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Stabilité macroéconomique et fluctuations des prix en Afrique du Nord

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  • Stabilité macroéconomique et fluctuations des prix en Afrique du Nord

    La région Afrique du Nord est confrontée à un contexte économique difficile depuis la fin du Printemps arabe, avec des transitions problématiques dans certains pays. Les vulnérabilités macroéco- nomiques de la région ont été mises en évidence de façon flagrante dans un contexte de chute des prix des produits de base et de ralentissement de la croissance en europe. Plusieurs pays ont connu une baisse des recettes fiscales, une aug- mentation de la dette publique et une plus forte exposition aux chocs des termes de l’échange. L’inflation a presque doublé dans la région, pas- sant de 7,9 % en 2016 à 14,1 % en 2017, hausse principalement alimentée par les pressions infla- tionnistes en Égypte et en Libye. L’élimination de facto des subventions alimentaires par la Libye en raison d’un manque de ressources a contribué à une forte poussée de l’inflation, jusqu’à 28 % en 2016. L’inflation est cependant faible et stable en Algérie, en Mauritanie et au Maroc



    L’instabilité de la croissance régionale est moins prononcée. Une majorité de pays de la région a également enregistré une faible crois- sance du PIB (figure 11), situation macroéco- nomique indésirable dans une région dont le potentiel est immense, mais qui connaît aussi des niveaux de chômage élevés. L’inflation médiane était plus faible pour la région Afrique du Nord que pour l’ensemble de l’Afrique, ce qui manifeste une plus grande stabilité.

    Depuis 2015, les pays de la région de l’Afrique du Nord enregistrent une baisse durable des monnaies. La livre égyptienne a connu la plus forte dépréciation, avec une baisse de 76,3 % entre 2016 et 2017 qui s’ajoute à une déprécia- tion de 31,5 % de 2015 à 2016. Le taux de change officiel dinar libyen/dollar américain s’est déprécié vers la fin de 2016 et le début de 2017, alimentant les pressions inflationnistes. Le dinar tunisien a aussi connu une pression accrue, se dépréciant de 104 % face au dollar américain entre 2011 et 2017. Cette forte dépréciation a alimenté l’inflation en augmentant le coût des importations, ce qui a contraint la Banque centrale de Tunisie à aug- menter le taux du marché monétaire, de 3,9 % en 2012 à 5,2 % en septembre 2017.



    Déficits des comptes budgétaires et courants et sources de financement
    Dans l’ensemble, l’environnement macroécono- mique en Afrique du Nord est depuis le déclen- chement du Printemps arabe en 2010 et que la baisse des prix des produits de base enregistrée à partir de 2014.

    Solde budgétaire
    La baisse des prix des produits de base a entraîné celle des recettes fiscales, laissant la plupart des pays avec des déficits budgétaires croissants. La Libye enregistre le déficit budgétaire le plus élevé, estimé à 43 % du PIB pour 2017, suivie par l’Égypte avec 10 %, l’Algérie avec 6,4 %, la Tuni- sie avec 5,8 % et le Maroc avec 3,5 %. en Mauritanie, cependant, malgré l’impact de la baisse des prix du minerai de fer sur les recettes fiscales, le gouvernement est parvenu à maintenir les restrictions budgétaires ; son déficit de 0,6 % du PIB en 2017 comptait parmi les plus faibles d’Afrique du Nord et de l’ensemble du continent.

    Les déficits budgétaires importants affichés par la Libye depuis 2014 expliquent en grande partie le déficit budgétaire global de la région, avec une estimation de 43 % du PIB pour 2017, soit un chiffre inférieur aux 102,7 % enregistrés en 2016. Le déficit de la Libye se réduit len- tement, même s’il devrait demeurer élevé en 2018 et en 2019. L’Algérie et l’Égypte connaissent également un creusement des déficits budgétaires depuis 2014, avec un pic en 2016. Le redresse- ment des prix du pétrole associé aux programmes d’assainissement budgétaire en cours devrait réduire le déficit régional à 7 % du PIB en 2018 et à 7 % en 2019. Toutefois, les baisses prévues sont subordonnées à la mise en œuvre soutenue de réformes budgétaires et d’assainissement budgétaire dans les pays. Aucun des pays de la région ne devrait enregistrer d’excédent à moyen terme.

    Dynamique de la dette
    La dette du secteur public a augmenté dans les pays nord-africains, reflétant une marge de manœuvre budgétaire limitée et une augmentation des besoins pour les dépenses consacrées au développement. La Mauritanie a la dette publique extérieure la plus élevée, estimée à 66 % du PIB en 2015, suivie par la Tunisie avec 64 % et le Maroc avec 43 % ; la dette publique extérieure de l’Égypte est de 14 % et celle de l’Algérie, de 2,5 % (figure 18). La dette publique extérieure du Maroc a augmenté, passant de 43 % du PIB en 2015 à 63 % en 2017.

    La vulnérabilité à l’endettement extérieur de la région Afrique du Nord a été aggravée par la faible performance économique des pays. Le ralentis- sement de la croissance dans la région est asso- cié à une accumulation accrue de dette extérieure. Les pays à faible revenu, en particulier, ont des difficultés à mobiliser des sources de financement adéquates pendant les périodes de détresse économique.
    Le déficit des comptes budgétaires et courants explique près de 56 % de la variation dans l’accu- mulation de dette extérieure. Ainsi, il n’est pas sur- prenant que les chocs des termes de l’échange récents aient déclenché l’instabilité macroécono- mique. Cette situation a nécessité à son tour que les États s’endettent pour maintenir les dépenses publiques essentielles et stabiliser la demande nationale à travers l’augmentation des importa- tions, tout en essayant de ne pas éroder excessi- vement les réserves nationales.

    Financer des investissements publics à long terme dans les infrastructures, l’éducation, la santé et d’autres secteurs pour accroître l’efficacité et la compétitivité de l’économie en général peut aussi accélérer l’accumulation de dette. La corrélation entre les investissements et les résidus générés par la régression du ratio dette extérieure/PIB des pays d’Afrique du Nord sur le déficit des comptes budgétaires et cou- rants montre que près de 30 % de la variation de la dette extérieure s’explique par les besoins d’investissements. La relation montre que la dette accumulée dans la région a contri- bué à construire un capital qui pourrait favoriser la croissance à long terme.



    Si la dette publique est élevée dans cer- tains pays d’Afrique du Nord, comme l’Égypte, la dette est essentiellement intérieure. La dette intérieure n’est pas exposée au même risque de financement que la dette externe, même si elle peut évincer les emprunts du secteur privé quand les gouvernements y ont excessivement recours. Les inquiétudes à l’égard de la soute- nabilité de la dette sont donc apaisées dans la région, étant donnés les niveaux et la composi- tion de la dette et le niveau de développement des pays, mais la vigilance des gouvernements est de mise.

    Perspectives économiques en Afrique du Nord 2018 - BAD
    Dernière modification par jawzia, 22 mai 2018, 15h10.
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