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Le martyr Si Amar Djeffal dit «Si Amar Laazizi»

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  • Le martyr Si Amar Djeffal dit «Si Amar Laazizi»

    Si Amar Djeffal est né en 1909 dans la région Karouiya dans le douar de Ouled Aziz, situé dans le long lac dans la région d'El Hezebri en référence au hazbar (lion).

    La population locale était, dit-on, connue pour sa force et sa rigueur, caractéristiques qui sont à l'origine de l'appellation de Hezebri située dans la commune de Amiria, daïra de Sigus, wilaya de Oum El Bouaghi.
    Enfant, il a connu la vie simple et naturelle de la campagne, comparativement à celle des villes. Il est issu d'une famille d'agriculteurs de condition modeste qui gagne sa vie et assure sa subsistance par l'effort, le travail et la persévérance pour une vie décente. Il fit ses premiers pas à l'école coranique où il apprend le Coran qui était le seul moyen d'accéder au savoir à l'époque au regard de l'isolement de la région.

    Il était de coutume pour les enfants du peuple de suivre un enseignement coranique vu la rareté des écoles relevant de l'Etat en ce temps-là en raison de leur concentration dans les grandes villes. L'enseignement coranique était, toutefois, source de fierté et constituait un bouclier contre les tentatives coloniales visant à entamer la foi musulmane.

    Arrivé à l'âge adulte, il entreprit d'apprendre les sciences après avoir assimilé le Coran. Il se rend alors à la zaouïa Hamlaouia du temps de cheikh Abderrahmane Ben Hamlaoui, fondée avant le XVe siècle de l'ère chrétienne, connue pour sa contribution à la résistance contre le colonialisme, notamment sous l'agha Ahmed Ben Hadj Ben Hamlaoui, défenseur de la ville de Constantine avant sa chute.

    La zaouïa en question existe toujours et se trouve près de Oued Seguen (wilaya de Mila). Il y séjourna longtemps dans les années 1930 pour y puiser diverses sciences religieuses notamment. Il avait la chance d'appartenir, durant ces années-là, à cette zaouïa qui a connu un grand essor et qui était un pôle de savoir et un point de rencontre d'ouléma de renom venus des quatre coins du pays, notamment de Zitouna (Tunisie). Parmi les grands cheikhs algériens de la zaouïa figurent notamment cheikh Mouloud El Hafidhi, le grand cheikh Ahmed Bastami connu sous le nom de Khaldi qui était président du corps enseignant de la zaouïa, le cheikh érudit en fiqh Mohamed Tahar Aït Adjalat, sans oublier les cheikhs venus de Tunisie comme Mohamed Kariba et Bachir Safia. Il reçut un enseignement religieux : le fiqh, la foi, le hadith, l'exégèse, la langue ainsi que la grammaire et la syntaxe, etc. Au terme de cet enseignement, il regagna sa ville au début de 1940.

    Il se rendit aussitôt, en compagnie de son frère Djeffal Tayeb, dans la ville d'El Khroub où il résida, décidé à exercer une activité commerciale conforme à sa nouvelle vie. Il loua, pour ce faire, un local d'alimentation générale situé à proximité du café de feu Ramdane Chihani, père du chahid Bachir Chihani.

    Ses activités politiques

    Une fois Bachir établi à El Khroub, ses aspirations commencèrent à se concrétiser et ses objectifs à se dessiner. Des objectifs qu'il n'aurait jamais pu atteindre en restant dans sa localité natale. Dès lors, ses orientations commencèrent à dévoiler ses tendances pour le monde de la politique dans lequel il vit un moyen de contrer l'ennemi et de parvenir à réaliser ses aspirations à la liberté et l'émancipation.

    Son inexpérience dans le domaine de la politique ne l'a pas pour autant empêché de s'y intégrer avec force et sans réticence aucune. Dès qu'il s'installa à El Khroub, il prit l'engagement de mener la bataille politique qui mettrait, au bout du compte, un terme à la dépendance.
    Le chahid intégra certains mouvements de libération comme l'Etoile nord-africaine (ENA), puis le Parti du peuple algérien (PPA), jusqu'aux massacres odieux perpétrés un certain 8 mai 1945. Ces douloureux événements ne feront que lui confirmer, à l'instar de tous les Algériens épris de liberté et d'indépendance de notre pays, la nécessité de s'engager avec une détermination irréversible et sans limite dans une lutte inexorable contre le colonialisme.

    Son militantisme actif durant cette période et ses activités engagées contre le colonialisme furent, malheureusement, interrompus puisqu'il fut arrêté et emprisonné par la police de Constantine qui le plaça, pendant plusieurs jours, dans une cellule, l'accusant d'avoir mené des activités subversives visant la sécurité et la stabilité, en tentant de sensibiliser les citoyens et de réveiller en eux ce sursaut patriotique et cette conscience de la réalité de la France qui n'avait même pas pu tenir ses promesses, en refusant d'accorder l'indépendance à l'Algérie après sa victoire sur les nazis. Promesses qui n'étaient, en fait, qu'un leurre pour motiver les combattants algériens enrôlés dans ses rangs lors de la Seconde Guerre mondiale.

    Cette dure et amère expérience n'a pu entamer sa volonté et son courage, mais n'a fait que consolider son patriotisme et sa détermination à poursuivre le combat avec plus de force et de résolution. Il intégra alors le Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD) jusqu'en 1953, lorsque commencèrent à se dessiner les contours politiques qui poussèrent les fidèles et vaillants enfants de cette patrie à décider de renoncer définitivement à la résistance politique pour penser sérieusement au déclenchement de la glorieuse révolution de Novembre 1954. C'est à partir de cette date que commença une nouvelle et dure étape dans le parcours du chahid, qui avait déjà établi des relations avec certains symboles de la révolution de la trempe de Mustapha Benboulaïd et Chihani Bachir.

    Ce dernier se rendait souvent à El Khroub avant le déclenchement de la révolution et occupait un bureau mitoyen au magasin du chahid Djeffal Amar, ce qui permettait aux deux hommes de se rencontrer et d'échanger leurs idées. Ils restèrent en contact jusqu'à ce que Chihani Bachir décide de quitter définitivement El Khroub, à l'approche de la date historique du 1er Novembre 1954.

    Au lendemain du déclenchement de la guerre de libération, le chahid assuma de lourdes responsabilités. Il se chargea, en effet, de la coordination entre les dirigeants de la révolution et la base militante d'El Khroub. Sa mission avait des dimensions diverses. Les qualités exemplaires dont l'homme faisait preuve amenèrent la révolution à le désigner pour assumer cette mission.

    Ses principales vertus

    Le chahid était imprégné de valeurs religieuses qui renforcèrent en lui cet esprit de nationalisme et de libération. C'était un homme digne et fier, épris de la liberté et révolté contre la dépendance. Désintéressé des attraits de la vie, il était humble, modeste, honnête mais surtout très perspicace.

    Jeune encore, il apprit les soixante chapitres du saint Coran et se conforma à ses préceptes. C'était le modèle de l'authenticité de la personnalité algérienne. Il était fier de ses habits arabes et de son uniforme traditionnel (le burnous) qui lui donnaient une certaine allure et une belle prestance, malgré une faible carrure. Le chahid avait aussi une renommée qui fit de lui l'un des notables de la ville et il jouissait d'un charisme fort et d'une morale exemplaire qui lui donnèrent une place particulière dans la société, confortée encore par son rôle prépondérant dans le combat et la politique.

    De l'avis de tous les moudjahidine et militants l'ayant connu, le chahid n'était pas seulement un militant mais aussi un vrai leader au sens plein de ce terme, car hautement conscient que la situation impliquait une grande vigilance et une maturité politique à même d'attirer les jeunes et d'élargir la sphère des militants, conscient aussi de la nécessité de travailler dans le secret absolu pour l'exécution des directives de la révolution et la réalisation de ses objectifs sans exposer ses bases au danger.

    Le principal point focal où il menait ses activités politiques fut son magasin sis à l'avenue principale de la ville d'El Khroub. Son activité commerciale était beaucoup plus un écran pour éloigner les soupçons. C'est dans ce magasin même que tous les contacts étaient entrepris, les directives et instructions données et les cotisations collectées pour être ensuite comptabilisées et conduites aux commandements de la révolution. Le chahid était très vigilant dans le choix de ses collaborateurs, en qui il percevait l'honnêteté et la sincérité de l'esprit nationaliste, la patience et le courage dans les dures épreuves et la capacité d'exécuter les missions et les instructions de la révolution. Grâce à sa clairvoyance politique, il réussit dans ses missions en faisant appel à des éléments qui étaient dignes de sa confiance et à la mesure de ses attentes et aspirations. Ils étaient très nombreux, mais faute de vérité historique du fait de la disparition de plusieurs d'entre eux, il s'est avéré impossible de les citer avec précision.

    Mais ce que les militants et vaillants moudjahidine retiendront, c'est le nom de Benlaribi Mahmoud qui ne quittait presque jamais le chahid. Il était le trait d'union entre lui et les militants du Front de libération nationale (FLN). Le chahid avait aussi cette capacité de comprendre les hommes et de déceler en eux les dispositions au combat.

    Il avait également l'aptitude d'infiltrer certains services de sécurité grâce à leurs éléments, parmi les Algériens fidèles à la Révolution. Parmi eux, le dénommé Benazzouz Abdessalam qui était dans les rangs de la police française avant le déclenchement de la révolution. L'homme apportait de précieuses aides au chahid, il surveillait les moindres faits et gestes des services de sécurité pour attirer l'attention du chahid qui, grâce à ces informations, prenait les précautions qui s'imposaient.

  • #2
    Le chahid avait réussi à se procurer d'importantes quantités d'armes de plusieurs régions, notamment les Aurès et Oum El Bouaghi, avec l'aide de militants fidèles aussi bien avant que pendant la révolution. Il achemina ces armes vers la ville d'El Khroub. Il eut le mérite de soutenir les hommes de la révolution en leur acheminant les armes, après avoir mobilisé des éléments de confiance de son commandement tout en faisant preuve de vigilance et en restant en retrait, afin de préserver la clandestinité des actions de la révolution. Ses contacts directs se limitèrent, conformément aux exigences de cette fonction, à un nombre restreint de militants qu'il avait côtoyés durant de longues années, tels Mahmoud Ben Laribi et Abdesselam Ben Azzouz, qui avaient le même âge que lui.

    Amar Djeffal avait des contacts limités avec les autres jeunes militants, tels Khenchouche Kroum, Dayni Omar, Hachouf Kadour, Abdelaziz Fedloune et Houabes Zouaoui. Les relations avec ce dernier se concrétisaient par l'intermédiaire de certains adjoints du chahid comme Mahmoud Benlarbi.
    Il convient de souligner à ce propos le rôle positif du militant Houabes Zouaoui dans l'acheminement d'importantes quantités d'armes vers la ville d'El Khroub, la rédaction de certaines correspondances et la lecture des documents rédigés en langue française, sur instruction de Benlarbi Mahmoud, un des principaux assistants du chahid.

    Durant la glorieuse révolution, le chahid avait noué des contacts avec les héros de la révolution, à l'instar de Kerbouaa Abdelhamid, Chetati Merah, Chibane Tayeb (voisin du chahid Amar Djeffal). Amar Djeffal, qui faisait preuve de sagesse et de clairvoyance, était également extrêmement vigilant, s'agissant de la préservation des secrets de la révolution, ce qui lui permit de poursuivre ses activités dans le plus grand secret.

    En dépit des nombreux informateurs qui étaient sur ses traces et du déploiement intensif d'agents de sécurité déployés à proximité de son magasin et des activités de renseignement du deuxième bureau de l'armée française, le chahid poursuivra, dans la clandestinité et durant plusieurs années, son combat héroïque. Les doutes et les suspicions qui l'entouraient lui valurent d'être incarcéré à maintes reprises.

    Les services chargés de sa filature, qui l'avaient mis sous contrôle permanent, ne réussirent jamais à découvrir la vérité sur ses activités.

    Dans l'incapacité totale de réunir la moindre preuve sur l'implication du martyr Amar Djeffal, qui aurait permis sa condamnation, ces services continuèrent à l'interpeller à chaque fois, pour le libérer par la suite. Il se distingua par ses activités intenses, notamment le soutien financier qu'il apportait à la révolution, à travers la collecte des dons des citoyens par le biais de cellules spéciales et la collecte des contributions populaires pour le soutien de la révolution, qui étaient transférées vers le commandement par des canaux secrets sécurisés.

    Le chahid avait également la tâche de transmettre le message de la révolution aux citoyens, à travers la distribution de tracts appelant à soutenir la lutte de libération nationale, à combattre le colonialisme, à mettre en œuvre les orientations et les instructions de l'ALN et à resserrer les rangs pour assurer la victoire finale.

    Le rôle du chahid fut encore plus important, lors de la grève générale de 8 jours en 1956, puisqu'il réussit à assurer le soutien des commerçants à la révolution et leur adhésion à la grève, en vue de faire entendre le message de la révolution algérienne sur la scène internationale et apporter ainsi un cinglant démenti aux allégations de l'ennemi qui prétendait que la révolution n'était que le fait de hors-la-loi. Suite au succès de la grève, les suspicions qui pesèrent sur le chahid poussèrent les forces de police à le jeter de nouveau dans les geôles, où il fut torturé durant plusieurs semaines. Il fit preuve de résistance, de patience et de courage face à ses geôliers qui ne parvinrent pas à lui arracher le moindre aveu.

    L'ennemi fut obligé de le relâcher, non en raison de son âge, mais parce qu'il n'avait pu fournir la moindre preuve pour l'inculper. Il quitta la prison dans un état de santé critique, à cause des sévices qui lui furent infligés et décida, par la suite, de rejoindre l'un de ses proches en France pour recevoir les soins nécessaires. Durant son séjour dans l'Hexagone, il était en permanence en contact avec les cellules des militants et des moudjahidine. Bouhdjar Aboud lui transmettait, par l'intermédiaire de son frère Djeffal Tayeb, les différentes informations codées en langue berbère (chaouia), alors qu'il se trouvait en France.

    A l'automne 1956 et après son retour en Algérie, il poursuivra de nouveau le combat militant, avec une importante réalisation. Grâce à sa perspicacité, son intelligence, son expérience et sa capacité à mobiliser les hommes en mesure de servir la révolution, même si leurs fonctions en faisaient des ennemis, le chahid parviendra à prendre possession d'une importante quantité d'armes d'une caserne militaire, connue aujourd'hui sous le nom de la caserne des Sénégalais (car elle abritait des soldats de colonies françaises, notamment du Sénégal) et l'achemina aux moudjahidine de la région d'El Heria (à proximité de la ville d'El Khroub).

    Ces armes furent, par la suite, livrées au grand moudjahid Kerbouaa Abdelhamid, un des disciples du chahid et un des chefs de la révolution dans la région qui a farouchement combattu l'occupant avant de tomber au champ d'honneur.

    Le mérite dans cette réalisation revient aux jeunes Algériens qui accomplissaient le service militaire obligatoire au sein de l'armée française, mais qui étaient fidèles à la révolution et à la nation.

    Le chahid fut par la suite interné par les éléments de la police qui le remirent à leur tour à l'organe de sécurité relevant de l'armée française connu sous l'appellation de «deuxième bureau» chargé des investigations et des interrogatoires à Ouled Rahmoune, et qui avait recours à la torture et aux pratiques barbares contraires aux valeurs de l'humanité.

    Après avoir fait montre d'une résistance admirable face à la torture et aux sévices, il fut relâché faute de preuves suffisantes. Il regagna son domicile à la fin du mois de décembre 1956, exténué et mal en point. Cela ne l'empêcha nullement de poursuivre ses activités politiques et militantes, répondant sans hésitation à l'appel de la révolution, en apportant notamment son soutien à la deuxième grève qui visait la consolidation et le renforcement de la révolution et ce, pour démontrer la détermination du peuple à défier l'occupant. Le chahid fut, par la suite, emprisonné pour la dernière fois.

    Il fut arrêté dans son domicile un jeudi, la veille du marché hebdomadaire de la ville d'El Khroub, alors qu'il était en compagnie de son oncle Djeffal Ali, de son beau-frère Belahreche Fodil et de ses parents par alliance Belahreche Rabah et le chahid Belahreche Amar qui fut exécuté en même temps que lui.Il convient, en outre, de préciser que l'oncle du chahid Ali Djeffal ainsi que Belahreche Fodil et Belahreche Rabah (tous deux actuellement en vie) furent libérés rapidement avant même l'exécution des chouhada Amar Djeffal et Amar Belahreche. Une fois les doutes sur son activité militante confirmés et les motifs de sa culpabilité établis, Djeffal Amar fut remis aux mains des bourreaux du deuxième bureau, dirigé par le tristement célèbre sous-lieutenant Guy Serra connu pour sa violence, sa tyrannie et son immoralité, et qui n'hésitait pas à torturer et à infliger à ses victimes des traitements inhumains.

    Le succès retentissant de la grève évoquée et le plan judicieux pour faire parvenir l'appel de la révolution aux cœurs et aux esprits des citoyens et les convaincre ainsi de la nécessité d'y répondre ont permis de mettre à nu l'entreprise coloniale exécrable devant l'opinion publique mondiale et d'affaiblir la position de la France à la civilisation et à l'histoire séculaires, concrétisées dans la devise mensongère «liberté, égalité, fraternité», notamment au cours de la Seconde Guerre mondiale à l'époque où Charles de Gaulle dirigeait le gouvernement de la France libre. Cette devise s'est traduite en terre d'Algérie par une politique coloniale destructrice. La célèbre grève a permis de faire réellement connaître la révolution algérienne sur le plan international.

    Dès lors, les voix des libres du monde se sont élevées pour soutenir cette révolution politiquement, provoquant l'ire des hommes politiques de la France et exacerbant la barbarie et la brutalité de ses forces comme en témoigne le sous-lieutenant bourreau auquel le chahid a été affecté après son arrestation par les services de sécurité qui l'ont d'abord remis à la gendarmerie d'El Khroub où il a été interrogé puis il a été transféré le 26/01/57 aux bourreaux du deuxième bureau, muni d'un dossier d'enquête prouvant sa culpabilité dans l'organisation de la grève et la participation effective et personnelle à sa réussite à travers la mobilisation et la sensibilisation des citoyens à la cause nationale.

    Au cours de cette ultime échéance, les services de sécurité ont fait irruption dans sa maison à El Khroub, aidés par certains collaborateurs algériens parmi les traîtres mercenaires pro-colonialistes, dont le dénommé Oudini Salah, alias Bezbouz, qui vouait en son for intérieur une haine à la révolution pour des raisons qu'il n'y a pas lieu d'expliquer ici. Le dénommé Bezbouz (appellation donnée aux collaborateurs et aux mouchards par la population du Khroub) a fait montre d'une haine terrible à l'égard du chahid lors de la perquisition de sa maison, infligeant à sa famille un préjudice matériel et moral. Il a renversé les ustensiles, éparpillé les meubles et mis la maison sens dessus dessous (les économies et son fusil de chasse ont été pris à cette occasion). L'arrestation du chahid était une occasion idéale pour ce traître qui a assouvi sa haine à l'égard des moudjahidine. En quittant la maison après l'arrestation du chahid, le traître Bezbouz a crié : «Que celui qui désire se marier se présente à la maison de Amar Laazizi.» Des propos qu'il a prononcés avec mépris afin d'humilier davantage la famille du chahid et qui ont été rapportés par l'une de ses filles.

    Commentaire


    • #3
      Dans ce contexte, il convient de préciser que le chahid a laissé derrière lui quatre filles et un garçon unique, Brahim. Quant au traître, il a eu le châtiment qu'il méritait après que la révolution eut prononcé l'ordre de l'exécuter. C'est un jeune homme de la révolution, Lachtar Hamlaoui, qui a mis à exécution sa condamnation à mort quelques jours après l'inhumation de Si Amar.

      C'est ainsi que le jeune Hamlaoui a vengé le chahid et sa famille. Il s'est approché du traître Bezbouz en plein jour au centre-ville et a vidé sur lui le chargeur de son pistolet. Après l'accomplissement de cette mission qui a réhabilité la famille révolutionnaire, il a directement rejoint ses compagnons moudjahidine au maquis. Cependant, en ce qui concerne les conditions de l'interpellation de Si Amar Laazizi et par devoir de vérité historique, certains moudjahidine et militants s'accordent à attester la découverte d'une cellule militante au faubourg d'El Khroub, avec laquelle le chahid avait des liens. Cellule dont des membres auraient été arrêtés et torturés lors des interrogatoires par les forces du deuxième bureau. La torture fut d'une telle barbarie que ces militants, effondrés, n'auraient pu continuer à taire le nom du chahid. C'est ainsi que le chahid serait tombé dans les rets de l'ennemi et que la majorité des militants membres de la cellule ont été exécutés, à l'instar des chouhada Salah Saada et Mouloud Ben Ayache, tous deux natifs d'El Khroub.
      Quant aux avis donnant le suppôt Bazbouz pour le principal coupable de la trahison qui a conduit à l'arrestation du chahid, force est de rappeler, pour battre en brèche cette version, que le suppôt en question ne fut guère plus qu'un simple policier connu du commun des mortels, disposant d'une impéritie trop criante pour se voir charger des renseignements ou se mettre sur les pas du chahid.

      Son travail se limitait à l'accompagnement de ses supérieurs hiérarchiques lors des rafles visant l'arrestation des militants, tant il fut le mieux indiqué pour la besogne. Il suffit de rappeler encore une fois que le chahid était loin d'être un militant ordinaire, et que son activisme militant ou politique n'était même pas connu de beaucoup de militants du FLN pour écarter cette hypothèse. Les contacts du chahid avec les différents militants étaient assurés exclusivement par les responsables des cellules et à travers des canaux spéciaux qu'il était quasiment impossible de démanteler. Toutes les preuves logiques et les avis objectifs confirmaient donc que le policier Bezbour ne pouvait avoir cet honneur de remonter les traces du chahid et de dévoiler ses activités politiques.

      La dernière étape de la vie du chahid


      Le chahid a subi les pires formes de torture et d'atrocité lorsqu'il était entre les mains des tortionnaires du deuxième bureau chargé des enquêtes, alors sous la coupe du sous-lieutenant Guy Serra, qui incarnait, comme nous n'avons cessé de le souligner auparavant, l'horreur, la barbarie et la cruauté et utilisait des moyens des plus inhumains dans les séances d'interrogatoires pour extorquer des aveux.
      Cependant, toutes ses tentatives pour arracher des aveux au chahid furent vouées à l'échec et il ne put lui soutirer la moindre information.
      Le chahid résista avec courage et bravoure face à ses tortionnaires qui reconnurent leur échec devant tant de volonté et de résolution confortées par une inébranlable foi.

      Impuissants devant l'héroïsme et la vaillance dont fit montre le chahid, en dépit de sa faible constitution physique, ses tortionnaires redoublèrent de violence et de férocité en le rouant de coups (à l'aide d'une chaîne métallique utilisée pour attacher les bêtes). Mais indomptable et toujours tenace, le chahid ne lâcha mot, poussant la monstrueuse machine de violence à aller encore plus loin dans sa cruauté et sa bestialité. Le chahid subit des coups en pleine figure jusqu'à lui briser la mâchoire, dans une vaine tentative pour lui faire lâcher prise, toujours sans résultat.
      Après avoir perdu tout espoir d'obtenir des révélations, ses bourreaux se remirent à le torturer mais d'une manière inhumaine et inimaginable. Le dernier chapitre de la vie du chahid fut scellé le 26 janvier 1957.

      Convaincus de la détermination et du dévouement inébranlables du chahid pour son pays et de leur échec consommé, ses tortionnaires n'hésitèrent pas à lui arracher les yeux, à mutiler son corps et à le crucifier sur une planche cloutée (à l'image de Jésus pour les chrétiens) avant de le transporter inerte à Chaabat El Kram où il fut criblé de balles.
      Cette barbarie eut en définitive l'effet inverse sur notre héros qui garda son mutisme légendaire jusqu'à ce qu'il rendit l'âme en digne martyr au lieu-dit Chaabat El Kram.

      Sa dépouille fut ensuite jetée à l'entrée du cimetière d'El Khroub.


      Le chahid fut inhumé sous haute surveillance après qu'une prière du mort fut faite et la fatiha lue pour son âme par l'imam de la ville, cheikh Ahmed Bestami en présence exclusivement de son beau-père Bellahreche Larbi, de Djeffal Mohammed, oncle du chahid, du gardien du cimetière Belarbi et de son neveu Boudhiaf Larbi qui remit les vêtements ensanglantés du chahid à sa famille le 27 janvier 1957 avec en prime les deux burnous qu'il avait délibérément portés pour sa dernière sortie de son domicile, lacérés et perforés par les clous utilisés par ses tortionnaires pour le crucifier et les impacts des balles qui l'avaient achevé.

      Appréhendant une éventuelle réaction, les tyrans se sont de suite employés à dresser des fils de fer barbelés (juste à côté de son voisin immédiat, le chahid Chibane Tayeb) et à fermer la ruelle menant à l'habitation du chahid.
      Son domicile fera l'objet d'une surveillance permanente pour prévenir tout attroupement et prendre éventuellement connaissance des visiteurs qui s'y rendent.

      Cette surveillance n'a jamais cessé même après son exécution et ce, jusqu'au moment où notre pays a recouvré son indépendance.
      Mais tout cela sera sans effet et vain dès lors que le chahid avait pris les dispositions qui s'imposent avant son arrestation dans le seul but d'empêcher l'ennemi de remonter aux cellules dormantes ou actives qui étaient en contact avec lui.

      Si Amar Djeffal sera sans conteste le cheikh des chouhada d'El Khroub. Le sens premier du mot cheikh signifie âgé mais le sens figuré renvoie à la personne qui s'impose par son savoir et ses connaissances, son héroïsme ou autre acte noble et honorable. Le chahid s'est distingué par ses grandes qualités et hauts faits qui lui valurent ce titre de cheikh des chouhada d'El Khroub.

      Malgré son âge relativement avancé à l'époque (48 ans), il fut un héros. Il tint tête à l'ennemi dans les pires conditions.
      Son engagement indéfectible et sa loyauté aux principes de la révolution lui valurent respect et considération et firent de lui un exemple pour tous les jeunes d'El Khroub.

      C'est ce qui explique l'acharnement des bourreaux du deuxième bureau car ils savaient que le chahid était un militant hors pair. Il était le commissaire politique, le guide et le leader. Jamais un des héros d'El Khroub ne sera torturé comme il le fut : il fut crucifié, ses yeux arrachés, son corps percé de clous avant d'être criblé de balles.

      Nous ne détenons que peu d'informations sur le parcours héroïque et exemplaire du chahid. L'histoire en retiendra le reste car beaucoup de ses compagnons sont décédés. Le reste a été recueilli auprès de moudjahidine et de militants connus pour leur crédibilité, leur probité et leur loyauté au chahid et à la patrie.

      Il s'est de tout temps distingué par son autorité et son charisme et les habitants d'El Khroub lui vouaient, du temps de la révolution, une considération et un respect inégalés car il aura été le symbole et l'exemple de patriotisme, de militantisme et de sacrifice.

      Nous nous devons de souligner que tous ceux que nous avons approchés pour recueillir les témoignages étaient profondément affectés dès qu'ils évoquaient le souvenir du chahid et ce, un demi-siècle après son décès.
      Par devoir d'honnêteté et d'équité, citons notamment quelques noms parmi les vivants, dont Ben Abdelkader Larbi dit Larbi El Kharoubi, Othmane Akacha, Haouabes Zouaoui, Kaddour Hachouf, Abdelaziz Fedhloune connu sous le nom de Aouteche, Ahmed Bouras qui nous ont aidés à apporter cette modeste contribution et ces témoignages qui demeurent évidemment perfectibles, sachant que nous ne saurions prétendre nous identifier à d'authentiques historiens.

      Cette biographie a été réalisée, à l'occasion du 50ème anniversaire du décès du chahid, grâce aux investigations enrichissantes et au travail de longue haleine (Son 1er essai a été rédigé en 1985) de Monsieur Mohamed Gourmat avec l'inestimable contribution de Monsieur Mohamed Lamine Bestami en matière de présentation des informations les plus objectives, de recherche de la documentation et d'approfondissement de l'enquête auprès des témoins encore en vie.

      Par la Tribune

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      • #4
        merci pour cette pensée et ce chahid allah yarhamou dommagen on a pas étudié beaucoup à l'école les histoires de ces grands hommes de notre nation

        une chose l'a attiré mon attention ce passage
        Oudini Salah, alias Bezbouz, qui vouait en son for intérieur une haine à la révolution pour des raisons qu'il n'y a pas lieu d'expliquer ici
        et pourquoi tu ne veux pas les citer ces raisons ici, as tu tellement peur pour les coeurs des algériens en lisant ces raisons mystérieuses,

        pourquoi cacher la vérité? sommes nous encore des orphelins perdus en pleins desert et des éternels mineurs que seuls les autres adultes peuvent distinguer ce qui est leur bien de leur mal,

        je te salue pour ton article , mais tu es vraiment ridicule en ométtant de les citer ces raisons.

        علمي ماهوش من المسيد مانيش مثقف
        قراني الجوع و الحفى
        je n'ai pas appris à l'école. Je ne suis pas cultivé, j'ai eu pour maîtres la faim et le dénuement.

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