Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Les noms des lieux en débat à Alger

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Les noms des lieux en débat à Alger

    Devrait-on dire Hoggar ou Ahaggar?


    La conception d’une politique nationale sur la normalisation des noms géographiques algériens suivant les recommandations de l’ONU a été soulignée hier à Alger lors d’un séminaire national sur la. Les participants à ce séminaire de deux jours, organisé par le Conseil national de l’information géographique (Cnig) et le Centre national de recherche en anthropologie sociale et culturelle (Crasc), ont plaidé pour la mise en place de structures permanentes de gestion des noms de lieux.
    Cela a été motivé, selon les experts, par l’absence d’une nomenclature nationale des toponymes, l’existence ou pratique officielle ou officieuse de deux ou plusieurs dénominations pour le même lieu, et l’absence d’une démarche nationale et raisonnée dans l’attribution des noms et de leur changement.
    Intervenant à l’ouverture de cette rencontre, le général Amar Amrani, président du Cnig, a souligné l’importance de normaliser les noms de lieux qui ont, selon lui, une double dimension technique et culturelle.
    Les Nations unies, a-t-il dit, ont recommandé, en 1967, à tous les pays de mettre en place des commissions permanentes chargées de normaliser les noms géographiques.
    Dans ce cadre, l’Algérie, dont la problématique se situe, notamment, dans la transposition des noms de lieux de l’arabe vers le français et du français vers l’arabe, a installé en 1996 une commission nationale de la toponymie qui oeuvre à la finalisation de la normalisation des noms de lieux, a indiqué l’intervenant.
    Ce séminaire a été organisé à la veille d’un colloque international sur la toponymie prévu en avril prochain à Tunis (Tunisie) et qui se penchera sur la normalisation de la toponymie dans le monde avec la participation de la Ligue arabe qui a adopté le système de translittération onusien en 1971 à Beyrouth, a-t-il précisé.
    De son côté, le lieutenant-colonel Brahim Atoui, secrétaire général du Cnig, a indiqué que la normalisation des noms géographiques vise à ce que chaque nom de lieu soit écrit de la même façon, donnant l’exemple de la dénomination du Hoggar, Haggar, Ahaggar, Ihaggaren.
    Cette confusion dans les noms n’est plus acceptable actuellement à l’ère de la mondialisation, a-t-il ajouté, précisant que différentes écritures d’une même toponymie ont été relevées sur des textes officiels à l’exemple de Badjarah et Bachdjarah.
    M.Atoui a noté que la loi actuelle ne prévoit pas des critères d’attribution des noms à des lieux ce qui a amené certains lieux à garder l’ancienne appellation datant de l’ère coloniale. Pour l’expert Farid Benramdane, la question de la normalisation de la dénomination toponymique n’a pas un intérêt uniquement scientifique, mais relève, selon lui, de la plus haute importance quand il s’agit de recensement de la population, de télécommunication, de sécurité régionale et internationale, de cartographie, de transport international et de tourisme.
    Actuellement, a-t-il dit, il est devenu plus que nécessaire la structuration et l’organisation des noms géographiques, qui constituent, selon lui, une carte d’identité patrimoniale et une mémoire collective pour toutes les nations.
    Le Cnig a publié, dans ce sens, trois ouvrages traitant de la nomination et dénomination des noms de lieux, de tribus et de personnes en Algérie, de l’état civil et l’anthropologie et de la toponymie en Algérie.


    - L'Expression

  • #2
    Toponymie Et Interferences Culturelles

    L’auteur : Medecin de formation, Amar Mezdad , est également pôete et romancier d’expression amazigh de kabylie.


    TOPONYMIE ET INTERFERENCES CULTURELLES

    Définition

    la Toponymie est la science qui étudie l’origine, l’étymologie des noms de lieu (pays, ville, village, rivière, montagne, champ, etc. ).
    Science récente qui se propose donc à quelle langue appartient les noms de lieu. Elle permet de préciser les différentes populations qui se sont succédées sur ces même lieux.
    La toponymie s’appuie sur des sciences annexes : archéologie, histoire, ethnologie, linguistique, onomastique.
    Les noms de lieu sont le fruit de l’habitant. Ce sont les circonstances de la vie de tous les jours qui imposent la toponymie, les coutumes et la langue en sont les artisans.
    La toponymie est parfois le dernier lien, le dernier indice de différentes cultures qui se sont succédées sur un même territoire. Elle constitue un pont entre les cultures actuelles et les cultures disparues.
    Les cultures n’évoluent pas pour leur propre compte. Les exemples de culture ayant évoluées en vas clos sont très rares.
    Elles ont cette caractéristique de communiquer entre elles. Il y’a entre elles circulation d’emprunts sont plus ou moins importants: emprunts d’outils, d’aliments, de rites magiques ou religieux.
    Les noms de lieux peuvent également être concernés par ces échanges: une population arrivée en deuxième intention sur un territoire continue généralement d’utiliser le toponyme qu’elle y trouve même si les exigences de la langue entraînent un aménagement de ce toponyme : le sens de ce dernier est généralement conservé. Les invasions successives ont laissées des marques au niveau des noms de lieux.

    Situation de la toponymie en Algérie :

    En Algérie, il n’y a pas de travaux scientifiques sur les noms des lieux.
    Pendant la colonisation, quelques Européens on essayé d’utiliser le toponyme ancien pour justifier une origine européennes des populations nord-africaines. Il y’a eu parfois tentative d’utiliser la toponymie pour une approche européocentrisme de l’Histoire.
    Pendant la colonisation française, l’occupant a créé systématiquement un nom accompagnant chaque village colonial (de peuplement), la population importée a ainsi tenté d’échapper au dépaysement et s’est donné l’illusion de vivre du pays d’origine.

    Exemple :
    Saint-Ferdinand , Aumale, Saint-Arnaud,Orléansville, Camp du Maréchal.
    Parfois des noms de lieux antérieurs à la colonisation ont été respectés. Lorsque la population européenne s’est implantée massivement au 19ème siècle, ces toponymes ont toutefois été aménagés par les arabisants des bureaux arabes.

    El kseur (Lqṣer)
    Azazga (Iεezzugen)
    Oran (Wihran)
    Relizane (Iγil izzan)
    Bouira (Tubirett)

    A noter quelques rares récupération de mots antiques (HIPPONE).
    Depuis l’indépendance , nous assistons à une re-falsification du fait toponymique.
    La vision arabiste qui prévaut depuis 1962 a manipulé les noms de lieux surtout au détriment de leur origines amazighes.
    Si quelques toponymes ont été récupérés (Exemple : Tadmaït, Draâ Ben Xedda, Azeffun, Sidi Freğ, Larb²a Nat-Iraten), de nouvea nous assistons à la naissance d’aberrations toponymiques (Mced-Allah pour Imceddalen) ou à la conservation de toponymes colonialistes (Exemple : εzazga (Iεazugen), Beni Ksila (Iksilen) , εin lḥemmam (néo-toponyme officiel) n’a pas pu remplacé « Michelet », Ssebt At yeḥya ou encore Tala n tsekkrin.

    Dans les Aurès, par exemple , « un jour un bureaucrate s’est levé du pied gauche et décida d’arabiser au rabais tous les noms. Ichemoul ( la corne du cœur) devient Médina ; Timsounine (les paradis) deveint Mchuneche ; Axxam n teslit (la maison de la mariée) devirnt Kef Larous ; Tagut (le brouillard) devient Aïn Yagout. La liste est longue. On efface des pasn entiers de la mémoire collective pour mieux assimiler les gens rebelles et insoumis par nature. » (F.Allilat, l’Observatoire n°38, semaine du 05 au 11/12/1991).

    Situation de la toponymie en Méditerranée :

    En France, la toponymie a donnée lieu à des travaux scientifiques. Elle est fondée sur les travaux d’ARBOIS de JUBAINVILLERS et de A. LONGON. Elle a montré qu’une bonne partie des noms de lieux est d’origines gauloise, ce qui est normal, mais il existe des noms de localités du Midi de la France d’origine arabo-berbère .

    Voici quelques ouvrages :

    A. LONGON _ P. MARICHAL : Les noms de lieux de la France , 1929, Ed. Champion)
    A. DAUZAT : Les noms de lieux,1926, DELAGRAVE .
    Toponymie Française, 1946, PAYOT.
    C.ROSTAING : Les noms de lieu, 1949, Que sais-je ? (PUF)
    J.MERCIER : Toponymie. du Québec, 1949
    En Italie, les travaux de BERTOLDI et TROMETTI ont permis de remonter l’origine des toponymes au-delà de l’Indo-Européen (peuplement antérieur au peuplement actuel).
    Citons quelques exemples de toponymes méditerranéens comme preuves d’interférences culturelles :
    Les cultures méditerranéennes n’ont jamais évolué en vase clos, nos pays ayant toujours entretenu des relations entre eux et avec d’autres pays (Moyen-Orient, Egypte, Pays Noirs) et peut-être avec les pays outre-atlantiques (Floride, Pérou)

    1°) En Espagne :
    Les armées musulmanes commandées par Tarik Ibnu Zyad, ont conquis l’Espagne et une partie de la France actuelle jusqu’à Poitiers. Les armées musulmanes ont cessé de progresser vers le Nord de l’Europe. On nous apprenait que « Charles Martel en 732, a battu les Arabes à Poitiers. » En réalité, il n’a rien battu du tout : les armées berbéro-musulmanes se sont repliées du front pour des désordres intérieurs
    Des années 700 à jusqu’à 1492 (7 siècles), les musulmans ont occupé la péninsule ibérique, mais les contacts entre l’Afrique du Nord et l’Espagne remontent à la nuit des temps.
    Le terme Ibérique ((Ibére) )lui-même provient peut-être de la racine BR (terre)
    De cette période musulmane, l’Espagne garde les toponymes suivants :
    Gibraltar : Ğjbel –Tarik
    Algeciras (El Djazira)
    Alcalaten (Castilla) : alqalatin
    Guadalqivir :wad al-kabir
    A côté de Malaga, il existe un village qui s’appelle Bacar
    A côté de Caleras, un village s’appelle encore Aldovaras (ddewwara)
    Acôté de Tolède, un village s’appelle Alejar (El Hadjar)
    A côté de Malaga, Belmuza et à côté de Salamanque Valmussa, (du nom de la tribu arabo-bebrère Benmusa)
    A côte de Cadix, Alqantara, toponyme très fréquent en Algérie (qntr, pont). De même, à côté de Caceres, Alconetor
    A côté de Tolède, Aloyon (al âuyun, les sources)
    Par extension, au Mexique, Guadalajara
    En Amérique Latine, au Portugal et en Espagne, les prénoms Omar, Fatima étaient fréquents à une date récente. C’est un preuve s’il en est que des aventuriers d’origine nord-africaine ont participé à la conquête du Nouveau-Monde.

    2°) En Italie :

    Plus précisément en Sicile, les toponymes d’origine Arabo-Berbère, sont très fréquents.
    Les premières tentatives de conquête de la Sicile ont commencé en 652, mais les contacts avec l’Afrique du Nord remontent à l’aube de l’humanité.
    Dans la période musulmane, des tribus berbères en Sicile s’établirent principalement dans les régions montagneuses et conservaient à l’égard des Arabes leur individualité de groupe.
    Près de Palerme, il existe actuellement le quartier de Belhara, d’après le nom de la tribu arabe Belharani.
    Gaffici (pries de Licata) forme latine Gafiqi. La ville de Licata s’appellait LinbiGawah, de la tribu berbère des Bigawi, originaire de Bgayet.
    Gazzi (près de Taormina) , provient de Hiğazi
    Caïs (non loin de Argigente), forme latine de Qays.
    Castellani (près de Petralia), provient de Qastallun
    La tribu berbère des Kotamah donne son nom à Cutamia (près de Palerme)
    Qalatamauro, provient de Qala²t Mauros.
    Cumia (à côté de Messina) doit son nom à la tribu berbère Kumiyah
    Mililli (à côté de Syracuse) doit son nom à la tribu berbère Malila
    Le village de Racalmuto, doit son nom à RaÉhal Masmud, tribu berbère mesmuda originaire du Maroc.
    Sanaggia (près de Salerne) doit son nom à la tribu berbère Sanhağa (Iznagen)
    Le village Zanata (près de Corléone) doit son nom à la tribu berbère des Zénètes.
    D’après les archives d’Etat de Palerme (Doct ar Dip année 1093) les Zénatas qui ont participé à la conquête de la Sicile, parlait un berbère différent de celui des autres tribus. Comme de nos jours !
    En Italie, La ville de Parnèse doit son nom à Branés, tribu berbère.
    La région de l’Emilie (Italie du Nord) tire son nom de St-Emile, martyr chrétien originaire de Imoula en Berbérie.
    3°)A Malte :
    Conquise par l’émir de Kaïrouan en 870, l’île est rapidement islamisée. En 1090, Roger de Sicile s’empara de l’île mais il faut attendre 1240-1250, sous Frédéric II, pour que les Musulmans soient expulsés de Malte.
    300 ans d’occupation musulmane ont laissé des traces dans l’île au niveau de la langue et de la toponymie :

    Wied Qirda (wad lqird)
    Fomm E εir (fom el εir)
    Ğbel εizara (ğbel εazira)
    elqet Qadus (εalqat qadus)
    Tal Imzennaq
    Tal Qinc
    Tal Bronisi ( Branes)
    Frendo (Frenda)
    Dernière modification par Bulughin, 28 février 2007, 18h39.

    Commentaire


    • #3
      4°)En France :
      L’influence arabo-berbère se retrouve surtout au niveau des patronymes. Des familles entières du Midi portent des noms en Bou… La tradition orale a gardé l’origine sarrasine de certaines familles et de certains villages.
      Il existe tout de même quelques exemples de toponymes d’origine berbère.
      - Marseille doit son nom à l’antique Massylia, fondée par des Berbères ;
      - Castel-Sarazin,
      - Une localité du département de l’Aude : Alzoun, de même qu’une rivière et une localité du département du Gard.
      - Azoun tirent leurs origines des Azoun, Ahl Azoun noms que donnent les historiens musulmans du Moyen-Age aux autochtones de l’Afrique du Nord.
      On retrouve ce nom dans les des pays de langues Slaves (les balkans) et en Grèce où ce terme signifie homme fort, vaillant.
      Ces Azouns, ce sont les colons Berbères qui ont occupés certaines régions au Midi de la France.
      Le mot a la même origine que Mazouna, Azouna, Iznassen… etc.
      L’exemple des Iles Canaries :
      Elles ont été épargnées par l’invasion musulmane . En effet, les conquérants musulmans croyaient que la terre étant plate, la rive atlantique du Maroc, c’était les confins du monde : au delà de l’océan, c’était le néant.
      A l’arrivée des Espagnols, les Canariens constituaient une société berbère pratiquement à l’âge du néolithique. Cependant, une influence punique est à noter au niveau des inscriptions. C’étaient des inscriptions horizontales. L’origine berbère est attesté par la précision des stèles en langue lybique antique.
      Les colonisations espagnoles ont toujours commis des dégâts irréparables au détriment des langues autochtones (ex : la disparition des civilisations amérindiennes).. Quelques mots seulement de Guanche, la langue originelle des Iles, ont pu survivre (ex : Aho… merci) à la terrible conquête.
      Si la langue berbère a n’a pas résisté, les toponymes encore vivants attestent de l’identité berbère des Canaries.
      Voici quelques toponymes :
      Tagast Tasart Taqitunt Tin-Rif…
      L’exemple des pays noirs :
      Ces pays ont jours été en contact avec la région nord-africaine.
      Le mot Guinée dérive du berbère marocain « aganuy » qui veut dire tête (par extension) tête d’esclave : c’est la valeur marchande représentant une tête d’esclave.
      Les anglais ont adopté ce terme pour désigner une monnaie représentant cette valeur marchande. Deux pays sont désignés par ce nom.
      Les Berbères du Sahel et du Sud marocain ont été les grands pourvoyeurs d’esclaves à l’Amérique du 16° au 18° siècle (pendant 300 ans), sans en avoir le monopole bien-sûr.
      Au Sénégal, des populations du Nord du pays parlent une langue dénommée Zenaga (Taznagt , langue des Iznagen ou Senhadja.
      On passerait facilement de Senhaga à Sanagal (Sénégal).
      Il existe une localité Sénégalaise dénommée Azouna.
      Au Mali, au Niger, en Maurétanie et au Burkina-Fasso, pays de langues berbères, les toponymes sont évidemment loin d’être un denrée rares. On noircirait des pages à vouloir les citer.
      L’exemple de l’Afrique du Nord :
      Dans la période phénicienne, Phéniciens et Carthaginois, leurs successeurs, ont occupé les régions côtières durant de nombreux siècles. Cela a nécessairement laissé des traces linguistiques dans les paysages ouverts à leur civilisation.
      Ces traces sont difficilement discernables aujourd’hui parce que les toponymes d’origine punique ont été recouverts par des mots arabes, à peu près identiques, de même origine sémitique.
      Compte rendu de cette remarque, on peut croire à une origine phénicienne lorsque le nom est attesté par les textes anciens, c’est à dire antérieurs à l’arrivée des Arabes.
      Rush (cap, promontoire) désigne une pointe de terre qui pénètre dans la mer.
      Rusgunea (Cap-Matifou) Matifou étant une déformation récente de tama n tfoust
      Rusicadae (Ras-Skida) Skikda (Philipeville)
      Rusuzus (Azeffoun)
      Ruspicir (Taksebt)
      Rusuccuru (Dellys)
      Hippu, observatoire a donné en latin Hippone, puis en italien Bona et en français Bône.
      Igilgili, forme berbère de Goulogolet (crâne,colline). Il existe actuellement en Palestine (Galgoula) Ğalğulia
      Nous pensons plutôt à une origine berbère (iàil)
      Ikosim : a donné Icosium (île aux mouettes)
      Cirta : On a beaucoup spé***é sur l’origine de ce mot. Son analyse étymologique semble indiquer une origine sémitique phénicienne sous la forme Kereith (coupure, ravin profond). Le gouffre du Rhummel aurait ainsi donné son nom à la ville.
      Avant son arabisation, le Rhummel s’appelait Amsaga = m-saga = celle qui est irrigue
      Madaura a donné Mdawruc du phénicien « mdor »
      Saldae (Bgayet)
      Siga (Sig)
      Tipaza
      Collu (Collo)
      En Tunisie:
      Lepsis (Lebda)
      Clypea (qlibia)
      La période romaine a duré plus de 7 siècles. Une colonisation de peuplement tenace et méthodique a exercé une activité considérable au niveau des activités religieuses, littéraires et commerciales. Pourtant les Romains ne modifient guerre la toponymie africaine car à leur arrivée, elle était solidement implantée sous des vocables lybiques et phéniciens.
      La pénétration romaine a été très lente dans le temps. Elle s’est faite par le biais des Agellids et n’entrait en contact avec les populations qu’au fur et à mesure d’une lente progression territoriale.
      L’invasion arabe s’est accompagnée d’une dé-latinisation importante des toponymes romains.
      En Algérie, actuellement, il existe de très peu de toponymes vivants datant de l’époque romaine et pratiquement pas dans les autres pays de la région.
      Au Maroc, l’influence romaine n’a pas réussi à effacer l’influence grecque. Cette influence était forte, les Agellids du Maroc ne portaient pas de noms numides latinisés comme c’est le cas en Algérie. Ils s’appelaient Syphax, Bocchus, Bogud…
      Un exemple de toponyme d’origine grec : Tangis (Tanger), lagune en Grec.
      Quelques exemples de toponymes hérités des Romains
      Citons : Volubiles (près de Méknès), créé par Juba II au 1er siècle.
      Cherchell : forme arabisée Caesarea, nom donné par Juba II à Iol, sa capitale en l’honneur de César Auguste.
      Juba II, né vers 52 avant J.C, mort en 24 après J.C, roi de Mauritanie. Iota sa capitale de nombreux monuments. Fils de Juba I, battu par César, il a été enlevé pour rester captif à Rome. Souverain de parade, lettré, muni d’une vaste bibliothèque, il a écrit des ouvrages dont il ne nous reste pas de spécimen.
      Constantina : nouveau nom de Cirta, en l’honneur de Constantin empereur qui fit rebâtir la ville détruite par une guerre civile en 311.
      Roua (Ain) : centre agricole qui portait dans l’antiquité le nom de Horrea (grenier, Roua en est la forme arabisée.
      Tizi Kefrida : lieu dit dans les montagnes des Babors, situé sur l’emplacement des ruines des Castellans Acqua-Frijida.
      Il existe quelques noms de lieux-dits renfermant en affixe des vocables d’origine latine.
      … n Tulmuts (ulmu), latin ulmus
      … urti … (Horti)
      … urumi (ex : Tala urumi)

      La période vandale a duré 111 ans. L’invasion vandale était une invasion de guerriers, sans colonie de peuplement. Elle n’a pas laissé de grandes traces dans la toponymie.
      Citons toutefois les toponymes en GR (racine germanique). Peut être, Gouraya, Tagourayt
      De même que certains noms de famille et de tribus: Iwendajen, Iwandalen ?,
      La conquête de l’Afrique du Nord par les Arabes, leur a permis d’exercer une profonde influence culturelle et religieuse ayant entraîné l’islamisation et une arabisation très rapide des populations. Des racines sémitiques communes au berbère et à l’arabe ont accéléré le processus. Ces racines ont été introduits par les phéniciens et étaient déjà adoptés par les populations autochtones à l’arrivée des arabes. Exemples : .
      Rus
      En
      Nehrer (phénicien)
      Beer (en phénicien)
      Zeit (en phénicien)
      Il y’a eu substitution brutale de termes arabes aux termes anciens.
      Ce processus d’arabisation a été non seulement rapide mais d’une très grande ampleur. Toutefois, une arabisation des hommes a quelquefois épargné l’arabisation des lieux où ils vivaient. L’exemple de l’ouest algérien où une arabisation quasi-totale de la langue a épargné la majorité des toponymes. Il n’y qu’à jeter un coup d’œil sur les cartes de géographie.
      L’arabisation des toponymes a été très tôt et d’abord une arabisation du relief. Nous avons vu plus haut qu’une population qui arrive en deuxième intention sur un territoire continue d’utiliser le toponyme existant tout en essayant de l’aménager. Ce qui visiblement n’a pas été le cas au moment des invasions arabes. Tout s’est passé comme si les nouveaux venus avaient fait abstraction de la composante pré-éxistante : la brutalité, la soudaineté de l’arabisation du pays ont fait la substitution pure et simple a été une règle, du moins dans les Hauts-Plateaux des régions est, où se sont implantées les tribus hillaliennes. L’arabisation des toponymes ont probablement été l’œuvre de ces dernières, ce qui expliquerait le fait que les toponymes des régions ouest soient relativement épargnés, les tribus hillaliennes ne s’y étant pas massivement implantées.
      Quelques exemples de toponymes d’origine arabe :
      Le maître-mot et Ğbel (Ğbel groun, Ğbel bissa)
      Qalâa (Qliâa, El gulâa)
      Kef (pomme de la main) : kef rruH)
      Chabet (ravin de montagne)
      Atef (côte, virage)
      Guemir : tas de pierres indiquant le chemin à suivre dans le désert.
      Merdj : plaine inondée.
      La nomenclature hydronymique : est très abondante expliquée par l’abondance de l’eau aux débuts de l’arabisation :
      Ain, bir, wad, âinser, Hasi, Gelta, saharij, Hemma, Bhir (lac), mers, djazira… etc.
      Les noms d’animaux :
      A tout seigneur tout honneur, le lion :
      Ssbaâ : âin ssbâa , Wad ssbaâ
      Nnmer (panthère) kudiat nnmer ( colline de la panthère)
      Debbah (hyène) : wad debbah
      Ddebb (ours) : qfell ddebb (gué de l’ours),l’ours était encore présent dans nos contrées,il n’y a pas longtemps.
      Ghzal (gazelle) : sur el-ghezlan, bu ghzel
      Aougueb (aigle) : Ğbel Aougeb (mont de l’aigle)
      Helluf (sanglier): âin Helluf
      On pourrait multiplier tous ces exemples d’ordre zoologique qui attestent la présence des animaux au moment où a commencé l’arabisation des toponymes : si la panthère et le lion sont fréquents évoqués, c’est qu’ils étaient nombreux à l’époque. Le mot ddebb est plus rare.
      Les toponymes arabes ne font pas référence à l’éléphant qui a disparu de nos contrés avant l’arrivée des arabes.
      Les faits du folklore et du merveilleux, ont également été utilisés :
      Serdj EL Ghoul (ceinture de l’ogre)
      Sebaâ ccyux
      Sebaâ rragud
      Les couleurs ont été également mises à contribution
      Ain beida
      Keff lexdar
      Ğbel hamra
      De même que les points cardinaux
      DHR ( dahra) nord
      QBL (guebla) sud
      Grb (gherba) ouest
      CRQ (chergui, cherraga) est
      Comme partout en Afrique, les ethniques ont joué un grand rôle.
      uled
      Beni

      Commentaire


      • #4
        et le nom des ancêtres : sidi

        Si la période de turque a duré plus de trois siècles, il n’y a pratiquement pas eu d’influence culturelle s’agissant plus d’une domination militaire que d’une colonisation. Les turcs étaient des janissaires, des soldats des garnison recrutés en célibataires.
        Beaucoup d’étrangers (aventuriers européens, nouveaux convertis, albanais, bulgares) étaient mêlés à l’armée turque. Les janissaires ne prenaient femme qu’à leur sortie de l’armée. Le fait de contracter un mariage avec une femme autochtone leur faisait perdre beaucoup de leurs privilèges de conquérants.
        Après trois siècles de présence, la langue turque n’a pas pu faire distillée plus de 500 mots dans l’arabe populaire.
        En toponymie, son apport est peu important. Il se retrouve principalement autour des grandes villes, où le pouvoir était centralisé.
        Quelques exemples de toponymes de la période turque :
        Bir mourad raïs, du nom du corsaire Mourad
        Husin dey
        Ain el bey
        Ain turk
        Beylek
        Grotte d’Ali bacha (près de Béjaïa)
        Bachdjarah

        Après la reconquista, l’arrivée venue des Mores chassés d’Espagne sur les côtes algériennes ont eu à l’origine de quelques vocables toponymiques. Nous citerons :
        Cap Lindless (des Andalous)
        Mur des Tagarins . Les morisques d’Aragon se désignaient par cette nom qui venait de l’ancienne (-) de l’Espagne sous les califes omeyyades ( et-tagr = frontière)
        Bardo, du terme espagnol el prato (jardin clos)
        La colonisation française a commencé dans les faits bien avant 1830. puisque déjà au XVIème siècle, des Français s’étaient installés dans le triangle de La Calle- Ile de la Galite -Cap Nègre. Ils y avaient introduit de noms d’origine française.
        Bastion de France
        La Calle
        Cap roux
        Cap Rosa (altération du mot arabe Ras)
        L’île de la Galite fréquentée les pêcheurs et les corailleurs de Provence conservé une toponymie romane.
        Après 1830, une colonisation de peuplement a drainé des populations entières. Il s’agit parfois de véritables déportations des populations indésirables en France (Alsaciens après l’annexion de l’Alsace par l’Allemagne). Des populations Méditerranéennes du sud de l’Europe (Espagne, Italie, Malte) ont participé massivement à cette colonisation de peuplement.
        Les nouveaux arrivés ont voulu reconstituer leur pays d’origine faisant parfois table rase des toponymes antérieurs à leur arrivée. Quelques exemples :
        Philippeville
        Orléansville
        Mirabeau
        Aumale
        Michelle
        Molière
        Félix Faure
        Lafayette. Etc.

        Les noms de ces localités ont été créés en l’honneur de personnalités militaires ou culturelles de France.
        C’était une réédition de l’Histoire. Une nouvelle toponymie romane s’est imposée et a parfois tellement bien pris qu’après 40 ans d’indépendance nous usons de certains vocables malgré -et peut être- à cause d’une arabisation officielle très agressive et maladroite. Ain el-hemmam n’a pas réussi a supplanter Michelet. De même que Drâa-Ben-Khedda supplante péniblement Mirabeau.
        Par contre la récupération de toponymes traditionnels ont très vite supplanté le toponyme français.
        Exemple :
        Larbâa-Nat-Iraten (Fort National)
        Sour-El-ghezlan (Aumale)
        El-Asnam (Orléan-ville)
        Etc.
        _
        Nomenclature berbère et toponymie nord-africaine:

        La toponymie montre une dispersion considérable de la langue berbère. On retrouve des toponymes berbère jusqu’en Egypte :

        Assouan (racine SW)
        Aboukir (chevreau)
        Siwah (racine SW)
        Cette toponymie issue du Berbère est d’une grande variété de termes. Elle se rapporte au relief au relief, à l’eau, aux végétaux, aux animaux, aux manières d’être, aux ethniques etc.

        Le relief :

        1) Adrar :

        adrar ufarnu
        adrar n wawras
        adrar amellal
        adrar (wilaya)
        adrar (Mauritanie) d’où sont partis les Almoravides au 11e siècle.

        2) Azru :

        azru n tthur
        azru uâezzug
        azru u Qellal
        tazruât
        Azru (Maroc)

        3) Awrir (Tawrirt) (colline, suivie d’un déterminatif).

        Tawrirt meqqern
        Tawrirt yyighil
        Tawrirt el-heğğağ
        Tawrirt Mimun
        Etc.

        4) ablad (tablat au féminin)
        5) agadir
        6) aghlad (au m’zab)

        7) ighil (chaîne de montagne)
        ighil-ighil
        ighil-âli
        ighil-umecddal
        ighil-n-tazart
        ighil-gguefri
        ighil-uberwaq
        ighil-wwemsed
        ighil-izeggaghen
        ighil-igulmimen
        tighil l-lHaj-âli
        ughil n tgemmunin.
        etc.
        ighil izzan (Relizane) qu’une arabisation de mauvaise qualité a transformé en ighil izan (montagne des mouches)

        8) Azeyaker : terme rare, cime, point culminant, racine aujourd’hui arabisée pour désigner le Zaccar (1500 m) à Miliana

        9) Tizi (col, passage) tizza au pluriel
        Tizzi uzezzu
        Tizi ugherda
        Tizi Kefrida
        Tizi n kwilal
        Tizi w-waklan
        Tizi l-lqern

        10) Asammer : versant de la montagne exposé au soleil (est)
        asammer
        asammert

        11) Amalu: versant de la montagne exposé à l’ombre le matin ( ouest )
        Amalu
        Ighil imula
        Reggio nell Emilia ( Italie )

        12) Aden ( descente) :
        Tawrirt aâden
        Adeni
        El aden (lybie)

        12) Agemmun, tagemmunt :
        Agemmun izem
        Tagemmunt bb-adfel
        Tagemmunt Iheddaden
        Tagemmunt ukarruc
        etc.

        13) Agni: (plateau)
        Agni ujilban
        Agni furu
        Agni bb-aâfir
        Agni bb-uregh
        Agni n teslent

        14) In : le vocable in, pourrait signifier montagne en touarègue. Il est assimilé à âin (source) dans les toponymes officiels.
        Ingellu
        Inzegluf
        In Amenas
        .
        15) Tam : (zone)
        tamenghast
        tamuggadi
        tinbuktu

        L’eau:

        1) Tit, oeil et extension source
        Tit, tittawin (Maroc)
        2) racine LL désigne l’eau courante (slill)
        lillybée en Sicile
        ain lullu
        Telilat
        Wad lilli
        Un dieu antique honoré à Maudaure s’appelait Lileus et devait être un génie des eaux

        3) Aman : MN c’est un vocable panberbére
        wad w-waman
        Tizi w-waman
        Wad mina
        Wad atmania (forme arabisée de l’antique localité par les romain Turres ameniae)
        Tures ameniae exprssion lybico-berbere

        4) Tala ( fontaine ) et sa variante « taza »
        L’antique Tala était une ville ou vivaient les enfants de Jugurtha et ou étaient stockés ses trésors. Metellus y a poursuivi Jugurtha et y a maintenu le siège pendant 40 jours , après cette periode, la ville ouvrit ses portes mais jughurta a quitté les lieux dans la nuit emmenant enfants et les trésors les plus précieux.
        Tala, en Tunisie, où Bourguiba prononça un discours 2000 ans après Jugurtha, le 13 Août 1957 où il dit : Tunisiens, Algériens, Marocains, vous êtes les enfants d’une même patrie. » Exactement les mêmes paroles que Massinissa et Jugurtha ont prononcées un jour. « Il n’y a rien de nouveau sous le soleil. »
        Moins prestigieuses mais plus proches de nous, nous allons citer :
        Tala-ifassen
        Tala n tazart
        Tiliwin
        Tiliwa
        Aïn tala-zit
        Taza ( au Maroc, à Larbâa-Nat-Iraten, et à Jijel)
        Telemli (Tala wemellil)
        Tala aâmara
        Tala Hemza
        Tala n tulmuts
        etc.
        Racine TL : idée d’eau courante . utul/utulen : cours d’eau
        Mutul flumen dans la guerre de Jugurta
        Sufetula (cité antique)
        Wad itel
        Wad metellili
        Wad timetlas

        5) aghbalu (source)
        aghbalu
        bir ghbalu
        aghbala
        wad aghbalu
        etc.

        6) racine GL (idée de stagnation de l’eau)
        agelmim (tagelmimt) à côté de LNI)
        agellu (marais) à côté de Tichi
        Gulimin (Maroc)

        7) Racine NG (idée d’humidité, verbe « neggu »)
        wad enja
        aâin nougue
        ngawes
        lac tonga
        wad tassenga

        8) Racine NFS (en tamahaq : être mouillé, Haut Atlas : nfis= cours d’eau)
        Ğbel nfusa
        Anfus : point d’eau entre Aflou et Leghwat

        9) racine SW (faire boire, arroser)
        siwah
        souger (ssew-iger)
        asswan
        etc.

        10) racine SF (asif= rivière, oued)
        at-wasif
        tagersift
        tasift
        Bouzoufen
        Sevus (nom donné par les Romains au Sebaou
        Seybouse
        Wad Suf
        11) racine NZR ( anzar=pluie)
        bir anzaren (Sahara Occidental)
        12) Ighzer, Tighzert :
        Ighzer ameqqran
        Ighzer Ulmal
        Ighzer âebbas
        Tighezratin
        13) Alma :
        Tilmatin
        Ilmaten
        Alma
        Almaj nat ubnin
        El Eulma
        Les plantes:
        Les espèces les plus connues et les plus abondantes sont celles qui ont donné lieu au maximum de toponymes.
        1)Azemmur: (l’olivier)
        zemmura
        zemmara
        tazemmart
        guelta zemmur (Sahara Occidental)
        etc.

        L’olivier sauvage (tazebbujt, tezzbuja) est également utilisé fréquemment.

        2) Tazart :
        tala n tazart
        ighil n tazart
        tala n tazarin
        âin tazart
        âin tizerin

        3) azda (tazdayt) désigne le pluriel bien que très fréquent en Algérie du sud, il a été recouvert par nnxel.

        4) Aâfir (pin ) Tayeda
        aâfir
        tawwurt bb-aâfir
        Wad tayeda

        5) Aghanim
        taghanimt
        tighanimin (Aurès)
        synonymes : almes, talmest, tilmessin
        Tlemsen
        Tilemsi (frontière Malo-mauritanienne)
        6) Adles (« diss »= lui-même terme d’origine berbère)
        dellys
        cap tedless
        7) ulmu (leg du Latin ulmus)
        agni bbulmu
        âin ulman
        8) tabegha (pl.tibeghayin : ronces épineuses fréquentes dans les terrains rocailleux)
        tabegha sert aussi déterminatif au toponyme
        tala n tebghiyin
        azru n tbegha
        baghaï (cité antique)
        Ce terme est peut être à l’origine de Béjaïa (représentant le berbère Bégaïa d’après Ibn khaldoun (Histoire des berbères III p.51)
        9) Kerruc (chêne vert,leg du Latin Querqus)
        guerrouch
        tagemmunt n kerruc
        10) uzzu (genêt)
        tizi uzzu
        auzzu (Lybie-Tchad)
        11) tuccanin
        luda n tuccanin
        D’une façon générale, tous les noms de plantes ont donné naissance à des noms de lieux : tazeggart, taxerrubt, abelluD, zzan, aHeccad, tafeRrant, ilili, ddekkar, etc.
        Les animaux :
        1) ar, iran (lion)
        wihran
        wad waran
        tihert
        wargla
        et son synonyme izem : agemmun izem
        2) uccen/tuccent (chacal)
        tizi bbuccen
        fum tawccent
        âin tmuccent
        3) ilef (sanglier)
        tala y-yilef
        bu-yilef
        wad bu-yilfan
        guelfen
        4) tasekkurt (perdrix)
        hassi oskur
        wad usekkurt
        tala n tsekk°rin
        5) asyan / tasiwant (milan) afalku (faucon)
        ighil usyan
        azru ufalku
        6) awqas (requin)
        7) azeffun (langouste)
        8)aboukir (chevreau)
        9)ursu :aZru bb-ursu
        Dernière modification par Bulughin, 28 février 2007, 19h07.

        Commentaire


        • #5
          Cette liste de toponymes d’origine animale est loin d’être complète . Comme les noms de plantes, tous les noms d’animaux existant sous nos contrées ont donné naissance à des noms de lieux : izerman , isghi, ulli, aksil, ifis, etc…
          Domaine des couleurs et du goût :
          Tamellaht (Mostaghanem, Bgayet)
          Tala ziden
          amellal : amellulin
          wad mellilu
          melilia
          adrar amellal
          Mellila
          Mellala
          aberkan:
          iberkan
          iberkanen
          barika
          uzzaf, sdif :
          setif
          wad sstafa
          azegza :
          Ğbel bu-zegza
          azeggagh :
          zouggara
          tizeggaghin
          tamgut zeggaghen
          aheggar
          Manière d’être :
          Racine TJ
          Mitija (brillante, ensoleillée)
          Toudja
          Racine BD (arrêt)
          sebdu
          Lambdia (Médéa)
          Abudid
          Racine DR
          taddart
          Racine FL
          Afalu
          felden
          Racine FR
          Frenda
          Agni Furu
          Tifra
          Racine GGD
          tamuggdi
          Meggada
          Racine GDL
          Ogdel
          Geddila
          Agueddal.
          Racine GN
          Tala n tgana imgunan
          Racine NG
          ursnniyes (Ouarsenis)
          Racine NS
          Tunes
          Tenes
          wad nsa
          Afensu (à LNI et Ğijel ,fanal de nuit, d’après Hanoteaux)
          Tansa
          Racine QR
          tawrirt meqqren
          Tamuqra
          Taqerbuzt
          Wad mqerra
          Bel majur
          Racine RS
          Arris
          Sersu
          Racine SG
          Sig
          Racine ZR
          timezrit
          Tizra
          tazrut
          Racine ZdGH
          azeqqa
          Ziqa
          Racine ZWR
          amizur
          Mezwara
          amezzuren
          Amezzaru
          Zwara (en Lybie)
          Racine ZLF
          tazleft
          Les parties du corps humain:
          ighil : ighil izzan
          tit : tittawin
          aqerru : aqerrun bu-yaâla
          ammas : ighil bb-ammas
          aâkkur :iâekkuren
          ic : icmul
          taghruṭ: tizi n tgherda , âin taghrut
          taqesrit : tiqesrin
          Cette liste n’est, évidemment pas limitative.
          Les nombres : Lhedd, letnin, tlata, larbâa, at-mraw !
          Conclusion:
          Le berbère et l’arabe parlé n’ont jamais été des langues d’état. Ce sont des langues confinées dans la sphère orale, qui sont, depuis toujours, exclues du domaine de la vie publique. Ceci était vrai dans l’antiquité, au moment de l’expansion musulmane à travers la Méditerranée Occidentale et les pays du Sahel, et ceci reste vrai aujourd’hui, après des décennies d’indépendance, où l’arabe classique et le français sont en compétition plus ou moins déloyale dans l’accaparement et la manipulation des symboles, l’une s’arrogeant le monopole de la religion et de la fibre nationaliste, l’autre le monopole de la science et de la modernité, perdant sur tous les tableaux lorsque l’on voit comment ces concepts ont été dévoyés, caricaturés. Les quelques notions de toponymie énoncées ci-dessus démontrent, si besoin est, que la vitalité des 2 langues nord-africaines est loin d’être une chimère ou un fait apocryphe : elles ont laissé leur singulière signature sur un très vaste territoire, toujours en l’absence sinon contre les pouvoirs en place.
          Ici, comme ailleurs, les cultures n’ont jamais évolué en vase clos, mais ont toujours
          communiqué entre elles : dans ces échanges, depuis le lointain libyque « la toponymie de souche berbère a influencé …les autres souches.»
          Depuis le rédaction de ces lignes, un nouvel ouvrage est venu étoffer la bibliographie dans ce domaine. Il s’agit de l’ouvrage de Foudil Cheriguen, Toponymie algérienne des lieux habités, Epighraphe, Alger, 1993. Cet ouvrage, au-delà du réservoir de connaissances qu’il nous apporte, a l’avantage d’être écrit par un spécialiste qui maîtrise toutes les langues pratiquées sous nos latitudes. C’est un document écrit qui mérite d’être consulté pour approfondir toute connaissance dans ce domaine.
          Bibliographie :
          M. GAID, les berbères dans l’Histoire Alger 1990.
          SALLUSTE, La guerre de Jugurtha.
          Venture de PARADIS, Alger au XVIIIème siècle.
          Hebdomadaire l’OBSERVATOIRE, N°38, semaine du 05 au 11/12/1991.
          Si Amar BOULIFA, Le Djurdjura à travers l’Histoire, Berti éditions, Alger.
          J.AQUALALA, comparatives notes of the influences of Arabic on Spanish and Maltese toponymie, Actes du 2è Congrès d’études des cultures de la Méditerranée occidentale, SNED, Alger ,1978.
          A.SCANDURRA , influence ethnologique et linguistiques de civilisation arabo-berbère en Sicle au IXème, Xème, XIème siècles, Actes du 1er congrès d’études des cultures d’influence arabo-berbère, SNED, Alger, 1973.
          Godefroy WETTINGER, Arabo-berber influences in Malta, Actes du 1er congrès d’études des cultures d’influence arabo-berbère, SNED, Alger, 1973.
          Article in-folio, anonyme, imprimé et daté de 1952.
          Foudil CHERIGUEN, Toponymie al gérienne des lieux habités, Epighraphe, Alger, 1993.

          Commentaire


          • #6
            Zénètes, Masmouda et Sanhadja

            Salam alikum,

            Les Zénètes, les Masmouda et les Sanhadja ne sont pas de simples tribus mais des grandes confédérations de tribus amazighes du Maghreb médiéval.

            Les Zénètes auraient commencé à se déplacer depuis l'est (voir Wikipedia en anglais), et selon Lionel Galand, ils ont commencé leur migration au 3e ou 4e siècle apr. J.C. Ils ont "envahi" tout le Maghreb. Pendant le Moyen-Age, ils ont continué leurs mouvements. Déjà, lorsque l'islam s'est propagé en Afrique du Nord, le premier royaume musulman indépendant était zénète (les Rostémides).

            Les zénètes ont fait des guerres ou se sont mêlés avec les populations amazighes autochtones de toutes les régions qu'ils ont atteintes. Ceci se voit à travers la propagation de l'amazigh zénètes. Tous les dialectes amazighs d'Algérie (excepté peut-être le Touareg) ont eu quelques influences zénètes, si ils ne sont pas totalement des dialectes zénètes. Le chaoui est influencé par le zénète dans la prononciation de certains mots en [ch] et [j] : "nekk" (moi) devient "necc", "amger" (faucille) devient "amjer". Le mozabite, l'amazigh de l'Algérie centrale et occidentale (Chenoua, Dahra, Ouarsenis, Beni Snous, etc.), le mozabite et l'amazigh de Ouargla sont tous des dialectes zénètes. Le kabyle, bien qu'il ne soit pas zénète, il porte quelques influences de sa prononciation : ticcert (ail, "emprunté" au zénète) qui existe également sous la forme plus ancienne "tiskert".

            Au revoir

            Commentaire


            • #7
              Les noms de lieux dans les pays multilingues

              Presque tous les pays du monde ont plusieurs communautés linguistiques, et dans beaucoup de ces pays, il existe deux, trois voire plus de langues nationales et officielles.

              Bien-sûr, il faudrait s'attendre que dans tous ces pays, les noms de villes et autres lieux ne soient pas écrits ou prononcés de la même façon dans toutes les langues du pays. C'est une chose qui est tout à fait normale.

              Dans la plupart de ces pays, on affiche le nom d'une ville ou d'un lieu dans les différentes langues du pays. En Irlande (du Nord ou du Sud), au Pays de Galles ou au Canada, on peut trouver des panneaux routiers sur lesquels on écrit le nom d'une ville en anglais mais aussi en gaélique, en gallois ou en français. En Belgique, c'est en français et en néérlandais (Anvers - Antwerp), etc. Donc, dans un pays où les gens (et surtout les autorités) sont tolérant(e)s, c'est la meilleure politique à suivre.

              Le bi- ou le trilinguisme c'est la coexistence de deux ou plusieurs langues, donc cela implique que nulle langue n'a le droit d'éliminer une autre. Chacune aura sa part dans le pays auquel elles appartiennent.

              Au revoir

              Commentaire


              • #8
                Interview avec F. Benramdane sur la toponymie

                Edition du 11 mars 2007 > Tiaret info

                Farid Benramdane. Chercheur, chef de projet au CRASC
                « La toponymie est une expression identitaire »
                Universitaire et chercheur, Farid Benramdane est actuellement chef de projet au CRASC et auteur d’ouvrages et de contributions dans des revues nationales et internationales ayant trait aux noms de lieux, de tribus et de personnes en Algérie. Entretien.


                Vous avez été co-organisateur du séminaire sur « la toponymie algérienne : aspects géolinguistiques et anthropologiques », pouvez-vous nous résumer cette problématique ?
                Comme vous dites, la problématique de la toponymie algérienne m’a valu tout autant que mon collègue Brahim Atoui, expert en toponymie, secrétaire général du CNIG (centre national d’information géographique), des communications. La première, de mon collègue, a « montré l’usage défectueux des noms de lieux, l’absence de critères normatifs en matière d’attribution de noms et cela à travers les écrits de la presse algérienne ». La mienne avait porté sur « la dimension historique patrimoniale de la toponymie » et cela, aussi loin que nous remontons dans le temps.
                C’est quoi la toponymie ?
                C’est une expression identitaire d’une géographie soumise à de fortes tensions historiques de colonisation /décolonisation / recolonisation »
                Et que vise-t-on à travers l’organisation d’une telle rencontre ?
                C’est l’occasion de montrer au public présent les résultats de travaux menés par des équipes de recherches sur les noms de lieux algériens et l’établissement d’un état des lieux de la toponymie en général et officielle en particulier : dispositions réglementaires, gestion administrative et les dysfonctionnements des écritures. La réflexion soumise pose pour la première fois la problématique du fonctionnement de la toponymie officielle et cela, à partir d’une description systématique de l’usage des noms propres de lieux en Algérie : des noms de lieux dits officiels car consacrés dans et par un texte officiel, en l’occurrence, le JORA et ceux contenus dans les cartes topographiques. Des opérations de recherches ayant trait à la toponymie et à l’onomastique algérienne (noms propres) de manière générale, ont été réalisées dans le cadre du plan quinquennal de la recherche scientifique : PNR (Programmes Nationaux de Recherches dans le cadre de la loi d’orientation et de programme à projection quinquennale sur la recherche 98-2002.). Ces travaux ont permis la réalisation de plusieurs ouvrages sur les noms propres algériens ainsi que la réalisation de bases de données toponymiques.
                Vos livres autant que ce séminaire ont-ils eu les impacts souhaités ?
                Les livres ont reçu un accueil très favorable de la part de penseurs et chercheurs algériens et étrangers (Feu Lacheraf, Djeghloul, Morsly, Grandguillaume, Galland…).

                A. Fawzi

                EL Watan
                http://www.elwatan.com/spip.php?page..._article=62889

                Commentaire


                • #9
                  @Amastan13
                  Passionnant mais c'est quoi le nom des ouvrages ?


                  @ Bulughin
                  C'est drôle , Azzefun signifie Langouste et c'est aussi le nom d'une petite ville portuaire en Kabylie .........je connais un gars de là bas


                  On sent qu'il ya pas mal de de couches de parler qui se sont superposées.
                  Ya des gens qui pour âne disent pas Hmar, ni Aghyoul mais utilisent aussi DDeb qui signifie Ours..curieux contre sens resultant probablement des plus grandes difficultés pour un oreille adulte d'apprendre une langue etrangère...mon hypothese est que ce sont des berbères non citadins qui sont devenus progressivement arabophones .et qui ont aujourd'hui un parler avec une persistance du substrat berbère mais aussi avec des contre sens en arabe.

                  Y a aussi des gens qui disent toujours ''Sed'' pour Lion tout en connaissant bien ''Sbaâ '' .mais d'où vient ce Sed ? de mêm pour la chaleur naturelle , du soleil...d'ou vient ce mot '' Chialla ? Chili ? ''pour dire Skhena ?

                  Puisque tu en sais pas mal visiblement
                  Peux tu aussi me dire ce que signifie Goubia de Djebel Goubia .?. (c'est pas loin de Serdj el Ghoul ( ceinture de l'ogre)
                  Dernière modification par Sioux foughali, 11 mars 2007, 11h17.

                  Commentaire


                  • #10
                    Salam alikum

                    Salam alikum Sioux,

                    Malheureusement, je n'ai pas de titres d'ouvrages écrits par Mr. Benramdane. Quant à la revue à laquelle il contribue en Algérie, il s'agirait certainement de "Insaniyat" (c'est la revue du CRASC, Université d'Oran).

                    En ce qui concerne les couches de parlers, oui, je pense que c'est exact. Il faut savoir qu'à l'intérieur de la Berbérie ancienne, les populations se déplaçaient et cela depuis fort longtemps : pendant la période romaine, il y avait déja beaucoup de tribus qui se déplaçaient de région en région. Si on prenait une carte des tribus amazighes du début de la période romaine et une autre d'une période plus tardive, on remarquera que certaines tribus se sont effectivement déplacées.

                    Tous ces déplacement auraient eu une trace sur la langue. D'ailleurs, on retrouve des mots "zénètes" en kabyle, et des régions entières du nord de l'Algérie parlent des dialectes zénètes, alors que pendant l'Antiquité, ils auraient certainement parlé des parlers plus proches du touareg que du zénète. Ce n'est qu'à la fin de l'Antiquité que les tribus zénètes ont commencé à se répandre en Afrique du Nord, de plus, elles étaient à l'origine et jusqu'à une période récente principalement nomades.

                    Voir un article interessant sur :

                    http://en.wikipedia.org/wiki/Zenata

                    Quant au mot "ddeb", je crois qu'il vient de l'arabe classique "daabbah" qui signifie "bête" (?). De nombreuses personnes pensent que l'ours a existé en Algérie ou en Afrique, alors qu'aucun ours ou ursidé (animal de la famille des ours) n'a jamais existé sur le continent africain. Même les animaux qui ont disparus depuis l'Antiquité ne gardent plus leurs noms dans la langue amazighe actuelle, excepté en touareg (car, certains animaux vivent encore en pays touareg comme la girafe [appelée "amdegh"], l'éléphant [appelé "ilu"] ou le crocodile [aghuccaf], etc.).

                    Sur les animaux préhistoriques et les traces qu'ils ont laissées dans les cultures actuelles, il y a de nombreux articles écrits sur les légendes amérindiennes qui parlent des mammouths (car ces animaux ont disparu depuis seulement 3000 ans en Amérique du Nord). Tu peux également lire cet article sur un animal interessant qui vécu en Asie et dont le nom est utilisé même en arabe pour signifier "rhinocéros" :

                    http://en.wikipedia.org/wiki/Karkadann

                    Il est vrai que ce sont des populations amazighophones rurales qui ont adopté l'arabe et l'ont modifié à leur façon (surtout après l'arrivée des Banu Hilal, Banu Sulaym et des Arabes Maaqil), mais je pense que même l'arabe des nomades arabes, puis amazigho-arabes a évolué et s'est divergé considérablement de l'arabe classique. Il y a des divergences tant sur le plan phonologique (apparition de nouveaux sons comme le [g] et le [z'] emphatique), que sur le plan grammatical (la négation avec la particule post-verbale de négation : "ma kteb ch", le "ch" vient de "chay'" ["chose" en arabe]). Le phénomène de dialectisation et diversification des parlers arabes d'Afrique du Nord est le résultat d'une évolution : ça s'est passé dans tout le monde arabe.

                    A mon avis, les régions qui parlent des parlers arabe "bizarres" en Algérie (c'est à dire avec un fort substrat amazigh tant du côté de la prononciation que de celui du vocabulaire, ou des tournures grammaticales parfois impressionnantes) sont des régions récemment arabisées.

                    "Sed" vient de "asad". "Asad" et "sabuâ" sont tous les deux attestés en arabe classique. Le mot "sed" aurait donné le mot kabyle "tasedda" qui signifie "lionne".

                    Le mot "chiala" ou "chili" je ne le connais pas.

                    Où se situe "Serdj El Ghoul" ?

                    Au revoir

                    Commentaire


                    • #11
                      @Amastan 13

                      C'est BULUGHIN qui a cité
                      Les faits du folklore et du merveilleux, ont également été utilisés :
                      Serdj EL Ghoul (ceinture de l’ogre)
                      Je l'ai vite repéré parce que je connais c'est un lieu dit au sud ouest de Jijel , les beni foughal des Babors sont des environs

                      Mais Goubia de Djbel Goubia? c'est quoi ?

                      Commentaire


                      • #12
                        Salam alikum Sioux

                        La région des Babors est très interessante, et on en parle très peu.

                        J'aimerais savoir si dans le versant nord de cette région (précisément la région de Taxenna), les gens continuent à parler la langue amazighe ?

                        L'amazigh parlé dans le versant sud (côté des Iâemmucen - Amoucha) est extrêmement interessant : il représente un dialecte à la fois proche du kabyle des Zouaouas, à la fois du chaoui des Aurès, et il a également des traits qui lui sont bien particuliers (ce serait peut-être un "vestige" de l'amazigh jadis parlé par les célèbres Kétamas du Nord-Est algérien.

                        En ce qui concerne l'amazigh de cette région, il existe un excellent livre de linguistique, écrit par Larbi Rabdi :

                        Le parler d’Ihbachen (Kabylie orientale)
                        PAR LARBI RABDI

                        http://www.editions-*************/ar...?id_article=57

                        De nos jours, de plus en plus de chercheurs s'intéressent aux parlers amazighs de l'Est de la Kabylie (Aokas, Aït Smaïl, Kherrata, Amoucha, etc.).

                        Au revoir

                        Commentaire


                        • #13
                          Ohhh mon Dieu, mais qu'est-ce qui se passe !!!!

                          Pourquoi on ne nous laisse pas poster des liens ?

                          Voici les références bibliographiques du livre :

                          Larbi Rabdi, Le parler d’Ihbachen (Kabylie Orientale - Algérie), Rüdiger Köppe Verlag, Köln, 2004.
                          148 pages,
                          Berbere Studies, Volume 7

                          A bientôt

                          Commentaire

                          Chargement...
                          X