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L'évolution des rapports Iran-israel

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  • L'évolution des rapports Iran-israel

    Les relations entre la République islamique et Israël n'ont pas toujours été aussi détestables qu'on pourrait le penser en 2008-2009, quand se croisent invectives du président Ahmadinejad appelant à rayer Israël de la carte, et menaces israéliennes de frappes militaires sur les sites nucléaires iraniens. L'évolution de ces relations, des liens étroits sous le shah Mohammed-Reza à une hostilité croissante après 1979, s'inscrit dans l'histoire géopolitique du Moyen-Orient.


    Des relations étroites au temps du shah
    Le 29 novembre 1948, l'Iran du shah, comme tous les autres Etats musulmans, a voté contre la résolution 181 de l'assemblée générale de l'ONU portant partage de la Palestine, et donc création de l'Etat d'Israël. L'année suivante toutefois, le shah reconnaît l'Etat hébreu, car il partage deux craintes avec Israël au Moyen-Orient: la poussée soviétique, et la montée en puissance du panarabisme. De son côté,
    Israël développe la théorie et la pratique des « alliances de la périphérie », consistant à avoir de bonnes relations avec les Etats non arabes de la région (la Turquie et l'Iran). Les relations diplomatiques sont suspendues par le premier ministre Mossadegh en 1951, mais rétablies après 1953. Même si la politique de l'Etat hébreu fait l'objet de critiques verbales lors de certaines crises (en particulier lors de la guerre des Six jours en 1967), l'Iran entretient des relations importantes avec Israël. Jérusalem fournit une aide technique et militaire à Téhéran. La police politique du shah, la Savak, a ainsi bénéficié des compétences des services israéliens. Des coopérants militaires aident les Iraniens à mettre en oeuvre certaines armes américaines. En 1977, Iraniens et Israéliens envisagent un programme commun de missile ballistique de courte portée (Projet Flower).


    La politique pro-palestinienne après 1979


    Depuis le début des années 1960, l'ayatollah Khomeyni dénonçait les liens du shah avec Israël, Etat allié des Américains. En 1979, la plupart des révolutionnaires iraniens sont anti-américains et pro-palestiniens, donc anti-israéliens -les Palestiniens étant considérés, à l'époque, comme une forme d'avant-garde des luttes révolutionnaires de décolonisation et anti-impérialistes. L'installation de le République islamique s'accompagne donc logiquement d'une rupture diplomatique avec Israël, de la généralisation de discours « antisionistes » radicaux, d'appels à la libération d'al-Qods (Jérusalem- l'Imam Khomeyni crée en 1979 une « Journée de Jérusalem » de dénonciation de d'Israël et de soutien aux Palestiniens; elle est pratiquée dans de nombreux pays musulmans). Le premier « chef d'Etat » reçu à Téhéran n'est autre que Yasser Arafat, et l'ambassade d'Israêl devient la représentation de la Palestine.
    Toutes les relations ne sont cependant pas rompues. Car Israël, où est installée depuis 1948 une importante communauté juive iranienne, entend garder un minimum de relations avec un rival des Etats arabes. Car l'Iran a tout à craindre des velléités belliqueuses des mêmes Etat arabes, ce que confirmera l'agression irankienne en septembre 1980. On apprendra ainsi, lors de la révélation du scandale de l'Irangate, que, à la demande des Américains, les Israéliens ont vendu (au prix fort) des armes et des munitions aux Iraniens en 1985-1986, pour leur permettre de continuer la guerre contre l'Irak. D'autre part, si les Iraniens se proclament champions de la cause palestinienne, ils sont, en réalité, un acteur de second plan dans ce conflit. L'objectif de Téhéran est surtout de sortir de son isolement diplomatique, d'obtenir le soutien de « la rue arabe » (c'est-à-dire des opinions publiques), de se rapprocher des Etats arabes radicaux du « front du refus », sans oublier de s'appuyer aussi sur les communautés chiites de la région. Enfin, il semble que les Iraniens espéraient recueillir les bénéfices de leur attitude plus modérée après Khomeyni (soutien à la première guere du Golfe en 1991; plus tard, condamnation des attentats du 11 septembre 2001, et ouverture de leur espace aérien lors de l'offensive contre les talibans afghans).


    La radicalisation des discours


    Selon certains spécialistes, Israël maintient donc des contacts informels avec l'Iran jusqu'à 1992, date à laquelle la politique de Jérusalem évolue, les menaces soviétique et irakienne ayant disparu. Le gouvernement travailliste israélien, que les Etats-Unis poussent à faire des concessions aux Palestiniens, compense ces concessions en diffusant l'idée que l'Iran représenterait la nouvelle menace de terrorisme islamiste. Au regard de la chronologie iranienne (on entre alors dans un post-khomeynisme moins radical, plus pragmatique, avec le président H.Rafsandjani, et plus encore le président M.Khatami), cet infléchissement du discours israélien peut apparaître comme paradoxal. Mais il peut s'argumenter par les liens étroits entre Téhéran et Damas, et le soutien important de l'Iran au Hezbollah libanais, largement à l'origine du retrait contraint de Tsahal du sud-Liban en 2000. Les dénonciations israéliennes réitérées sur le rôle de plus en plus néfaste de l'Iran vont susciter, en retour, une radicalisation du discours pro-chiite,pro-Hezbollah, et pro-palestinien. La capacité de nuisance de Téhéran restant cependant limitée, ni le Hezbollah, ni le Hamas, ne représentant une menace stratégique pour Israël. On est donc là en présence d'une rivalité géopolitique régionale, beaucoup plus qu'idéologique ou religieuse.
    L'opposition réciproque va se radicaliser dans les années 2000. La révélation, en 2002, du programme nucléaire secret iranien, associé au développement de missiles à longue portée, fournissent un argument de poids à la propagande israélienne: l'Iran peut désormais être présenté comme une menace vitale pour l'existence même de l'Etat d'Israël -même si de nombreux experts estiment que la capacité nucléaire israélienne représente une dissuasion compensant largement cette hypothétique menace iranienne. D'autre part, les diatribes antisionistes, négationnistes et antisémites du président M.Ahmadinejad élu en 2005, et réélu en 2009, alimentent par elles-mêmes la thèse d'une dangerosité majeure de l'Iran pour Israël. Il semble -mais il y a polémique sur la traduction de certains discours d'Ahmadinejad et du Guide suprême, que Téhéran défende la position d'un Etat unique en Palestine, résultant d'un référendum, avec formation d'un gouvernement issu d'élections communes aux Palestiniens et aux Juifs: l'Etat sioniste disparaîtrait ainsi.
    Agiter le chiffon rouge face à Israël est, pour l'Iran, un moyen de susciter la menace d'une frappe militaire israélienne (et/ou américaine, au moins jusqu'à l'élection de B.Obama en 2008) en Iran. Et donc de légitimer, en interne comme auprès du monde musulman, sunnite ou non, le choix iranien d'un nucléaire militaire national et de dissuasion. En quelque sorte, les Iraniens « externalisent » la tension bilatérale vers l'ensemble de la région, et en particulier aux portes d'Israël (Liban, Gaza). De leur côté, certains politiques et analystes israéliens présentent la guerre au Liban dans l'été 2006, et l'affrontement avec le Hamas à Gaza en 2008-2009 (Téhéran se situant alors dans le camp des radicaux pro-Hamas), comme deux volets d'une guerre indirecte contre Téhéran, fournissant ainsi des arguments supplémentaires pour une intervention militaire directe contre le nucléaire iranien. On sait que l'état-major israélien travaille à des plans d'attaque par bombardements aériens ou par missiles depuis au moins 2002. Et les exemples des bombardements sur des installations nucléaires en Irak (réacteur Osirak, 1981) et en Syrie (Opération Verger/Orchard, septembre 2007) sont là pour rappeler à l'Iran que la menace n'est pas que théorique, même si les distances à franchir depuis Israël sont sensiblement plus longues que pour l'Irak ou la Syrie. A la veille d'un voyage du président Ahmadinejad au Liban, une série d'explosions sur la base souterraine Imam Ali de missiles Shahab 3, au sud-ouest de l'Iran, en octobre 2010, avec apparemment de gros dégâts à la clé, a ainsi été attribuée à l'action des services israéliens. Questions d'Orient
    La guerre c'est le massacre entre gens qui ne se connaissent pas au profit de gens qui se connaissent mais qui ne se massacrent pas.
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