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La réalité de Pouchkine, Tchekhov et Tolstoï

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  • La réalité de Pouchkine, Tchekhov et Tolstoï

    Qu’est-ce que la réalité ? Et si la réponse se trouvait chez les écrivains ?

    Qu’est-ce que la “réalité” ? C’est une question vaste et rude, mais que l’on doit poser tant le terme est omniprésent : on regarde de la télé-réalité ou on veut de l’analyse du réel, on se demande ce qu’est la réalité virtuelle ou augmentée, les politiques ne cessent d’opposer la “réalité” du monde aux principes et idéaux. Rien de plus normal d’ailleurs que la réalité soit omniprésente, puisque par définition, c’est tout ce qui existe effectivement, nous y compris. Mais comment saisir cette réalité qui nous entoure et que nous sommes ? Est-elle vraiment opposée à l’idéalisme, au rêve, à l’imaginaire ? Et l’invoquer, est-ce forcément se soumettre à elle ?

    Cette question sur la réalité m’est venue, non pas en lisant la presse ou en écoutant des hommes politiques, mais en lisant le philosophe Léon Chestov, et son recueil, L’homme pris au piège, qui rassemble trois essais de lui, traitant respectivement de Pouchkine, Tolstoï et Tchekhov.

    C’est à propos de Pouchkine et de son roman Eugène Onéguine (dont on vient d’entendre l’incipit), que Chestov évoque cette fameuse opposition entre réalisme et idéalisme : car, Pouchkine, auteur du XIXème siècle, mort en duel, serait celui qui aurait définitivement réglé ce problème stérile. Mais comment ?

    En confrontant son héros, Onéguine, non pas à la dure réalité (telle les lois de la nature ou la logique des choses) mais à la dure réalité de l’idéalisme. Oui, son personnage ne bute pas sur la ruine, l’état du monde ou l’impitoyable loi de la gravitation, par exemple, mais sur Tatiana : le seul personnage qui a la foi, la seule qui ait un idéal en lequel elle croit dur comme fer.

    Nous voilà donc grâce à Chestov, avec deux choses résolues : la réalité n’est pas opposée à l’imaginaire (puisqu’on la trouve chez les écrivains et dans leurs fictions) ni à l’idéalisme. La dure réalité, c’est parfois l’idéalisme, la croyance, la foi, indémontrables, même irrationnels.

    Mais une autre question que pose la réalité, c’est : doit-on forcément s’y soumettre ? Est-elle cet argument implacable qui fait que l’on doit renoncer et se laisser abattre ? Et cette fois-ci, c’est une question qui apparaît en se plongeant dans Tchekhov, et dans sa pièce, Ivanov.

    Ivanov, c’est monsieur tout le monde, c’est vous, c’est moi. Il a tout (femme, terre, enfants), et en même temps, il n’a rien. Voué à l’impuissance, au tragique, au désamour et à la mort (à la réalité en sorte), il doit pourtant continuer à vivre. Mais que faire quand la réalité nous frappe ? C’est l’enjeu pour Ivanov et voici ce que Tchekhov nous dit : quand l’homme n’a plus rien, il “doit tout créer lui-même”. Il doit créer de rien, ex-nihilo.

    Dernière question sur la réalité, et pas la plus simple : quelle est-elle ? Comment la saisir ? Car si la réalité, c’est ce qui s’impose à nous, nous résiste, existe effectivement, de la chute des corps à la mort, comme celle à laquelle est confronté Ivan Ilitch, comment l’embrasser ?

    Pour y répondre, finissons en beauté avec Tolstoï. Et avec La mort d’Ivan Ilitch, justement. Comme Tchekhov et Pouchkine, pour Tolstoï, être réaliste, ce n’est renoncer ni à l’imaginaire ni à la vie. Au contraire.

    C’est au cœur même du réel que peut s’extraire la foi en la vie. Et pour y croire, je vous laisse avec quelques secondes, même de mauvaise qualité, de la voix de Tolstoï, c’est un enregistrement de 1909.

    France culture

  • #2
    C’est à propos de Pouchkine et de son roman Eugène Onéguine (dont on vient d’entendre l’incipit), que Chestov évoque cette fameuse opposition entre réalisme et idéalisme : car, Pouchkine, auteur du XIXème siècle, mort en duel, serait celui qui aurait définitivement réglé ce problème stérile. Mais comment ?

    En confrontant son héros, Onéguine, non pas à la dure réalité (telle les lois de la nature ou la logique des choses) mais à la dure réalité de l’idéalisme. Oui, son personnage ne bute pas sur la ruine, l’état du monde ou l’impitoyable loi de la gravitation, par exemple, mais sur Tatiana : le seul personnage qui a la foi, la seule qui ait un idéal en lequel elle croit dur comme fer.
    Y a que les russes pour toucher à de tels thèmes..
    L'art et la manière on devine déjà !... probablement un roman qui donne la chair de poule

    Commentaire


    • #3
      Attention.. spoiler

      Chapitre 1

      Eugène Onéguine est un jeune dandy pétersbourgeois, fils d'un père qui se ruine pour maintenir un train de vie dispendieux. Oisif, blasé, il a le sentiment d'avoir fait le tour des choses, et éprouve un profond spleen. À la mort de son père, il abandonne tout aux créanciers. S'étant libéré de ses soucis financiers pétersbourgeois, il profite de l'héritage de son oncle et se retire à la campagne. Mais les charmes de la vie campagnarde n'éveillent son intérêt que quelques jours.

      Chapitre 2

      Installé dans le vieux manoir de son oncle, un fieffé ivrogne, Onéguine démontre quelques velléités réformatrices, en remplaçant la corvée par l'impôt, ce qui réjouit ses paysans, mais surprend et inquiète son voisinage. Il fuit alors leur compagnie et passe pour un révolutionnaire rustre et sans éducation.

      Quelque temps plus tard, un nouveau propriétaire, Vladimir Lenski, vient s'installer dans la région. C'est un très beau parti : le jeune homme est séduisant, et son héritage semble intéressant. Lenski rentre de Göttingen. Idéaliste et poète, il est féru de culture allemande. Kantien de philosophie, il apprécie Goethe et Schiller. Onéguine, qui souffre d'isolement social, se lie peu à peu d'amitié avec son nouveau voisin.

      À l'occasion de leurs discussions, Lenski confesse à Onéguine son amour passionné et très romantique pour une jeune voisine, Olga Larine. Or, la jeune fille a une sœur aînée, Tatiana, un prénom dont Pouchkine remarque que c'est la première apparition dans un roman. L'aînée, qui n'a pas le charme suave de la cadette, est une jeune fille plutôt réservée et secrète. Passionnée de littérature sentimentale, elle dévore Julie ou la Nouvelle Héloïse et Paméla ou la Vertu récompensée. C'est une passion que partage leur mère, mariée à Dimitri Larine, un homme pour lequel elle n'a pas grande affection : elle y trouve un substitut à la passion amoureuse qu'elle n'a jamais connue. Au bonheur impossible, elle a substitué l'habitude. Mais le mari – homme simple et totalement indifférent aux passions littéraires de son épouse et de sa fille, et que sa femme a appris à mener par le bout du nez, finit par mourir. Le chapitre se termine par la visite de Lenski au cimetière où sont enterrés ses parents et sur la tombe de Dimitri Larine, pour qui – en bon poète – il compose un madrigal.

      Chapitre 3

      Lenski entraîne Onéguine chez les Larine, dont il compte épouser la fille cadette, Olga.

      La sœur aînée d'Olga, Tatiana, tombe amoureuse d' Onéguineau premier regard. Brûlant d'un premier amour, elle lui écrit le soir même une longue lettre enflammée. Au matin, à peine apaisée, elle persuade sa nourrice, avec qui elle partage tous ses secrets, de faire porter la missive à « O. » par son petit-fils.

      Chapitre 4

      Mais Eugène l'éconduit au motif qu'il ne serait pas capable de la rendre heureuse.

      Quelque temps plus tard, Vladimir insiste pour qu'Eugène assiste au bal donné à l'occasion de l'anniversaire de Tatiana. S'ennuyant, Eugène décide de se venger en jouant les séducteurs auprès d'Olga qui rentre dans le jeu, au grand désespoir de Vladimir. Celui-ci, se sentant trahi, demande réparation. Le duel au pistolet a lieu le lendemain à l'aurore. Onéguine tue Lenski, regrettant aussitôt cette mort absurde. Il quitte ensuite la campagne, où il ne peut plus rester.

      Tatiana se consume toujours d'amour pour Eugène. Elle visite la maison qu'il a abandonnée et y découvre ses livres et d'autres objets personnels. Finalement, sa mère décide de l'entraîner à Moscou pour lui trouver un mari. Mais c'est avec regret que Tatiana quitte la campagne.

      Quelques années plus tard, Eugène, de retour de voyage, se rend à une réception. Il y retrouve Tatiana, qui a épousé un vieux général, et se rend compte qu'il a commis une énorme erreur en la repoussant. Il tombe malade d'amour, envoyant lettre sur lettre à sa bien-aimée, sans jamais recevoir de réponse. Eugène finit par se rendre chez Tatiana et la surprend en train de verser des larmes sur sa dernière missive. Elle lui dit alors qu'elle l'aime toujours, mais qu'elle restera fidèle à son mari.

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      • #4
        Elle lui dit alors qu'elle l'aime toujours, mais qu'elle restera fidèle à son mari.
        Trop fort les russes !!!

        Même la télé-réalité ne toucherait pas à ce thème !.. hahahaha

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