L’idée a fait son chemin pour sortir l'ex raffineur national de la crise
Petit à petit au cours des dernières semaines, l’idée a fait son chemin, suite à une réflexion menée notamment par certains créanciers de premier rang de l’ex raffineur national Samir (société anonyme marocaine de l’industrie du raffinage) ainsi que les syndicats de l’entreprise placée en liquidation depuis bientôt deux ans, et dont la situation économique et sociale est explosive. Pour sortir de la crise, certains distributeurs de carburant, avec à leur tête Afriquia, pourraient en effet venir au secours de l’emblématique entreprise de Mohammedia et la rachèteraient, ce que réfute toutefois fermement une source autorisée au sein du groupe détenu par Aziz Akhannouch.
Or, pour les pétroliers marocains, cette option de sortie de crise permettrait non seulement de remettre en selle la Samir, mais également de déminer la polémique autour des marges de carburant, qui a pris une dimension de scandale national suite à la publication du rapport de mission parlementaire qui les accuse d’avoir fait exploser leurs marges au détriment du pouvoir d’achat des Marocains. Décryptage.
Cette fois, cela pourrait bien être la bonne. Après le démenti du groupe Akwa de novembre 2016, le groupe appartenant au milliardaire originaire du Souss Aziz Akhannouch, durement éprouvé par la campagne de boycott, envisagerait de se porter acquéreur de la Samir, avec un certain nombre de ses concurrents distributeurs et un partenaire international, selon des informations fiables obtenues par le HuffPost Maroc auprès d’acteurs proches du dossier.
Or, contactée par nos soins pour commenter cette information, une source autorisée au sein d’Afriquia affirme que le dossier n’est pas à l’étude et que ces informations ne correspondent pas à une option envisagée par l’entreprise. Qui croire dans ce contexte?
En effet, qui aurait intérêt à véhiculer une telle information? Selon certaines sources, ce serait les dirigeants du puissant syndicat des employés de la Samir qui seraient à la manœuvre, poussant à ce que cette solution puisse voir le jour rapidement pour sortir de l’ornière, et gagnant de plus en plus de soutiens au sein du ministère de l’énergie.
Quels avantages pour Afriquia?
Car sur le papier, malgré le coût de redémarrage de l’activité de la Samir, ainsi que la recapitalisation nécessaire afin de faire face aux créanciers prioritaires, l’opération semble en effet présenter plusieurs avantages, notamment pour Afriquia. En se portant au secours de l’ancienne plus importante entreprise du Maroc, Aziz Akhannouch et ses partenaires feraient coup double et l’homme commencerait à envisager une sortie de ses difficultés générées par le boycott et le rapport parlementaire sur les marges des distributeurs de carburant, qui ont frappé très durement son enseigne et écorné substantiellement sa popularité.
D’un côté, orchestrer un sauvetage industriel de cette ampleur, avec tout ce que cela signifie en termes de répercussions non seulement sociales, mais également territoriales pour Mohammedia, permettrait à Aziz Akhannouch de se draper de la posture de “chevalier blanc” en parvenant à résoudre un dossier lourdement enkysté depuis plus de 24 mois. De l’autre, cette reprise de la Samir offrirait une porte de sortie idéale à la polémique sur les marges des distributeurs puisque mécaniquement, Afriquia serait obligée de réinvestir une grande partie de ses bénéfices des deux dernières années pour effectuer l’opération de rachat de la Samir, même si elle faisait partie d’un consortium.
En outre, cela permettrait de répondre directement aux revendications portées par certaines voix, dont le député FGD Omar Balafrej, qui réclamait aux distributeurs de carburant de tout simplement… rembourser le surplus engrangé par les pétroliers depuis la fin de la compensation et la libéralisation des prix, soit près de 13 milliards de dirhams selon les chiffrages avancés par l’hebdomadaire TelQuel.
Un obstacle important à lever en préalable: l’effacement partiel des créances et le devenir des investissements dans le stockage
Reste qu’un certain nombre d’acteurs sont sceptiques quant à la faisabilité à court terme de ce rachat, du fait notamment de l’épineuse question des dettes dues à l’Etat par la Samir. En effet, quelle que soit l’identité du repreneur, celui-ci serait en droit de pouvoir négocier de manière extrêmement serrée un rabais des dettes exigibles à l’Etat, incluant les créances douanières. Or, si Afriquia venait à prendre le lead sur cette opération, l’entreprise, déjà exposée par le boycott, serait de facto dans une situation de faiblesse pour négocier avec l’administration fiscale.
Toutefois, l’avantage stratégique obtenu par les pétroliers marocains en termes de stockage et de reprise du réseau de distribution en rachetant la Samir, ainsi que les économies d’échelle réalisées, permettent d’envisager de faire valoir des arguments solides auprès du tribunal en charge de trouver un repreneur. La justice semble en effet commencer à montrer des signes d’impatience, comme en témoigne la révocation récente du liquidateur Mohammed El Krimi, poussé par la porte de sortie par des créanciers excédés par sa gestion solitaire du dossier.
Qu’adviendra-t-il de la Samir au cours des prochains mois? Telle semble être l’équation à de multiples inconnues à laquelle le gouvernement devra nécessairement répondre avec le raccourcissement des horizons temporels et la mise sous pression croissante de l’ancienne ville du raffineur, qui traverse un marasme économique et social sans précédent.
Huffpost
Petit à petit au cours des dernières semaines, l’idée a fait son chemin, suite à une réflexion menée notamment par certains créanciers de premier rang de l’ex raffineur national Samir (société anonyme marocaine de l’industrie du raffinage) ainsi que les syndicats de l’entreprise placée en liquidation depuis bientôt deux ans, et dont la situation économique et sociale est explosive. Pour sortir de la crise, certains distributeurs de carburant, avec à leur tête Afriquia, pourraient en effet venir au secours de l’emblématique entreprise de Mohammedia et la rachèteraient, ce que réfute toutefois fermement une source autorisée au sein du groupe détenu par Aziz Akhannouch.
Or, pour les pétroliers marocains, cette option de sortie de crise permettrait non seulement de remettre en selle la Samir, mais également de déminer la polémique autour des marges de carburant, qui a pris une dimension de scandale national suite à la publication du rapport de mission parlementaire qui les accuse d’avoir fait exploser leurs marges au détriment du pouvoir d’achat des Marocains. Décryptage.
Cette fois, cela pourrait bien être la bonne. Après le démenti du groupe Akwa de novembre 2016, le groupe appartenant au milliardaire originaire du Souss Aziz Akhannouch, durement éprouvé par la campagne de boycott, envisagerait de se porter acquéreur de la Samir, avec un certain nombre de ses concurrents distributeurs et un partenaire international, selon des informations fiables obtenues par le HuffPost Maroc auprès d’acteurs proches du dossier.
Or, contactée par nos soins pour commenter cette information, une source autorisée au sein d’Afriquia affirme que le dossier n’est pas à l’étude et que ces informations ne correspondent pas à une option envisagée par l’entreprise. Qui croire dans ce contexte?
En effet, qui aurait intérêt à véhiculer une telle information? Selon certaines sources, ce serait les dirigeants du puissant syndicat des employés de la Samir qui seraient à la manœuvre, poussant à ce que cette solution puisse voir le jour rapidement pour sortir de l’ornière, et gagnant de plus en plus de soutiens au sein du ministère de l’énergie.
Quels avantages pour Afriquia?
Car sur le papier, malgré le coût de redémarrage de l’activité de la Samir, ainsi que la recapitalisation nécessaire afin de faire face aux créanciers prioritaires, l’opération semble en effet présenter plusieurs avantages, notamment pour Afriquia. En se portant au secours de l’ancienne plus importante entreprise du Maroc, Aziz Akhannouch et ses partenaires feraient coup double et l’homme commencerait à envisager une sortie de ses difficultés générées par le boycott et le rapport parlementaire sur les marges des distributeurs de carburant, qui ont frappé très durement son enseigne et écorné substantiellement sa popularité.
D’un côté, orchestrer un sauvetage industriel de cette ampleur, avec tout ce que cela signifie en termes de répercussions non seulement sociales, mais également territoriales pour Mohammedia, permettrait à Aziz Akhannouch de se draper de la posture de “chevalier blanc” en parvenant à résoudre un dossier lourdement enkysté depuis plus de 24 mois. De l’autre, cette reprise de la Samir offrirait une porte de sortie idéale à la polémique sur les marges des distributeurs puisque mécaniquement, Afriquia serait obligée de réinvestir une grande partie de ses bénéfices des deux dernières années pour effectuer l’opération de rachat de la Samir, même si elle faisait partie d’un consortium.
En outre, cela permettrait de répondre directement aux revendications portées par certaines voix, dont le député FGD Omar Balafrej, qui réclamait aux distributeurs de carburant de tout simplement… rembourser le surplus engrangé par les pétroliers depuis la fin de la compensation et la libéralisation des prix, soit près de 13 milliards de dirhams selon les chiffrages avancés par l’hebdomadaire TelQuel.
Un obstacle important à lever en préalable: l’effacement partiel des créances et le devenir des investissements dans le stockage
Reste qu’un certain nombre d’acteurs sont sceptiques quant à la faisabilité à court terme de ce rachat, du fait notamment de l’épineuse question des dettes dues à l’Etat par la Samir. En effet, quelle que soit l’identité du repreneur, celui-ci serait en droit de pouvoir négocier de manière extrêmement serrée un rabais des dettes exigibles à l’Etat, incluant les créances douanières. Or, si Afriquia venait à prendre le lead sur cette opération, l’entreprise, déjà exposée par le boycott, serait de facto dans une situation de faiblesse pour négocier avec l’administration fiscale.
Toutefois, l’avantage stratégique obtenu par les pétroliers marocains en termes de stockage et de reprise du réseau de distribution en rachetant la Samir, ainsi que les économies d’échelle réalisées, permettent d’envisager de faire valoir des arguments solides auprès du tribunal en charge de trouver un repreneur. La justice semble en effet commencer à montrer des signes d’impatience, comme en témoigne la révocation récente du liquidateur Mohammed El Krimi, poussé par la porte de sortie par des créanciers excédés par sa gestion solitaire du dossier.
Qu’adviendra-t-il de la Samir au cours des prochains mois? Telle semble être l’équation à de multiples inconnues à laquelle le gouvernement devra nécessairement répondre avec le raccourcissement des horizons temporels et la mise sous pression croissante de l’ancienne ville du raffineur, qui traverse un marasme économique et social sans précédent.
Huffpost
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