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Un journaliste québecois épingle la presse française

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  • Un journaliste québecois épingle la presse française

    Le journaliste québecois Marc THIBODEAU (La Presse) s'est étonné de l'attitude de la majorité de la presse française qui semble avoir peur de poser les questions qui fâchent à Nicolas Sarkozy.

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    Un mot mal choisi suffit pour la disgrâce

    Un ministre influent qui aspire à devenir chef de l'Etat est soupçonné d'avoir fait appel aux services de renseignements pour scruter la situation financière de son adversaire. L'accusation, qui a poussé certains correspondants entreprenants à évoquer le Watergate, semblait avoir, sur le papier, le potentiel pour déstabiliser la campagne de Nicolas Sarkozy.

    Il aura pourtant suffi au ministre de l'Intérieur de dénoncer, avec superbe, les «calomnies» de ses adversaires pour s'extirper de la situation potentiellement embarrassante générée par les révélations du Canard enchaîné.

    Une sortie de crise d'autant plus facile, au dire de l'hebdomadaire, que certains journalistes suivant le candidat présidentiel redoutaient d'aborder le sujet, comme s'il y avait là un affront impardonnable. Au Québec, un ministre confronté à de telles accusations serait talonné pendant des jours, voire des semaines, pourchassé de questions jusqu'à l'Assemblée nationale. Cette différence de traitement s'explique peut-être par une forme de «puritanisme» politique qui n'a pas cours dans l'Hexagone. Ou, plus gravement, par le cynisme qui semble trop souvent caractériser les rapports des citoyens français avec leurs élus.

    En septembre, un riche vigneron s'était amusé de ma question sur le retour annoncé de l'ex-Premier ministre Alain Juppé à la tête de la mairie de Bordeaux, facilitée par la démission en bloc de conciliants conseillers municipaux. «Il y a longtemps que les Français ne se scandalisent plus de ce type de chose», m'avait-il répondu. Les vrais scandales, à en juger par le début de la campagne présidentielle, se trouvent aujourd'hui dans la forme plutôt que le fond.

    La candidate socialiste Ségolène Royal s'aventure en Chine, parle de «bravitude», et voilà que la machine s'emballe. On se croirait ramené à l'époque de la monarchie, où un mot mal choisi suffisait à vous faire tomber en disgrâce. Il y a évidemment du mérite dans cet attachement à la langue juste, mais il semble, pour un observateur extérieur, que la déclaration de Ségolène Royal sur la rapidité de la justice chinoise méritait une attention autrement plus grande. La même candidate s'embourbe sur la question de la souveraineté québécoise en y allant d'une déclaration alambiquée, et voilà que fusent de nouveau les accusations sur son incompétence. Que la classe politique québécoise et canadienne se livre à l'exégèse de ses propos, se réjouisse ou vitupère, rien de surprenant. Mais que l'histoire porte autant en France...

    Le pays, contrairement au Canada, peut compter sur une multiplicité de partis qui couvrent un large éventail idéologique. Et ce ne sont pas les «vrais» sujets qui manquent. Rien ne manque, en théorie, pour que les escarmouches laissent place au débat d'idées.

    source : Libération
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