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  • « A Pékin, le président Mnangagwa veut montrer que le Zimbabwe est de nouveau ouvert aux investissements »

    « A Pékin, le président Mnangagwa veut montrer que le Zimbabwe est de nouveau ouvert aux investissements »
    En visite en Chine, le chef de l’Etat compte s’assurer du soutien du géant asiatique, alors même qu’il affiche sa volonté de diversifier ses partenariats.

    Par Sébastien Le Belzic (chroniqueur Le Monde Afrique, Pékin)

    LE MONDE Le 03.04.2018 à 14h29

    Le président zimbabwéen Emmerson Mnangagwa (à gauche) en compagnie du président chinois Xi Jinping, à Pékin, le 3 avril 2018.
    Chronique. Pour sa première visite d’Etat hors du continent africain, le président du Zimbabwe a choisi Pékin, où il a rencontré, mardi 3 avril, son homologue chinois, Xi Jinping. Emmerson Mnangagwa veut s’assurer du soutien du géant asiatique, qui fut longtemps un allié inconditionnel de son prédécesseur, Robert Mugabe, mais qui aurait discrètement soutenu la transition. On se souvient en effet que le général Constantino Chiwenga était en Chine quarante-huit heures seulement avant le putsch : le chef d’état-major zimbabwéen y avait rencontré des militaires chinois, dont deux des plus hauts gradés du pays, et le ministre de la défense.
    Lire aussi : La Chine a-t-elle lâché Robert Mugabe ?

    Si, depuis les années 1960, la Chine avait toujours soutenu le « Camarade Bob », elle commençait à s’inquiéter pour ses investissements et pour l’avenir du pays, étant donné l’aveuglement dont faisait preuve son vieil allié. Une transition en douceur semblait donc pour Pékin la meilleure solution, d’autant que l’actuel président n’est pas un inconnu en Chine. Il y a gardé des relations au sein de l’état-major depuis sa formation par l’Armée populaire de libération, dans les années 1960 à Pékin.

    Un retour dans le Commonwealth ?

    La Chine est le plus important partenaire commercial du Zimbabwe et le cordon ombilical de son économie, rongée par dix-huit ans d’isolement. A Pékin, il est donc question de prolonger ce partenariat et aussi de rassurer les Chinois inquiets des soubresauts politiques à Harare. Les échanges commerciaux entre les deux pays s’élèvent à près d’un milliard d’euros par an. Les entreprises chinoises équipent l’armée zimbabwéenne, elles sont présentes dans la construction, les routes, le commerce, le coton, les mines et surtout le tabac, dont la Chine est le principal acheteur.

    Si on attend de cette visite la confirmation par Pékin d’un investissement de 1,4 milliard de dollars (1,1 milliard d’euros) dans la centrale thermique de Hwange, ce sont à nouveau les « routes de la soie » qui devraient occuper les discussions. Ce programme de financement des infrastructures est devenu le passage obligé de tous les pays voulant profiter de la manne chinoise. Certes, le Zimbabwe est très loin des steppes d’Asie centrale, mais les routes de la soie quadrillent déjà l’Afrique du Maroc à l’Afrique du Sud, en passant par l’Ethiopie. Alors pourquoi pas Harare ?

    Lire aussi : La Chine réfléchit-elle vraiment à deux fois avant d’investir des milliards au Zimbabwe ?

    A Pékin, Emmerson Mnangagwa, accompagné d’une délégation de dix ministres et quatre-vingt représentants du secteur privé, espère relancer plusieurs secteurs stratégiques, notamment l’agriculture, le tabac et les mines. Il veut surtout montrer que l’économie zimbabwéenne est de nouveau ouverte aux investissements.

    Mais le nouveau président ne met pas tous ses œufs dans le même panier. Contrairement à son prédécesseur, il ne compte pas que sur la Chine pour sortir son pays de l’ornière. Juste avant de se rendre à Pékin, Emmerson Mnangagwa a ainsi tendu la main à l’Occident dans une interview au Financial Times, et notamment à l’ancienne puissance coloniale britannique. Un retour du Zimbabwe dans le Commonwealth n’est plus tabou, dit le chef de l’Etat, qui invite des observateurs de l’ONU et de l’Union européenne à se rendre dans son pays.

    Un grand écart difficile à tenir
    A quatre mois des élections générales au Zimbabwe, Pékin pourrait s’inquiéter de voir l’un de ses fidèles alliés africains lui échapper. En tournant un peu trop brutalement la page de l’ère Mugabe, M. Mnangagwa prend le risque de se fâcher avec Pékin.

    D’autant que les nouvelles autorités du Zimbabwe ont publié, avant cette visite, une liste de 1 400 exilés fiscaux, comprenant une centaine d’entreprises chinoises. « La liste n’est pas crédible », « nous ne sommes pas contents », « ne pointez pas du doigt les Chinois… », a rétorqué dans un mouvement de colère inhabituel Zhao Boagang, adjoint de l’ambassadeur de Chine à Harare, tout en faisant remarquer que les entreprises américaines sont absentes de la liste.

    Lire aussi : « La Chine s’aide plus qu’elle n’aide l’Afrique en lui accordant des milliards de dollars »

    Pour le président Mnangagwa, l’affaire n’est pas simple. D’un côté, il doit compter sur son fidèle allié chinois pour relancer son économie mal en point et lancer un grand programme d’infrastructures ; de l’autre, il doit donner des gages aux démocraties occidentales et à l’ONU en luttant activement contre la corruption et en organisant des élections démocratiques cet été.

    Un grand écart difficile à tenir, d’autant que Pékin a mis les points sur les « i » : autant la Chine n’a jamais posé de contreparties démocratiques à ses investissements africains, autant elle n’acceptera jamais de partager son jardin avec les Occidentaux.
    Believe YOU CAN & you're HALFWAY there
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