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Tensions commerciales au bord de l'explosion entre la Chine et les États-Unis

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  • Tensions commerciales au bord de l'explosion entre la Chine et les États-Unis

    La guerre commerciale fait rage entre la Chine et les États-Unis. Mais si Donald Trump éructe régulièrement sur Twitter, les Chinois, sûrs de leurs atouts, semblent beaucoup plus apaisés

    Les États-Unis pourraient-ils aller jusqu’à déclencher une guerre commerciale contre la Chine? À Pékin, on ne croit guère à ce risque. Le déficit commercial américain par rapport à la Chine est évalué par Washington à 375 milliards de dollars en 2017. Il est clair que le président américain veut faire reculer ce chiffre gigantesque. Et que, dans ce but, l’objectif est de viser en priorité l’omniprésence des investissements et du commerce chinois aux États-Unis. Avec, en revanche, un désir clairement affirmé d’obtenir que le marché chinois soit plus ouvert.

    Mais, à Pékin, le point de vue de Washington se heurte à l’affirmation d’une idée simple: les Américains ne peuvent pas menacer le marché chinois car celui-ci est nettement supérieur au leur. Ce que résume Ding Yifan, chercheur à l’Institut du développement mondial:

    «Grâce à sa dimension et à son développement, le marché de la Chine pour les articles industriels est devenu le premier marché au monde. Il est plus important que celui des États-Unis. Même les voitures américaines: il s’en vend plus en Chine qu’aux États-Unis.»



    Deux poids... mais un discours mesuré

    Compte tenu de la puissance de l’économie chinoise, on estime à Pékin que si les États-Unis allaient jusqu’à interdire les exportations chinoises, cela n’affecterait pas l’économie chinoise dans son ensemble. Les exportations chinoises vers les États-Unis sont en effet extrêmement diversifiées et concernent de très nombreux secteurs. Alors que les exportations dans l'autre sens sont au contraire concentrées sur un nombre réduit de produits. Dès lors, des rétorsions prises par la Chine contre les États-Unis frapperaient beaucoup plus lourdement l’économie américaine que des mesures en sens inverse.

    La sérénité chinoise face aux États-Unis s'est entendue dans le discours prononcé le 10 mars au Forum économique qui se tenait, comme chaque année, à Boao, dans l’île de Hainan au sud de la Chine.

    «On ne doit pas montrer ses muscles ou ses poings à tout moment.»

    Xi Jinping

    Le président Xi Jinping y était d’autant plus sûr de lui que, début mars, les 2.958 délégués de l’Assemblée nationale populaire lui ont accordé, à l’unanimité, la possibilité de prolonger à vie son mandat de chef de l’État. Devant un parterre de responsables chinois de l’économie et d’invités étrangers, il a prononcé un discours particulièrement paisible, promettant «une nouvelle phase d’ouverture de l’économie chinoise». Il s’engage à «réduire considérablement» –et ce, dès 2018– les tarifs douaniers chinois. Cela vaudra en particulier pour les importations d’automobiles. Comme dans l’aéronautique, les constructeurs étrangers ne seront plus obligés de s’associer à des partenaires locaux. Le président chinois a également répété ce qu’il avait dit lors du congrès du Parti communiste chinois, en octobre: «Les entreprises étrangères auront un plus grand accès au secteur financier chinois et pourront contrôler des banques et des entreprises de gestion d’actifs.»

    Xi Jinping a ensuite rencontré certains membres étrangers de ce forum de Boao. Notamment Jean-Pierre Raffarin. À l’ancien Premier ministre –à qui le gouvernement français a donné début 2018 un titre de «représentant spécial en Chine»– le numéro un chinois a précisé son opinion sur l’attitude de Donald Trump, en estimant:

    «On ne doit pas montrer ses muscles ou ses poings à tout moment.»

    Surenchère
    Depuis deux mois, les dirigeants chinois observent en détail les menaces lancées par Donald Trump. Elles ne concernent ni le Canada ni le Mexique. Et les pays européens ont été retirés de l’angle d’attaque américain. Washington vise la Chine. Si bien que, auprès de Xi Jinping, le «groupe économique et financier» qui dépend du Comité central du Parti communiste est chargé de préparer les répliques de Pékin. Une vingtaine de conseillers travaillent dans cet organisme. Et actuellement, ils font régulièrement appel à des économistes et des universitaires pour peaufiner les détails des réponses à faire aux mises en cause américaines.

    Les répliques chinoises sont ainsi soigneusement calibrées et répondent rapidement aux initiatives de Donald Trump. Celui-ci, le 22 mars, a parlé d’une taxe possible sur 1.300 produits chinois importés aux États-Unis. Leur valeur représentant soixante milliards de dollars. Le lendemain, la Chine annonçait qu’elle pourrait augmenter de 15% les taxes sur 128 produits américains, allant des fruits secs jusqu’aux tubes en acier. Et pour le porc ou l’aluminium américains, l’augmentation serait de 25%.

    Ensuite, le 3 avril, les Américains ont à nouveau publié une liste de produits chinois pouvant être soumis à de nouveaux droits de douanes. Les domaines sont variés: l’aéronautique, les technologies de l’information et de la communication, les machines, la robotique… Le tout étant évalué à «environ cinquante milliards de dollars». Cette fois encore, la Chine a répliqué en publiant une liste de produits américains importés pour ce même montant de cinquante milliards de dollars.

    Depuis, Washington a menacé de trouver cinquante autres milliards d’autres produits chinois à taxer. Tandis que Pékin a décidé de porter plainte contre les États-Unis devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC) pour contester en particulier la taxation américaine sur l’acier et l’aluminium chinois. Et d'en rajouter, en laissant courir le bruit que le yuan pourrait être déprécié afin de faciliter les exportations chinoises...

    «Cela ne peut plus durer!»

    Un autre sujet apparaît en force dans la dénonciation américaine des pratiques commerciales chinoises. Les sociétés occidentales qui s’installent en Chine sont obligées de transférer leur propriété intellectuelle. Donnant ainsi à la Chine un libre accès à toutes sortes de secrets de fabrication. Donald Trump ajoute cette question au déficit commercial des États-Unis face à la Chine: «Avec le vol de la propriété intellectuelle, ce sont 300 milliards de dollars supplémentaires. Cela ne peut plus durer!», lance-t-il dans un tweet.

    Deux poids... mais un discours mesuré

    Compte tenu de la puissance de l’économie chinoise, on estime à Pékin que si les États-Unis allaient jusqu’à interdire les exportations chinoises, cela n’affecterait pas l’économie chinoise dans son ensemble. Les exportations chinoises vers les États-Unis sont en effet extrêmement diversifiées et concernent de très nombreux secteurs. Alors que les exportations dans l'autre sens sont au contraire concentrées sur un nombre réduit de produits. Dès lors, des rétorsions prises par la Chine contre les États-Unis frapperaient beaucoup plus lourdement l’économie américaine que des mesures en sens inverse.

    La sérénité chinoise face aux États-Unis s'est entendue dans le discours prononcé le 10 mars au Forum économique qui se tenait, comme chaque année, à Boao, dans l’île de Hainan au sud de la Chine.

    «On ne doit pas montrer ses muscles ou ses poings à tout moment.»

    Xi Jinping

    Le président Xi Jinping y était d’autant plus sûr de lui que, début mars, les 2.958 délégués de l’Assemblée nationale populaire lui ont accordé, à l’unanimité, la possibilité de prolonger à vie son mandat de chef de l’État. Devant un parterre de responsables chinois de l’économie et d’invités étrangers, il a prononcé un discours particulièrement paisible, promettant «une nouvelle phase d’ouverture de l’économie chinoise». Il s’engage à «réduire considérablement» –et ce, dès 2018– les tarifs douaniers chinois. Cela vaudra en particulier pour les importations d’automobiles. Comme dans l’aéronautique, les constructeurs étrangers ne seront plus obligés de s’associer à des partenaires locaux. Le président chinois a également répété ce qu’il avait dit lors du congrès du Parti communiste chinois, en octobre: «Les entreprises étrangères auront un plus grand accès au secteur financier chinois et pourront contrôler des banques et des entreprises de gestion d’actifs.»

    Xi Jinping a ensuite rencontré certains membres étrangers de ce forum de Boao. Notamment Jean-Pierre Raffarin. À l’ancien Premier ministre –à qui le gouvernement français a donné début 2018 un titre de «représentant spécial en Chine»– le numéro un chinois a précisé son opinion sur l’attitude de Donald Trump, en estimant:

    «On ne doit pas montrer ses muscles ou ses poings à tout moment.»

    Surenchère
    Depuis deux mois, les dirigeants chinois observent en détail les menaces lancées par Donald Trump. Elles ne concernent ni le Canada ni le Mexique. Et les pays européens ont été retirés de l’angle d’attaque américain. Washington vise la Chine. Si bien que, auprès de Xi Jinping, le «groupe économique et financier» qui dépend du Comité central du Parti communiste est chargé de préparer les répliques de Pékin. Une vingtaine de conseillers travaillent dans cet organisme. Et actuellement, ils font régulièrement appel à des économistes et des universitaires pour peaufiner les détails des réponses à faire aux mises en cause américaines.

    Les répliques chinoises sont ainsi soigneusement calibrées et répondent rapidement aux initiatives de Donald Trump. Celui-ci, le 22 mars, a parlé d’une taxe possible sur 1.300 produits chinois importés aux États-Unis. Leur valeur représentant soixante milliards de dollars. Le lendemain, la Chine annonçait qu’elle pourrait augmenter de 15% les taxes sur 128 produits américains, allant des fruits secs jusqu’aux tubes en acier. Et pour le porc ou l’aluminium américains, l’augmentation serait de 25%.

    Ensuite, le 3 avril, les Américains ont à nouveau publié une liste de produits chinois pouvant être soumis à de nouveaux droits de douanes. Les domaines sont variés: l’aéronautique, les technologies de l’information et de la communication, les machines, la robotique… Le tout étant évalué à «environ cinquante milliards de dollars». Cette fois encore, la Chine a répliqué en publiant une liste de produits américains importés pour ce même montant de cinquante milliards de dollars.

    Depuis, Washington a menacé de trouver cinquante autres milliards d’autres produits chinois à taxer. Tandis que Pékin a décidé de porter plainte contre les États-Unis devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC) pour contester en particulier la taxation américaine sur l’acier et l’aluminium chinois. Et d'en rajouter, en laissant courir le bruit que le yuan pourrait être déprécié afin de faciliter les exportations chinoises...

    «Cela ne peut plus durer!»

    Un autre sujet apparaît en force dans la dénonciation américaine des pratiques commerciales chinoises. Les sociétés occidentales qui s’installent en Chine sont obligées de transférer leur propriété intellectuelle. Donnant ainsi à la Chine un libre accès à toutes sortes de secrets de fabrication. Donald Trump ajoute cette question au déficit commercial des États-Unis face à la Chine: «Avec le vol de la propriété intellectuelle, ce sont 300 milliards de dollars supplémentaires. Cela ne peut plus durer!», lance-t-il dans un tweet.

    L’administration américaine reproche aussi aux autorités chinoises de nombreux cas de concurrence déloyale et de subventions étatiques aux entreprises chinoises qui exportent.

    Autant d’accusations qui n’ont pas provoqué, jusqu’ici, de réactions de Pékin... où l’on préfère constater que les chiffres du commerce chinois aux États-Unis restent excellents: pour le premier trimestre 2018, les exportations chinoises ont bondi à près de 100 milliards de dollars, soit 14,8% de plus que la même période en 2017. Tandis que les ventes américaines en Chine n’ont progressé que de 8,9%, à 41,6 milliards de dollars.

    De quoi renforcer en Chine un sentiment de supériorité économique. Mais Huang Songping, l’un des porte-paroles du ministère chinois du commerce, commente la situation sans triomphalisme: «Nous n'avons jamais délibérément recherché l'excédent commercial, la situation actuelle reflète l'état du marché, la division des structures économiques et des compétitivités industrielles différentes.»

    Un point de vue que Ding Yifan relie à des données historiques quand il dit:

    «On ne peut pas reprocher à la Chine d’avoir su développer son commerce. Ou alors, remontons à Nixon et disons qu’il a fait une erreur en venant en Chine en 1972 pour rencontrer Mao et commencer le processus d’ouverture de la Chine!»

    Aujourd’hui, en tout cas, tout indique que la Chine sait profiter du contexte actuel de mondialisation. De nombreux internautes chinois accusent les Américains de ne pas jouer le jeu de l’ouverture des marchés mondiaux.

  • #2
    suite

    De son côté, toujours dans un tweet, Donald Trump assure:

    «Nous ne sommes pas dans une guerre commerciale avec la Chine, cette guerre a été perdue il y a de nombreuses années par des personnes stupides ou incompétentes, des personnes représentant les États-Unis.»

    Dans ces conditions, à Pékin, on n’accorde cependant pas une gravité excessive à l’attitude américaine actuelle. Ceux qui connaissent les États-Unis affirment que Donald Trump cherche surtout à renforcer ses positions en vue des élections de mi-mandat, en novembre prochain. L’acier américain emploie 140.000 salariés qui sont autant d’électeurs.

    Aussi, si le pouvoir chinois prend soin de répondre systématiquement aux mises en causes américaines, il ne va pas jusqu’à montrer de la nervosité. On considère à Pékin qu’après quelques concessions chinoises –dont celles qui apparaissaient dans le discours de Xi Jinping à Boao– il arrivera un moment où Donald Trump criera victoire en disant que ses menaces ont réussi à faire plier les Chinois. Cette hypothèse est très discrètement formulée à Pékin. Notamment parce que Donald Trump est connu pour être très souvent imprévisible.

    Slate

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