"Des usines à chômeurs" : c'est la réputation que traînent les filières de lettres, langues et sciences humaines. Si l'insertion professionnelle y est moins bonne que dans les études économiques, juridiques, de gestion et scientifiques, toutes les disciplines ne se valent pas.
La psychologie est une des filières les plus encombrées (près de 50 000 étudiants sur les trois années de licence en 2005-2006 pour 17 000 en sociologie). Bonne nouvelle cependant, en 2006-2007, le nombre d'inscrits en première année aurait chuté d'environ 10 %.
La France compte environ un quart des étudiants de l'Union européenne dans cette discipline. Bon an mal an, près de 20 000 étudiants s'inscrivent en première année : 4 500 seulement décrochent un master recherche ou professionnel, indispensable pour devenir psychologue. Et c'est encore trop compte tenu des possibilités d'insertion. "Avec 40 000 psychologues en France, commente Roger Lécuyer, président de la Fédération française des psychologues et de psychologie, on renouvelle l'ensemble de la profession tous les neuf ans !"
Pour M. Lécuyer, également professeur à Paris-V, un tiers des étudiants qui s'engagent en psychologie n'ont pas le niveau, un autre tiers est mal orienté, seul un tiers s'en sortira. "Beaucoup de jeunes ont une idée fausse de la discipline et ne s'attendent pas à des études scientifiques, estime-t-il. La première chose que je conseille aux lycéens, c'est de lire un manuel de psychologie." Pour éviter les déconvenues, l'université Paris-V organise chaque année une journée d'immersion où les lycéens de terminale suivent des cours de psychologie sociale, clinique, du développement, de statistiques et de physiologie.
LE DÉBOUCHÉ NATUREL
Pour l'année 2005-2006, on comptait près de 80 000 étudiants sur les trois années du cursus licence en langues, plus de 90 000 en lettres, plus de 36 000 en histoire. Or l'enseignement, qui apparaissait auparavant comme le débouché naturel de ces études, est désormais réservé à un petit nombre d'élus. Ainsi les postes offerts aux concours externes du Capes s'élèvent, pour la session 2007, à 730 postes en histoire-géographie, 125 en allemand, 1 086 en anglais, 980 postes en lettres modernes ou encore... 30 postes en philosophie.
Les études de géographie (12 000 étudiants sur les trois années de licence) semblent offrir de meilleures possibilités d'insertion. "Cette discipline, dont les effectifs sont relativement peu importants, a développé, dès les années 1970, des filières professionnelles, explique Michel Lussault, docteur en géographie urbaine et président de l'université de Tours. En plus de la cartographie, elle offre des débouchés en aménagement du territoire, développement territorial, environnement..."
Dans les filières engorgées, mieux vaut être bon élève, poursuivre jusqu'au master, ou faire une formation complémentaire après la licence. "Un élève moyen qui obtient une licence de lettres ou de sciences humaines a peu de chances de trouver un boulot intéressant, considère Jean-Robert Pitte, président de Paris Sorbonne (Paris-IV). En revanche, un étudiant avec une tête bien faite et une solide culture générale a les aptitudes pour trouver un emploi en entreprise que ce soit dans les ressources humaines, le management, voire dans des métiers plus techniques."
FAIRE ÉVOLUER LES MENTALITÉS
Reste que les entreprises répugnent à employer des diplômés de l'université, auxquels ils préfèrent ceux des grandes écoles. L'opération Phénix a pour ambition de faire évoluer les mentalités : à la rentrée 2007, sept grands groupes (PricewaterhouseCoopers, Renault, Axa, Coca-Cola, Siemens, HSBC et la Société générale) lancent un partenariat avec les universités de Marne-la-Vallée, Paris-XII (Créteil), Paris I, III et IV pour recruter, en CDI, 70 étudiants de niveau Master 2 (bac + 5) en lettres, sciences humaines ou sociales avec une mise à niveau en économie et en finance.
La mise en place progressive d'une architecture des diplômes universitaires en licence (bac + 3), master (bac + 5) et doctorat (bac + 8) à partir de 2002, la réflexion sur l'orientation engagée par le gouvernement en 2006 avec la possibilité, pour les universités qui le souhaitent dès cette année d'une aide à l'orientation des élèves de terminale, ont fait de l'insertion une préoccupation croissante.
Le nombre de licences professionnelles augmente (plus de deux cents nouvelles ont été habilitées pour 2007). Certaines universités essaient d'associer des disciplines complémentaires pour améliorer les chances d'insertion de leurs étudiants, comme à l'université de Tours, qui développe, par exemple, des cursus de juriste-linguiste. Paris-IV emploie désormais trois personnes à temps complet pour s'occuper des stages en entreprise, et une antenne de l'Agence pour la création d'entreprise sera ouverte le 8 mars à la Sorbonne (Paris-IV).
Par le Monde
La psychologie est une des filières les plus encombrées (près de 50 000 étudiants sur les trois années de licence en 2005-2006 pour 17 000 en sociologie). Bonne nouvelle cependant, en 2006-2007, le nombre d'inscrits en première année aurait chuté d'environ 10 %.
La France compte environ un quart des étudiants de l'Union européenne dans cette discipline. Bon an mal an, près de 20 000 étudiants s'inscrivent en première année : 4 500 seulement décrochent un master recherche ou professionnel, indispensable pour devenir psychologue. Et c'est encore trop compte tenu des possibilités d'insertion. "Avec 40 000 psychologues en France, commente Roger Lécuyer, président de la Fédération française des psychologues et de psychologie, on renouvelle l'ensemble de la profession tous les neuf ans !"
Pour M. Lécuyer, également professeur à Paris-V, un tiers des étudiants qui s'engagent en psychologie n'ont pas le niveau, un autre tiers est mal orienté, seul un tiers s'en sortira. "Beaucoup de jeunes ont une idée fausse de la discipline et ne s'attendent pas à des études scientifiques, estime-t-il. La première chose que je conseille aux lycéens, c'est de lire un manuel de psychologie." Pour éviter les déconvenues, l'université Paris-V organise chaque année une journée d'immersion où les lycéens de terminale suivent des cours de psychologie sociale, clinique, du développement, de statistiques et de physiologie.
LE DÉBOUCHÉ NATUREL
Pour l'année 2005-2006, on comptait près de 80 000 étudiants sur les trois années du cursus licence en langues, plus de 90 000 en lettres, plus de 36 000 en histoire. Or l'enseignement, qui apparaissait auparavant comme le débouché naturel de ces études, est désormais réservé à un petit nombre d'élus. Ainsi les postes offerts aux concours externes du Capes s'élèvent, pour la session 2007, à 730 postes en histoire-géographie, 125 en allemand, 1 086 en anglais, 980 postes en lettres modernes ou encore... 30 postes en philosophie.
Les études de géographie (12 000 étudiants sur les trois années de licence) semblent offrir de meilleures possibilités d'insertion. "Cette discipline, dont les effectifs sont relativement peu importants, a développé, dès les années 1970, des filières professionnelles, explique Michel Lussault, docteur en géographie urbaine et président de l'université de Tours. En plus de la cartographie, elle offre des débouchés en aménagement du territoire, développement territorial, environnement..."
Dans les filières engorgées, mieux vaut être bon élève, poursuivre jusqu'au master, ou faire une formation complémentaire après la licence. "Un élève moyen qui obtient une licence de lettres ou de sciences humaines a peu de chances de trouver un boulot intéressant, considère Jean-Robert Pitte, président de Paris Sorbonne (Paris-IV). En revanche, un étudiant avec une tête bien faite et une solide culture générale a les aptitudes pour trouver un emploi en entreprise que ce soit dans les ressources humaines, le management, voire dans des métiers plus techniques."
FAIRE ÉVOLUER LES MENTALITÉS
Reste que les entreprises répugnent à employer des diplômés de l'université, auxquels ils préfèrent ceux des grandes écoles. L'opération Phénix a pour ambition de faire évoluer les mentalités : à la rentrée 2007, sept grands groupes (PricewaterhouseCoopers, Renault, Axa, Coca-Cola, Siemens, HSBC et la Société générale) lancent un partenariat avec les universités de Marne-la-Vallée, Paris-XII (Créteil), Paris I, III et IV pour recruter, en CDI, 70 étudiants de niveau Master 2 (bac + 5) en lettres, sciences humaines ou sociales avec une mise à niveau en économie et en finance.
La mise en place progressive d'une architecture des diplômes universitaires en licence (bac + 3), master (bac + 5) et doctorat (bac + 8) à partir de 2002, la réflexion sur l'orientation engagée par le gouvernement en 2006 avec la possibilité, pour les universités qui le souhaitent dès cette année d'une aide à l'orientation des élèves de terminale, ont fait de l'insertion une préoccupation croissante.
Le nombre de licences professionnelles augmente (plus de deux cents nouvelles ont été habilitées pour 2007). Certaines universités essaient d'associer des disciplines complémentaires pour améliorer les chances d'insertion de leurs étudiants, comme à l'université de Tours, qui développe, par exemple, des cursus de juriste-linguiste. Paris-IV emploie désormais trois personnes à temps complet pour s'occuper des stages en entreprise, et une antenne de l'Agence pour la création d'entreprise sera ouverte le 8 mars à la Sorbonne (Paris-IV).
Par le Monde
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