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Médecine. Mieux que les antibiotiques, les excréments

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  • Médecine. Mieux que les antibiotiques, les excréments

    La transplantation fécale apparaît comme une solution simple et efficace contre une bactérie mortelle qui résiste à presque tous les antibiotiques.



    Test it now!
    Dès qu’il a posé les yeux sur sa patiente de 89 ans, Alex Khoruts a compris que le pronostic était sombre. En proie à la fièvre et au délire, la femme était convaincue qu’elle vivait avec ses parents, décédés depuis longtemps. Son taux extrêmement élevé de globules blancs montrait que son corps luttait contre une infection potentiellement mortelle.

    Une coloscopie a mis en évidence un problème au gros intestin, dont certaines parties étaient gravement infectées et si contractées que la sonde pouvait à peine passer. Pour le Dr Khoruts, gastro-entérologue à la faculté de médecine de l’université du Minnesota, à Minneapolis, l’étape suivante devenait évidente : appeler le fils de cette femme, non pas, comme on pourrait le penser, pour lui permettre de passer les derniers moments avec elle, mais pour recueillir un échantillon de ses excréments.

    Alex Khoruts est l’un des rares médecins au monde à pratiquer ce qu’on appelle une transplantation fécale. Vingt-quatre heures après l’injection dans le côlon de la patiente de matières fécales de son fils, le taux de globules blancs avait dégringolé, la fièvre était tombée et son état mental était redevenu normal. “Un changement spectaculaire”, se souvient Khoruts.

    Ce n’était pourtant pas une première. Dès 1958, des transplantations fécales avaient été réalisées par des chirurgiens de la faculté de médecine de l’université du Colorado, à Denver, sur quatre patients qui avaient d’incessantes diarrhées dues à une infection du côlon et qui n’étaient pas sensibles aux traitements classiques. En quarante-huit heures, les quatre malades s’étaient rétablis. Cependant, malgré la publication de quelque 200 études de cas, cette technique est restée marginale. Les réticences s’expliquent en partie par les tabous qui entourent les excréments, estime Thomas Louie, directeur médical du programme de prévention et de contrôle des infections pour la région de Calgary, au Canada. “Il y a pas mal de dégoût pour les choses réputées sales, dit-il. Ce facteur est très important.”

    La conséquence, selon Alex Khoruts, est que les médecins ne connaissent pas toujours parfaitement la composition des matières que nous déféquons. “Dans la pratique, c’est juste du ‘caca’. Nous n’en savons guère plus sur le sujet qu’un collégien”, déplore-t-il. Mais cette attitude évolue lentement, notamment à cause des ravages considérables liés à Clostridium difficile dans les hôpitaux occidentaux. Cette bactérie superrésistante et mortelle envahit le côlon de sujets dont l’écosystème microbien est affaibli.

    Un zoo complexe et fragile

    Or cet écosystème est très complexe. “Le caca est un zoo”, explique Thomas Borody, gastro-entérologue au Centre d’étude des maladies digestives de Five Dock, en Australie. Une ménagerie de quelque 25 000 sous-espèces de bactéries se nourrit des matières qui passent à travers notre système digestif. L’ensemble forme un gigantesque réseau de cellules interconnectées que certains biologistes considèrent aujourd’hui comme un organe à part entière en raison du nombre de cellules qu’il contient, le plus important du corps humain. Or une prise prolongée d’antibiotiques peut avoir des effets dévastateurs sur cet énorme et complexe écosystème, créant des niches où C. difficile peut s’imposer. Cette superbactérie résiste à presque tous les antibiotiques, même les plus puissants, et, une fois le traitement terminé, elle recolonise facilement un intestin affaibli.

    Une infection par C. difficile entraîne de sévères diarrhées et des colites, voire la septicémie et la mort. La patiente du Dr Khoruts aurait très bien pu connaître un tel sort. Selon la Fédération des professionnels de l’épidémiologie et du contrôle des infections, en 2008 les hôpitaux américains ont abrité plus de 7 000 patients infectés par C. difficile et la bactérie a été responsable d’environ 300 morts. Les chiffres fournis par le Bureau des statistiques nationales du Royaume-Uni montrent que les décès imputables à cette infection dépassaient les 8 000 en 2007, soit plus du double du nombre de morts dues à des accidents de la route. Et d’autres pays enregistrent une mortalité similaire.

    Pour les partisans des transplantations fécales, une telle issue est tout à fait évitable. En reconstituant la flore bactérienne du côlon, les matières fécales du donneur peuvent stopper l’infection, soit en éliminant l’intrus, soit en produisant des toxines qui le tuent. La procédure en elle-même est simple. Les matières fécales du donneur sont mélangées à une solution saline et filtrées pour enlever les particules les plus grosses. La manière d’injecter la solution – en général moins d’un litre – diffère selon les praticiens. Certains préfèrent introduire un tube par le nez jusqu’à l’estomac. Le Dr Khoruts a recours soit à la coloscopie, soit au lavement. “Je crains que le patient vomisse au cours de l’injection et aspire la solution, car cela poserait un problème, dit-il. En outre, ces bactéries vivent dans le côlon ; il semble donc plus naturel de passer par en bas.”

    Les meilleurs donneurs sont les frères et sœurs : notre flore microbienne est à 80 % semblable à celle de notre mère. Mais, à vrai dire, n’importe quel donneur fait l’affaire à condition qu’il ait des intestins sains et qu’il ait subi un examen de dépistage du sida et de l’hépatite.

    Le fait de pratiquer cette technique de manière routinière a aussi des conséquences sociales. Sa clinique ayant aujourd’hui plus de 1 500 transplantations fécales à son actif, Thomas Borody est la cible de nombreuses plaisanteries. “Mes confrères m’ont donné un surnom très moche, ‘celui qui injecte la ***** des gens’”, avoue-t-il.

    Mais ce traitement n’en mérite pas moins d’être pris au sérieux. Borody comme Khoruts ont publié des études montrant comment les transplantations fécales reconstituent des colonies de Bacteroides, un groupe de bactéries qui prédomine dans un côlon sain. L’équipe de Borody a démontré par ailleurs que les bactéries des matières fécales du donneur demeuraient dans le corps du receveur jusqu’à vingt-quatre heures après l’injection, ce qui donne à penser que la reconstitution de la flore intestinale pourrait être définitive.

    Convaincre les sceptiques

    Pourtant, certains praticiens ne sont pas encore convaincus. Peter Katelaris, un gastro-entérologue de l’université de Sydney, en Australie, souligne que, même s’il y a des indications montrant que les transplantations fécales peuvent avoir un effet salutaire sur les infections à C. difficile, la procédure doit encore subir toute une batterie d’essais rigoureux et que, jusque-là, son efficacité n’est pas prouvée et son innocuité reste aléatoire.

    Le nombre de données scientifiques recueillies sur ce traitement pourrait toutefois augmenter prochainement. Une équipe dirigée par Ed Kuijper, du Centre médical de l’université de Leyde, aux Pays-Bas, vient d’entamer des essais en double aveugle pour comparer l’efficacité des transplantations fécales avec celle des thérapies par antibiotiques. Thomas Borody espère que leurs résultats conduiront les sceptiques à changer d’avis. “Au fond, c’est le caca qui leur fait peur, dit-il. Ils ne se rendent pas compte que c’est un organe. Ils feront une greffe de foie ou de moelle osseuse, mais pas de selles.”

    Pour lui, la conclusion est simple : les transplantations fécales devraient devenir la principale défense contre C. difficile. “Nous avons une thérapie curative à presque 100 %. Pourquoi donc dépenser des millions de dollars en antibiotiques ?”
    Anil Anathaswamy
    Lire l'artic
    les excréments transplantés pendant le 3 reich avait sauvés des milliers de nazis

  • #2
    ............
    Dernière modification par toulousain, 26 juin 2018, 20h06.

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    • #3
      je ne sais pas pourquoi vous êtes attirés par l'urine et les excréments ?
      ارحم من في الارض يرحمك من في السماء
      On se fatigue de voir la bêtise triompher sans combat.(Albert Camus)

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      • #4
        ..................
        Dernière modification par toulousain, 26 juin 2018, 20h06.

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        • #5
          Et c'est bourré de protéines , j'en mange à chaque fois que...lol

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          • #6
            C'est très sérieux , j'ai vu un reportage (France 5 ou la 3 je ne me rappelle plus).
            Là on parle d'excréments et ça révulse, mais dans les faits, il s'agit de récupérer le microbiote (ensemble des bactéries ) de quelqu'un de sain, réduit en poudre (?) et envoyé directement dans l'estomac à travers une sonde .
            Les malades recouvrent très vite la santé, en une semaine pour une patiente qui souffrait de diarrhée depuis plusieurs années. Certains hôpitaux pratiquent cette nouvelle thérapie.
            La véritable éducation consiste à pousser les gens à penser par eux même - Noam Chomsky

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