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Les grandes écoles françaises à la conquête des élites africaines

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  • Les grandes écoles françaises à la conquête des élites africaines

    La formation des élites africaines aiguise les appétits des grandes écoles qui agissent néanmoins encore trop en ordre dispersé


    Changement de paradigme et de continent. Les vastes horizons africains, surtout les formidables besoins en formation d’une nouvelle classe moyenne, sont un nouveau terrain d’expansion pour les grandes écoles françaises. Les enjeux de la préparation de ces futurs managers sont à la mesure du défi. Colossaux. Tant la vitalité de ces futurs partenaires économiques, leur croissance, va peser sur la nouvelle géographie des affaires. Alors former ces prochains partenaires que convoitent les Américains, les Chinois et bien d’autres champions du perfectionnement en management relève d’une mission aux incidences qui dépassent bien souvent les écoles françaises, mais surtout leurs moyens. Les réponses sont multiples face à ce défi : implanter un campus en dur comme l’Essec ou Paris-Dauphine, nouer des partenariats comme l’X ou SciencesPo, accueillir les étudiants en Europe comme l’ESCP Europe. Reste sans doute à inventer la formule qui donnera de la puissance adaptée aux besoins formidables de ce continent. Avec des solutions qui restent à imaginer, mais passent sans doute par une concertation de ces nobles institutions.

    par Patrick Arnoux

    Explosion démographique ciblée. Actuellement, l’Afrique compte 8 millions d’étudiants. Un Africain sur deux a moins de 18 ans. Dans moins de 15 ans, à l’horizon 2030, ils seront 22 millions d’étudiants, selon l’évaluation de Pierre Tapie, ancien président de la Conférence des grandes écoles qui dirige le cabinet de conseil Paxter. Une évolution d’ailleurs déjà anticipée depuis quelque temps sur les campus de l’Hexagone. Depuis 2005, le nombre d’étudiants africains formés par les grandes écoles en France a progressé de 130 %, selon la CGE. Avec des stratégies d’accueil différenciées. Mais ces diplômes dispensés localement ne sont pas à la hauteur de ce qui relève d’une stratégie de soft power aux enjeux colossaux. Dépassant souvent ces institutions, leurs moyens surtout. Le développement économique des différents pays africains induit une très importante augmentation des besoins en formation de managers, d’ingénieurs et de techniciens.

    “Ces diplômes dispensés localement ne sont pas à la hauteur de ce qui relève d’une stratégie de soft power aux enjeux colossaux”

    Or l’offre actuelle dans ces domaines en Afrique sub-saharienne est encore particulièrement modeste, surtout dans la partie francophone où les universités sont encore éloignées des standards internationaux. Alors, les élites de demain seront-elles formées par ces Chinois omniprésents, ces Américains et leurs méthodes de management très rodées, ces Saoudiens au logiciel spirituel et culturel si spécifique ? À moyen terme, les conséquences économiques de la préparation de ces jeunes aux différents métiers des affaires sont colossales. Elles se traduisent en influence et en rayonnement.

    Les business school françaises émergent aux meilleures places mondiales et européennes dans les différents classements (Financial Times, etc.), ce qui leur donne une forte légitimité pour devenir des acteurs de premier plan. Non plus selon les recettes d’antan, en important sur leur campus les talents naissant, mais en s’implantant dans les différents pays de ce si prometteur continent. Encouragés d’une part par les dirigeants politiques locaux redoutant une hémorragie de cerveaux, et d’autre part par des étudiants préférant de loin rester au pays. Désormais, la mobilité des étudiants africains s’effectue essentiellement sur leur propre continent. La réalité du défi ? les former sur place.

    Une étude de Campus France relève d’ailleurs que ce continent attire plus de 20 % des étudiants africains en mobilité dans le monde. Les pays bénéficiant de cette mobilité intracontinentale sont l’Afrique du Sud (39 %), le Ghana (20 %), le Maroc (8 %) et la Tunisie (7 %).

    “Désormais, la mobilité des étudiants africains s’effectue essentiellement sur leur propre continent. La réalité du défi ? les former sur place”

    Dans leur déclaration d’intention, leur profession de foi, pas une seule grande école française n’oublie comme priorité majeure la formation des jeunes Africains. Dans les mots, l’enthousiasme est puissant. Dans la réalité, le tableau est plus contrasté. Les interprétations sont variées, modulées, parfois bien timides. Certaines au contraire, ont joué les pionnières.

    L’université Paris Dauphine s’est installée en 2009 à Rabat, puis 7 ans plus tard à Casablanca. L’Essec à ouvert son campus de 6 000 m2 au Maroc l’an dernier, après les campus de CentraleSupelec, d’EMLyon et de Toulouse business school.

    Une concurrence violente
    La francophonie est certes un atout : la France compte déjà 45 % d’Africains parmi ses étudiants internationaux. Mais la concurrence est de plus en plus vive. Les étudiants sub-sahariens sont de plus en plus nombreux à choisir l’Arabie saoudite, la Turquie, les Émirats arabes unis, la Malaisie. Ces quatre pays accueillent autant d’étudiants africains que la France. Alors qu’ils étaient inexistants il y a juste 5 ans. “Ces pays mettent en avant une communauté/affiliation religieuse, explique Olivier Chiche-Portiche, directeur de la coordination géographique à Campus France. L’Arabie saoudite offre massivement des bourses d’études islamiques aux étudiants africains : cela fonctionne bien auprès des étudiants du Mali, de Mauritanie et du Sénégal.” Et le taux de croissance annuel moyen de la mobilité étudiante africaine en Chine est de plus de 35 % depuis quinze ans, selon l’évaluation de Campus France. Une concurrence stimulante laissant penser que les grandes écoles vivent “the” moment où se joue beaucoup.

    Avec des atouts bien identifiés pour les institutions françaises, notamment le modèle spécifique d’ingénieur désormais reconnu internationalement, alors que sa version anglo-saxonne relève plutôt du niveau technicien supérieur. Et surtout la formation au management à la française qui, par rapport à la version africaine, fait la part belle à la culture de projet, à l’adaptabilité et aux nombreux stages en entreprise. Ce qui en fait un diplômé pragmatique et opérationnel.

    “L’Arabie saoudite, la Turquie, les Émirats arabes unis, la Malaisie. Ces quatre pays accueillent autant d’étudiants africains que la France. Alors qu’ils étaient inexistants il y a juste 5 ans”

    Nouvelle donne donc. Dont les dirigeants politiques français – au plus haut niveau – ont déjà bien pris la mesure. En novembre dernier, Emmanuel Macron en visite à Ouagadougou (Burkina Faso), explique vouloir “contribuer à renforcer la présence de nos établissements ici, en lien et en partenariat avec les pays africains”. Avec un objectif : le “doublement des partenariats universitaires avec l’Afrique”, invitant “les universités et les écoles françaises de commerce, d’ingénieurs, à ne pas perdre davantage de temps et à venir à votre rencontre pour développer ces parcours croisés”. Tandis que le Premier ministre Édouard Philippe souhaitait un “grand campus franco-sénégalais” au sud de Dakar. Déjà, depuis 2008, la business school Kedge y propose un bachelor ainsi qu’un programme sénégalais IMP (Industrial Marketing and Purchasing). Les 100 élèves du début sont devenus un millier actuellement. Dans quels domaines ? “L’Union Africaine, l’Unesco et l’Agence universitaire de la francophonie (AUF) ont mis en évidence des secteurs à privilégier pour la formation en Afrique, notamment la santé, le transport ou encore la bonne gouvernance, qui font partie des domaines d’expertise de notre école” explique l’un de ses dirigeants.

    Quatre modes opératoires
    Reste alors l’essentiel pour ces grandes écoles, déterminer le mode d’intervention. Certes, tous passent en principe par un partenariat avec une université locale, mais peuvent prendre trois formes distinctes : l’implantation d’un campus “offshore” en dur, véritable succursale de la grande école ; la mise en place d’accords de coopération ; la formation en France. Auxquelles s’ajoute la formation à distance via des cours en ligne.

    “Le mode d’intervention : l’implantation d’un campus “offshore” en dur, véritable succursale de la grande école ; la mise en place d’accords de coopération ; la formation en France”

    1/ L’implantation de campus en dur : C’est le choix de L’Essec avec son implantation à Rabat, de CentraleSupelec à ou de l’Université de Paris-Dauphine à Tunis, de Kedge avec son implantation à Dakar. Mais pas de HEC par exemple : “Comme pour les autres continents, HEC Paris ne souhaite pas ouvrir de campus de grande ampleur en Afrique, mais y développe des programmes pour executives avec des implantations souples”. En effet, il existe des alternatives singulièrement moins “immobilières” ! Ainsi, comme l’explique directeur François Bonvalet de Toulouse business school : “Notre politique est d’attirer des étudiants d’Afrique sub-saharienne sur notre campus de Casablanca où nous nous sommes donné les moyens pour accueillir une forte croissance. Cette implantation nous sert de hub vers l’Afrique pour attirer les étudiants du continent sur place. Nous ne souhaitons pas implanter de campus dans les pays ciblés car cela entraînerait un coût trop important, tant sur le plan financier que sur celui des ressources professorales”.

    “Le Maroc est intéressant, car disposant d’un réseau de classes préparatoires de très bonne qualité. Il dispose en outre d’une forte tradition scientifique, notamment mathématique”

    Ce concept de plateforme à fort pouvoir d’attraction est partagé par Centrale Paris qui en a implanté une à la demande du gouvernement marocain. L’école recrute près de 30 % de ses étudiants en Afrique sub-saharienne par un concours ad hoc, construit en partenariat avec des premiers cycles locaux. Elle s’adapte ainsi à des contextes ne disposant pas de classes prépas comme en France. “Le Maroc est intéressant, car disposant d’un réseau de classes préparatoires de très bonne qualité. Ce pays a décidé d’investir dans l’éducation, et nous a proposé de venir. Il dispose en outre d’une forte tradition scientifique, notamment mathématique” explique Gilbert Gleyzes, fondateur et premier directeur adjoint de 2013 à 2016. Tandis que le patron de l’Essec, Vincenzo Esposito Vinzi, explicite sa récente ouverture de campus au Maroc : “L’implantation en Afrique via le campus de Rabat s’inscrit dans la stratégie de développement international de l’Essec pour constituer une école-monde. Elle consiste à être présent sur les différents continents, selon des modalités qui peuvent différer d’un continent à l’autre mais avec toujours à cœur d’assurer que l’excellence de l’expérience Essec soit la même quel que soit le campus. L’Afrique fait aujourd’hui face à un défi considérable : répondre à l’immense besoin d’éducation qui s’exprime dans tout le continent. L’Essec avec son campus du Maroc entend contribuer à ces défis en formant des cadres africains”.

    2/ Des accords de coopération. Ensuite, dans une version plus light, on trouve toute une variété d’accord de coopération. La CGE en dénombre ainsi 54 en matière de recherche. Ces partenariats peuvent s’illustrer par des transferts pédagogiques, des échanges d’étudiants mais se concrétisent rarement par un double diplôme. “HEC Paris poursuit une stratégie active de recrutement des meilleurs talents (en particulier pour le mastère grande école, avec un recrutement de titulaires de diplômes bachelor ou master, en général scientifiques). Cela peut passer par des accords académiques (ex : INP HB de Côte d’Ivoire) et suppose la recherche de financements. Depuis 2012, le nombre d’Africains dans les programmes diplômants d’HEC Paris a augmenté d’un tiers” décrit François Colin, directeur du développement international d’HEC. Et avec cet impératif de l’excellence qui met en évidence la supériorité des universités de l’Afrique anglophone (Afrique du Sud, Nigeria ou Kenya), les choix sont vite faits : “les partenaires académiques de rang mondial sur le continent sont aujourd’hui principalement en Afrique du Sud. La mobilité des étudiants vers l’Afrique s’effectue beaucoup au travers de stages et de projets, alimentés par le formidable essor entrepreneurial du continent (environ 50 étudiants par an).” Deux pays francophones émergent – la Côte d’Ivoire et le Maroc – comme zone d’implantation de ces hubs d’accueil.

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    À Sciences Po Paris, les intentions sont claires, comme le détaille Laurence Souloumiac, directrice du Centre Asie Pacifique Afrique Moyen-Orient : “Notre priorité N°1 est bien l’Afrique, pour laquelle nous déployons une stratégie originale et des efforts supplémentaires se concrétisant par des échanges et des partenariats. Depuis 10 ans, sur notre campus de Reims, nous avons mis en place un cycle spécifique dédié à l’Afrique auquel s’ajoute une politique d’échanges et de réciprocité avec un certain nombre de partenaires, toujours basé sur l’excellence”. Science Po, qui a déjà des bureaux au Kenya, travaille également à Saint-Louis du Sénégal ou au Maroc. “Nous prévoyons pour les 5 ans à venir une croissance à deux chiffres des étudiants africains formés, soit un doublement. Notre objectif : former un millier d’étudiants principalement de l’Afrique de l’Est.”

    “Les partenaires académiques de rang mondial sur le continent sont aujourd’hui principalement en Afrique du Sud”

    Si l’X n’est pas “implantée” sur ce continent, elle y développe un certain nombre de partenariats, “afin d’une part d’attirer les talents africains à l’X en France, et d’autre part de partager nos compétences et nos connaissances avec nos partenaires afin de favoriser le développement de l’offre de formation sur place (formation de formateurs)” explique Franck Pacard directeur de l’enseignement et de la recherche de l’X, qui poursuit : “Nous n’avons pas l’intention de nous implanter en Afrique mais de développer plus de partenariats en Afrique du Nord, en Afrique francophone sub-saharienne et ensuite en Afrique anglophone Nous avons ainsi ouvert des centres d’examens pour le concours de l’X (cycle ingénieur polytechnicien) dans plusieurs pays africains : Maroc, Sénégal, Mauritanie, Côte d’Ivoire… Notre objectif est de détecter les jeunes talents, de les préparer”.

    Du côté de Nantes, Audencia a choisi une destination plus originale pour son partenariat, l’École supérieure algérienne des affaires (ESAA) première business school du pays, pour ouvrir en avril 2017 son executive MBA à Alger avec 30 participants. À l’issue de leur formation, ils bénéficieront d’un double diplôme : celui d’Audencia et de l’ESAA. “L’Afrique est effectivement un accélérateur de développement pour nous” explique son directeur.

    3/ La formation en France. Une stratégie différente et affichée consiste à réserver le meilleur accueil sur les campus de l’Hexagone. C’est le choix d’ESCP Europe, qui “n’a pas vocation à ouvrir un campus en Afrique car cela ne fait pas partie de l’ADN de l’école d’avoir des campus hors d’Europe. Notre stratégie est plutôt d’accueillir les meilleurs étudiants africains dans tous nos programmes et sur nos 6 campus européens (+ de 300 par an venant de 20 pays africains différents)”.

    “ESCP Europe n’a pas vocation à ouvrir un campus en Afrique car cela ne fait pas partie de l’ADN de l’école d’avoir des campus hors d’Europe. Notre stratégie est plutôt d’accueillir les meilleurs étudiants africains”

    4/ Les cours en ligne : Enfin, le digital qui transforme la pédagogie permet de dispenser des formations à distance sous forme de cours en ligne. Ces fameux mooc sèment à tout vent les savoirs mijotés par ces écoles, parfois de façon spécifique. Comme l’a déjà fait HEC dans le domaine de la finance ou de la stratégie. Ou EMLyon avec “Entreprendre au Maroc”, conçu par Youssef Lahlou, et Tawhid Chtioui, professeur et dean d’EMLyon business school Africa sur le campus Casablanca, où ils viennent de lancer un second Mooc gratuit “Introduction to doing business in Africa”.

    Le verrou financier
    Le premier obstacle à une implantation généralisée des grandes écoles françaises sur le continent africain est d’ordre social-financier. Elles facturent leurs programmes à des niveaux de prix déjà très élevé dans l’Hexagone. Et en Afrique, ils sont parfois supérieurs ! Par exemple, 12 000 euros par an pour suivre le cursus de l’Essec à Rabat, 3 500 pour une année de licence à Dauphine Tunis, 5 000 à Centrale Supelec, et 8 000 pour un master de Toulouse business school. Quand au Maroc, le salaire moyen est de 386 euros (contre 2 200 en France.) Aussi l’ascenseur social est-il en Afrique un élévateur de grand luxe en quête de mécènes.

    “La plupart de ces grandes écoles n’adaptent pas leur tarif en fonction de la solvabilité et du niveau de vie de leurs potentiels candidats, mais jouent sur les potentialités de subvention”

    La plupart de ces grandes écoles n’adaptent pas leur tarif en fonction de la solvabilité et du niveau de vie de leurs potentiels candidats, mais jouent sur les potentialités de subvention, sous forme d’éventuelles bourses. Il faut donc faire des montages de tiers payant à base de bourses et de financement d’entreprise. Conséquence immédiate : nombre de ces formations académiques coûteuses ne font pas le plein. Sans doute devront-elles prévoir de nouveaux modes de financement. Harvard n’a-t-il pas récemment proposé des bourses de 50 000 dollars pour attirer les meilleurs candidats africains ? “Ces cadres de demain ont certes un grand choix de programmes internationaux, mais le principal obstacle reste celui du financement. Nous travaillons donc à une offre de bourse, notamment en Côte d’Ivoire. Un élève reçu à HEC aura ainsi la totalité de ses études financées” explique François Colin.

    Besoin de masse et excellence
    Paradoxe aux allures d’effet de ciseau, l’obstacle des finances bride les demandes alors que ces dernières sont en train d’exploser. Il reste donc un nouveau modèle économique à trouver. “Il est essentiel de ne pas transiger sur le niveau. Il faut être très sélectif dès le début pour assurer l’avenir” plaide Gilles Gleyzes, directeur de CentraleSupelec. Les besoins des différents pays africains en managers qualifiés et cadres intermédiaires spécialisés sont considérables mais, fidèles à leur ADN fondateur, les grandes écoles françaises ne veulent dispenser rien d’autre que l’excellence. À très haut niveau. Ce qui suppose non seulement une rigoureuse sélection pour ce nectar distillé grâce à de très modestes effectifs. Histoire sans doute de ne pas galvauder la marque ! Tout en laissant pourtant en friche cette mission stratégique relevant du soft power, la formation en grand nombre des dirigeants de demain. Malthusianisme ?

    Cet élitisme filtré par l’importance des ressources a ses limites quand les besoins font davantage penser à une industrie de masse, notamment pour les niveaux ou la demande est la plus criante : techniciens, et autres professionnels spécialisés grâce à des cycles courts. La demande des gouvernements africains est explicite : un développement de parcours courts professionnalisant afin de pallier le manque de managers intermédiaires. Sans oublier le perfectionnement de la formation continue.

    “Cet élitisme a ses limites quand les besoins font davantage penser à une industrie de masse, notamment pour les niveaux ou la demande est la plus criante : techniciens, et autres professionnels spécialisés grâce à des cycles courts”

    La qualité des candidats induit parfois des choix géographiques. En effet, le niveau de formation dans l’enseignement supérieur est sensiblement plus mature et de qualité en Afrique anglophone que dans la zone francophone. Donc pour qui cherche d’excellents candidats, les universités du Kenya, d’Afrique du Sud et du Nigeria sont souvent privilégiés par rapport au Niger, Mali, Soudan…

    Le défi de la qualité du corps professoral prend également des allures d’obstacles et d’équation économique. Pour Frank Pacard, directeur de l’enseignement et de la recherche de l’X, la solution est évidente : “nous préférons former plutôt des professeurs que des élèves, et nous opérons des transferts pédagogiques par exemple pour des formations sur l’analyse de données. Nous formons des professeurs de statistiques. Et préférons assurer des formations de très hauts niveaux selon des programmes dimensionnés aux besoins locaux”.

    Reste donc à dimensionner les structures de formation à la formidable demande qui enfle par-delà la Méditerranée, certes en formant plutôt des professeurs, mais de façon mieux concertée. Chaque école débarque avec sa marque comme drapeau sur ce continent, alors que l’on imaginerait facilement des pools d’offres complémentaires, des campus communs, des partages de moyens afin d’atteindre un niveau de puissance dont elles sont actuellement, face à une concurrence de plus en plus menaçante, encore bien loin.


    le n économiste fr

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