Source_El Watan 16-04-2018
Face à l’évolution du dossier du Sahara occidental qui est défavorable à son pays et redoutant les conséquences d’un face-à-face avec un Front Polisario plus que jamais conforté par le droit international, Mohammed VI semble vouloir essayer de reprendre la main, ou à tout le moins de maintenir le statu quo dans le conflit en provoquant une redistribution des cartes par n’importe quel moyen.
Le ministère sahraoui des Affaires étrangères a rendu, samedi, un long mémorandum dans lequel il nomme les raisons de la menace proférée par le Maroc de lancer une opération militaire contre des positions du Front Polisario dans les territoires sahraouis libérés. Pour le département dirigé par Mohamed Salem Ould Salek, il ne fait pas l’ombre d’un doute que cette menace vise avant tout «à trouver un alibi, même fabriqué, pour trahir ses engagements conclus dans le plan de règlement du conflit du Sahara occidental».
Autrement dit, Mohammed VI cherche encore à saborder les efforts de règlement de la crise récemment engagés par le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, et son nouvel envoyé spécial pour le Sahara occidental, l’ancien président allemand Horst Köhler. Les deux responsables militent en faveur de négociations directes entre le Front Polisario et le Maroc.
Or, les autorités marocaines sentent bien qu’il n’est pas dans leur intérêt de s’asseoir à la table des négociations à un moment où le contexte diplomatique leur est foncièrement défavorable. Elles sortent effectivement cette année d’un bras de fer juridique avec le Front Polisario qui les a complètement affaiblies et discréditées au plan international. Au plan du droit, le Front Polisario a pratiquement gagné toutes les batailles déterminantes.
Discrédit international
Les deux arrêts rendus par la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) concernant les accords de pêche et agricole conclus entre le Maroc et l’UE, pour ne citer que ces deux nouveaux éléments-clés du dossier du Sahara occidental, renforcent les nombreuses résolutions adoptées par le Conseil de sécurité de l’ONU depuis le début du conflit.
Des résolutions qui présentent toutes la caractéristique de souligner clairement l’illégalité de la présence du Maroc au Sahara occidental et le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination. La CJEU a même porté un coup très dur aux prétentions marocaines sur les ressources naturelles du Sahara occidental.
Il faut peut-être ajouter que le Maroc a fini aussi par comprendre très vite que son projet assumé de neutraliser le Front Polisario et l’Union africaine en adhérant à l’organisation panafricaine n’avait aucune chance d’aboutir. Les derniers sommets de l’UA ont à ce propos montré une solidarité sans faille du continent à l’égard de la cause sahraouie.
Comme l’atteste la décision de l’Afrique du Sud en 2017 d’arraisonner, à la demande du Front Polisario, un navire transportant du phosphate extrait illégalement au Sahara occidental occupé, cette solidarité africaine est active et ne se limite pas à la seule publication de communiqués de soutien. Un autre échec cinglant pour la diplomatie marocaine.
La tentation du pire
Ce n’est pas tout. La panique s’est amplifiée à Rabat avec l’envoi, fin mars dernier, par António Guterres, au Conseil de sécurité de l’ONU d’un rapport sur le conflit du Sahara occidental extrêmement défavorable au Maroc, dans lequel il est recommandé, entre autres, la mise sur pied en urgence d’un mécanisme indépendant de surveillance des droits de l’homme en raison de la répression qui règne dans les territoires occupés. L’une des plus grandes hantises des autorités marocaines.
Face à une telle évolution du dossier du Sahara occidental et redoutant les conséquences d’un face-à-face avec un Front Polisario plus que jamais conforté par le droit international, Mohammed VI semble effectivement vouloir essayer de reprendre la main dans le conflit (ou à tout le moins de maintenir le statu quo) en provoquant une redistribution par n’importe quel moyen.
Les Sahraouis se montrent en tout cas persuadés que Mohammed VI veut faire diversion pour «dévier les regards du Conseil de sécurité des véritables problèmes qui sont à la base de l’impasse actuelle causée par le Maroc lui-même». Et cette diversion se ferait justement en entraînant le Front Polisario dans un conflit.
Il paraîtrait même, selon le quotidien Assabah, que la France soutienne le projet guerrier marocain. Les Marocains ont, en tout cas, déjà trouvé le prétexte pour justifier leur agression. Ils ont allégué une violation de l’accord de cessez-le-feu par les Sahraouis et «semé la confusion sur les données géographiques acceptées d’un commun accord par le Front Polisario et le Maroc». Ce qui est évidemment faux. Ces allégations ont d’ailleurs été très vite démenties le 3 avril par l’ONU.
Malgré cela, le Maroc n’a rien fait depuis pour amorcer une dynamique de désescalade. Il continue même à jouer dangereusement avec le feu, comme il a l’habitude de le faire à la veille de chaque réunion du Conseil de sécurité sur le Sahara occidental. Les observateurs décrivent cette attitude comme étant clairement du chantage.
Face à l’évolution du dossier du Sahara occidental qui est défavorable à son pays et redoutant les conséquences d’un face-à-face avec un Front Polisario plus que jamais conforté par le droit international, Mohammed VI semble vouloir essayer de reprendre la main, ou à tout le moins de maintenir le statu quo dans le conflit en provoquant une redistribution des cartes par n’importe quel moyen.
Le ministère sahraoui des Affaires étrangères a rendu, samedi, un long mémorandum dans lequel il nomme les raisons de la menace proférée par le Maroc de lancer une opération militaire contre des positions du Front Polisario dans les territoires sahraouis libérés. Pour le département dirigé par Mohamed Salem Ould Salek, il ne fait pas l’ombre d’un doute que cette menace vise avant tout «à trouver un alibi, même fabriqué, pour trahir ses engagements conclus dans le plan de règlement du conflit du Sahara occidental».
Autrement dit, Mohammed VI cherche encore à saborder les efforts de règlement de la crise récemment engagés par le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, et son nouvel envoyé spécial pour le Sahara occidental, l’ancien président allemand Horst Köhler. Les deux responsables militent en faveur de négociations directes entre le Front Polisario et le Maroc.
Or, les autorités marocaines sentent bien qu’il n’est pas dans leur intérêt de s’asseoir à la table des négociations à un moment où le contexte diplomatique leur est foncièrement défavorable. Elles sortent effectivement cette année d’un bras de fer juridique avec le Front Polisario qui les a complètement affaiblies et discréditées au plan international. Au plan du droit, le Front Polisario a pratiquement gagné toutes les batailles déterminantes.
Discrédit international
Les deux arrêts rendus par la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) concernant les accords de pêche et agricole conclus entre le Maroc et l’UE, pour ne citer que ces deux nouveaux éléments-clés du dossier du Sahara occidental, renforcent les nombreuses résolutions adoptées par le Conseil de sécurité de l’ONU depuis le début du conflit.
Des résolutions qui présentent toutes la caractéristique de souligner clairement l’illégalité de la présence du Maroc au Sahara occidental et le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination. La CJEU a même porté un coup très dur aux prétentions marocaines sur les ressources naturelles du Sahara occidental.
Il faut peut-être ajouter que le Maroc a fini aussi par comprendre très vite que son projet assumé de neutraliser le Front Polisario et l’Union africaine en adhérant à l’organisation panafricaine n’avait aucune chance d’aboutir. Les derniers sommets de l’UA ont à ce propos montré une solidarité sans faille du continent à l’égard de la cause sahraouie.
Comme l’atteste la décision de l’Afrique du Sud en 2017 d’arraisonner, à la demande du Front Polisario, un navire transportant du phosphate extrait illégalement au Sahara occidental occupé, cette solidarité africaine est active et ne se limite pas à la seule publication de communiqués de soutien. Un autre échec cinglant pour la diplomatie marocaine.
La tentation du pire
Ce n’est pas tout. La panique s’est amplifiée à Rabat avec l’envoi, fin mars dernier, par António Guterres, au Conseil de sécurité de l’ONU d’un rapport sur le conflit du Sahara occidental extrêmement défavorable au Maroc, dans lequel il est recommandé, entre autres, la mise sur pied en urgence d’un mécanisme indépendant de surveillance des droits de l’homme en raison de la répression qui règne dans les territoires occupés. L’une des plus grandes hantises des autorités marocaines.
Face à une telle évolution du dossier du Sahara occidental et redoutant les conséquences d’un face-à-face avec un Front Polisario plus que jamais conforté par le droit international, Mohammed VI semble effectivement vouloir essayer de reprendre la main dans le conflit (ou à tout le moins de maintenir le statu quo) en provoquant une redistribution par n’importe quel moyen.
Les Sahraouis se montrent en tout cas persuadés que Mohammed VI veut faire diversion pour «dévier les regards du Conseil de sécurité des véritables problèmes qui sont à la base de l’impasse actuelle causée par le Maroc lui-même». Et cette diversion se ferait justement en entraînant le Front Polisario dans un conflit.
Il paraîtrait même, selon le quotidien Assabah, que la France soutienne le projet guerrier marocain. Les Marocains ont, en tout cas, déjà trouvé le prétexte pour justifier leur agression. Ils ont allégué une violation de l’accord de cessez-le-feu par les Sahraouis et «semé la confusion sur les données géographiques acceptées d’un commun accord par le Front Polisario et le Maroc». Ce qui est évidemment faux. Ces allégations ont d’ailleurs été très vite démenties le 3 avril par l’ONU.
Malgré cela, le Maroc n’a rien fait depuis pour amorcer une dynamique de désescalade. Il continue même à jouer dangereusement avec le feu, comme il a l’habitude de le faire à la veille de chaque réunion du Conseil de sécurité sur le Sahara occidental. Les observateurs décrivent cette attitude comme étant clairement du chantage.
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