomes de leur propre vie. Et ceci est une autre leçon clé de WikiLeaks: notre manque de liberté est plus dangereux quand il est vécu comme la manifestation même de notre liberté. Car qu'est-ce qui peut être plus libre que le flux incessant des communications qui permet à chaque individu de vulgariser ses opinions et de former des communautés virtuelles à sa propre initiative? C'est pourquoi il est absolument impératif de garder le réseau numérique hors du contrôle du capital privé et du pouvoir de l'État, c'est-à-dire de le rendre totalement accessible au débat public. Assange avait raison dans son livre clé étrangement ignoré sur Google (When Google Met WikiLeaks, 2014) dans sa compréhension de la façon dont nos vies sont réglementées aujourd'hui, et comment cette régulation est vécue comme notre liberté. Ce qui signifie, nous devons nous concentrer sur la relation mystérieuse entre les sociétés privées qui contrôlent nos communs et les agences d'État secrètes.