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Plus de 80% de la population sera concentrée dans les villes à l'horizon 2025

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  • Plus de 80% de la population sera concentrée dans les villes à l'horizon 2025

    La loi d'orientation de la ville, un texte pour des enjeux futurs

    Les villes naissent et se développent avant de prendre une dimension et une importance que seule une gestion efficace est en mesure de cerner. Cela n'a pas été le cas dans notre pays.
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    La gestion des villes s'est faite au petit bonheur la chance, à tel point qu'elles ont fini par échapper à tout contrôle, se développant de manière difforme au détriment de leurs occupants. Le constat est aujourd'hui flagrant : saturation et étouffement de nos villes en l'absence d'une politique de gestion qui aurait mis aussi bien les pouvoirs publics que les citoyens devant leurs responsabilités. Tirer la sonnette d'alarme pour remédier à une telle situation, c'est ce qu'il restait à faire, et c'est ce qui a été fait avec la promulgation d'une batterie d'instruments législatifs, résultat d'une politique de gestion de la ville prônée par le président de la République qui a promulgué la loi n° 06-06 du 20 février 2006 portant loi d'orientation de la ville. «Tous les constats qui ont été établis par les études d'urbanisme et d'aménagement du territoire ont mis en évidence les carences de la ville et ont insisté sur l'état de déliquescence dans lequel elle se trouve. Il s'agit de problèmes de fonctionnement, d'organisation et de gestion», indique le conseiller du ministre délégué chargé de la ville, M. Belkhodja Fouad, qui met l'accent sur le fait qu'«en dépit de tous les moyens déployés par l'Etat, on constate que la ville n'évolue pas. Il n'y a pas cette image de marque de la ville. Il fallait donc réagir pour, d'un côté, améliorer le cadre de vie de la population, et, d'un autre, valoriser la fonction économique de la ville dans l'encadrement du territoire». D'où cette loi dont il évoque le cheminement jusqu'à son aboutissement.

    «La loi sur la ville vient suite à la loi 01-20 du 12 décembre 2001 relative à l'aménagement et au développement durable du territoire. Celle-ci constitue le cadre référentiel de la loi 06-06 du 20 février 2006 portant orientation de la ville. Entre-temps, il y a eu une mouture en 2003 qui a exigé deux années de travail au sein de deux commissions interministérielles composées des secteurs directement concernés que nous avons impliqués (l'intérieur, l'aménagement du territoire et l'environnement, les travaux publics, le transport, l'habitat et l'urbanisme). Il y a eu des concertations, des avis, des recommandations. Le projet de loi a été soumis en 2004 à l'APN puis au Sénat.»

    Un schéma d'aménagement du territoire à l'horizon 2025

    Le conseiller du ministre chargé de la ville estime que «c'est l'une des rares lois à avoir ce parcours du combattant avant d'être adoptée en 2006. Elle a suscité un engouement extraordinaire et un intérêt particulier». Dans son article 2, la loi d'orientation de la ville définit les principes généraux de la politique de la ville qui sont la coordination et la concertation, la déconcentration, la décentralisation, la gestion de proximité, le développement humain, le développement durable, la bonne gouvernance, l'information, la culture, la préservation et l'équité sociale.

    Cette loi sera confortée par un schéma national d'aménagement du territoire que M. Belkhodja entreprend d'expliquer, tout en soulignant l'ampleur de l'occupation des villes, appelées à connaître une plus grande concentration. «La ville algérienne abrite actuellement plus de 60% de la population algérienne, et cette population sera plus importante à l'horizon 2025 dans l'hypothèse du maintien des tendances actuelles dans la répartition de la population. Plus de 80% de la population algérienne sera concentrées à cette échéance dans les villes qui ne sont pas préparées à accueillir ce surplus de population.» Notre interlocuteur explique la démarche des décideurs, une démarche dictée par la gravité de la situation. «Face à l'état de crise que connaît la ville algérienne et compte tenu de l'aggravation de cette situation à l'horizon 2025, les pouvoirs publics ont mis en place un cadre législatif à la mesure des enjeux futurs. C'est ainsi que le schéma national d'aménagement du territoire à l'horizon 2025 est en phase finale de son élaboration. Il définit les grandes orientations sur lesquelles reposera l'occupation du territoire de manière à assurer une répartition équitable de la population et des activités économiques et urbaines.»

    M. Belkhodja indique que «l'équilibre de la population vise à desserrer l'asphyxie que connaissent le nord du pays ainsi que les grandes villes, notamment Alger, Oran, Annaba et Constantine qui ont atteint leur seuil de saturation. Cette situation fait que le redéploiement de la population est une option impérative qui s'inscrit dans le cadre de l'option des Hauts Plateaux, région qui offre des possibilités d'accueil et de redéploiement en réalisant les projets structurants qui sont nécessaires et les programmes d'accueil pour abriter le surplus de population». C'est dans ce contexte, déclare-t-il, que s'inscrit la création de villes nouvelles, à l'exemple de celle de Boughezoul qui «accueillera, dans sa phase finale, une population de 400 000 habitants». Le projet sera lancé incessamment, selon le conseiller du ministre qui signale que toutes les conditions sont réunies. «Le décret exécutif relatif à sa création existe, l'étude est terminée et l'enveloppe budgétaire a été dégagée.» Il en revient à la loi d'orientation de la ville qui «vise à combler un vide juridique» et qui «définit la ville et établit une hiérarchie en classant les villes». Elle vise également l'implication du citoyen dans la gestion de sa ville, contrairement à ce qui a prévalu jusqu'ici, dans un contexte d'«urbanisme administratif» où «l'Etat fait tout. [ ] Avec cette loi, le citoyen est impliqué. Il y a l'Etat, les collectivités locales et le citoyen. Sans lui, la démarche est vouée à l'échec. Par contre, avec son implication, on est sûr de réussir le projet.

    C'est un travail de longue haleine». L'atteinte de cet objectif doit passer, selon lui, par la communication qui a longtemps fait défaut, en vue de réconcilier le citoyen avec sa ville et de sensibiliser tous les acteurs, dont la population, les collectivités locales et les agents opérateurs économiques, sur les enjeux de la ville. M. Belkhodja relève que des actions seront entreprises à long, moyen et court terme et que «pour l'instant, il s'agit beaucoup plus d'information et de communication. Nous devons arriver à court terme à inculquer au citoyen une culture urbaine». Selon ses termes, la mobilisation commence à se faire sentir à travers certaines actions, notamment des opérations de reboisement. «Des milliards sont déboursés dans les cités et nous faisons en sorte d'investir cet argent à bon escient.» En tous les cas, beaucoup de travail reste à faire pour que la notion de ville puisse devenir une réalité, tout comme celle liée à la citoyenneté. Dans un entretien accordé à un magazine qui a consacré un numéro à la ville, M. Abdelhamid Boudaoud, architecte et président du Collège national des experts architectes algériens (CNEA), a relevé à juste titre que «malheureusement, nous n'avons pas de citoyens. Nous n'avons que des habitants. Un citoyen a des droits et des devoirs. Or, celui-là, on ne le voit pas en Algérie.
    On ne voit que l'habitant qui ne regarde pas au-delà de son logement». Il n'a pas été tendre non plus avec les premiers responsables des communes, se demandant s'ils ont «joué leur rôle de magistrat à l'échelle locale comme il se doit». Une interrogation qui sonne comme une réponse lorsqu'on lit la question suivante : «Y a-t-il un président d'APC qui a recensé les besoins de ses habitants, son patrimoine immobilier ou élaboré un calendrier précis pour le développement de sa commune ?» Il s'interroge également sur l'existence d'associations civiles dans les quartiers, d'initiatives locales pour le volontariat, de concours pour élire les quartiers les plus propres et les mieux entretenus La politique de la ville devrait apporter des réponses en changeant les mentalités, à tous les niveaux, afin que les villes puissent «bien porter leur nom».
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