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Pollution étonnante : les déjections d'hippopotames tuent des poissons

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  • Pollution étonnante : les déjections d'hippopotames tuent des poissons

    Dans certaines rivières d'Afrique, la concentration d'hippopotames est tellement élevée que les déjections de ces animaux asphyxient les rivières. Le phénomène peut sembler inquiétant mais il fait partie du cycle naturel : de quoi nous faire réfléchir sur la notion de pollution.

    Lorsque Chris Dutton et Amanda Subalusky, deux biologistes de l'université de Yale et du Cary Institute (États-Unis) se sont rendus pour la première fois aux abords de la rivière Mara, coulant au Kenya et en Tanzanie, ils ont cru avoir affaire à une pollution massive : des milliers de poissons morts pourrissaient sur la rive sur une centaine de kilomètres. Ils ont d'abord soupçonné un épandage de pesticides. Mais, grâce à une série d'expérimentations, publiées le 16 mai dans la revue Nature, ils ont vite identifié le vrai coupable : l'hippopotame, ou, plus exactement, les troupeaux d'hippopotames.

    Pour réguler sa température, l'hippopotame est contraint de rester en permanence immergé dans l'eau lors des fortes chaleurs : contrairement à l'être humain, il est incapable de transpirer. Lorsque le niveau des rivières est bas, les hippopotames se regroupent sous forme d'énormes troupeaux dans les bassins restants. La rivière Mara compterait ainsi 171 « piscines à hippopotames » sur sa partie kenyane, ce qui générerait pas moins de 9,3 tonnes de déjections par jour. Or, la décomposition de ces déjections conduit à une hypoxie de la rivière, les bactéries consommant tout l'oxygène dissous. De plus, l'activité microbienne produit des composés toxiques tels que l'ammoniaque, le sulfure d'hydrogène, ainsi que du méthane et du dioxyde de carbone. De quoi étouffer le moindre poisson.

    L'eau souillée asphyxie la rivière lors des crues

    Tant que le phénomène reste cantonné aux bassins où sont regroupés les hippopotames, rien de grave. Le problème survient lorsque de fortes pluies entraînent une vidange des bassins. L'eau souillée est alors déversée dans le flux de la rivière. Pour quantifier les effets de cette pollution naturelle, les deux scientifiques se sont livrés à différentes mesures. Pas si facile, car l'hippopotame est un animal très agressif et il serait aventureux d'effectuer soi-même les prélèvements. Ils ont donc d'abord envoyé des mini-drones aquatiques armés de capteurs pour mesurer la concentration en composés chimiques avant et après le déversement de l'eau souillée. Puis, ils ont simulé une soudaine arrivée de déjections dans un bassin artificiel. Verdict : dans les deux cas, le déversement entraîne une chute rapide et dramatique du niveau d'oxygène dans l'eau, allant jusqu'à l'hypoxie complète dans un tiers des cas (concentration inférieure à 2 mg/L).

    Pas de quoi s'affoler pour autant, selon les chercheurs, car le phénomène s'inscrit dans un cycle naturel. Les carcasses de poissons nourrissent en amont les charognards (hyènes, crocodiles, oiseaux) qui s'empiffrent joyeusement de ce festin inattendu. « Notre étude offre un bon aperçu du fonctionnement de la vie sauvage sans intervention de l'Homme, explique Amanda Subalusky. Avant que l'humain n'y ait fait disparaître les hippopotames, la plupart des autres rivières africaines devaient ressembler à la Mara ». Autrement dit, une eau fraîche et pure n'est pas forcément un bon indicateur de la virginité d'une rivière.

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